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Hou Yuon
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Khmers rougesCulture Khmer Société Administration du Cambodge Hou Yuon (1930 - 1976 ?), était un homme politique cambodgien, plus ou moins proche des khmers rouges.
Biographie
Né en 1930 au Cambodge, dans la province de Kompong Cham, il était un proche de Khieu Samphan qu’il avait connu au lycée Sisowath à Phnom Penh.
A Paris, dans les années 1950, il était très populaire auprès de ses camarades qui le choisirent à l’unanimité pour diriger l’Association des Etudiants Khmers (AEK). Il se lia d’amitié avec Saloth Sar, futur Pol Pot qui devient membre de la cellule du cercle marxiste dirigée par Yuon. Cette relation lui sera bien utile plus tard quand il connut des difficultés liées à ces prises de position.
Ses activités politiques le conduisent à faire plusieurs voyages d’études, un en Yougoslavie en 1950, un autre à Berlin Est en 1951 et enfin un en Roumanie en 1953.
En 1952, Yuon, Pol Pot, Ieng Sary et d’autres étudiants de gauche se font remarquer en écrivant une lettre ouverte au roi Norodom Sihanouk, l’appelant « l’étrangleur de la démocratie naissante ». Les autorités françaises ordonneront la dissolution de l’AEK et les signataires se verront retirer leurs bourses.
En 1955 il présente avec succès sa thèse en économie intitulée « la paysannerie du Cambodge et ses projets de modernisation » qui allait à l’encontre des théories conventionnelles voulant que l’urbanisation et l’industrialisation soient les passages obligatoires pour tout développement. Il prétendait que « les taux usuriers et les taxes étaient les principales entraves à de meilleures conditions de vie des cultivateurs ».
En 1956, il participera avec Khieu Samphan à la création de l’Union des Etudiants Khmers.
A son retour au Cambodge, il devient professeur au lycée Kambujaboth qu’il contribuera à fonder
En 1958, il fut nommé au parlement par le prince Norodom Sihanouk et devint un jeune secrétaire d’état à la santé publique et au budget, chargé surtout de contrebalancer l’influence de la droite dans la politique d’équilibre voulu par le chef de l’Etat et qui vaudra plus tard à Khieu Samphan d’accéder lui aussi à des fonctions gouvernementale.
En 1960, il intègre la faculté de droit et de sciences économiques de Phnom Penh.
En 1964, il retourne au lycée Kambujaboth, mais en qualité de directeur.
En 1967, quand l’attitude de Norodom Sihanouk se durcit vis-à-vis de son aile gauche qu’il accuse d’être à l’origine du soulèvement paysan de Samlaut, Yuon, Hu Nim et Khieu Samphan disparaissent dans la jungle.
C’est à cette époque qu’il se serait prononcé contre “ la dictature du Parti déguisée en centralisme démocratique ”.
Après la déposition de Norodom Sihanouk, le 18 mars 1970, il devient successivement ministre de l’intérieur puis des réformes communales et des coopératives au sein du Gouvernement Révolutionnaire d’Union Nationale du Kampuchéa (GRUNK) fondé par le prince déchu depuis son exil à Pékin. Mais là où Khieu Samphan se satisfaisait à suivre les directives du parti, Yuon y était réticent.
Nommément responsable de la collectivisation dans le gouvernement de résistance de Norodom Sihanouk, il aurait exprimé de vives critiques au congrès du Parti Communiste du Kampuchéa en 1971. Hou Yuon pensait que le système de coopératives avait été imposé trop rapidement et était contre la collectivisation des objets personnels et de la nourriture ainsi qu’opposé à la suppression des équipes d’entraide mutuelle et des potagers familiaux qui pour lui mécontentaient les masses.
Il aurait aussi été contre l’abolition des marchés qui empêchait les éléments patriotiques bourgeois de soutenir la révolution. Il aurait aussi fait à Pol Pot et Nuon Chea cette remarque prémonitoire « Si vous appliquez votre plan, je ne donne pas plus de trois ans à votre régime avant de s’écrouler »
Toujours est-il qu’en 1974, à cause de son franc parlé, il fut mis à l’écart et dû aller cultiver des légumes et élever des cochons dans un petit camp khmer rouge appelé K6.
Après sa pénitence, il retrouva brièvement des responsabilités et fit une brève allocution à la radio khmère rouge en janvier 1975, enjoignant aux habitants de Phnom Penh de changer de camp s’ils ne voulaient pas « mourir inutilement »
Mais le mois suivant, il était à nouveau inquiété et, avec deux autres vétérans khmers rouges qui étaient considérés comme trop libéraux, il fut cantonné dans plusieurs camps provisoires khmers rouges, jusqu’à ce que Phnom Penh fût « sécurisé ». Hou Yuon fut néanmoins présent au meeting de mai 1975 durant lequel Pol Pot présenta aux dirigeants khmers rouges son programme en huit points.
D’après plusieurs témoignages, il se serait vertement opposé à l’évacuation des villes et la suppression de la monnaie, ce qui lui aurait coûté son éviction définitive.
Les circonstances et la date de sa mort demeurent obscures et de nombreuses versions circulent. Certains chercheurs occidentaux prétendent qu’il a été exécuté un peu après le 17 avril 1975, quand les khmers rouges ont pris Phnom Penh. De nombreux témoignages contestent aujourd’hui cette version. En 2007, Philip Short a même retrouvé quelqu’un qui prétend l’avoir vu vivant dans une base près de Stoeng Treng, à la fin de l’automne 1976. Les causes exactes de sa mort ont alimenté de nombreuses controverses. Certains prétendent qu’il serait mort de maladie après avoir été jugé – des confessions retrouvées à Tuol Sleng indiquent qu’il aurait été « jugé » en 1975 -, alors que d’autres pensent qu’il a été acculé au suicide. Enfin, certaines sources khmères rouges affirment qu’il aurait été tué lorsque Pol Pot envoya un montagnard pour le ramener à Phnom Penh. A son arrivée, Yuon aurait fait un geste brusque que le garde aurait interprété comme une tentative de prendre son arme et lui aurait tiré dessus, le blessant mortellement.
Comme de coutume avec les khmers rouges qui ne rechignent pas à modifier les versions sur des faits passés en fonction des circonstances, Hou Yuon retourna en grâce dans les discours après 1978, et, quand Pol Pot faisait référence à lui, il l’appelait « camarade » ce qui montrait que sa loyauté n’était plus mise en doute.
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Hou Yuon ».
- (en) Online Encyclopedia of Mass violence
- (fr) Solomon KANE, Dictionnaire des khmers rouges, IRASEC, © Février 2007, (ISBN 978-2916063270)
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