- Houang Ti
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Huángdì
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Courants Textes Personnalités Notions et pratiques Divinités L'Empereur Jaune (黄帝 Huáng Dì) est selon les Mémoires historiques (Shiji) de Sima Qian (IIe siècle av. J.-C.) l’un des Cinq empereurs, souverains mythiques de l’antiquité chinoise, et aurait règné de -2697 à -2598 av. J.-C. Il est considéré comme le père de la civilisation chinoise. Rarement mentionné dans les classiques, il doit sa place dans le taoïsme au courant de philosophie politique huanglao particulièrement influent au début des Han occidentaux, pour qui il représentait le souverain idéal. Divinisé, il est resté après la disparition du huanglao un dieu taoïste. Des spécialistes comme S. Papillon reconnaissent dans son mythe les traces d’une influence tokharienne. Selon certaines sources, il est un des Trois augustes souverains.
Sommaire
Biographie
Selon le Shiji, il serait fils de Shaodian (1) et aurait pour nom de famille Gongsun (2) et pour prénom Xuanyuan (3), également nom de la colline où il habitait. Les spécialistes de l’Association des villes anciennes de Chine (4) considèrent qu’il s’agit de la colline Xuanyuan située près de la ville de Zhengzhou (5) au Henan, site de la capitale de l’antique État de Youxiong (6) dont Shaodian aurait été le souverain. Youxiong est parfois indiqué comme son nom de famille.
Selon la tradition religieuse, il serait né le deuxième jour du deuxième mois lunaire dans la Gorge de la descente du dragon (7) à la Passe de Juyuan (8) sur le Plateau de terre jaune (9) où vivait sa mère, qui l’aurait conçu en apercevant la lumière de l’étoile polaire. Il vivait sur le mont Kunlun d’où quatre fleuves descendaient. Sous le nom de Fenglong, créature à corps de serpent maître du tonnerre et de la pluie, il avait également sa résidence dans le Marais du tonnerre. Son épouse est connue sous le nom de Luozu (10) ou Leizu (11), deux caractères comprenant l'élément soie (mi 糸) dont elle aurait enseigné la fabrication aux femmes.
Toujours d’après le Shiji, outre Luozu, il aurait eu trois épouses secondaires, dix concubines et 25 fils. Il aurait été enterré au mont Qiao (12) dans l’actuel comté de Huangling (13) au Shaanxi, dans le tumulus qui porte son nom (14). La tradition religieuse prétend que sur la fin de sa vie il fit fondre un tripode, enfourcha un dragon et s’envola vers l’ouest. L’un de ses ministres, voulant le retenir, décocha une flêche au dragon. Blessé, celui-ci dut se poser à Qiao et c’est pour celà que son tumulus s’y trouve.
Le nom de Huangdi exprime son lien avec la Terre, car les Chinois ont associé la couleur jaune (huang) à cet élément. Certaines légendes prétendent qu’il le doit au lieu de sa naissance, le Plateau de terre jaune, d’autres au fait qu’il menait une vie itinérante, marquant son trajet d'une poussière ocre. Dans la version la plus fréquente du groupe des Cinq empereurs où chacun d'entre eux est associé à un orient, Huangdi représente le centre, comme la terre et la couleur jaune.
(1) 少典 (2) 公孫 (3) 軒轅 (4) 中國古都學會 (5) 鄭州 (6) 有熊國 (7) 降龍峽 (8) 沮源關 (9) 黃土高原 (10) 螺祖 (11) 累祖 (12) 橋山 (13) 黃陵縣 (14) 黃帝陵
L'inventeur des Arts Martiaux
Comme Chiyou possédait des meilleurs armes que Huangdi, il décida de développer un ensemble de mouvements offensifs et défensifs qu'il enseigna à son armée. L'art martial de ce temps n'a sûrement plus rien à voir avec les techniques évoluées d'aujourdh'hui. Beaucoup considère cependant, qu'il en est le concepteur, pour avoir pût prendre l'avantage définitif contre Chiyou, puisque ses armées n'avaient pas d'avantage contre lui.
Ancêtre de l’ethnie Han
Dans le Shiji et d’autres sources comme le Livre des monts et des mers (1), Huangdi est engagé dans des batailles qui représentent les guerres entre différentes ethnies qui occupèrent le Nord de la Chine. Il bat Chiyou, que les Hmongs ou Miaos du Guizhou, Hunan et Hubei revendiquent comme ancêtre, à Zhuolu (2) (entre Hebei et Liaoning selon les sources anciennes, au Shanxi selon Qian Mu (3)), où il fixe sa capitale. Chiyou (4) ayant créé un épais brouillard pour égarer l’armée de l’Empereur Jaune, celle-ci aurait retrouvé son chemin grâce au char-boussole (5), invention de Huangdi.
Il prend la succession d’un autre héros civilisateur présenté aussi comme l'ancêtre des Qiangs, l’Empereur Rouge Chidi (6) ou Yandi (7) (ou le bat à Panquan (8), selon les sources). Yandi et lui sont chefs des Huaxia (9) que les Hans d’aujourd’hui considèrent comme leurs ancêtres. Un des termes littéraires désignant les Hans est "descendants de Yandi et Huangdi" (10) ; un autre, "descendants du dragon", fait aussi référence à Huangdi dont l’emblème, fusion des différents animaux totems des tribus vaincues, était un dragon. Certains archéologues associent son époque à la culture de Qijia (11) (Gansu et Shaanxi). Plusieurs clans ou ethnies se rattacheront à Huangdi, comme les Ji (12), fondateurs de la dynastie Zhou. On lui prête encore une victoire contre les Hunzhou (13), nom d’un des peuples “barbares du Nord” des Han occidentaux.
Chiyou, l'adversaire de Huangdi, semble être devenu un dieu guerrier révéré jusqu’au tout début des Han. Sima Qian mentionne que Liu Bang lui rendit un culte avant une bataille contre Xiang Yu. Outre sa place dans les mythes de certaines ethnies du Sud-Ouest chinois, il est occasionnellement revendiqué comme ancêtre par des Coréens, avec une connotation patriotique d’opposition au nationalisme chinois.
(1) Shanhaijing 山海經 (2) 涿鹿 (3) 錢穆 (4) 蚩尤 (5) 指南车 (6) 赤帝 (7) 炎帝 (8) 阪泉 (9) 華夏 (10) yanhuang zisun 炎黃子孫 (11) 齊家 (12) 姬 (13) 葷粥
Civilisateur
Huangdi fait partie des héros civilisateurs de l’antiquité, comme Yandi, Fu Xi, Shennong, Yu le Grand etc. Les Chinois lui attribuent l'invention du Feng Shui, de la monnaie, de la métallurgie, du cycle sexagésimal ou encore de la division du gouvernement en six ministères. Il aurait enseigné aux hommes la culture des cinq aliments de base, la fabrication des arcs et des flêches, des bateaux et chars (y compris le char indiquant le sud ). Il aurait écrit le premier traité de médecine, le Neijing suwen, qui date probablement des Han Occidentaux. Son ministre Linglun (1) aurait inventé les instruments et les notes de musique et Cang Jie (2), autre ministre, l’écriture. Son épouse Leizu aurait enseigné aux femmes l’élevage des vers à soie.
(1) 伶倫 (2) 倉頡
Place dans la philosophie et la religion
Il était considéré comme le co-fondateur avec Lao Tseu du courant Huanglao dao, la "Voie (ou Doctrine) de Huangdi et Lao Tseu", théorie politique d’inspiration principalement légiste et taoïste née sous les Royaumes combattants et particulièrement influente au début de la dynastie Han. La bibliographie du Livre des Han mentionne de nombreux ouvrages attribués à Huangdi, traitant de sujets aussi divers que l’art militaire, la philosophie, les techniques de débat, la loi, la divination, dont seul nous est parvenu, le Neijing Suwen sur la médecine. Vers la fin de la dynastie, le huanglao deviendra un courant essentiellement taoïste et religieux, dans lequel Huangdi est le maître des pratiques ésotériques et magiques, Lao Tseu étant le fondateur de la mystique.
L’Empereur Jaune a dû être assez tôt divinisé. Dans le Zhuangzi il est dit qu’il devint immortel. Les mentions historiques concernent essentiellement le culte officiel. Dès la période des Printemps et des Automnes les ducs Wen et Ling de Qin offrent des cérémonies à l’emplacement de son tumulus. Sous les Han occidentaux, Xuandi lui rendit en personne un culte solennel en -73 ; son culte était alors réservé à l’empereur ou à ses délégués. L’usurpateur Wang Mang supprima cette restriction, et l’on considère que c’est à partir de son règne que l'Empereur Jaune se popularisa. En 59, Mingdi ordonna la fondation de temples dans les différentes régions de l’empire. En 770, l’empereur Taizong (599-649) des Tang fit inscrire les cérémonies au temple de Huangdiling (tumulus) dans le registre des cultes impériaux. Zhu Yuanzhang, fondateur des Ming, fit restaurer le temple en 1371. C’est sous les Qing qu’il y eut le plus de cérémonies, 36 sur un total de 70 depuis les Tang. En 1912, à l’avènement de la république, Sun Yat-sen envoya lui aussi une délégation à Huangdiling.
Influence tokharienne
Certains spécialistes comme Serge Papillon pensent que des éléments du mythe de Huangdi rappellent celui du dieu du Tonnerre des Tokhariens, Ylaiñäkte, qui évoque lui-même celui d'autres divinités indo-européennes, telles que le dieu germanique Wotan, le dieu grec Apollon ou le dieu celtique Lug. Ainsi, Huangdi a combattu Chiyou, créature parfois représentée avec un corps de serpent, à un endroit appelé la "Source du talus", comme Apollon a tué le serpent Python qui gardait une source sur le site de Delphes. On a suggéré que Luozu, nom de sa femme, pourrait être une transcription erronée de Leizu (雷祖), Tonnerre-Ancêtre. Le mont Kunlun, situé au sud-ouest de l’actuelle province du Xinjiang, région occupée par les Tokhariens, pouvait être leur montagne sacrée. D’ailleurs, selon certains textes, après son combat avec Chiyou, Huangdi serait parti vers l'Ouest.
Voir aussi
Articles connexes
- Mythologie chinoise
- Sanhuangwudi : les Trois augustes souverains et les Cinq empereurs
- Taoïsme
- Huanglao
- Dragon chinois
Bibliographie
- Ivan P. Kamenarović, La Chine classique, Belles Lettres, coll. « Guide des civilisations », 2002 ;
- Serge Papillon, « Influences tokhariennes sur la mythologie chinoise », Sino-Platonic Papers, May 2004, 136.
- Portail du monde chinois
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