Jacques clinchamps de malfilâtre

Jacques clinchamps de malfilâtre

Jacques Clinchamps de Malfilâtre

Clinchamps de Malfilâtre
Malfilatre.jpg
Activité(s) Poète
Naissance 8 octobre 1732
Caen
Décès 6 mars 1767
Paris

Jacques-Charles-Louis Clinchamps de Malfilâtre, à Caen le 8 octobre 1732 et mort à Paris le 6 mars 1767, est un poète français.

Malfilâtre était dans une famille très pauvre. Lorsque le mauvais état de ses yeux contraignit le père du poète à résigner lemploi quil occupait à Caen, ses deux filles durent le nourrir du travail de leurs mains. Comme ce dernier nétait pas sans lettres, il commença léducation littéraire de son fils, quil éleva dès lenfance dans la familiarité de Virgile et dOvide, auteurs qui restèrent les muses favorites de Malfilâtre. La légende affirme que son père, aveugle, lui récitait des morceaux des Géorgiques et de lÉnéide de mémoire. Malfilâtre alla terminer ses études classiques au collège des jésuites de Caen il étudia avec distinction et montra de bonne heure des dispositions pour la poésie. Les pères entreprirent dattacher à leur compagnie le jeune Malfilâtre qui reçut la tonsure des mains de lévêque de Bayeux et entra au grand séminaire de cette ville. Il renonça néanmoins à ses projets ecclésiastiques et tourna ses regards du côté de la jurisprudence.

Ce fut au palinod de Caen que Malfilâtre remporta sa première victoire poétique, en 1754 à lâge de vingt et un ans. Ce succès lencouragea à concourir de nouveau. Il fut couronné durant cinq années consécutives (1754-1759). Il concourait simultanément, et avec les mêmes pièces de vers, au palinod de Rouen, il fut également couronné cinq fois de suite. Ces odes envoyées avaient pour sujet, la première, Le Soleil fixe au milieu des planètes, qui contient un exposé vigoureux sur le système de Copernic ; la seconde, le Prophète Élie enlevé aux Cieux ; la troisième, la Prise du fort de Saint-Philippe et la quatrième, Louis le bien aimé sauvé de la mort, à loccasion de lattentat de Damiens.

Marmontel signala Le Soleil fixe au milieu des planètes, son ode couronnée à Caen en 1758, comme « laurore dune belle carrière poétique » et la publia dans le Mercure en 1759 avec ce commentaire très élogieux : « Cet ouvrage dun très jeune homme, disait-il, me semble annoncer les plus rares talents pour la haute poésie, un enthousiasme vrai, une marche rapide et sûre, la plus heureuse hardiesse dans le tour et dans les idées, le nombre et lharmonie du vers lyrique, enfin cette chaleur de sentiment qui annonce une âme pénétrée de son sujet et qui caractérise les vers de génie. ». Clément, dans ses Observations critiques et Palissot, dans le Journal français, publièrent avec éloge des morceaux remarquables du jeune poète, entre autres des fragments dune traduction en vers des Géorgiques de Virgile.

Ainsi encouragé, Malfilâtre monta à Paris il obtint de largent pour une traduction de Virgile, mélangée de prose et de vers. Le libraire éditeur Jacques Lacombe lemploya à des compilations ou peut-être des traductions dauteurs latins qui lui procurèrent quelque aisance. Le duc de Lauraguais lemploya comme secrétaire et même comme nègre. Ensuite, le comte de de Beaujeu lappela près de lui à Vincennes et voulut assurer sa tranquillité mais Malfilâtre était imprévoyant. À peine à la tête de quelque argent, il avait monté une maison, appelé auprès de lui son père et lune de ses deux sœurs et dut ses infortunes à son amour pour sa famille : sa sœur séprit dun jeune homme joueur et débauché quelle épousa sous ses auspices. Le nouveau couple ne tarda pas à abuser de la facilité de caractère du trop généreux poète qui, ne sachant pas comment résister à ses demandes incessantes, contracta des dettes, afin de subvenir à ses exigences de jeu et de débauches. Les créanciers arrivèrent bientôt, ce que voyant, les siens avaient prudemment regagné Caen, le laissant aux prises avec une situation désespérée. Ce fut dans ces circonstances quun de ses amis, M. Collet de Messine, témoin de sa détresse, en avait fait part à de Savines, le futur évêque constitutionnel de Viviers, admirateur de Malfilâtre. Lui ayant fait une visite à Vincennes, Savine trouva « le jeune homme le plus aimable dans toutes les horreurs de lindigence et dans la frayeur continuelle dêtre arrêté et emprisonné à cause des dettes quil avait contractées ». Après mûre délibération, MM. de Savine et Collet de Messine lui conseillèrent de changer de nom et de se soustraire provisoirement aux poursuites de ses créanciers par la fuite. Malfilâtre y consentit. On lui loua un petit appartement à Chaillot il acheva son poème de Narcisse dans lîle de Vénus ébauché à Vincennes. Souffrant dun abcès au genou contracté à la suite dune chute de cheval, et quil avait dabord négligé, Malfilâtre fut bientôt contraint de garder la chambre. Il trouva refuge chez une de ses créancières, une brave tapissière du nom de Madame Lanoue qui, plus touchée des souffrances du poète que la perte financière quelle allait subir, sempressa de pourvoir à tous ses besoins. Thomas et de Savines lui prodiguèrent des soins dans sa dernière maladie dans lhospitalière maison de Madame Lanoue, voisine de Saint-Germain-lAuxerrois, Malfilâtre reçut des soins empressés, vivant durant deux ou trois mois en proie à des souffrances aggravées à plusieurs reprises par des opérations cruelles autant quinutiles avant de mourir âgé seulement de trente-quatre ans.

Malfilâtre
d'après un portrait par Firmin Perlin.

Malfilâtre était de mœurs douces et simples. Doué comme il était, il aurait pu conquérir dans les lettres une belle carrière et à meilleur titre, sil avait réussi les salons à la mode était concentrée la littérature dalors, mais il manquait déducation mondaine. Timide de caractère, il aimait la solitude et navait pas le front dairain et la résistance de caractère qui étaient le privilège de quelques-uns fort inférieurs à lui, mais plus au fait des conditions de la renommée. Il fut bien accueilli dans les bureaux desprit quon lui conseilla de fréquenter, son ode insérée au Mercure lui ayant servi de passeport. Les coquettes, les petits abbés, les écrivains du Mercure et de lAlmanach des Muses lui sourirent. Il leur lut des morceaux de son Génie de Virgile déjà sur le chantier. On applaudit, on lui promit la postérité, mais ces promesses ne se traduisirent par rien de substantiel. Malfilâtre se refusait, ayant des accointances dans les deux camps, à choisir son camp entre le parti des institutions établies et celui des philosophes préférant les gens de lettres libres dattache et ne désirant que sappartenir, vivre à lécart et nêtre quun poète. Il nétait pas un homme daction. « Plus sensible, dit Auger, un de ses éditeurs, aux charmes de la composition quà ceux de la gloire, moins empressé dêtre connu que jaloux de la mériter », il travaillait au lieu de se pourvoir par lintrigue, défaire sa cour à ceux qui auraient pu le placer sur le chandelier de la renommée. Sa douceur, son insouciance, lhonnêteté dune nature simple, lui avaient donné des scrupules sur les moyens de parvenir. « Il avait, dit encore Auger, une âme douce et confiante, aimant tous ceux qui lentouraient et sen faisant aimer sans peine. »

Avant de quitter Chaillot, Malfilâtre avait vendu huit cents livres le manuscrit de Narcisse dans lîle de Vénus au libraire Lejay. Narcisse parut lannée suivante (1768) avec lode intitulée le Soleil fixe au milieu des planètes et une préface de MM. de Savine et Collet de Messine. Grimm parle de cette édition, ornée dun frontispice dEisen et de quatre figures, dans sa Correspondance. Il y en eut une seconde en 1769, à qui le public fit le même accueil quà la première. Bien que Narcisse nait obtenu de troisième édition quen 1790 (1 vol, in-8° avec les mêmes figures et une notice anonyme de Fontanes), il avait dès lors acquis une réputation quon a quelquefois refusée à de plus grands poètes. Malfilâtre nourrissait de nombreux projets littéraires. Il avait songé au théâtre ; sa collaboration à la Clytemnestre du comte de Lauraguais navait été quun acte de complaisance, mais le conte dAnnette et Lubin de Marmontel lui avait inspiré une bluette non représentée, dont linitiative lui appartient. Il avait également achevé une petite pièce, la Fête de Saint-Cloux, en collaboration avec Desfontaines. Dans un autre genre, il avait eu la volonté de mettre le Télémaque en vers et esquissé le plan dun Hercule au mont Œta dans laquelle il se proposait de transporter sur la scène les déclamations de Sénèque.

Jules Malherbe a peint un tableau représentant la Mort de Malfilâtre, conservé au musée des beaux-arts de Caen (mais non exposé actuellement).

« La Clytemnestre du comte de Lauraguais est en vers et quelquefois en très beaux vers. Lorsquil me les lisait, je lui disais : « Mais, Monsieur le comte, cest une langue que cela ; lavez-vous apprise ? » On dit quil a à côté de lui un nommé Clinchant qui la sait »

— Diderot, Lettres à Sophie Volland

Œuvres

Sources

  • Léopold Derome, Notice sur la vie et les œuvres de Malfilatre, Paris, A. Quantin, 1884, III-LII.
  • Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 33, Paris, Firmin-Didot, 1860, p. 469.
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