- Wanda Landowska
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Wanda Landowska Naissance 5 juillet 1879
Varsovie, PologneDécès 16 août 1959
Lakeville, États-UnisActivité principale Claveciniste
Activités annexes Pianiste Wanda Landowska, née à Varsovie le 5 juillet 1879 et morte à Lakeville (Connecticut, États-Unis) le 16 août 1959, est une pianiste et claveciniste juive polonaise.
Elle est considérée comme une des personnalités les plus déterminantes dans la renaissance du clavecin au début du XXe siècle, même si cette influence est aujourd'hui critiquée au regard des progrès de la connaissance de la musique ancienne et de l'évolution de sa pratique.
Sommaire
Biographie
Elle apprend le piano très jeune, puis étudie au Conservatoire de Varsovie et va ensuite à Berlin pour s'y perfectionner et y étudier la composition.
Son premier univers sonore est celui de Hans von Bülow et l'inflation post-romantique des orchestres symphoniques mais son attirance vers la musique ancienne, le sentiment qu'elle doit être jouée sur les instruments d'époque jalonnent sa vie entière : elle va se consacrer à une résurrection de la musique ancienne et baroque par l'un de ses instruments majeurs, le clavecin.
En 1900, elle arrive à Paris en tant que pianiste ; elle enseignera à la Schola Cantorum jusqu'en 1913. En 1909, elle publie son ouvrage Musique ancienne. Insatisfaite dans sa recherche des clavecins anciens en état de jouer, elle commande à la maison Pleyel la construction d'un « clavecin » qu'elle inaugure au festival Bach de Breslau en 1912, instrument qu'elle transportera pour ses concerts qui la mènent dans de nombreux pays européen : Espagne, Russie, etc . Elle rencontre un succès grandissant en France comme à l'étranger et obtient même la création d'un poste de professeur de clavecin à la Musikhochschule de Berlin, grande première à lépoque dans le domaine de l'enseignement musical, au plan mondial.
Grand, lourd, comportant de nombreuses pièces métalliques, cet instrument ressemble assez peu aux clavecins anciens. Sa sonorité, puissante et métallique ne convient plus de nos jours aux musiciens spécialisés dans l'époque baroque, qui recherchent des instruments moins imposants et plus proches de ceux sur lesquels jouaient Couperin, Bach ou Scarlatti.
Souhaitant transmettre ses convictions et son savoir, elle crée, en 1927 à Saint-Leu-la-Forêt, l'École de musique ancienne pour des clavecinistes, des pianistes ou des chanteurs du monde entier. Elle forme de nombreux élèves, notamment Isabelle Nef, Ralph Kirkpatrick, Rafael Puyana, Aimée van de Wiele, Ruggero Gerlin, ...
Située dans la propriété de Wanda Landowska à Saint-Leu-la-Forêt, l'école propose ses premiers cours en 1927, auxquels André Schaeffner a assisté :
« École de Saint-Leu-la-Forêt
C'est déjà ainsi que l'on nomme l'école d'interprétation ouverte par Wanda Landowska dans la salle de musique qu'elle a fait construire à l’intérieur de sa propriété de Saint-Leu-la-Forêt. Inaugurées solennellement le 3 juillet dernier, salle et école ont, durant un trimestre entier, deux fois par semaine, accueilli élèves et auditeurs, tous enthousiastes témoins d’un enseignement pratique comme il n’en est donné aucun de comparable dans les divers conservatoires de musique.
Séminaire d’études de la musique ancienne, tel est le sous-titre que mériterait une pareille école, en donnant au mot de « séminaire » son vieux sens qu’il a gardé dans les universités germaniques. Parmi le vaste travail de spécialisation qui s’exerce dans le monde des études scientifiques, voici un nouveau lieu où, par une limitation de l’objet, ce dernier ne se prête que plus à être approfondi. C’est seulement à Bach et à Mozart, ou à leurs contemporains, que le secret de l’interprétation est demandé. Bach, Mozart, les clavecinistes français ou italiens devenant la base d’une nouvelle culture musicale. Et le mot de culture ne risque pas ici d’être pris dans un sens vague, mais avec tout ce qu’il sous-entend de technique, d’élargissement intellectuel et de valeur morale. Car ce qu’il y eut de plus remarquable à ces cours d’interprétation ce fut, en même temps que la présence de pianistes, de violonistes, de chanteuses, celle de critiques musicaux, de musicologues, de critiques et d’esthéticiens d’autres arts, venant trouver auprès du jeu charnel et inspiré, auprès des explications si lucides, quoique si chaudes d’images, de Wanda Landowska, le mot exact, l’émotion authentique, l’excitation d’idées qu’ils recherchent également dans l’examen technique des arts plastiques mais dont les pâles et futiles concerts dits de musique ancienne ne pouvaient donner le moindre équivalent. C’est par le geste même dont Wanda Landowska brise avec l’ordinaire musicologie qu’elle nous en restitue une conception neuve, plus saine et féconde. Il ne s’agit point de râcler des instruments discords et qui sentent l’antiquaire, mais d’interpréter Bach ou Mozart dans les seules conditions de pureté et d’intensité sonores. Il est un temps pour le musée et pour le dictionnaire ; il en est un autre où l’on se livre à la musique, toute pudeur jetée. »
— André Schæffner[1]
Quelques années plus tard, le 14 mai 1933, elle donne la première exécution publique au clavecin des Variations Goldberg de Bach qu'elle travaille depuis quarante-cinq ans. Comme Felix Mendelssohn-Bartholdy l'avait fait un siècle plus tôt avec la Passion selon Saint Matthieu, Landowska réussit à imposer l'œuvre[2], contribuant avec d'autres tels Pablo Casals à la réhabilitation de la musique de Bach.
L'exil
En juin 1940, suite à l'avancée des troupes nazies, elle est contrainte de tout abandonner ; après une période d'errance, elle se fixe aux États-Unis où, à l'âge de soixante-trois ans, elle recommence une nouvelle carrière et poursuit avec enthousiasme sa vocation, en enseignant, en donnant des concerts et en réalisant des enregistrements (elle enregistra les 48 Préludes & Fugues du Clavier bien-tempéré de Bach à l'âge de 70 ans).
Sa disciple et compagne, Denise Restout, a traduit et édité ses écrits sur la musique, entre autres Musique ancienne, et Landowska on Music (Londres, 1965).
Reconnaissance internationale
Wanda Landowska, décorée par les gouvernements français et polonais, gagna l'estime du monde musical international . De grands compositeurs du XXe siècle composèrent des œuvres pour elle, comme Manuel de Falla et Francis Poulenc.
Appréciations de Wanda Landowska
- « L'interprête idéale » (Norbert Dufourcq[3])
- « eine geniale Künstlerin » (une artiste géniale, Hanns Neupert[4])
- « The incomparable Wanda Landowska » (Larry Palmer[5])
Son art, les lendemains
Écrits
- Sur l'interprétation des œuvres de clavecin de Jean-Sébastien Bach, 1905
- « En vue de quel instrument Bach a-t-il composé son Wohltemperiertes Clavier ? » dans La Revue Musicale, 9e année, no 2, 1er décembre 1927, p. 123-129.
- Musique ancienne, 1909. Réédition : avec une présentation de Roger Lewinter, Éditions Ivrea, Paris, 1996. (ISBN 2-85184-252-8)
- Chopin et l'ancienne musique française, 1931
- Sur les Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach, 1933
Citations
- « Une bacchante en Bach. » (Arthur Nikisch)
- « Il ne faut pas jouer les chefs-d'œuvres du passé comme on regarderait passer un convoi funéraire, paralysé par le respect. » (Wanda Landowska)
- « Entre un coup de métronome et le suivant, il n'y a que le vide.
Entre un battement de cœur humain et le suivant il y a tout un monde. » (Wanda Landowska)
Bibliographie
- André Schæffner, « Wanda Landowska et le retour aux « humanités » de la musique » dans La Revue Musicale, 8e année, n° 3, 1927, p. 254 & s.
- B. Gavoty et R. Hauert, Wanda Landowska, Genève, 1957
- T. Bainbridge, « Wanda Landowska and her repertoire : a note », dans Early Music, 3e année, 1975 p. 39 et s.
- H. Schott, « Wanda Landowka », dans Early Music, 7e année, 1979, p. 467 et s.
- Alice Hudnall Cash, Wanda Landowska and the Revival of the Harpsichord : A Reassessment, thèse de doctorat en musicologie, University of Kentucky, 1990.
- Coll, Jean-Jacques Eigeldinger (dir.), Wanda Landowska et la renaissance de la musique ancienne, Arles, Actes Sud, 2010
- (en) Larry Palmer, Harpsichord in America : A Twentieth-Century Revival, Bloomington & Indianapolis, Indiana University Press, 1989, 202 p. (ISBN 0-253-20840-8)
Discographie sélective
- Au clavecin
- Johann Sebastian Bach
- Fantaisie chromatique et fugue, BWV 903.
- Partita en si bémol majeur, BWV 825.
- Le clavecin bien tempéré
- Johann Sebastian Bach
- Au piano
- Johann Sebastian Bach, Variations Goldberg, enregistrées à Saint-Leu-la-Forêt en novembre 1933
- Wolfgang Amadeus Mozart, concerto pour piano et orchestre K. 537 dit « Le couronnement ».
Notes
- La Revue Musicale, 9e année, n° 2, 2 décembre 1927, p. 162-163.
- Blanche Selva qui fut la première pianiste à donner en public les Variations Goldberg, le 9 février 1904, dans le cadre de l'intégrale des oeuvres pour clavier de J. S. Bach qu'elle donna dans la salle de concerts de la Schola Cantorum de Paris en 17 concerts. Blanche Selva rejoua plusieurs fois ces Variations dans divers concerts consacrés à J-S. Bach avant 1930. Son rôle comme celui de la Schola Cantorum fut très important dans le renouveau de ce compositeur en France. Mais c'est, près de trente auparavant,
- p. 119
- p. 52
- p. 48
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