- Identité (philosophie)
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L’identité est un terme désignant plusieurs formes de relations, en logique, en métaphysique et en psychologie. On distingue l'identité comme relation d'un être à lui-même (« identité numérique » : le fait d'être un), de l'identité comme ressemblance extrême entre deux êtres (« identité qualitative »), et de l'identité comme ce qui fait le caractère d'un sujet dans son devenir temporel (« identité personnelle »). On parle également d'identité pour désigner l'appartenance de plusieurs êtres à une même espèce ou sorte (« identité spécifique»)[1].
Sommaire
Concepts d'identité
Le terme d'identité recouvre plusieurs concepts distincts, bien que parfois confondus. On sépare minimalement entre :
- l'identité numérique
- l'identité spécifique
- l'identité qualitative
- l'identité collective
L'identité numérique désigne la relation qu'un être entretien à lui-même tout au long de son existence. Tout individu qui existe est identique à lui-même en ce sens, indépendamment des changements qu'il subit au cours du temps. En ce sens on dit que des artefacts (La Joconde) ou des êtres naturels (chenille, humain) sont identiques à eux-mêmes au cours du temps (La Joconde peinte par Léonard de Vinci au XVIe siècle est identique à celle exposée au Louvre, l'individu chenille est identique à celui qui devient un papillon).
L'identité spécifique désigne la relation qu'entretiennent des êtres qui appartiennent à une même sorte de chose, ou une même espèce. Cette relation ne dépend pas de l'apparence des êtres ainsi réunis, mais de leur appartenance à une sorte de chose identique. Un bananier est une herbe, et non un arbre : le bananier est spécifiquement identique avec les plantes herbacées, en dépit de sa taille, qui le rapproche de la sorte "arbre".
L'identité qualitative, ou indiscernabilité, désigne une relation entre des êtres qui ne sont distincts que par le nombre. Deux êtres qualitativement identiques présentent les mêmes propriétés intrinsèques : pris séparément, ils seraient impossibles à distinguer. Les objets fabriqués en série sont qualitativement identiques à la sortie de leur chaîne de production. L'identité qualitative totale, où un être possède toutes les propriétés d'un autre (intrinsèques et extrinsèques), est impossible entre deux êtres : si un être A possède absolument toutes les propriétés d'un être B, alors A = B. Alors que les identités numérique et spécifique sont compatibles avec le changement, l'identité qualitative exclut donc tout changement. Un être qui subit le moindre changement n'est plus qualitativement identique avec l'être qu'il était avant ce changement. On note que l'identité qualitative est sujette à des descriptions variables : certains n'admettent l'identité qualitative qu'entre un être et lui-même et restreignent l'usage d'« identité qualitative » à ce cas, d'autres acceptent un usage plus large[2].
L'identité collective est introduite par Jean-François Chantaraud dans L'état social de la France. Il la définit en quatre grandes strates : le lien au territoire, les codes relationnels, la mémoire collective et le projet collectif.
À côté de ces usages, on parle également d'« identité » pour désigner l'identité personnelle. On désigne alors ce qui fait l'unité d'un sujet au cours du temps, alors même que celui-ci change. Contrairement aux usages précédents, fortement métaphysiques et non exclusifs aux sujets de représentation, l'identité personnelle n'a de sens que pour des sujets et comporte une dimension psychologique.
Enjeux philosophiques
L'identité est une notion philosophique qui soulève la question métaphysique des rapports entre le Même et l'Autre, ainsi que celle du devenir.
L'identité d'un être ou d'une personne ne semble en effet pouvoir se définir qu'à travers la relation : relation à soi ou à d'autres êtres semblables ou identiques à soi (ainsi, les Français partagent la même identité d'appartenance à la nation française, qui comprend par exemple une langue commune), mais aussi en même temps relation d'exclusion de tout ce qui est différent (par exemple l'identité d'un Français se comprend aussi par contraste avec celle d'un Espagnol ou d'un Américain).
Par ailleurs, l'identité de la personne pose le problème du multiple et du devenir dans le temps : en effet, comment puis-je dire que je suis le même, alors que tous mes traits physiques et toutes mes idées ne cessent de changer et d'évoluer de ma naissance à ma mort. Platon posait déjà cette question dans Le banquet (207d-208b). Pour plusieurs philosophes, c'est l'unité de la conscience de soi (qui suppose mémoire et anticipation), c'est-à-dire la synthèse qu'elle opère à travers tous les changements qui peuvent m'advenir, qui permettent d'expliquer qu'on demeure la même et unique personne en dépit du changement (ainsi, Kant : « l'unité originairement synthétique de l'aperception »).
L'une des méditations les plus connues et influentes sur la conscience et l'identité est celle du philosophe John Locke, dans son Essai sur l'entendement humain (II, xxvii) de 1690.
Si des propriétés identiques permettent de déterminer une identité, l'ontologie détermine ses conditions d'individuation.
L'identité logique comme relation
Leibniz distingue 3 principes qui caractérisent l'identité, sans prendre en compte l'intentionnalité (liée aux propos qui utilisent l'identité) :
- l'identité des indiscernables (identité de propriétés)
- l'indiscernabilité des identiques (propriété d'identité)
- la substituabilité (identité par la propriété d'avoir valeur de vérité)
Dans le cadre du logicisme de Frege et Russell, l'identité est une notion réflexive, symétrique et transitive.
Notes
- Stéphane Ferret, L'identité, Paris, GF Flammarion, coll. Corpus, 1998, p. 11-13
- Stéphane Ferret, L'identité, Paris, GF Flammarion, coll. Corpus, 1998, p. 209-210 "Identité des indiscernables", p. 212 "Identité qualitative", et p. 214 "Indiscernabilité des identiques"
Voir aussi
Articles connexes
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