- Alfred Cortot
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Alfred Cortot Naissance 26 septembre 1877
Nyon, SuisseDécès 15 juin 1962 (à 84 ans)
Lausanne, SuisseActivité principale Pianiste
Alfred Cortot, né le 26 septembre 1877 à Nyon (Suisse) et mort à Lausanne le 15 juin 1962, est un pianiste franco-suisse.
Il est considéré comme un des plus grands pianistes et pédagogues de la première partie du XXe siècle. La qualité de ses interprétations l'a inscrit au Panthéon des pianistes. Il a été en outre un pédagogue réputé et influent.
Sommaire
Biographie
Alfred Cortot naît en Suisse, d'un père français et d'une mère suisse. À l'âge de cinq ans, il commence à apprendre le piano à Genève. Ses progrès sont tellement foudroyants que sa famille décide d'aller s'établir à Paris pour que le jeune Alfred puisse continuer son éducation musicale. Il est alors inscrit au Conservatoire de Paris, à l'âge de neuf ans, où il reste élève pendant dix années. En 1896, il obtient un Premier prix de piano, dans la classe de Louis Diémer. Edouard Risler, répétiteur de Diémer, l'emmène à Bayreuth où Alfred Cortot est assistant et où il joue pour Cosima, la fille de Franz Liszt et épouse de Richard Wagner.
C'est alors un pianiste et musicien accompli, passionné de Wagner. Il donne d'ailleurs la première exécution du Crépuscule des Dieux en France en 1902, ainsi que celles du Requiem allemand de Brahms et de la Légende de Sainte Elizabeth de Liszt. En 1905, il fonde avec Pablo Casals et Jacques Thibaud un trio de musique de chambre dont la réputation devient rapidement internationale. L'activité du trio ne cessera qu'au début de la Seconde Guerre mondiale. À côté de ses activités d'interprète, Alfred Cortot mène une carrière d'enseignant. Il est nommé professeur au Conservatoire de Paris en 1907.
Toute sa vie durant, il fera alterner concerts et enseignement.
Après une tournée aux États-Unis en 1918, il fonde en 1919 avec Auguste Mangeot, directeur de la revue Le Monde musical, l'École normale de musique de Paris qui porte désormais son nom. Résolument moderne, Cortot veut que l'Ecole comporte un cursus complet, avec l'étude approfondie d'un instrument, le solfège, l'écriture, l'histoire de la musique, la pratique du répertoire et de la pédagogie. Humaniste convaincu, Cortot veut aussi qu'un enseignement musical complet avec toutes les disciplines liées à l'expression artistique soient présentes : la gymnastique rythmique, l'histoire de l'art en correspondance avec la musique, les langues vivantes. Avant et après-guerre, les meilleurs professeurs rejoignent Cortot : Yvonne Lefébure et Nadia Boulanger pour le piano, Marcel Dupré pour l'orgue, Wanda Landowska pour le clavecin, Jacques Thibaud pour le violon, Pablo Casals et André Navarra pour le violoncelle, Claire Croiza, Charles Panzéra et Pierre Bernac pour le chant, Georges Enesco, Paul Dukas et Arthur Honegger pour la composition.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il est chargé de mission[1] près le Haut-Commissariat aux Beaux-Arts du gouvernement de Vichy, membre du Conseil national (partisan déclaré de la collaboration). Pétainiste zélé, il n'est d'aucun secours aux différents artistes que la guerre a plongé dans l'aventure et dont certains l'avaient pourtant aidé jadis[2]. En 1942, durant l'Occupation, il est l'un des pianistes français à être allé, à la demande des autorités allemandes, se produire à Berlin. Ces faits lui vaudront quelques reproches à la Libération, sans que pour autant il ait à subir de réels ennuis[3]. Dès 1946, Alfred Cortot reprendra une activité de concertiste.
Au milieu des années 1950 et jusqu'à sa mort, il réside en Suisse. Il donne son dernier concert public au Festival de Prades en compagnie de Pablo Casals en 1958.
Au Japon, une île côtière porte le nom de Cortot (Cortoshima), témoignage de l'admiration que suscite le pianiste français dans l'archipel nippon.
Les quelque 10 000 ouvrages et partitions annotées de sa main que comprenait sa bibliothèque musicale furent rachetés et sont conservés à la Médiathèque Musicale Mahler de Paris. Mais une partie des manuscrits dont Alfred Cortot s'était porté acquéreur ont été dispersés dans quelques-unes des plus grandes bibliothèques publiques du monde entier.
Son œuvre
Alfred Cortot a eu une grande influence sur l'interprétation pianistique tant en France qu'à l'étranger. Et particulièrement en Union soviétique, où ses concerts, donnés pendant les années 1920 à Moscou et à Saint-Pétersbourg, ont été à l'origine d'une scission dans le monde pianistique local. D'un côté, les progressistes emmenés par Heinrich Neuhaus et Samuil Feinberg se déclarèrent impressionnés par le pianiste français au point de repenser leur technique. De l'autre, les pianistes davantage portés vers l'académisme, tel qu'Alexandre Goldenweiser, critiquèrent le jeu de Cortot pour sa liberté.
Dans sa méthode intitulée Les Principes rationnels de la technique pianistique, Cortot a développé sa méthode selon laquelle la subjectivité ainsi que la recherche personnelle propre à l'artiste doivent accompagner le travail digital et musculaire. Il est également l'auteur d'éditions de travail d'œuvres de Chopin, Schumann, Franz Schubert, Félix Mendelssohn-Bartholdy, Johannes Brahms, Carl-Maria von Weber et Franz Liszt. Il écrivit pour les Éditions Rieder La musique française de piano (deux volumes).
Excellent pédagogue, il eut bon nombre d'élèves qui furent d'excellents pianistes, comme Clara Haskil, Dinu Lipatti, Samson François, Setrak, Gina Bachauer, Yvonne Lefébure, Marcelle Meyer, Vlado Perlemuter, Magda Tagliaferro, Reine Gianoli, Jerome Lowenthal, Jean Micault, ou bien encore Marguerite Monnot qui, avant de devenir le compositeur attitré d'Édith Piaf, fut une concertiste talentueuse. D'autres élèves, au Québec,Yvonne Hubertet André Mathieu (le jeune compositeur génial appelé aussi le Mozart québécois au destin tragique) Claudine Perretti à Lausanne et Boulogne-Billancourt, Thierry de Brunhoff et Blanche Bascourret de Guéraldi à l'École normale de musique de Paris, pour n'en citer que deux, sont devenus des pédagogues très renommés.
Alfred Cortot a enregistré de nombreux disques, spécialement de Chopin, Schumann et Liszt, dont il était un interprète d'exception. Il a publié le premier enregistrement mondial intégral de la Sonate en si mineur de Liszt, des Kreisleriana de Schumann et du Premier livre des Préludes de Debussy.
Livres
- Alfred Cortot, La musique française de piano, Paris, Presses Universitaires de France, 1944, 3 vol.
- Alfred Cortot, Cours d'interprétation, Lausanne, Suisse, Éditions Slatkine, 1991, 2e éd. (1re éd. 1934) (ISBN 978-2-05-000162-6)
- Alfred Cortot (préf. Hélène Grimaud), Aspects de Chopin, Paris, Albin Michel, 2010, 2e éd. (1re éd. 1949) (ISBN 978-2-226-19590-6)
Notes
- lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/004001437/0000.pdf
- Jacques Canetti : On recherche jeune homme aimant la musique, Calmann-Levy, 1978 ; il y narre le comportement froid et insensible de Cortot aux demandes d'aides que lui présentent Françoise Rosay et Canetti lui-même, non sans danger puisque ce dernier était juif.
- Antoine Goléa brosse un tableau très dur de l'attitude de Cortot durant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que Jérôme Spickett dans sa biographie de Clara Haskil (Payot) Néanmoins, dans son livre Je suis un violoniste raté (1973, Julliard), le critique musical
Bibliographie
- B. Gavoty, Alfred Cortot, Buchet-Chastel (Musique), Paris, 1995
- J-L. Tingaud, Cortot-Thibaud-Casals. Un trio, trois solistes, Josette Lyon (Les Interprètes créateurs), Paris, 2000
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Catégories :- Pianiste classique
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- Pédagogue en musique classique
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- Membre du Conseil national (gouvernement de Vichy)
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- Décès en 1962
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