- Demoiselle Cadière
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Marie-Catherine Cadière
Pour les articles homonymes, voir Cadière.Catherine Cadière, ou Marie-Catherine Cadière, née le 12 novembre 1709 à Toulon, était une mystique française accusée de sorcellerie en 1731. Son procès a suscité de nombreux commentaires parmi les auteurs de l’époque et les historiens.
Sommaire
Biographie
Orpheline de Joseph, son père, marchand regrattier, et d’une santé fragilisée par les conséquences de la peste de 1720[1], Marie-Catherine Cadière est protégée par sa mère et ses frères.
D’une sensibilité mystique et excessive, elle sera attirée par les sermons et le charisme spirituel du père Jean-Baptiste Girard, jésuite, qu’elle rencontre en avril 1728. Elle a alors dix-huit ans. Ses prédispositions pour la sainteté sont encouragées par sa santé fluctuante. Elle se distingue très vite par des manifestations surprenantes (stigmates, visions...) ce qui permet au père Girard de la présenter comme sainte, de multiplier ses visites au domicile des Cadière, et très probablement d’abuser d’elle[2].
Les descriptions physiques divergent entre les factums, les estampes et les romans. Jean-Baptiste Boyer d'Argens, qui s’en inspire pour le personnage de Mlle Eradice (l’anagramme de Cadière) dans Thérèse philosophe, la décrit ainsi dans ses Mémoires : « Elle avoit de beaux yeux, la peau blanche, un air de vierge, la taille assez bien faite. Beaucoup d’esprit couvroit chez elle une ambition démesurée et une extrême envie de passer pour Sainte sous un air de simplicité et de candeur ».
Michelet, pourtant fervent défenseur de sa victime, est plus nuancé : « On ne sait si elle fut belle. Ce qui est sûr, c’est qu’elle était gentille, ayant tous les charmants contrastes d’une jeune provençale et leur double nature ». Catherine Cadière alimente ainsi projections, fantasmes et perceptions diverses. Manipulée par ses frères, folle et hystérique, sainte, manipulatrice ou victime ?
L’affaire Cadière
Après des accusations de corruption portées contre le père Girard, elle est éloignée au couvent de sainte Claire d’Ollioules, en juin 1730. Elle en sort en septembre de la même année. En novembre, ses convulsions, en partie mises en scène par ses frères, font beaucoup de bruit et attirent l’attention de la justice.
L’affaire passe de la sénéchaussée de Toulon, vite incompétente, à la juridiction du Parlement d’Aix-en-Provence. Catherine Cadière est enfermée aux Ursulines de Toulon puis transférée à Aix, dans le couvent des Visitandines, le temps du procès.
Cadière est défendue par l’avocat Chaudon, syndic commis d’office. La ville, la Provence et le royaume se divisent. Catherine Cadière trouve un important soutien dans une partie de la population, du petit-peuple de Toulon jusqu’à certains parlementaires aixois et femmes de la noblesse. Cadière, accusée et accusatrice, devient un symbole du pouvoir et de la corruption des jésuites. Elle sert les intérêts du camp janséniste.
Un premier verdict, rendu le 11 septembre 1731, la condamne à la potence. Un deuxième jugement, le 10 octobre, l’innocente. Les foules aixoises et toulonnaises sont en liesse, saluent leur héroïne et conspuent le père Girard. Cadière est renvoyée chez sa mère pour ne pas créer davantage de troubles à Aix-en-Provence. On perd alors sa trace, ce qui entretient le mystère sur le personnage.
Notes et références
- ↑ Jules Michelet insiste sur ces aspects dans La Sorcière.
- ↑ Il sera question pendant le procès de relations coupables entre le Père Girard et Catherine Cadière, et d’avortement.
Voir aussi
Sources
- Boyer d’Argens, Mémoires, 1735, Thérèse philosophe, 1738
- Pierre Larousse (dir.), le Grand Dictionnaire universel du XIXe article « Cadière », t. 4.
- Jules Michelet, La Sorcière, 1862
- Michel Vovelle, Les Folies d’Aix ou la fin d’un monde, Pantin, le temps des cerises, 2003.
- Stéphane Lamotte, Du Retentissement aux discours sur l’affaire du P. Girard et de la Cadière : mémoires d’un scandale, scandales de la mémoire ( de 1728 à nos jours), Master 2, sous la direction de M. Henri Michel, Université Paul Valéry, Montpellier, 2005.
- Bernard Soulhol, La sainte du diable, Les Presses du Midi, ISBN 2-87867-763-3 (roman, 2006)
- Stéphane Lamotte, "Le Père Girard et la Cadière dans la tourmente des pièces satiriques", Dix-huitième siècle, n°39, 2007, p. 431-453.
- Stéphane Lamotte, "Voltaire, le jésuite et la pénitente : l'affaire Girard-Cadière ", Cahiers Voltaires, n°7, 2008.
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