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Histoire du marbre
Le marbre a été vastement utilisé depuis l'antiquité comme matériau pour la sculpture et pour l’ architecture. Le bas indice de réfraction de la calcite, principale composant, permet à la lumière de "pénétrer" dans la superficie de la pierre avant d’être réfléchie, et confère à ce matériau (et surtout aux marbres blancs) une luminosité spéciale.
Le terme "marbre" dérive du grec marmaros , qui signifie "pierre resplendissante", et indiquait n'importe quelle pierre "lustrable", c'est-à-dire dont la superficie pouvait être lustrée au moyen de polissage. Dans les études archéologiques et historico-artistiques sont comprises, parmi les "marbres", d’autres roches qui n’en sont pas du point de vue géologique et chimique, tel que les granits et porphyres, les Diorites, les Basaltes, les Albâtres ou les calcaires particulièrement durs. Tous ces « marbres » sont classés dans les marbres antiques par opposition aux marbres modernes qui ne comprennent que les roches métamorphiques dérivées du calcaire.
Sommaire
Rappel de la géologie des marbres
Article détaillé : Géologie des marbres.Les marbres (au sens moderne du terme) sont des calcaires durs, sédimentaires et de très faible porosité; ils sont tous d'âge Dévonien supérieur ou Carbonifère inférieur et ont été déposés dans un intervalle de temps de 50 millions d'années, entre 380 et 330 millions d'années[réf. nécessaire]. Ils ont subi postérieurement à leur dépôt une cristallisation complète sous l’influence de phénomènes physico-chimiques appelés métamorphisme où interviennent la pression, la température et l’action de vapeurs venues des parties profondes du globe.
Le marbre dans la préhistoire et la protohistoire
Article détaillé : Marbres antiques.Comme indiqué plus haut, dans ces époques les marbres comprenaient, outre les calcaires, les granits, albâtres et autres pierres qui prenaient un beau poli par lustrage.
La réalisation des premiers objets en marbre remonte à l'époque néolithique ("âge de la pierre polie") : dans les Cyclades, où le marbre est particulièrement abondant (surtout dans les îles de Paros et Naxos), sont présents de petites idoles et des sculptures plus grandes, datées à partir de la fin du IV millénaire av.J.-C. et le III millénaire av.J.-C. (3200-2000 av.J.-C.), caractéristiques de la production artistique de la civilisation des Cyclades.
Quelques variétés de marbres originaires du Péloponnèse ("porphyre vert antique et rouge antique") furent utilisées par la civilisation minoenne.
Dans l’ Egypte ancienne, à partir de la l’époque pré-dynastique, différentes variétés de granits, Diorites, basaltes et Albâtres furent travaillés pour la réalisation de vases rituels. À partir de la IIe dynastie égyptienne commence l'emploi du syénite, une roche granitique qui fut utilisée pour le revêtement des pyramides de Khephren et de Mykérinos.
Les marbres grecs
Le Grèce antique était riche de carrières de marbre, avec des nombreuses variétés précieuses de marbres blancs antiques (Pentélique, Thasos, Naxos, Paros).
L’usage du marbre fut par conséquent largement diffus depuis les origines de la sculpture grecque et dans l'architecture d'époque classique, à partir surtout des monuments et des temples de l’Acropole (Athènes) du V siècle av.J.-C. (le Parthénon fut construit entièrement en blocs de marbre pentélique).
Les marbres romains
Influencé par la culture grecque, le marbre fut considéré dans la Rome antique comme matériau particulièrement précieux et au fur et à mesure que de nouveaux territoires étaient conquis, Rome commença les importations. Les coûts élevés du transport des carrières souvent lointaines du lieu d'emploi le rendirent initialement comme matériau de luxe, donc utilisé pour les monuments publics ou pour les riches décorations internes des demeures privées.
A l’époque de la République romaine les premiers temples construits entièrement en marbre blanc (IIe siècle av.J.-C., le temple d'Hercule Victorieux au Forum Boarium) utilisaient des marbres importés des carrières grecques, accompagnés probablement de maîtres en mesure en d'en exécuter le travail (la Grèce était devenue province romaine en 146 av.J.-C.) avec l’intention d’impressionner le "public" avec l’emploi massif de ce matériau très coûteux et culturellement significatif.
En même temps, débuta l'importation de quelques variétés de marbres de couleur (parmi les plus diffus, le "jaune antique ", l’"africain", le "Phrygie", le "Cipolin"), qui furent utilisés, d'abord en fragments insérés dans les mosaïques, et ensuite en grandes plaques, pour les revêtements des murs et des sols des intérieurs des riches demeures patriciennes.
Toujours au cours du IIe siècle av.J.-C., débuta l'exploitation des carrières de Luni (hameau deOrtonovo, aujourd'hui "marbre de Carrara")[1], qui représentait un substitut de bonne qualité et plus économique (au niveau transport) que les marbres blancs importés de Grèce.
Avec l'époque d’Auguste, furent importées d’autres variétés de marbres ("rouge antique", "cipolin"). Après la conquête de l’Égypte (31 av.J.-C), commença l'importation de pierres égyptiennes, lesquelles carrières passèrent de la propriété des souverains ptoléméens à la propriété impériale et qui, par conséquent, furent utilisés seulement pour les plus importants monuments publics voulus par l'empereur (porphyre rouge, divers types de granits, basalteet d'albâtres).
Les carrières de marbres plus importants devinrent progressivement propriété impériale. L’organisation soignée du travail et l'approvisionnement vers Rome, permit une grande diffusion de l’emploi des principales variétés dans toutes les villes de l’empire romain. La propriété impériale des carrières assurait la disponibilité des matériaux nécessaires pour les grands programmes de l'industrie du bâtiment publique, pendant que le surplus était revendu pour l’emploi privé. On diffusa en particulier les plaques pour le revêtement des murs internes et des planchers, et les fûts de colonne en différent marbres colorés, qui enrichissaient les espaces internes des monuments publics et des maisons plus riches.
Des carrières d'autres variétés restèrent de propriété privée et eurent une diffusion plus limitée, à caractère régional ou bien pour des éléments de décoration de petites dimensions venant des carrières dont les veines ne consentent l’extraction de grands blocs. Les marbres coloriés furent utilisés même pour les sculptures avec "thème exotique" ou en relation avec le sujet représenté (exemple de statues de « barbares prisonniers »).
L'utilisation des différentes variétés dépendait du coût de transport (vue la difficulté des transports sur terre, l'éloignement de la mer et/ou l’absence de cours d'eau navigables pouvait rendre prohibitifs les coûts, du moins pour l'usage privé), de la possibilité d'extraire une quantité consistante de blocs de grandes dimensions, des changements dans le mode d'extraction.
À partir de la fin du IIe siècle, même en Italie le marbre de Luni fut progressivement supplanté par le marbre du Proconnèse, un marbre blanc provenant de la petite île de Proconnèse, dans la mer de Marmara, favorisé par la proximité des carrières et de la mer, par laquelle les blocs extraits pouvaient être directement chargés sur les bateaux pour le transport. L'abondance de veines exploitables même pour de grands blocs et l'organisation du travail dans les carrières, qui produisaient des produits semi-finis ou entièrement finis (chapiteaux, fûts de colonne, sarcophages) permettaient de maintenir les coûts et favorisèrent la diffusion de ce marbre aux siècles suivants (ce fut le marbre utilisé pour la construction de Constantinople).
Pause entre antiques et modernes
Cette pause[2]à la chute de l’Empire romain suite aux guerres désastreuses menées par les envahisseurs. Le sac de Rome mainte fois répété par les barbares venus du Nord, renversa tous les temples et tous les monuments publics, les statues, les colonnes de marbre servirent pendant longtemps à faire de la chaux. La durée de ce vandalisme donne une idée de la quantité de marbre entassé dans Rome. L’Orient, soumis à la loi de Mahomet, perdit le goût des beaux arts que les Arabes avaient cherché, sous les califes, à protéger, et dont la superbe mosquée de Cordoue, ornée de douze cents colonnes en marbre de toutes espèces, est un exemple manifeste ; mais ce zèle des Arabes fut de courte durée. Les mouvements politiques de l’Islam s’opposèrent aux progrès des sciences, et firent oublier ou ne permirent point de continuer un genre de faste qui ne se trouve que dans les grands empires (…). L’Orient devenu iconoclaste par religion, refusa à l’Occident les marbres qu’il y apportait autrefois en quantité. Encore aujourd’hui, ses habitants mutilent les statues que la faux des temps a respectées. Les restes des monuments les plus célèbres de l’antiquité disparaissent sous leurs yeux, sans exciter en eux un sentiment de regret. Toutes ces causes firent cesser l’exploitation du marbre, puis en firent oublier les carrières, et nous ne connaissons que les marbres employés par les anciens, c’est-à-dire, les marbres antiques, que par les statues, les colonnes et les débris des monuments que les hasards des fouilles heureuses nous font découvrir au milieu des ruines des villes anciennes les plus opulentes.
Marbres modernes
Article détaillé : Marbres modernes.C’est vers le XV et XVIe siècles que le goût pour le marbre reprit de la vigueur, grâce à la Renaissance, quelle soit italienne (Rinascimento) et ensuite française. Les règnes glorieux des Médicis souverains de Toscane, relevèrent entièrement l’usage du marbre. Michel-Ange avait reconnu et prouvé que l’étude de l’antiquité était le vrai guide du bon goût dans l’art de la sculpture. L’érection de l’église Saint-Pierre à Rome, montra l’heureux parti qu’on pouvait tirer des marbres antiques. Pise, Florence et Rome devinrent célèbres par leurs propres ruines. Les Médicis firent redécouvrir le marbre dans toute l’Europe.
En France, le marbre prit une dimension politique et devint une identité nationale. Louis XIV fit construire le château de Versailles en utilisant les plus beaux matériaux et les plus chers du royaume. " « Louis XIV voulait faire de Versailles la vitrine de la France. Vitrine politique et diplomatique d'abord, vitrine artistique et technologique ensuite, vitrine des savoir-faire enfin » "[3]. Colbert surintendant du roi fit rechercher les carrières perdues ou méconnues dans les Pyrénées, le Languedoc, de Provence, etc, pour trouver toutes les nuances de marbres qui fit le succès des carrières françaises.
Sources et références
- Extraits du Wikipédia italien du 12/09/09
- Extraits du « Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle appliqué aux arts », tome XIX, par Jacques Eustache de Sève, 1818.
- (en) John Ashurst et Francis G. Dimes, Conservation of building and decorative stone, éd. Butterworth-Heinemann, 1998, p. 147
- Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle appliqué aux arts », tome XIX, par Jacques Eustache de Sève, 1818, p.267-268
- Le journal du CNRS
Liens externes
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