Wang Mang

Wang Mang

Dynastie Xin

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La dynastie Xin (新朝 Xīn Cháo, « nouvelle dynastie ») est une dynastie chinoise du premier siècle de notre ère n'ayant compté qu'un seul empereur. Son fondateur, Wáng Măng (王莽), un dignitaire de la cour des Han, s'est emparé du pouvoir en 9 apr. J.-C.. Il s'efforça de mettre en pratique l'idéal social et politique des classiques confucéens, projet irréaliste qui s'acheva dans le chaos et la perte de sa courte dynastie en 23, le laissant avec une réputation d'usurpateur.

Sommaire

Ascension de Wang Mang

Origines de Wang Mang

Wang Mang (également appelé Jujun 巨君) appartenait au clan Wang originaire du district de Wei 魏 dans le Hebei. Ce clan avait acquis une position importante sous les Han, donnant à la cour plusieurs dignitaires et une impératrice (Wang Zhengjun 王政君). Wang Mang n'était pas au départ le plus favorisé du clan familial, son père étant mort avant d'avoir obtenu un titre. Sans poste, il se concentra quelque temps sur l'étude des classiques confucéens, particulièrement les Lishu 禮書 (Livre des Rites), trois traités sur les rites et l'administration des dynasties pré-impériales.

Premières fonctions, parentèle, et image confucéenne

Finalement, il se rapproche de Wang Feng 王鳳, un oncle titulaire d'un poste important à la cour (sima 司馬). C'est ainsi qu'il obtient par recommandation auprès de l'impératrice son premier poste. Il monte rapidement en grade, et bientôt sa réputation dépasse celle de son oncle qui accepte de lui céder une partie de son fief. En -16, il est fait marquis de Xindu 新都侯. La famille Wang compte alors cinq simas et neuf marquis.

Dans sa rapide promotion, on peut voir l'aide d'une puissante parentèle, mais également l'effet de l'image qu'il se donne, celle d'incarnation vivante des vertus confucéennes. Il s'occupe de son oncle mentor mieux encore que son propre fils, et le soignera pendant sa maladie. Promu, il distribue une partie de ses émoluments à ses subalternes ou fait des dons charitables aux pauvres. Il a soin, comme le veut l'idéal de politesse confucéen, de refuser trois fois avant d'accepter dons et promotions. Il gardera tout au long de sa vie cette attitude dans laquelle il est difficile de faire la part de la sincérité et d'un sens politique avisé. En 8 av. J.-C., il remplace un oncle récemment décédé (Wang Gen 王根) dans la position de Grand sima.

Retraite et retour

En -7, son ascension subit un coup d'arrêt avec la mort de l'Empereur Han Chengdi. L'impératrice et son clan prennent le pouvoir réel au nom de son jeune fils Han Aidi (哀帝). Wang Mang est contraint d'abandonner son poste et de se retirer à Xinye 新野 dans le Henan. Il s'y remet aux études, et ne recule devant rien pour cultiver son image de politicien exceptionnellement intègre dépourvu de tout esprit de favoritisme : il fait exécuter son propre fils coupable du meurtre d'un serviteur, action pour laquelle il est grandement loué.

Soutenue à la cour, il revient à la capitale en 2 av. J.-C.. Un an après, Han Aidi meurt. Le sceau impérial se retrouve de nouveau entre les mains de l'impératrice douairière Wang, qui nomme l'année suivante Wang Mang régent du nouvel empereur Han Pingdi 平帝. Il est fait Duc de Anhan 安漢公, titre rappelant celui qu'avait reçu Zhou Gong 周公 (Duc de Zhou), personnage de l'antiquité et modèle confucéen du souverain . Il place sa fille en position d'impératrice consort. Il reçoit un nouveau fief, Jiuxi 九錫.

Un Premier ministre très confucéen

À 49 ans, il devient premier ministre, dominant tous les nobles et dignitaires. Il continue de soigner son image : il redistribue une partie de ses émoluments et condamne à mort par suicide son fils aîné Wang Yu 王宇 impliqué dans un complot. Il fait de la connaissance des ouvrages d'instruction morale Jieshu 誡書 et du classique de la piété filiale Xiaojing 孝經 un critère essentiel pour le recrutement des fonctionnaires. Il continue de promouvoir le confucianisme en créant des écoles pour l'enseignement des classiques et en multipliant par cinq le nombre des spécialistes du Canon confucéen résidant au palais. Il s'attire ainsi le soutien des lettrés, qui le portent aux nues en clamant qu'il n'a mis que 4 ans à mettre en place un système qui avait pris 7 ans au fameux Zhou Gong.

Han Pingdi tombe malade. Durant sa maladie, Wang Mang ne manque pas l'occasion de manifester son dévouement au suzerain en déclarant vouloir mourir à sa place si cela était possible. L'empereur n'en meurt pas moins en l'an 6.

Transmission du mandat céleste

Wang Mang choisit pour lui succéder Ruzi 孺子, un enfant de deux ans. Appelé officiellement "régent impérial" shehuangdi 攝皇帝 par les ministres, il est connu de la cour sous l'appellation non officielle de "pseudo-empereur" jiahuangdi 假皇帝. Le nom de l'ère impériale est changé en "régence" 居攝. Tout ceci n'échappe pas à l'attention d'opposants (Zhai Yi 翟義, Zhao Ming 趙明 et Huo Hong 霍鴻) qui déclenchent une rébellion armée, finalement matée par Wáng Yì 王邑.

La propagande en faveur de Wang Mang se poursuit, sur le thème du mandat du Ciel, un très ancien concept qui veut que toute dynastie connaisse un apogée et un déclin, au terme duquel surgit un sage souverain désigné par le Ciel, qui fondera la dynastie suivante. Des ouvrages sont écrits sur ce thème. Des fuming 符命, sortes d'écrits oraculaires favorables à Wang Mang surgissent. Ceux qui les présentent sont récompensés : les oracles se multiplient. Finalement, un nommé Aizhang 哀章 dépose dans le temple du fondateur des Han un document au nom de 11 dignitaires déclarant que Wang Mang est le futur titulaire du mandat céleste. Le lendemain, âgé de 54 ans, Wang Mang accepte "modestement" la décision du Ciel et monte sur le trône. Il nomme sa dynastie Xin 新, nouveauté. La première ère en sera shijianguo 始建國 début de construction de l'État.

Wang Mang empereur

Empereur, Wang Mang cherche à appliquer cette fameuse "nouvelle politique" xin zheng 新政, une tentative de mise en pratique du système administratif décrit dans le Zhouli 周禮 Rites de la dynastie Zhou, équivalent en fait au retour à un passé plus mythique que réel. Les mesures comprennent l'instauration d'un système de culture par groupe de huit foyers appelé jingtian 井田, modèle d'équité théorique, mais dont l'aspect en réalité peu avantageux a été démontré par des sinologues modernes comme Léon Vandermersch. Il instaure un monopole d'État sur le commerce du fer, du sel et de l'alcool, « nationalise » les forêts et les terres non cultivées. L'État contrôle les prix et la monnaie, fait obstacle au libre échange. De manière générale, tout, des cérémonies de mariage jusqu'aux vêtements, doit être conforme aux prescriptions des Lishu, traités rituels des Zhou.

Outre le fait que beaucoup d'idéaux sociaux et politiques confucéens étaient surtout de belles idées qui n'avaient jamais jusque-là subi l'épreuve de la réalité, Wang Mang avait grandement sous-estimé les difficultés de leur mise en pratique. Le démantèlement des grands domaines prévoyant la répartition des terres aux paysans qui paieraient l'impôt à l'État, décidé en l'an 9, fut annulé trois ans après, devant la résistance des grands propriétaires. Face aux difficultés, Wang Mang modifie constamment les ordres et la monnaie. Méfiant vis-à-vis de ceux qui résident dans les régions frontalières qu'il considère peu civilisées, il réduit le titre des nobles de ces fiefs, entraînant des révoltes.

Les réformes de la dynastie Xin

Régime de la terre et du servage

Système dit "puits-champ" 井田 jǐngtián.
  • Système dit "puits-champ" 井田 jǐngtián : Les terres sont cultivées par groupes de neuf parcelles formant un carré (la parcelle centrale est le "puits"). Huit foyers paysans cultivent chacun une parcelle dont il garde la récolte; la parcelle centrale dont le produit revient au seigneur est cultivée par les huit foyers en commun.
  • Les terres reviennent à l'État. Il est interdit de les vendre et on en a seulement la jouissance. Les paysans se voient attribuer une surface dépendant de la force de travail de la famille, évaluée selon le sexe et l'âge des membres. Les terres non cultivables par manque de bras retournent à l'État.  
  • Le servage et l'esclavage subsistent, mais les serfs et esclaves ne peuvent être vendus.    
  • Les champs ne peuvent être laissés en friche sous peine d'amende. Les vagabonds doivent être mis au travail.

Commerce et finances

  • Contrôle de l'État sur six activités (六筦事業 Liù guǎn shìyè)

Les marchés (五均賒貸 Wǔ jūn shēdài) : à Chang'an et dans cinq autres villes, un fonctionnaire contrôle le marché et fixe chaque saison les prix à ne pas dépasser. Il rachète à prix coûtant les produits de subsistance (céréales, tissu) en surplus qui ne doivent pas être stockés inutilement. Il doit fournir des prêts sans intérêt aux pauvres pour les mariages ou enterrements, ou comme capital à utiliser dans l'exercice de leur profession.

  • Les salines, les distilleries d'alcool, les fonderies de fer et de monnaie, l'exploitation des marécages et terres non cultivables reviennent à l'État.
  • Des impôts sont prévus sur les bénéfices des ventes de certains produits et les revenus de certaines activités.

Crises et transition

Les aléas climatiques

La malchance veut que le lit de l'immense fleuve jaune qui s'encombre constamment de limon en vienne à un point critique, au point de pousser le fleuve à déborder, serpenter, et finalement déplacer son embouchure du nord du Shandong à plusieurs centaines de kilomètres plus au sud (années 2, 5, et 11 ap. JC). Cet évènement fluvial rare entraîne l'inondation de plaines entières : les champs de céréales sont inondés, les blés pourrissent dans l'eau ou se font emporter, les récoltes ne sont pas moissonnées. Les habitants subissent donc de terribles années de famines, de chaos et d'épidémies. La faim les pousse vers les contrées voisines qu'ils pillent, augmentant encore la surface des zones affectées.

Fronde et révoltes

Cette catastrophe fluviale et le chaos associé font basculer la paysannerie dans l'opposition. La croyance chinoise liant la noblesse du souverain et la bonne santé de l'empire, les tremblements de terre et inondations majeures sont ici interprétés comme la volonté du ciel de punir l'usurpateur Wang Mang. La paysannerie, superstitieuse, est encouragée par la noblesse et les marchants mécontents des réformes à se révolter. Aussi, vers 17 ap. JC, des armées se constituent. On peut noter les insurrections paysannes des Lülín (綠林兵, armée des « Vertes Forêts » ) au sud (Henan, Hubei) et des Chìméi (赤眉, Sourcils Rouges) vers la côte Est (Shangdong, Jiangsu), qui s'organisent pour piller. Mais des seigneurs de l'ancienne famille impériale Liú (t:劉, s:刘) constituent également des armées, et s'affirment comme les défenseurs d'une restauration de la dynastie Han et de l'ordre. C'est le cas des frères Liú Yǎn (t:劉縯, s:刘演) et Liú Xiù (t:劉秀; s:刘秀), au sud de la capitale (sud du Henan). Liú Yǎn eut l'habileté de combiner sa légitimité dynastique et ses troupes avec celles des Lülín. Mais lorsqu'il fallut choisir un prétendant au trône, les généraux Lülin préférèrent sortir de leurs rangs un soldat - Liú Xuán (t:劉玄, s:刘玄 ; n:?, d:25ap JC) -, un lointain descendant de la famille impériale. L'heure pousse Liú Yǎn à accepter.

La Bataille de Kunyang

La bataille de Kunyang (t:昆陽之戰, s:, p:Kūnyáng zhī zhàn) se déroule en 23 ap. JC. Elle est un exemple de stratégie et de guerre psychologique. Après plusieurs victoires rebelles, l'Empereur Wang Mang se décide à l'envoi d'une armée de 430 000 hommes. Les troupes Liú-Lülin (~10 000) sont divisées en deux unités. L'unité de Liú Xiù se retranche dans la ville de Kunyang et les soldats menacent de déserter. Le subtil Liú Xiù annonce que ce serait une erreur terrible: il est nécessaire de faire bloc, de tenir fermement la ville, et d'appeler des renforts qui tomberont sur des assiégeants fatigués et déprimés. Liú Xiù et treize cavaliers s'éclipsent à la nuit, lèvent de nouvelles troupes et rappellent celles de Liú Yǎn et des autres Lülin. Ensemble, ils provoquent le général loyaliste qui, attaquant avec une amée équivalente de 10 000 hommes, est défait et tué au combat. Les troupes loyalistes restées au siège de Kunyang sont stupéfaites et s'inquiètent. Lorsque les troupes rebelles viennent les attaquer par leur arrière, leurs alliés enfermés sortent, et les soldats loyalistes désertent dans le chaos, augmentant leur pertes. À l'annonce de cette défaite impériale, des insurrections éclatent partout dans l'empire. La petite armée rebelle a vaincu une armée de 430 000 hommes qui ne se reconstituera jamais.

La prise du pouvoir Lülin

Les troupes rebelles prennent Wǎnchéng (c:宛城), et donnent à Liú Xuán le titre d'Empereur Gèngshĭ (c:更始帝, p:Gèngshĭ Dì). Ce dernier, craignant la popularité de Liú Yǎn, le fait exécuter, tandis que son frère Liú Xiù se voit écarté de l'état major. L'Empereur Gèngshĭ et les généraux et troupes Lülín prennent Luoyang en 23, puis marchent sur Chang'an. À la capitale, Wang Mang rassemble ses courtisans pour une cérémonie où il "se plaint au Ciel" 哭天大典 Kū tiān dàdiǎn, lui rappelant qu'il ne doit pas l'abandonner après l'avoir choisi, et s'acharne à peaufiner les rituels. Lorsque les troupes Lülín arrivent aux portes de la ville, la jeunesse se soulève. L'empereur Wang Mang se retranche dans le palais impérial et est assassiné avec sa garde personnelle et ses courtisans, sa tête est exposée sur la place Wǎnshì (c:宛市). Arrivé sur le trône, la nouvelle administration Lülín, faite d'anciens paysans devenus bandits, soldats, meneurs puis administrateurs, se révèle incompétente et corrompue. Les attentes de bonne administration ne sont pas satisfaites, les régions éloignées ne se soumettent pas à la capitale, la rebellion des Sourcils Rouges (Chìméi) se réactive.

Soulèvement Chìméi et retour de Liú Xiù

Liú Xiù, missionné pour soumettre le nord du Henan en 23, y est finalement victorieux ainsi que dans le Hebei en 24, puis au Shanxi et au Shaanxi en 25. Il refuse de retourner à la capitale, consolide ses positions sur cette rive nord du fleuve Jaune et attend que les insurgés Chìméi renversent les Lülín incompétents de l'Empereur Gèngshĭ. Dès 24, les généraux loyalistes s'entredéchirent, favorisant l'avancée des 300 000 Chìméi qui prennent Chang'an en 25 avec la reddition de l'Empereur Gèngshĭ. Là encore, la paix tarde à venir tandis que les soldats Chìméi continuent à agir abusivement. Plusieurs palais sont brûlés, le pillage de villages continue, malgré les appels à l'ordre de l'Empereur fantoche (p:Liú Pénzĭ, t:劉盆子, 17 ans). De nouvelles révoltes anti-Chìméi démarrent. Les Chìméi, à court de vivres, envisagent une retraite vers leur Shandong d'origine. Mais cette retraite est coupée par Liú Xiù, élevé récemment par ses troupes au rang d'Empereur Guāngwǔ. Les Chìméi, épuisés, se rendent et se soumettent aux armées Liú, qui prennent à leur tour Chang'an.

Établissement de la nouvelle dynastie Han

Le subtil Liú Xiù (désormais Empereur Guāngwǔ, c:光武帝, p:Guāngwǔ Dì) mène alors une politique éclairée de pardon et d'intégration relative des rebelles, qui lui permet de réunifier le reste de l'empire en quelques années. L'Empereur fantoche des Chìméi est épargné, une amnistie générale est proclamée, les généraux et troupes rebelles sont intégrés et dissouts dans ses propres troupes, mais avec des postes de complaisance peu stratégiques. Des administrateurs efficaces sont missionnés, des réformes agraires et fiscales sont entreprises. En quelques décennies, c'est une véritable renaissance pour les Han (Han dits « orientaux » ou « postérieurs ») avec un véritable Âge d'Or vers 100 ap. JC, les cavaliers de Ban Chao (c:班超, p:Bān Chāo) atteignant la mer Caspienne en 97 ap. JC.

Empereur et ères de la dynastie Xin

Ères de la dynastie Xin
Années Nom de l'ère (nianhao) Pinyin Traduction Empereur
9-13 始建國 Shǐjiànguó Nouvelle fondation du pays Wang Mang
14-19 天鳳 Tiānfèng Phénix céleste
20-23 地皇 Dìhuáng Empereur de terre
Empires rebels
Années Groupe Groupe (fr) Empereur
23-25 Lülín (t:綠林兵) (Arméee de la) Forêt Verte Liú Xuán (t:劉玄, s:刘玄)
25 Chìméi 赤眉 (Arméee des) Sourcils Rouges Liú Pénzĭ (t:劉盆子, s:刘盆子)

Notes et Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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