Henri François-Xavier De Belsunce-Castelmoron

Henri François-Xavier De Belsunce-Castelmoron

Henri François-Xavier de Belsunce-Castelmoron

Henri François-Xavier de Belsunce-Castelmoron

Henri François-Xavier de Belsunce-Castelmoron (se prononce bel-zunce) (Chateau de la Force dans le Périgord 3 décembre 1671- Marseille 4 juin 1755) était l'évêque de la ville de Marseille durant la peste de 1720 puis évêque-duc de Laon en 1723 et Pair de France.

Sommaire

Naissance et études

Henri-François-Xavier de Belsunce de Castelmoron naquit le 3 décembre 1671, au château de la force, en Périgord. Il était le second fils d'Armand de Belsunce, marquis de Castelmoron, baron de Gavaudun, seigneur de vieille-ville et de Born, grand sénéchal et gouverneur des provinces d'Agenais et de Condomais, et de Anne Nompar de Caumont de Lauzun, soeur de Antonin Nompar de Caumont, le célèbre duc de Lauzun. Son frère aîné se nommait Armand, il en eut deux autres Antonin et Charles-Gabriel et une soeur, Marie-louise, qui fut abbesse de Ronceray.

Elevé dans la religion réformée, il opta à l'âge de 16 ans pour le catholicisme. Il fit ses études au collège Louis le Grand et entra chez les jésuites qu'il quitta en 1701. Saint-Simon dit dans ses mémoires (t.XIII) "Les jésuites le mirent hors de chez eux pour s'en servir plus utilement"[1]. Il fut ordonné prêtre en 1703

En 1706 il perdit sa tante, Mlle Susanne-Henriette de Foix de Candalle d'illustre naissance et écrivit son premier livre sur sa vie.

L'évêque

Après avoir été vicaire général du diocèse d'Agen, le roi le nomma à l'évêché de Marseille le 5 avril 1709 et le Pape le proclama le 19 février 1710. Il resta évêque de Marseille pendant 45 ans jusqu'à sa mort en 1755.

La période 1710-1720

En 1713, le Pape Clément XI condamne dans sa fameuse bulle Unigenitus un livre du P.Quesnel de l'Oratoire estimant qu'il renfermait des erreurs. Conformément à sa formation au collège des jésuites, Belsunce accepta la bulle et s'opposa vigoureusement à ceux qui en appelèrent au Pape, dénommés "Appelants", notamment aux Oratoriens et à plusieurs chanoines. Il ne se contenta pas d'interdire aux pères de l'Oratoire l'exercice de la prédication mais aussi l'administration des sacrements. Dans ces querelles contre le jansénisme, il se prononça avec force contre ce mouvement et s'attira par là de vifs démêlés avec le Parlement d'Aix.

La peste de 1720

L'évènement qui devait marquer pour la postérité l'épiscopat de Mgr. de Belsunce fut la grande Peste de Marseille de 1720. Son attitude pendant cette période fut pour certains héroïque pour d'autres pas très courageuse. Il faut cependant souligner son dévouement infatigable auprès des malades. Il multiplia les gestes spectaculaires en exorcisant le fléau du haut du clocher des Accoules, en faisant des processions et en consacrant la ville au Sacré-Coeur pendant une messe célébrée le 1er novembre 1720 sur le cours qui porte désormais son nom. Cette dernière démarche lui aurait été suggérée par la visitandine Anne-Madeleine Rémuzat. La basilique du Sacré-Coeur a été construite à l'occasion du bicentenaire de cette consécration.

À cette occasion, Belsunce déclara :

« À Dieu ne plaise que j'abandonne une population dont je suis obligé d'être le père. Je lui dois mes soins et ma vie, puisque je suis son pasteur. »

L'évocation faite par Albert Camus de l'évèque de Belsunce dans son oeuvre "La Peste" parait exagérée: "Ici, le père Paneloux évoqua la haute figure de l'évêque de Belsunce pendant la peste de Marseille. Il rappela que, vers la fin de l'épidémie, l'évêque ayant fait tout ce qu'il devait faire, croyant qu'il n'était plus de remède, s'enferma avec des vivres dans sa maison qu'il fit murer; que les habitants dont il était l'idole, par un retour de sentiment tel qu'on en trouve dans l'excès des douleurs, se fâchèrent contre lui, entourèrent sa maison de cadavres pour l'infecter et jetèrent même des corps par dessus les murs, pour le faire périr plus sûrement. Ainsi, l'évêque, dans une dernière faiblesse, avait cru s'isoler dans le monde de la mort et les morts lui tombaient du ciel sur la tête." (page 182, pages 3 à 16, édition Gallimard, 1947).

Après la peste (1722-1755)

Après la fin de la contagion, il y eut une grande admiration pour le prélat. Afin de le récompenser de son dévouement et sur les recommendations de son oncle le duc de Lauzun, le Régent le nomma en octobre 1723 à l'évêché de Laon. Il fit part au jeune roi Louis XV de sa renonciation à l'évêché de Laon qui fut attribué à Mgr. de La Fare. En effet il préférait rester à Marseille au milieu de ses ouailles qui avaient connu les terribles épreuves de la peste.

En 1726 Belsunce assista au synode provincial d'Embrun réuni pour condamner les opinions jansénistes de Soanen, évêque de Senez. Après 1730 il procède à une surveillance minutieuse de l'enseignement primaire et secondaire. Il favorise les jésuites et leur nouveau collège qui porte son nom et qui s'installe rue des nobles, rebaptisée rue Belsunce. Cette rue disparait lors de l'aménagement du quartier de 1911 à 1938.

La présence de la franc-maçonnerie à Marseille est décelée par l'évêque en 1737, qui écrit un mandement daté du 28 septembre à l’intention de l’intendant de police, en ces termes : "Je ne sais, Monsieur, ce que sont les Francmaçons (sic), mais je sais que ces sociétés sont pernicieuses à la religion et à l’Etat"[2].

Il a été abbé commandataire non résidant de l'abbaye des Chambons dans le Vivarais. Membre de l'académie de Marseille, il assiste à plusieurs réunions en particulier à celle du 12 janvier 1746 qui accepte Voltaire comme membre associé. Il signe le procès verbal sans réserve ce qui montre de sa part une certaine tolérance inhabituelle dans de nombreuses autres situations.

De 1747 à 1751 furent publiés sous sa signature les 3 volumes de L'Antiquité de l'église de Marseille et la succession de ses évêques. Il est actuellement admis que le véritable auteur serait le père jésuite Claude Maire (1694-1761) qui était son conseiller théologique et son principal collaborateur.

Durant les dernières années, il constate avec tristesse un éloignement des pratiques religieuses surtout parmi les classes les plus favorisées.

Il mourut à Marseille le 4 juin 1755. L'évêché et la ville lui firent des funérailles grandioses. L'oraison funèbre fut prononcé par le jésuite Lenfant. Il institua l'hôpital de la Grande Miséricorde de Marseille, son légataire universel. Il fit quelques donations particulières aux jésuites qui héritèrent de sa bibliothèque, à ses domestiques, aux indigents et à ses parents.

C'est de l'évêque Belsunce dont Victor Hugo parle quand il défend l'enseignement laïque et déclare : "L'enseignement religieux véritable, celui devant lequel il faut se prosterner, le voici : c'est le Frère de la Merci rachetant l'esclave, c'est Vincent de Paul ramassant l'enfant trouvé, c'est la soeur de charité au chevet du mourant, c'est l'évêque de Marseille au milieu des pestiférés, c'est l'archevêque de Paris affrontant avec un sourire sublime le faubourg Saint Honoré révolté, s'inquiétant peu de recevoir la mort pourvu qu'il apporte la paix".

Millevoye a chanté son dévouement dans le poème de Belsunce. L' Abbé de Pontchevron a écrit sa Vie, 1854, Marseille.

Œuvres

  • Abrégé de la vie de Suzanne-Henriette de Foix de Candale. Ed. Guillot, Agen, 1707
  • Neuf lettres à M. de Colbert, Evêque de Montpellier. Ed. Brébion, Marseille, 1730.
  • Le livre de Saint Augustin traduit en français, Ed. Brébion, Marseille 1740.
  • L'Antiquité de l'Eglise de Marseille et la succession de ses évêques. 3 volumes in quarto. Ed. Vve J.P.Brébion, Maseille; 1747-1751.
  • L'Art de bien mourir par le cardinal Robert de Bellarmin, traduit du latin. Ed; Brébion, Marseille, 1752.
  • Instructions sur l'incrédulité, Ed. Brébion, Marseille, 1753.
  • Oeuvres choisies de l'évêque de Marseille, publiées par l'abbé Jauffret, 2 volumes, Metz, 1822.

De nos jours

De nos jours, on trouve

  • à Marseille
    • un quartier à son nom.
    • une statue à son effigie placée initialement en 1853 sur le cours qui porte son nom puis déplacée sur le parvis de la Cathédrale de la Major en 1892. Pendant l'occupation, les allemands se livrèrent à une recherche de métaux non ferreux. En avril 1944 des résistants abritèrent les 2 800 kg de bronze de la statue sous des branchages dans un entrepôt où les allemands ne la décelèrent jamais. Le jour de la libération de la ville, la statue fut découverte en fanfare et illuminée de lampions.[3]
    • un Institut Belsunce
    • Le Canton de Marseille-Belsunce
  • à Paris
    • une rue dans le Xe arrondissement

La position adoptée par sa statue, les bras ouverts avec les paumes vers le haut font ressembler Belsunce à quelqu'un qui a les mains vides, d'où l'expression marseillaise « arriver comme Belsunce », c'est-à-dire les mains vides.

Sources

  • Augustin Fabre, Les rues de Marseille. Ed. Camoin, Marseille, 1867.
  • Abbé Dassy, L'Académie de Marseille. Ed. Barlatier, Marseille, 1877.
  • J.H.Albanés; Armorial et sigillographie des évêques de Marseille. Ed. Marius Olive, Marseille, 1884.
  • R.P.Dom Théophile Bérengier, La vie de Mgr. Henry de Belsunce, 2 volumes, Ed. Delhomme, Paris, 1886.
  • Emile Perrier, Les bibliophiles et les collectionneurs provençaux. Barthelet imprimeur, Marseille 1897.
  • Paul Gaffarel et Marquis de Duranty, La peste de 1720 à Marseille,lib. académique Perrin, 1911. Livre numérisé par la BNF [4]
  • C.Carrière, M.Coudurié, F.Rébuffat, Marseille ville morte. La peste de 1720. Ed. Garçon, Marseille, 1988.
  • Paul Amargier in Dictionnaire des Marseillais par l'Académie de Marseille. Edisud, 2001.

Liens extérieurs et références

  1. Lien BNF mémoire de Saint-Simon
  2. Les débuts de la Franc-Maçonnerie à Marseille
  3. André Négis, Marseille sous l'occupation, Ed. du capricorne, Marseille, 1947, p. 137.
  4. La peste de 1720

« Henri François-Xavier de Belsunce-Castelmoron », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions]  (Wikisource)

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Évêque de Marseille
1755-1791
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