Jean-Bedel Bokassa

Jean-Bedel Bokassa
Bokassa Ier
Bokassa portrait.jpg
Titre
Empereur de Centrafrique
4 décembre 197620 septembre 1979
Couronnement 4 décembre 1977
Premier ministre Ange-Félix Patassé
Henri Maïdou
Prédécesseur Lui-même
(président de la République)
Successeur David Dacko
(président de la République)
2e président de la République centrafricaine
1er janvier 19664 décembre 1976
Premier ministre Lui-même
Élisabeth Domitien
Prédécesseur David Dacko
Successeur Lui-même (empereur)
Biographie
Date de naissance 22 février 1921
Lieu de naissance Flag of France.svg Bobangui (Oubangui-Chari)
Date de décès 3 novembre 1996 (à 75 ans)
Lieu de décès Flag of the Central African Republic.svg Bangui (Centrafrique)
Père Mindogon Mgboundoulou
Mère Marie Yokowo
Conjoint 1) Annette Van Helst
2) Marguerite Green Boyanga
3) Martine Nguyen Thi Hue
4) Jacqueline Nguyen Thin
5) Astrid Elisabeth Van Erpe
6) Catherine Denguiadé
7) Christine Tongui
8) Marie-Joëlle Aziza-Eboulia
9) Marie-Jeanne Nouganga
10) Éliane Mayanga
11) Alda Adriano Geday
12) Gabriella Drimbo
13) Chantal Belleka
14) Marie-Charlotte Mathey
15) Rita Carlos Pimenta
16) Brigitte Eyenga
17) Augustine Assemat
18) Zara Victorine
Enfants 40 enfants, dont
Prince Georges Bokassa
Princesse Martine Bokassa
Prince Jean-Charles Bokassa
Prince Saint-Cyr Bokassa
Prince Saint-Sylvestre Bokassa
Prince Jean le Grand Bokassa
Prince Charlemagne Bokassa
Prince Jean-Serge Bokassa
Prince Jean-Bedel Bokassa
Prince Jean-Bedel Bokassa Jr
Héritier Jean-Bedel

_Coat of arms of the Central African Republic-NEW.png Imperial Coat of arms of Central Africa (1976–1979).svg
Chefs d'État centrafricains

Jean-Bedel Bokassa[1] (22 février 1921 - 3 novembre 1996) est un ancien président de la République centrafricaine (de 1966 à 1976), autoproclamé empereur sous le nom de Bokassa Ier de 1976 à 1979.

Sommaire

Biographie

Enfance

Jean-Bedel Bokassa naquit le 22 février 1921 à Bobangui, petit village de la préfecture de Lobaye, en Centrafrique. Il perdit ses parents à l'âge de six ans : son père, Mindongon Mgboundoulou, qui protestait contre la brutalité des sociétés concessionnaires coloniales, fut arrêté, jugé sommairement[réf. nécessaire] et exécuté par les Français. Sa mère, Marie Yokowo, se suicida peu de temps après.

Les années dans l'armée française

Les missionnaires des écoles qu'il fréquentait voulaient en faire un prêtre mais il s'engagea finalement dans l'armée française en mai 1939. Il fut par la suite soldat des forces françaises libres et participa au débarquement de Provence et à la bataille du Rhin. Après la guerre, il devint élève de l'École militaire de Saint-Louis au Sénégal puis à Châlons-sur-Marne. Il combattit ensuite en Indochine et en Algérie, obtint la Légion d'honneur et la Croix de guerre. Il fut sous les ordres du général Marcel Bigeard lorsque celui-ci était en garnison en Afrique[2]. Il termina sa carrière dans l'armée française avec le grade de capitaine.

Il ne quitta pas l'armée française, mais fut détaché comme conseiller militaire technique de l'armée française pour la création, la formation et l'encadrement de l'armée centrafricaine naissante. C'est par la suite qu'il demanda son départ de l'armée française pour être incorporé comme officier supérieur dans l'armée centrafricaine.

Les débuts politiques en Centrafrique

Son cousin, David Dacko, président de la République centrafricaine fraîchement indépendante, fit appel à ses services pour réorganiser l'armée du pays et le nomma chef d'état-major en 1964. À la fin de l'année 1965, le chef de la gendarmerie tenta un coup d'État contre David Dacko et envoya également des gendarmes pour tenter d'arrêter Jean-Bedel Bokassa. Retournant la situation à son profit, Bokassa neutralisa la gendarmerie et renversa Dacko à son propre avantage. Il accéda ainsi au pouvoir le soir du 31 décembre 1965, à la faveur de ce qu'on appela le « coup d'État de la Saint-Sylvestre ».

Les années de pouvoir

Surnommé « le Soudard » par le général de Gaulle[3] (qui le reçoit officiellement à Paris en mars 1969), Jean-Bedel Bokassa fut plutôt populaire durant les sept premières années qu'il passa au pouvoir, en dépit de la violence de son régime qui pratiquait torture et exécutions sommaires. Le 2 avril 1968, il participa à la création de l’Union des États d’Afrique Centrale (UEAC) avec le Congo-Kinshasa et le Tchad. Bokassa défendait le retour à la terre, il mit ainsi en place une réforme agraire le 30 août 1970. Politiquement, il prônait la valeur du travail et dénonçait la corruption et la bourgeoisie. Son régime était soutenu par la France, qui le considérait favorable à la défense de ses intérêts dans la région[réf. nécessaire].

Jean-Bedel Bokassa renforça pourtant son emprise dictatoriale, s'auto-proclama président à vie le 2 mars 1972 puis se promut maréchal le 19 mai 1974 ; il se déclara musulman en 1976 et changea son nom en Salah Eddine Ahmed Bokassa avec l'objectif de plaire à Kadhafi pour bénéficier de l'aide financière libyenne[réf. nécessaire].

Le 2 janvier 1975, il forme un nouveau gouvernement et crée le poste de Premier ministre et nomme Élisabeth Domitien, qui fut la première femme à occuper ce poste en Afrique.

En septembre 1976, il dissout le gouvernement pour le remplacer par le Conseil de la révolution centrafricaine. Son cousin David Dacko, dont il avait pris la place à la tête de l'État et qu'il avait fait emprisonner, devient son conseiller.

Bokassa se couronna finalement empereur le 4 décembre 1977 au cours d'une cérémonie à laquelle 5 000 invités assistèrent, notamment le ministre français de la Coopération, Robert Galley ; aucun chef d'État ne fit cependant le déplacement. Il revêtit pour l'occasion le même costume que le maréchal Ney lors du sacre de Napoléon Ier. Son titre complet était « Empereur de Centrafrique par la volonté du peuple centrafricain, uni au sein du parti politique national : le MESAN » ("Mouvement pour l'évolution sociale de l'Afrique noire"). Ce dernier épisode lui valut une réputation de mégalomane. Bokassa justifiait ses actions en déclarant que la création d'une monarchie aiderait la Centrafrique à se distinguer des autres pays africains et à gagner le respect des autres pays du monde. Il prétendit mettre en place une monarchie constitutionnelle, mais son régime demeura une dictature violente.

En 1979, Jean Bedel Bokassa ne jouissait plus de sa popularité passée. En janvier, il réprima dans le sang des manifestations de lycéens. Amnesty International et une commission de juristes internationaux établirent qu'il participa au massacre dans la prison de Bangui[réf. nécessaire] de 100 enfants qui avaient été arrêtés pour avoir protesté contre le coût trop élevé des uniformes scolaires imposés par l'empereur ; Bokassa nia toujours farouchement son implication dans ce massacre. Des rumeurs prétendaient que Bokassa s'adonnait au cannibalisme à l'occasion, ce qui lui valut le surnom de « l'Ogre de Berengo », mais ces accusations furent rejetées lors de son procès et jugées improbables par les nombreux enquêteurs dépêchés sur place à la suite de son renversement. Il semblerait que cette histoire ait été inventée par les services secrets français pour ajouter du crédit à l'image de monstre qu'on voulait donner de Bokassa à l'époque pour justifier son renversement[réf. nécessaire].

Bokassa anthropophage ?

L'anthropophagie doit être rapidement évoquée car, contrairement à ce qu'ont pu écrire les média français en 1979, elle n'est pas une pratique tolérée en Centrafrique à l'époque de Bokassa. En revanche, la manducation des corps, post-mortem, fut une pratique sociale reconnue aux temps précoloniaux et parfois encore pratiquée bien qu'interdite[4]. Depuis toujours, en effet, "la manducation du corps d'un ennemi mort au combat ou exécuté, ainsi que celle d'un parent défunt, permettent d'acquérir les forces vitales du trépassé. Une telle pratique n'a rien d'asocial : ne sont consommés que des membres du groupe décédés normalement ou des ennemis. Rien n'est donc répréhensible dans cette pratique aux yeux des villageois qui s'y livrent". "[...] le seul but était de faire participer l'individu à la grande force vitale qui anime la Nature, [...]"[5]. S'il n'est pas impossible que Bokassa ait pu pratiquer la manducation sous cette forme traditionnelle, il est difficile d'accepter sans preuves, à ce stade inexistantes, l'accusation de "cannibalisme" à son encontre.

La chute

Dans la nuit du 20 septembre 1979, alors que Bokassa Ier se trouvait en Libye dans l'optique d'un rapprochement avec le colonel Kadhafi, le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE, future DGSE) lança l'Opération Barracuda. Un commando infiltré du Service Action accueille le Transall du 1er RPIMa commandé par le colonel Briançon-Rouge à l'aéroport de Bangui-Mpoko. Après avoir neutralisé l'aéroport, des renforts atterrissent et le chef des Forces Spéciales contacte le colonel Bernard Degenne basé à la capitale du Tchad pour qu'il envoie ses "barracudas", nom de code pour huit hélicoptères Puma et transports aériens Transall. La prise de Bangui pouvait débuter. Le lendemain aux alentours de minuit et demi, David Dacko annonçait officiellement la chute de l'Empire centrafricain et proclamait la République[6]. Le 10 octobre 1979, l'hebdomadaire satirique français Le Canard enchaîné révéla l'affaire des diamants, ce qui contribua à la défaite de Valéry Giscard d'Estaing lors de l'élection présidentielle de 1981. Bokassa reviendra sur cette affaire dans un livre[7], censuré en France avant sa parution[réf. nécessaire], au milieu des années 1980 au cours de son exil français. Empereur déchu, Bokassa se réfugia à Abidjan, en Côte d'Ivoire, pendant quatre ans, puis en France, à Hardricourt dans les Yvelines, pour finalement retourner à Bangui en octobre 1986, bien qu'il y eût été condamné à mort par contumace. Il fut arrêté et jugé pour trahison, meurtre, cannibalisme et détournement de fonds.

Le 12 juin 1987, au terme de son second procès, il fut reconnu non coupable des charges de cannibalisme mais la peine de mort fut confirmée pour les autres charges. Sa peine fut d'abord commuée en prison à vie en février 1988, puis en 10 ans de réclusion. Il fut amnistié par André Kolingba en 1993 en tant que dernier acte présidentiel et mourut en 1996 d'un arrêt cardiaque. Il a été inhumé dans son ancien palais de Berengo. Il est « réhabilité dans tous ses droits » par le président François Bozizé le 1er décembre 2010, à l'occasion de la fête nationale et du cinquantenaire de la proclamation de l'indépendance de la République centrafricaine.

Il avait 17 femmes et 39 enfants reconnus[8].

Voir aussi

Bibliographie

  • Emmanuel Germain, La Centrafrique et Bokassa, 1965-1979, Force et déclin d'un pouvoir personnel, L'Harmattan, Études africaines, Paris, 2000, 285 p. (ISBN 2-7384-9994-5) [lire en ligne]
  • Jean-Barthélémy Bokassa et Olivier Keravel, Saga Bokassa, Portes du soleil, Gémenos ; Respublica, Paris, 2009, 268 p. (ISBN 978-2-358-08001-9)
  • Didier Bigo, « Ngaragba, "l'impossible prison" », Revue française de science politique, 39e année, n°6, 1989. pp. 867-886. [lire en ligne]
  • Didier Bigo, Pouvoir et obéissance en Centrafrique, Karthala, 1988, 337 p. (ISBN 2-86537-213-8)
  • André Baccard, Les Martyrs de Bokassa, Éd. du Seuil, Paris, 1987, 349 p. (ISBN 2-02-009669-2)
  • Roger Delpey, Le Blanc et le Noir, J. Grancher, Paris, 1991, 242 p.
  • Géraldine Faes et Stephen Smith, Bokassa : Un empereur français, Calmann-Lévy, Paris, 2000, 385 p. (ISBN 2-7021-3028-3)
  • Jean Français, Le Putsch de Bokassa : Histoire secrète, l'Harmattan, Paris, 2004, 116 p. (ISBN 2-7475-5693-X)
  • René-Jacques Lique, Bokassa 1er, la grande mystification, Chaka, Paris, 1993, 191 p. (ISBN 2-907768-20-4)
  • (en) Brian Titley, Dark age : the political odyssey of Emperor Bokassa, McGill-Queen's University Press, Montréal, 1997, 257 p. (ISBN 0-7735-1602-6)
  • Bélizaire Prudence "Mindongon ou la rebellion visionnaire" Ed Négritude, Paris 1997,(ISBN 2-02-79669-2)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Également orthographié Jean-Bedel ou Jean-Bédel
  2. Général Bigeard, Ma vie pour la France, éditions du Rocher, 2010, p. 414.
  3. « Si nous avons vu qu'à l'heure du putsch de la Saint-Sylvestre Bokassa n'était pas démuni d'appuis dans les milieux français (secteur privé et Jacques Foccart, conseiller aux Affaires africaines), il n'empêche que le général de Gaulle fut très irrité à l'annonce de la prise du pouvoir par le « Soudard ». Et il le fit sentir ! » In Didier Bigo, Pouvoir et obéissance en Centrafrique, éditions Karthala, 1989, (ISBN 2-86537-213-8), p. 96.
  4. Emmanuel Germain, La Centrafrique et Bokassa (1965-1979) : Force et déclin d'un pouvoir personnel, L'Harmattan, 2000, pp. 180-186. '
  5. Jean-Pierre Magnant, « Loi et Superstition » in Science et Superstition", colloque à l'université de Bangui, 21-23 mai 1983.
  6. Jean-Barthélémy Bokassa et Olivier Keravel, Les Diamants de la trahison, Laffont, 2006
  7. Roger Delpey, La Manipulation, Jacques Grancher, 1981, 346 p. 
  8. Selon un de ses petits-fils, Jean-Barthélémy Bokassa, interviewé sur Paris Dernière diffusé le 10 novembre 2006
  9. 5 minutes visibles en streaming uniquement.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jean-Bedel Bokassa de Wikipédia en français (auteurs)

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