Jean-Jacques Dortous de Mairan

Jean-Jacques Dortous de Mairan
Jean-Jacques Dortous de Mairan
Gravure de Simon Charles Miger d’après Charles-Nicolas Cochin.

Activités Mathématicien, astronome et géophysicien
Naissance 1678
Béziers
Décès 1771
Paris

Jean-Jacques Dortous de Mairan, né à Béziers le 26 novembre 1678 et mort à Paris le 20 février 1771, est un mathématicien, astronome et géophysicien français. Mairan est né plutôt au domaine de la Trésorière, commune de Maureilhan, d'après l'ouvrage de Raymond Ros, "Pages d'Histoire Biterroise".

Appartenant une famille de petite noblesse, Mairan perdit son père à quatre ans, et fut élevé par sa mère, qui, remarquant en lui des dispositions heureuses, prit le plus grand soin de son éducation. Resté libre et maître de ses actions à la mort de celle-ci alors qu’il n’avait que seize ans, il ne profita de cette indépendance qu’en dirigeant vers l’étude l’emploi de ses jeunes années. Ses progrès furent si rapides dans les langues anciennes qu’à sa sortie du collège de Toulouse, il traduisait le grec à livre ouvert.

En 1698, il se rendit à Paris et, durant un séjour de quatre années, il s’appliqua principalement aux mathématiques et à la physique. De retour dans sa ville natale, il reprit ses études favorites. Les instances d’un de ses amis l’arrachèrent enfin à cette vie obscure et tranquille, dans laquelle il se plut longtemps et qui convenait bien à son caractère calme, réfléchi et exempt d’ambition.

S’étant décidé à envoyer, de 1715 à 1717, quelques mémoires à l’Académie de Bordeaux, il fut couronné trois fois de suite ; pour le récompenser de cette succession de triomphes autant que pour exclure des concours un rival si redoutable, cette société s’empressa de l’admettre au nombre des juges.

Songeant à déployer ses talents sur un plus vaste théâtre, Mairan vint s’établir à Paris où il était avantageusement connu des savants par ses publications ainsi que par trois nouvelles dissertations sur la roue d’Aristote et divers points d’histoire naturelle. Ces travaux motivèrent l’accueil empressé fait à leur auteur par l’Académie des Sciences, qui le reçut, le 24 décembre 1718, en qualité d’associé géomètre sans lui imposer l’épreuve préliminaire d’adjoint.

Six mois plus tard, il remplaça Rolle, qui avait pris sa retraite le 8 juillet 1719. Dès lors il se montra fort régulier aux séances de cette compagnie, où il fit de fréquentes lectures. Vers cette époque il commença à donner les principes de sa théorie du chaud et du froid, continués en 1721 et entièrement développés en 1765. Il s’occupa aussi, jusqu’en 1740, d’un travail non moins remarquable sur la réflexion des corps, matière à peu près aussi neuve que la précédente et qui n’avait offert à son observateur vulgaire aucun sujet d’observations neuves.

Еn 1721, il fut chargé, conjointement avec Varignon, de corriger les erreurs commises dans le jaugeage des navires et de prévenir, au moyen d’une méthode plus exacte, les plaintes du commerce et les fraudes des marchands. Dans ce but, il visita les principaux ports de la Méditerranée. Le procédé de l’intendant Hocquart, qu’il améliora, fut adopté de préférence à celui de Varignon ; un commissaire général de la marine, du nom de Deslandes, ayant osé le critiquer en termes grossiers, fut obligé, après quelques débats, de faire une réparation publique tant à Mairan qu’à l’Académie.

Au retour de ce voyage, en 1723, Mairan fit halte dans sa ville natale où, de concert avec ses amis Jean Bouillet et Antoine Portalon, il fonda, sous la protection du cardinal de Fleury, l’Académie de Béziers destinée à répandre dans le midi le goût des sciences exactes.

En 1740 il fut choisi pour remplacer le Normand Fontenelle dans la charge de secrétaire perpétuel ; mais il ne l’accepta que sous condition de s’en démettre au bout de trois années. La manière brillante dont il s’acquitta de ces nouveaux devoirs, rendus si difficiles par la gloire qu’y avait acquise son prédécesseur, lui ouvrit en 1743 les portes de l’Académie française, où il prit la place de François-Joseph de Beaupoil de Sainte-Aulaire.

Il était également membre des Sociétés royales de Londres, d’Édimbourg et d’Uppsala, de l’Académie de Saint-Pétersbourg, de l’Institut de Bologne, de l’Académie de Rouen, etc. Vers le même temps, il fut appelé par le chancelier d’Aguesseau à présider la rédaction du Journal des sçavans.

La vieillesse fut loin d’être pour Mairan l’âge du repos. Non seulement il suivait assidûment les séances des deux Académies dont il faisait partie, mais il composait de nouveaux ouvrages, corrigeait les anciens, en donnait des réimpressions augmentées, et entretenait avec les savants et les érudits de toute l’Europe une correspondance régulière. Ami des philosophes, il fréquentait également régulièrement les salons de Madame de Tencin et d’Anne-Thérèse de Lambert.

Il mourut à quatre-vingt-douze ans et trois mois, d’un rhume qui se changea en fluxion de poitrine. « Le jour fatal, raconte Grimm, où il devait dîner au Temple chez M. le prince de Conti, il eut pitié de ses porteurs ; il ne voulut pas qu’ils fissent par un temps aussi rigoureux une course aussi considérable que celle du Louvre au Temple. Il se mit dans un fiacre, qui ne put le mener qu’à la porte du temple; il fallut traverser les cours à pied ; il prit du froid, et rentra chez lui pour n’en plus sortir. »

Comme Fontenelle, à qui il ressembla par les agréments de l’esprit, le calme du caractère et la longue vie, Mairan fut un philosophe discret et un écrivain spirituel. Aux recherches pour les savants, il sut allier l’art de plaire pour le public. « Mais il n’était pas seulement l’interprète élégant des sciences, dit Villemain, il en avait le génie. On le vit tour à tour appliquer la science à des objets d’utilité pratique ou l’étendre par de belles et neuves expériences. Géomètre, physicien, astronome, il découvrit là où Fontenelle avait agréablement parlé… Son esprit, non moins étendu que pénétrant, s’était porté sur toutes choses. Enfin Mairan est partout un délicat observateur, un philosophe ingénieux, un écrivain précis, élégant et de bon goût. Voltaire, qui, dans la ferveur de ses études mathématiques, avait souvent consulté ce maître habile, lui porta toujours grande estime, sans oser pourtant le préférer à Fontenelle, dont Mairan n’a pas les défauts, mais dont il a le piquant et la grâce. »

Homme doux, honnête et obligeant, la politesse aimable, la gaité ingénieuse, la sûreté de son commerce attirèrent beaucoup d’amis à Mairan. On l’a accusé d’égoïsme, et il faut dire qu’il rapportait tout à lui-même, et que son bien-être lui était presque aussi cher que le soin de sa réputation. Le régent, qui l’avait eu pour secrétaire, lui légua sa montre comme une preuve particulière d’estime ; le prince de Conti et d’autres grands seigneurs le comblèrent de bienfaits. La douceur de ses manières le fit regarder dans le monde comme un modèle de vertus sociales.

Ses travaux scientifiques

Les nombreux écrits que publia Mairan sur différentes parties d’astronomie, de géométrie, de physique et d’histoire naturelle témoignent de la variété et de l’étendue de ses connaissances. Tous les savants du siècle dernier adoptèrent son baromètre d’épreuve pour expérimenter le vide. Lorsqu’il voulut déterminer la longueur du pendule à secondes, il se servit d’une toise en fer, vérifiée avec les précautions les plus minutieuses et employée ensuite comme étalon pour la mesure du méridien construit aux États Romains.

Il possédait à fond la théorie de la musique, et jouait également bien de plusieurs instruments. Il était versé dans la chronologie et l’antiquité, et parlait des beaux-arts en homme de goût, ainsi que le prouve son mémoire sur la balance des peintres de Roger de Piles, c’est-à-dire sur la façon d’apprécier leur mérite respectif.

En 1729, il réalisa une expérience démontrant l’existence du rythme circadien chez les plantes, provenant vraisemblablement d’une horloge endogène.

En 1731, il observa une nébulosité, nommée plus tard M43, autour d’une étoile près de la nébuleuse d'Orion.

Un cratère sur la lune a été nommé après lui. Son nom a également servi d’acronyme à un projet informatique de la Direction régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement pour la gestion de l’autosurveillance, le principe étant que les industriels transmettaient leurs données par minitel.

Principales publications

  • Dissertation sur les variations du baromètre (1715)
  • Dissertation sur la cause de la lumière des phosphores et des noctiluques (1717)
  • Dissertation sur la glace, ou Explication physique de la formation de la glace et de ses divers phénomènes (1717)
  • Instruction abrégée et méthode pour le jaugeage des navires, avec un exemple figuré et des remarques pour la pratique (1726)
  • Traité physique et historique de l’aurore boréale (1733) Texte en ligne Illustrations en ligne
  • Dissertation sur l’estimation et la mesure des forces motrices des corps (1741)
  • Nouvelles recherches sur la cause générale du chaud en été et du froid en hiver, en tant qu’elle se lie à la chaleur interne et permanente de la terre (1767)
Correspondance
  • Lettre de M. de Mairan à Madame la Marquise du Chastellet sur la question des forces vives, en réponse aux objections qu’elle lui fait sur ce sujet dans ses Institutions de physique (1741) Texte en ligne
  • Lettres de M. de Mairan au R. P. Parrenin, missionnaire de la Compagnie de Jésus à Pékin, contenant diverses questions sur la Chine (1759)
  • Méditations métaphysiques et correspondance de N. Malebranche avec J.-J. Dortous de Mairan sur des sujets de métaphysique (1847). Réédition : Nicolas Malebranche : Correspondance avec J.-J. Dortous de Mairan, Vrin, Paris, 1947.

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Précédé par
François-Joseph de Beaupoil de Sainte-Aulaire
Fauteuil 15 de l’Académie française
1743-1771
Suivi par
François Arnaud

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