I. Wilkens

I. Wilkens

Where Troy Once Stood

Where Troy Once Stood[1] est un ouvrage d'Iman Wilkens dans lequel il avance divers arguments pour prouver que la ville de Troie se trouvait en Angleterre et que l’Iliade et l’Odyssée d'Homère étaient à l'origine des récits transmis par voie orale par les « peuples de la mer » d'Europe occidentale (ceci n'implique, dit Wilkens, aucune critique envers la civilisation grecque classique qui s'est développée après Homère). Ces peuples pélagiens, qui selon Wilkens émigrèrent à la fin de l'Âge de bronze vers l'est du bassin méditerranéen et prirent les noms d'Achéens ou de Pélasges, donnèrent à leurs nouveaux lieux de résidence les noms familiers des lieux d'où ils venaient, (comme cela fut le cas lors des migrations récentes vers, par exemple, les États-Unis). Selon Wilkens, les poèmes épiques auraient été été traduits et transcrits en grec aux environs de 750 av. J.-C. après avoir été transmis oralement pendant quatre siècles. Les Grecs, qui avaient oublié l'origine de ces récits durant les siècles obscurs, en situèrent les péripéties en Mer Méditerranée, où l'on trouve de nombreux lieux homériques, mais où la topographie des villes, les îles, les directions navigables et les distances ne correspondent pas au récit d'Homère. Le fait que ces peuples s'étaient établis autour de la mer Égée explique peut-être pourquoi la ville grecque de « Mycènes » considérée comme responsable de la destruction de « Troie », fut détruite en même temps voire plus tôt qu'Hissarlik en Turquie. Cela signifie qu'il y aurait eu une troisième puissance en mer Méditerranée. Le titre du livre vient du poète romain Ovide :

« Il y a maintenant du blé où jadis était Troie (...)[2] »

Sommaire

Résumé des arguments de l'ouvrage

Mer Méditerranée

Hissarlik en Turquie, de tout temps considérée comme l'emplacement de la ville de Troie, ne satisfait pas aux écrits d'Homère. Troie fut décrit par Homère comme une ville en pente raide, or Hissarlik s'élève seulement à trente mètres au-dessus de la plaine. La distance par rapport à la côte est d'environ six kilomètres, mais au temps de Strabon et de Pline, elle était d'après eux d'environ deux kilomètres. La baie est beaucoup trop petite pour accueillir une flotte de 1186 navires. Nous savons maintenant par une fouille archéologique que des lieux comme Thèbes, la Crète, Lesbos, Chypre et l'Égypte avaient d'autres noms à l'Âge du bronze. Le théâtre du récit d'Homère sur la guerre de Troie, qui s'est déroulée vers 1200 av. J.-C., n'était probablement pas la mer méditerranée, de même que, par exemple, le texte d’une épopée médiévale, qui aurait été découvert aux États-Unis et dans lequel figureraient des toponymes anglais ne pourrait avoir pour sujet l’Amérique qui est inconnue des européens au Moyen Âge.

Océan Atlantique

L’Iliade

Gog Magog Hills près de Cambridge

Wilkens soutient que le Gog Magog Hills près de Cambridge est l'emplacement primitif de la ville de Troie. Il croit que, aux environs de 1200 av. J.-C., les populations (Proto-)Celtes furent attaqués par les (Proto-)Celtes du continent qui voulaient obtenir le contrôle sur les mines d'étain dans les Cornouailles parce que l'étain était la matière première indispensable à la fabrication du bronze (si indispensable qu'en général, ce ne sont pas les propriétés du fer mais plutôt la rareté de l'étain qui fut considérée comme la raison du passage de l'Âge du Bronze à l'Âge du Fer). Ces populations d'Europe de l'Ouest, qui habitaient dans le sud-ouest de l'Angleterre et dans les régions côtières allant du nord de l'Allemagne au sud de la Scandinavie jusqu'au sud de l'Espagne ainsi que le long de fleuves, tels que la Seine et le Rhin, appartenaient d'après Wilkens aux peuples de la mer qui à la fin de l'Âge de Bronze émigrèrent en Méditerranée orientale. La citation biblique « Gog et Magog », la découverte d'innombrables os et squelettes humains souvent mutilés et également les découvertes archéologiques de milliers d'armes en bronze entre autres[3] dans la région entre deux tombes et The Wash, montrent les traces d'un grand champ de bataille. Il y a eu également d'autres découvertes notamment des crémations et des tumuli, une torque en or, un système de canalisation étendu et un chemin creusé à l'aide de poutres en bois. La baie The Wash, qui, à la fin de l'Âge de Bronze, allait jusqu'à la petite ville de Littleport (de sorte que la plage de l'époque était éloigné d'environ 35 km des tumuli de Gog Magog), est assez large pour héberger une armada de 1186 navires. L'édition revue de 2005 contient une « reconstitution » du champ de bataille troyen dans le Cambridgeshire. Elle contient entre autres l'identification des rivières par lesquelles le camp des Achéens après la guerre s'est échappé, le Pergame, des sources froides et une source chaude, deux digues[4], le tumulus d'Ilos et le camp des Achéens avec un rempart de défense et une tranchée.

L'Odyssée

Le port de Phorkys, vieillard de la mer, est sur la côte d'Ithakè. Deux promontoires abrupts l'enserrent et le défendent des vents violents et des grandes eaux...
(l'Odyssée 13, 96)

L'océan Atlantique est, selon Wilkens, le théâtre des aventures d'Ulysse. L'Odyssée est un récit à deux niveaux : d'une part il raconte les étapes initiatiques du voyage d'Ulysse, de l' autre il offre une description, véritable chorographie de l'océan Atlantique qui pouvait se transmettre oralement, comme les ”songlines” des aborigènes d'Australie. Les indications pour la navigation dans cet immense océan étaient cruciales à la fin de l'Âge de bronze, en raison du commerce de l'étain d'Angleterre, de l'or d'Irlande, du fer du Maroc et de l'ambre de la Baltique. L' Odyssée contiendrait des renseignements précieux sur les routes maritimes et les vents favorables, les vents dominants et la météorologie. L'épisode de « l'affaire avec les vents » par exemple, peut être interprété comme une série de conseils sur l'itinéraire le plus judicieux entre les Antilles et l'Europe, en suivant une route plus au nord passant d'abord par La Havane (Telepylos), le port de Cuba, puis en mettant le cap au nord-est suivant le Gulf Stream vers l'Europe. Les lieux cités dans l'ordre des voyages d'Ulysse pourraient ainsi être : l'Est-Anglie, la Cornouaille, la Galice, le Sénégal, le Cap-Vert, les Antilles, la Zélande, les Cornouailles (la « route de l'étain ») et le St Michael's Mount, les Açores, les îles Canaries et, finalement, Cadix.

Réception

Étant données les graves incertitudes qui pèsent sur l'existence même ou du moins l'origine des peuples de la mer, l'œuvre de Wilkens n'a guère rencontré d'écho dans le milieu universitaire : Anthony Snodgrass a vertement critiqué l'œuvre, qualifiant Wilkens « d'écrivain tout sauf sérieux[5] » ; Maurizio Bettini l'a aussi brocardée[6] ; Paul Millett, dans sa revue de l'Atlas Barrington, remarque que la décision des cartographes de placer Troie dans la Turquie moderne plutôt qu'en Angleterre a « sans doute été prise sans trop de difficulté »[7].

L'accueil a été plus favorable dans le milieu de l'édition. Une critique, destinée à guider les bibliothèques dans l'achat de livres, explique que l'ouvrage met en avant un argument inédit, « garant d'une lecture intéressante », tout en mentionnant les réserves des spécialistes qui expliquent pourquoi « seules les grandes bibliothèques devraient prendre le risque de l'ajouter à leurs collections[8]. » History and Chronology, magazine internet de vulgarisation scientifique, relance le débat avec un article suggérant que l'ouvrage a au moins le mérite de remettre en question les certitudes concernant l'emplacement d'un des plus grands et longs conflits de l'histoire[9].

L'auteur

Iman Jacob Wilkens, né aux Pays-Bas en 1936, a étudié l'économie à l'Université d'Amsterdam. Depuis 1966, il habite en France où depuis plus de 30 ans il mène une enquête sur Homère. Le 26 mai 1992, il donne une conférence intitulées Les Rois troyens d'Angleterre[10] devant les Herodoteans, association d'étudiants en langues classiques à l'Université de Cambridge.

Éditions

  • Première édition : Where Troy Once Stood, van Rider / Century Hutchinson, 1990, Londres (ISBN 0-7126-2463-5).
  • Edition brochée : van Rider / Random Century, 1991, Londres (ISBN 0-7126-5105-5).
  • Édition américaine : St Martin's Press, 1991, New York (ISBN 0-312-05994-9).
  • Édition britannique : BCA, 1992, Londres (ISBN 0-7126-4094-0).
  • Éditions néerlandaises :
    • Bigot & Van Rossum, 1992, Baarn (ISBN 90-6134-381-X) ;
    • Bosch & Keuning (Tirion), 1999, Baarn (ISBN 90-246-0461-3) ;
    • Gopher Publishers, 2005, Groningen (ISBN 90-5179-208-5).

Notes

  1. Littéralement « Où se tenait Troie jadis », soit « Emplacement primitif de la ville de Troie ».
  2. Ovide, Héroïdes [détail des éditions] [lire en ligne], I, 1, 53.
  3. (en) David Hall, Fenland survey : an essay in landscape and persistence/ David Hall and John Coles, London; English Heritage , p. 81-88.
  4. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (VIII, 553 ; XI, 158-162).
  5. Anthony Snodgrass, “A Paradigm Shift in Classical Archaeology?”, dans Cambridge Archaeological Journal 12 (2002), p. 190.
  6. Maurizio Bettini, Classical Indiscretions: A Millennial Enquiry into the Status of the Classics, Duckworth Publishers, 2001, p. 86-88.
  7. TLS, 14 décembre 2001, p. 6.
  8. M. F. MacKenzie, « Review of Where Troy Once Stood », dans Library Journal, vol. 116, no 11, 1991, p. 78 .
  9. “Review of Where Troy Once Stood” par David White dans History and Chronology.
  10. « The Trojan Kings of England ».

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (nl) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en néerlandais intitulé « Waar eens Troje lag ».
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