- Henri Ueberschlag
-
Henri Ueberschlag, né le 13 mars 1912 à Hamborn-Duisbourg en Allemagne et mort le 15 avril 1976 à Pau, est un médecin psychiatre français.
Promoteur de l'hôpital psychiatrique ouvert sur le monde en rupture totale avec l’asile prison, il milita sans relâche pour la reconnaissance du malade mental et non du "fou".
Il élabora des thérapies de réinsertion sociale fondées sur l'ergothérapie.
Il fut l'un des précurseurs en France pour la prise en charge au sein d'unités spécialisées des enfants malades mentaux.
Sommaire
Biographie
Jeunesse
Il grandit en France, dans le Haut-Rhin à Dornach et Mulhouse. Bachelier en latin, sciences et philosophie le 7 juillet 1928. Étudiant à la faculté de médecine de Strasbourg Thèse sur le délirant chronique, passée à Strasbourg en juillet 1938. Interne en médecine à l’hôpital de Rouffach (Haut Rhin). Reçu à Strasbourg, 4ème au médicat des hôpitaux psychiatriques le 6 juin 1939
La guerre
Mobilisé du 15 octobre 1937 au 18 novembre 1938 dans l’armée française. Prisonnier de guerre du 31 mars 1939 au 15 octobre 1940, envoyé au stalag 17B en Autriche le 19 juin 1940 avec 120 autres médecins.
Libéré le 15 octobre 1940, sur le conseil de ses amis médecins et officiers français, il retourne en Alsace et reprend son activité en tant que médecin chef de l'hôpital psychiatrique de Hoerdt dans le Bas-Rhin où il est nommé dès le 1er janvier 1941 par le ministre de la santé publique de Paris.
Après l’annexion de l’Alsace par le 3ème Reich, les autorités allemandes le confirment dans ses fonctions.
Dès décembre 1943, les autorités nazies le pressent à s'engager dans la Wehrmacht. Officier français, il refuse d'obtempérer comme il refuse de devenir médecin de la Gestapo à Strasbourg. Il refuse aussi l'euthanasie des malades mentaux. Menacé par les nazis de la Gestapo de Karlsruhe en Allemagne, il est contraint de se constituer prisonnier le 9 octobre 1944 à la prison d'Emmendigen. Déplacé le 12 décembre 1944 à l'asile hospice de Geisingen dans le Haut Danube, il craint d'être euthanasié avec les malades dont il a la charge.
Enfin libéré le 26 avril 1945 par l'armée française, il regagne l'Alsace le 5 mai 1945.
Carrière médicale
- 1941 nommé médecin chef à l'Hôpital psychiatrique de Hoerdt dans le Bas Rhin par le ministre de la santé publique à Paris.
- 1945 nommé médecin-chef à l'hôpital psychiatrique de Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées.
- 1966 nommé médecin chef à l'Hôpital psychiatrique de Pau dans les Pyrénées-Atlantiques.
Travaux : une vision novatrice de l'hôpital psychiatrique
À Lannemezan
Il ouvrira l’hôpital vers l’extérieur supprimant le côté carcéral de « l’asile de fou » Création d’ateliers d’ergothérapie animés par les infirmiers et écrit dans « le travail de l’hospitalisé psychiatrique publié en 1958 : « l’homme normal travaille pour vivre, le malade mental travaille pour guérir. » Une partie de ces travaux consiste à aménager un parc d’attractions qui attire les personnes de l’extérieur permettant ainsi la rencontre entre les malades et les personnes de l’extérieur. Dans ce but, différentes activités et animations sont organisées : fêtes, carnaval, harmonie, chorale, théâtre.
L’hôpital de Lannemezan deviendra hôpital psychiatrique pilote et fera l’objet de différents films, reportages et articles dans les médias. Parallèlement, il consulte dans les différents dispensaires d’hygiène mentale du département. Nommé médecin expert près les tribunaux, en 1954, il est missionné par le ministère de la Santé publique pour réaliser en Grande-Bretagne, une étude sur le fonctionnement des hôpitaux psychiatriques britanniques.
En 1959, l’hôpital de Lannemezan est jumelé avec celui de Vérone en Italie. Il échangera avec les hôpitaux de Pologne et de Tchécoslovaquie. En 1961, il étudiera le fonctionnement des hôpitaux psychiatriques du Québec au Canada. En 1964, deux pavillons sont construits pour accueillir les enfants qui jusque-là cohabitaient avec les adultes. 1966 : La réforme des hôpitaux psychiatriques : sectorisation, disparition des médecins directeurs au profit de directeurs administratifs et une contestation de ses méthodes décide Henri Ueberschlag à prendre un nouveau poste.
À Pau
En collaboration avec son directeur Guy Follet, il décide de construire et de mettre en place un des premiers services de neuro-psychiatrie infantile de France. Le médecin organisera une thérapie qui rappellera au malade la vie intra-utérine.Il adaptera pour se faire des méthodes comme celles du Docteur Tomatis et sera en relation avec Françoise Dolto.
- Création de l’hôpital de jour 9h-17h.
- Création d’un service pour enfants encéphalopathes profonds.
- Création du Centre médico-psycho Pédagogique:
- Une consultation d’orientation éducative en liaison avec le juge des enfants, des dispensaires d’hygiène mentale infantile de la ville de PAU.
- Création de l’école de psychomotricité (rue Taylor à Pau.)
Honneurs
Ami de Albert Schweitzer, alsacien, comme lui, il est promu chevalier de la santé Publique en 1952. Décoré de la Légion d’honneur le 30 octobre 1954 demandée par l’Amicale des pensionnaires de l’Hôpital de Lannemezan.
Le sénateur Anjaleu des Hautes-Pyrénées déclarera lors de la cérémonie de la remise de la légion d’honneur:
« à ces malheureux, vous avez enlevé la contrainte pour leur redonner la joie et vous avez su les assimiler à des hommes libres. Grâce à vous cet hôpital peut jouer son rôle de pilote car il est un des plus modernes sinon le plus moderne de France. Nulle part on ne dépassera l’esprit supérieur qui a présidé à votre action ».
Henri Ueberschlag remercie pour cette distinction:
« Que tout ce peuple de Bigorre qui m’a admis, entouré, édifié, aidé, conquis, et qui m’a fait l’honneur de me confier ses malades, veuille bien accepter ma profonde reconnaissance. Mais c’est à eux, à mes malades et aujourd’hui je n’ai nulle honte à le dire, à ceux qui n’ont pas refusé de mettre en mes mains leur espoir d’aller mieux, de guérir si possible, qui ont bien voulu renoncer aux évasions, aux agitations, qui ont bien voulu rendre moins odieuse la psychiatrie aux psychiatres, moins misérable l’humanité à l’homme, c’est à eux en fin de compte que je dois et l’honneur qui m’est fait aujourd’hui, et la joie profonde qui m’accable. »
Citations
« Proscrit, j’ai été prisonnier de guerre. Je sais ce que c’est la captivité. Je n’en veux plus pour mes malades. »
« Croire en l’homme même et surtout en celui dont la raison s’est obscurcie ».
« Je crois en mes malades, ils croient en moi. Avant tout, je suis un médecin, leur médecin. Nous sommes heureusement quelques uns à avoir compris cela dans les camps nazis, en présence de tant d’horreurs.»
« Essayez, oui essayez de dire quel est notre esprit, rééduquer et non punir. »
« Ici, vous pourrez tout voir, tout photographier, parler à tout le monde. A votre aise. Si vous parlez aux malades, soyez aimable. Donnez leur la main et traitez les comme s’ils étaient des personnes valables, normales et aussi sensées que le sont vos amis. »
« Nous avons le devoir de respecter dans tous les cas la dignité humaine. »
Dans les ateliers d’ergothérapie on lit: « Devant le passé tire ton chapeau, devant l’avenir, retrousse tes manches ».
« Traiter les malades comme des hommes et des femmes à part entière. Être doux et gentil avec eux. Tuer les complexes qui existent en eux. Considérer leur conception de la vie pour « oblique » qu’elle soit, comme une conception normale et logique dans leur perspective.
Redonner confiance, rendre leur dignité à des êtres que la vie élimine trop vite et avec trop de rudesse. Recréer l’équilibre de l’âme et du moral des malades et ramener ces hommes parmi leurs semblables qui, ma foi, ont souvent autant de manies qu’eux.»
« fidèle à la devise: « il est inutile d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Plus que dans ces querelles de clocher, cette devise me fera de l’usage sur le plan de l’assistance psychiatrique nationale. Si à Lannemezan nous avons gagné une bataille, nous n’avons pas gagné la guerre contre les préjugés tenaces, les fausses conceptions de la maladie mentale et toutes les routines hospitalières.»
Catégories :- Psychiatre français
- Naissance en 1912
- Décès en 1976
Wikimedia Foundation. 2010.