- Hôtel Lambert
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L’hôtel Lambert est un hôtel particulier situé dans l’île Saint-Louis, au no 2 de la rue Saint-Louis-en-l'Île dans le 4e arrondissement de Paris.
Cet hôtel, dont la façade, la rotonde et le jardin sont des plus magnifiques qui soient à Paris, a été bâti en 1640 par l’architecte Le Vau. Encore tout jeune, celui-ci montra ici ses immenses qualités d'architecte en sachant construire la plus magnifique des demeures du XVIIe siècle.
Les peintres Lebrun et Lesueur travaillèrent cinq ans à décorer l’intérieur. On doit à Lebrun une galerie d'Hercule qui annonce la galerie des glaces de Versailles.
Sommaire
Histoire
Cet hôtel avait été construit pour un trafiquant notoire : Jean-Baptiste Lambert. À sa mort, quatre ans après, c’est son frère Nicolas Lambert de Thorigny dit Lambert le Riche, président à la Chambre des comptes qui en devint propriétaire. Sa charge qu’il remplit pendant 46 ans lui valut une immense fortune et il possédait plus de 14 maisons dans l’île Saint-Louis. Il fut condamné par une amende d’un million de livres pour sa compromission au moment du procès de Fouquet.
En 1729, la propriété fut acquise par le fermier général Claude Dupin et dix ans après par le marquis du Châtelet dont la femme, Émilie du Châtelet, eut pendant plus de 15 ans une liaison avec Voltaire.
Extrait de la vie des financiers au XVIIIe siècle par H.Thirion :
« Puis c’est madame du Châtelet qui voulut acheter cette splendide demeure : la maison particulière de Paris la plus ornée de belles curiosités, avec ses plafonds, ses dessus de porte, ses murs décorés par Le Brun et Le Sueur. « Monsieur du Châtelet, écrit la marquise, sera à Paris le 26 ou le 27 (février 1739), il ira pour la maison de Dupin. Je ne sais s’il l’achètera, mais je sais bien que je la désire infiniment. » Monsieur du Châtelet l’acheta pour la revendre peu après à un nouveau financier, Marin de la Haye. Où donc ce dernier venu et dernier occupant avait-il pu réunir les six ou sept cent mille livres qu’une semblable acquisition réclamait, sans compter le grand entretien qu’elle devait lui coûter dès son entrée en possession, sans compter la dépense qu’il faisait à sa résidence de Draveil (luxueuse entre toutes les luxueuses habitations) ? »
L'hôtel Lambert passera successivement dans les mains de Salomon, Benjamin et Étienne de La Haye
Achille-René Davène, seigneur de Fontaine, l'achète en 1781. Cet hôtel, confisqué en 1794, sera rendu en 1802 et revendu, en 1813, à Jean Pierre Bachasson, comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur de Napoléon, puis il sera la propriété de la famille princière polonaise Czartoryski.
En 1862, l’hôtel Lambert est classé monument historique[1].
Dans les années d’après-guerre, il a été habité par la comédienne Michèle Morgan, mais aussi par le milliardaire chilien Arthuro Lopez-Willshaw, et l’« homme du monde » Alexis de Redé.
À partir de 1975, il a appartenu à la famille Rothschild jusqu’à la mort de Guy de Rothschild (2007), puis il a été revendu par ses fils à un frère de l’émir du Qatar (2007) qui souhaite le moderniser (ascenseurs, climatisation, garage creusé sous le jardin). Depuis, de nombreuses personnalités[2] se sont opposées à ces transformations qui mettent en danger l'édifice[3]. Trois recours — dont l’un gracieux auprès du ministre de la Culture —, en vue d’obtenir la suspension, l’annulation et le retrait de la décision du 11 juin 2009 autorisant les travaux à l’hôtel Lambert sont portés par l’association Sauvegarde et Mise en valeur du Paris historique, notamment en la personne de Jean-François Cabestan (architecte du patrimoine et maître de conférences à Paris I)[4] amènent le juge des référés à suspendre le permis de construire, le 15 septembre 2009, dans l’attente de jugement au fond[5]. Le 22 janvier 2010, le ministère de la Culture annonce la signature d'un accord amiable entre le propriétaire et l’association Sauvegarde et Mise en valeur du Paris historique, représentée par son président Pierre Housieaux[6].
Le Parti Polonais de l’hôtel Lambert
Le Prince Adam Jerzy Czartoryski, fils du prince Adam Casimir Czartoryski, dut quitter la Pologne après l'insurrection de novembre 1830. Il mourut à Montfermeil en 1861, à l'âge de 90 ans.
Il donnait à l'hôtel Lambert des fêtes somptueuses et l’hôtel devint un foyer culturel polonais où l'on y rencontrait George Sand et Frédéric Chopin, Delacroix, Zygmunt Krasiński, Alphonse de Lamartine, Honoré de Balzac Hector Berlioz, Franz Liszt, et le poète Adam Mickiewicz. C'est pour le grand bal annuel que Chopin composa nombre de ses polonaises.
Patriote polonais, le prince Czartoryski participa activement à maintenir vivante la « question polonaise » dans les chancelleries européennes. Le « Parti de l'Hôtel Lambert » rassembla ainsi la fraction libéral-aristocratique de l'émigration polonaise. Czartoryski créa de nombreuses institutions, telles que la Librairie polonaise, la Société historique de Pologne, un institut pour les jeunes filles polonaise et une école pour les jeunes gens polonais.
C'est ainsi que l’hôtel Lambert devint le plus grand centre politique, culturel et social polonais hors de Pologne.
La Bibliothèque Polonaise existe toujours et est située au no 6 du quai d'Orléans, toujours dans l’île Saint-Louis.
Description
Le bâtiment se compose d'un rez-de-chaussée, consacré aux communs, et de deux étages d'habitation, le tout autour d'une cour. Le premier étage comporte une suite de réception et le second les appartements[7].
La galerie d'Hercule a un plafond peint par Charles Le Brun, vers 1650. Les bas-reliefs sont de Gérard Van Opstal.
Hôtel Le Vau
Au no 3 se situe l’hôtel du XVIIe siècle construit par Le Vau pour lui-même car Le Vau avait épousé la fille d’un notaire qui était propriétaire du terrain voisin à celui de l’hôtel Lambert. Sa façade est la continuation de celle de l’hôtel de Lambert. Par la suite, cette maison devint une annexe de l’hôtel.
Ses quatre premiers enfants naquirent ici, sa mère y mourut. Il habita cet hôtel de 1642 à 1650, alors qu’il travaillait à l’hôtel Lambert tout proche.
Une fois disparu, en 1670 son hôtel fut la propriété de la famille de La Haye qui était déjà propriétaire de l’hôtel Lambert. Cette famille s’empressa de réunir les deux bâtiments.
Notes et références
- Notice no PA00086295, sur la base Mérimée, ministère de la Culture.
- Liste des personnalités parmi les 7450 signataires de la pétition, site de l’association Sauvegarde et Mise en valeur du Paris historique
- (en) Steven Erlanger et Maïa de la Baume, « A Palace Overhaul, Treading on French Heritage », dans The New York Times, 7 octobre 2009.
- art. « L’affaire Lambert » paru dans AMC Moniteur en février 2009, ici reproduit. Jean-François Cabestan,
- référé est rendue par le tribunal administratif le 15 septembre 2009. Cf. l’extrait de l'ordonnance du tribunal administratif de Paris, sur le site Paris historique. L’ordonnance de
- Hôtel Lambert : enfin un accord sur lemoniteur.fr, 22 janvier 2010. Mis en ligne le 22 janvier 2010, consulté le 23 janvier 2010. « Un protocole d'accord pour la restauration de l'Hôtel Lambert à Paris a été signé vendredi 22 janvier entre son propriétaire, un prince du Qatar, et l'association Paris historique, a annoncé le ministère de la Culture dans un communiqué. ».
- Cojannot A, L'hôtel lambert : un chef-d'oeuvre de Louis le Vau, Dossier de l'art n°189, octobre 2011, p16-17
Liens externes
- Photographies de l’hôtel Lambert
- Hôtel Lambert, Histoire et photos.
- Hôtel Lambert : Histoire et anecdotes.
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