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Jean-Baptiste Girard (jésuite)
Pour les articles homonymes, voir Jean-Baptiste Girard.Le père Jean-Baptiste Girard, jésuite français, est né à Dole dans le Jura en 1680, † 4 juillet 1733.
Jean-Baptiste Girard est élève des jésuites en 1696, ordonné prêtre en 1707, exerce un ministère à Gray et à Pontarlier, et est nommé en Provence à Aix-en-Provence, où il a en charge la Congrégation des dames de 1719 à 1728. Il est nommé ensuite recteur du Séminaire Royal de la Marine à Toulon en 1728. C'est là que son nom commence à susciter le scandale.
Il s'est illustré dans l'affaire qui l'opposa à Catherine, ou Marie-Catherine Cadière, une de ses pénitentes. Les accusations de sorcellerie, de commerce charnel, d'inceste spirituel donnent lieu à un procès à Aix en 1731.
Ce procès divise le Parlement et, au-delà de l'affaire, se révèle être une lutte d'influence entre jésuites et jansénistes : ces derniers voient dans cette affaire une occasion de répondre aux accusations contre le diacre Pâris et la répression des convulsionnaires de Saint-Médard. C'est donc encore une conséquence de la bulle Unigenitus et c'est autant Girard que la Compagnie de Jésus qui est visée. Le bruit de l'affaire monta jusqu’à Paris : les mémorialistes comme Barbier et Narbonne l'évoquent, la diffusion des factums, chansons, poèmes et libelles sur l'affaire divise le royaume et passionne l'Europe entière. On peut y voir la naissance de la rubrique du fait divers, à l'aube du développement de la presse et de l'engouement des Français pour les causes célèbres dans les dernières décennies de l'Ancien Régime. Finalement Girard et Cadière sont acquittés, par un arrêt de la Grand-Chambre le 10 octobre 1731. Le père Girard est renvoyé dans sa ville natale, où il meurt le 4 juillet 1733.
L'affaire continue de susciter un vif intérêt au XVIIIe siècle dans les correspondances, les romans inspirés par l'affaire : notamment Voltaire, et Boyer d'Argens qui reprend le personnage de Girard (avec l'anagramme Dirrag) dans le roman libertin Thérèse Philosophe. Au XIXe siècle, le père Girard est cité comme archétype de la corruption du clergé, dans les polémiques antijésuites : on consultera notamment La sorcière de Jules Michelet (1862).
Sources principales
- DGHE (Dictionnaire d'Histoire et de Géographie Ecclésiastique),
- Johann Hoefer, Nouvelle Biographie universelle, Paris, Firmin Didot, t. 20, 1854,
- Michaud, Bibliographie universelle ancienne et moderne, Paris, Firmin Didot, t. 16, 1862,
- A. Jacques Parès, Le Procès Girard-Cadière ( Toulon-Aix...1731), Marseille, 1928,
- Michel Vovelle, « Du temps de la peste à l'ère des Lumières », dans Histoire de Toulon, (M. Agulhon dir.), Privat, 1990.
Travaux universitaires
- Stéphane Lamotte, Du retentissement aux discours sur l'affaire du P. Girard et de la Cadière : mémoires d'un scandale, scandales de la mémoire (de 1728 à nos jours), Master 2, sous la direction de M. Henri Michel, Université Paul Valéry, Montpellier, 2005.
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