Jacques de manse

Jacques de manse

Jacques de Manse

Jacques Manse ou de Manse, fils de Jacques de Manse et de Jeanne de Gauthier, voit le jour le 22 avril 1628 à Montpellier. Il est le second d'une famille d'au moins six enfants. De confession protestante, il sera baptisé au Temple le 13 juin 1628. La famille de Manse occupa durant plusieurs décennies des postes importants sur la région de Montpellier. Son père était lieutenant particulier au Présidial de Montpellier, son frère ainé, Jacques était Président trésorier de France à Montpellier. C'est tout naturellement qu'il devint Contrôleur des greniers à sel de la province et Intendant des gabelles. Il est possible qu'il ait suivi des études dans la magistrature, car il occupa la charge de substitut du procureur général en la cour de Montpellier à partir du 19 mars 1656. Il décède le 30 décembre 1699 à Montpellier.

Sommaire

Le Canal des deux-mers (Canal du Midi)

Grand ami de Pierre-Paul Riquet de Camaran (originaire de Béziers), il monta avec ce dernier à Paris en 1662, présenter à Colbert le projet du Canal du Midi. Ce dernier accepte qu'un essai soit réalisé, mais à condition que le trésor royal ne soit pas sollicité. Pierre-Paul Riquet et Jacques de Manse, devenus riches grâce à leur fonction d'Intendants des Gabelles, financent la rigole d'essai. En effet, l'idée n'était pas nouvelle, et les rapports diligentés jusqu'ici concluaient à l'impossibilité du projet, à cause des dénivelés. La force du projet du duo était que Riquet, ingénieur, avait résolu le problème grâce à sa connaissance de la Montagne Noire, où il résidait. Lancés dans la construction du Canal, Jacques eut en charge le recrutement des ouvriers et les négociations avec les propriétaires des terrains que le Canal devait traverser.[réf. nécessaire]

Son entrée à Paris

Au cours de l'année 1669, il perd son épouse Antoinette de Grasset, qu'il avait épousé le 8 novembre 1653. Il avait embrassé la même année la religion Romaine.

Délaissant depuis le décès de son épouse sa résidence de Montpellier (l'Hotel de Manse 4, rue Embouque d'Or), il réside la plupart du temps à Paris (Rue de Grenelle). Il y rencontre Catherine-Isabelle-Marie Talon, fille de Pierre Talon, avocat au parlement de Paris et surintendant des vivres aux armées du Roy et d'Isabelle-Elisabeth Dulach, veuve de Pierre de la Cavalliera. Les Talon sont alors une famille parisienne fort connue du tout Paris, elle s'est illustrée notamment dans la magistrature. Il épouse la dite Catherine-Isabelle-Marie Talon en 1677 en la Paroisse de Saint-André-des-Arts. Cette alliance lui ouvrira d'innombrables portes parisiennes, car les Talon ont au cours des années réalisé des alliances des plus remarquables. En effet, c’est toute la puissance du Parlement de Paris, mais aussi de la haute administration parisienne qui défile : la tribu des Talon, dont le puissant Omer, qui fournit le premier contrôleur général du canal des deux mers en la personne de Talon de Maison Blanche, la mère de l’intendant Tuboeuf qui oeuvra avec Bazin de Bezons, la belle mère de Daguesseau ; les Bignon, les Phelypeaux…

Etaient présents lors des noces, Monseigneur le Prince, Monseigneur le duc et Madame la duchesse, Monseigneur le duc de Bourbon, Monseigneur le duc de Berwick, M. d’Usson de Bonrepos, le marquis de Castries et son frère et le comte de Clermont, les Ranchin de Paris, secrétaires au conseil du roi, originaires de Montpellier, avec M. Pouget, aussi secrétaire du roi, Boutard, trésorier général et Thomas, magistrat à Montpellier, etc.

Tout cela représentait des appuis aussi bien à la cour et dans les conseils royaux que dans le gouvernement du Languedoc. Au moment où Riquet commençait à avoir quelques déboires financiers, ce beau monde représentait sans nul doute à ses yeux la possibilité d’appuis, lui permettant de poursuivre ses projets en lui facilitant la tâche.

Jacques, parallèlement à ses projets hydrauliques, décide d'investir à Paris. Après avoir acquis l'Hotel Particulier de la Rue des Boucheries Saint-Honoré, il se porte acquéreur également des boucheries, ce qui lui permet de générer des revenus substantiels.

La pompe du pont Notre-Dame (Paris)

En 1670, Jacques de Manse propose — sous le prête-nom de Guillaume Fondrinier — au bureau de la ville de Paris une machine pour élever 1000 m³ d’eau de la Seine depuis une machine placée dans le "Grand Moulin" meunier du Pont Notre-Dame. Il demandait la somme de 40.000 livres tournois pour la réaliser et obtenir la promesse de la ville qu’il serait en possession du Grand Moulin. Après avoir pris connaissance du traité, Jacques de Manse obligea volontairement et solidairement Guillaume Fondrinier à se démettre, le 26 mars 1670. Le 2 mai 1670, Guillaume Fondrinier reconnaissait devant notaire qu’il avait prêté son nom et qu’il ne prétendrait rien des clauses mentionnées dans l’acte de cautionnement car il déclarait que tout appartenait à Jacques de Manse. Ce dernier comparaissait le 9 avril 1671 au greffe de la ville de Paris afin d’accepter les conditions que lui imposait la ville au sujet de la machine élévatoire. Il s’engageait à ne rien ajouter aux machines et aux mouvements qui servaient à élever de l’eau, et il consentait à présenter les pièces en détail lors des visites de Chignin, charpentier du roi.

Les travaux étaient à la charge de Jacques de Manse mais la responsabilité du chantier revenait à Chignin et toutes autres personnes compétentes qu’il s’agisse de différentes opérations (enlèvement, ajout, augmentation, réduction de pièces) sans qu’ils ne perturbent ou n’endommagent les pièces de la machine du moulin. Les pièces étaient jugées par le charpentier du roi ; L’arbre de la roue et les travaillants étaient réalisés selon ses dessins. Pendant les travaux, M. de Manse n’avait pas le droit d’intervenir sur le chantier sans le consentement de Chignin.

En 1672, les travaux semblent terminés. La machine entre en service avec un débit qui ne dépassera jamais la moitié du débit contractuel. En 1677, la débâcle des glaces endommage les pompes, emportent quelques pieux des moulins ainsi que la galerie menant du pont aux deux machines, ébranlant les bâtiments. En décembre 1678, la production des machines baisse. Pendant l’hiver, les gelées sont mises à profit pour réparer la machine. Pendant cette période, l’entretien de la machine, sous la responsabilité de Jacques de Manse est négligé. Il détourne une partie de l’eau montée pour l’utiliser dans des aménagements hydrauliques à son usage personnel. En 1680, la charge de la machine lui est retirée et confiée au menuisier Jean Albert.

Le Canal de l'Ourcq

Par ailleurs, en juillet 1676, Louis XIV accorda par lettres patentes à messieurs de Riquet et de Manse l’autorisation du canal de l’Ourcq, le duc d’Orléans, pour cause de son duché du Valois, accordant la sienne le 20 mai 1677. Ces lettres donnaient donc la possibilité d’ouvrir ce canal de cinquante milles, allant de la rivière d’Ourcq à la Marne, et de dix milles au-delà de Meaux, jusqu’à Paris ; les travaux devaient être financés par les droits de boucherie ainsi que par les cessions d’eau aux particuliers.

On sait que Jacques de Manse s’occupa à peu près seul de cette entreprise, Riquet étant bien sûr trop absorbé par le Canal du Midi. C’est donc lui qui conduisit le projet de Lizy-sur-Ourcq jusqu’à Meaux, soit près de quatre lieues, rendant ainsi parfaitement navigable au bon gabarit la rivière, qui ne l’était guère. Mais la mort de Riquet (1680), et surtout celle de Colbert (1683), puis les guerres qui s’ensuivirent, incitèrent le Parlement de Paris à prononcer l'arrêt des travaux en 1684. Cependant, Jacques de Manse conserva soigneusement tous les plans, cartes niveaux, titres, mémoires. Sa veuve Catherine Talon en fut dépositaire à la mort de Jacques, laquelle, sous la régence en 1717, présenta un mémoire au duc d’Orléans pour continuer l’entreprise.

La pompe hydraulique du Château de Chantilly

Jacques apparaît dans les correspondances du Château dès avril 1673, et dans les comptes dès avril - mai 1676 avec pour mission de réaliser la machine élévatoire pour le compte du Prince de Condé. On le retrouve donc, auprès du grand Le-Nôtre dans la mise en place du système d'irrigation des jardins de Chantilly. En outre, le bâtiment construit pour abriter sa machinerie existe toujours, il s'agit du Pavillon de Manse à Chantilly. Le succès de cette entreprise (contrairement à celui du Pont Notre Dame), lui valut, si ce n'est l'amitié, au moins l'estime du Grand Condé. En octobre 1679, celui-ci fut le parrain de son dernier fils Jacques, baptisé à Paris en la paroisse Saint-Roch.

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