- Génération Y
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Le terme génération Y désigne la génération sociologique des personnes nées entre 1980 et 1999. L'origine de nom a plusieurs attribution. Pour les uns il vient du Y que trace le fil de leur baladeur sur leur torse, pour d'autres ce nom vient de la génération précédente, nommée génération X, pour d'autres encore il vient de la phonétique anglaise de l'expression "Y" (prononcer "Why"), signifiant « pourquoi » [N 1],[1]. D'autres termes équivalents existent, dont enfants du millénaire ou les diminutifs GenY et Yers. Les Américains utilisent également l’expression digital natives ou net generation pour pointer le fait que ces enfants ont grandi dans un monde où l'ordinateur personnel et l'Internet sont devenus de plus en plus accessibles. Certains parlent plutôt de la Génération C.
L'usage de la notion de génération est consensuel en démographie mais pas dans les autres sciences sociales. Le lien entre appartenance générationnelle et comportements peut porter à controverse. Le succès de la notion de génération Y dans les entreprises prend appui sur le déphasage entre les besoins et attentes des jeunes de la génération Y et le mode de fonctionnement de l'entreprise. Le fossé générationnel s'explique par une accélération du changement, l'apparition des NTIC, une hiérarchisation différente dans les transmetteurs de valeurs. L'Église, l'armée voire la famille sont moins influents que ne le sont l'Internet, la télévision voire les réseaux relationnels. Comme l'affirme Pascale Weil dans son ouvrage Tels pères... quels fils les pairs sont devenus plus importants que le père.
Sommaire
Un concept occidental
Cette catégorisation est essentiellement valable pour les pays occidentaux, bien que certaines caractéristiques soient vraies plus largement, du fait d'éléments géopolitiques majeurs, par exemple :
- Ils n'ont pas eu à subir la menace d'apocalypse de la guerre froide.
- Ils considèrent comme acquises (et parfois dépassées) les transformations morales des années 1960 et 1970.
- Ils n'ont pas connu le monde sans le sida.
D'ici 2015, la génération Y devrait représenter 15 %[2] de la population européenne et 40 % des actifs en France[N 2].
- Ils étaient suffisamment jeunes lors de l'introduction massive de l'informatique grand-public et de l'électronique portable (téléphonie mobile, photo numérique, GPS) pour en avoir acquis une maîtrise intuitive qui dépasse généralement celle de leurs parents (d'où le nom de « digital natives »).
- Ils sont nés avec les débuts de l'intérêt du grand-public pour l'écologisme (qui était précédemment l'affaire d'une minorité, et souvent assimilée à l'extrême gauche).
- Ils sont nés alors qu'IBM avait choisi le système d'exploitation de Microsoft pour son PC.
D'autres caractéristiques dépendent plus largement du contexte géographique.
Europe de l'Ouest
- Dans la plupart des cas, seuls leurs grands-parents ont connu la guerre sur leur territoire.
- L'appartenance européenne leur a toujours été inculquée : beaucoup ont participé aux programmes d'échanges européens (jumelages de villes, Erasmus, etc.), ont connu la liberté de circulation des personnes (Union nordique des passeports, Espace Schengen), ceux de la zone euro étaient suffisamment jeunes lors de l'abandon des monnaies nationales pour y être moins attachés que leurs ainés (qui convertissent parfois toujours mentalement dans la monnaie d'origine).
Europe de l'Est
- Ils étaient enfants, ou n'étaient pas nés, sous l'ère communiste, et ont donc moins de mal à s'adapter à des notions inconnues jusqu'en 1989 : chômage, consumérisme, liberté d'expression, liberté d'entreprendre, inégalités sociales, etc.
- Ils n'ont pas eu à apprendre le russe de façon obligatoire.
- Ils ont connu les deux systèmes, et ont fait la part des avantages et inconvénients de chacun (ostalgie)
On peut noter que le rêve américain s'est largement atténué dans cette génération en Europe de l'Ouest en même temps qu'il y est apparu en Europe de l'Est.
Amérique du Nord
Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, leur arrivée dérange certains employeurs : ils sont rares et savent ce qu'ils valent. Pour les membres de la génération Y, l'autorité n'est pas toujours synonyme de compétence[3]. Ils n'ont pas peur de se comparer aux autres. Ils sont autant à l'aise pour communiquer à l'aide des technologies que directement. Contrairement à leurs parents, les jeunes de la génération Y ne placent pas le travail au premier plan. Ils refusent de travailler durant les fêtes et week-ends (sauf en emploi étudiant) et veulent des congés pour décompresser, car la santé mentale et physique s'avère être leur priorité. Ils recherchent une meilleure qualité de vie, en conciliant travail et intérêt personnel[4]. Ils pensent à court terme et sont très mobiles[5]. « Progression rapide, horaires plus flexibles, formation continue, liberté et autonomie... Voilà quelques-unes des exigences de cette génération, et les entreprises n'auront d'autre choix que d'en tenir compte »[6].
Culture
Comme toute génération, son identité se construit autour des apports culturels reçus dès le plus jeune âge. Cette génération a largement grandi devant la télévision, et a vu l'arrivée en masse des séries d'animation japonaises. La vente de coffrets vidéos, ou d'article de merchandising concernant les séries datant d'une vingtaine d'années témoigne de la nostalgie de cette génération pour la télévision qui l'a fortement influencée. D'ailleurs, les membres québécois de génération Y ont grandi avec TVJQ (1980-88) ainsi que le Canal Famille (1988-2001) et des émissions purement québécoises telles que Passe-Partout (1977-1998), Bibi et Geneviève (1988-96), Sur La Rue Tabaga (1990-95), Les Intrépides (1992-96), Télé-Pirate (1991-97), Le Studio (1995-98) et, à leur adolescence, Radio-Enfer (1995-01) et Watatatow (diffusé à Radio-Canada entre 1991 et 2005).
Cette génération est considérée comme naturellement plus à l'aise que les précédentes avec les technologies de l'information, et Internet en particulier. Elle peut être associée à l'ensemble des technologies et applications que l’on nomme aujourd’hui le Web 2.0. Chacun a accès à des outils de création et de communication dont les générations précédentes ne pouvaient que rêver. Ainsi, par exemple, écrire un livre dans les années 1970 nécessitait de le taper à l'aide d'une machine à écrire et à démarcher des éditeurs, ce qui rendait la diffusion des ouvrages plutôt incertaine. Aujourd'hui, on peut écrire sur son site web personnel (blog ou autre) depuis n'importe quel ordinateur, la diffusion du contenu étant immédiate.
La génération précédente a pu s'extasier devant les progrès constants réalisés par l'industrie audiovisuelle et ses effets spéciaux. Pour la génération Y, qui est née après des films cultes tels que Star Wars, et était jeune pour d'autres plus récents comme The Matrix, ces progrès vont de soi, et plus rien ne peut être graphiquement « étonnant », dans la mesure où « tout est possible », d'un dinosaure à la destruction d'une planète.
Les dates admises pour la génération Y correspondent à l'arrivée des jeux vidéo dans les foyers des pays développés ; c'est donc la première génération à en avoir profité dès le plus jeune âge. Elle a donc grandi avec les effets positifs et négatifs liés à leur pratique (tous ces effets sont source de débat, que ce soit au niveau de l'agressivité, des réflexes, de la cyberdépendance et de la représentation dans l'espace, etc.).
Digital natives ?
Certaines études, dont une réalisée par la fondation Travail et Technologie de Namur en Belgique, tendent à démontrer qu'une partie de la génération Y, les 16-25 ans, consomment plus qu'ils ne développent les nouvelles technologies. Plutôt que des digital natives, Jean-Noël Lafargue qualifie ce groupe d'âge de digital naives[7].
Génération Peter Pan
Cette génération est parfois surnommée Génération Peter Pan, qui, en l'absence de rites de passage à l'âge adulte, ne construisent pas d'identité ou de culture d'adulte spécifique. Ce surnom fait également référence à la tendance des membres de cette génération à quitter le domicile familial plus tard que les générations précédentes. La première cause de cette tendance peut être définie en termes économiques. Les crises économiques, dont la bulle internet en 2000 et la récente crise financière ont rendu l'accès au logement plus difficile pour cette génération touchée par un fort taux de chômage.
Néanmoins, les causes ne sont pas seulement matérielles. Un questionnement plus poussé au sujet de ce que signifie “être adulte” a également eu un impact sur cette transition plus tardive vers l'âge adulte. Une étude menée par la Brigham Young University tend à montrer que les étudiants américains associent plus volontiers le terme “adulte” à des valeurs personnelles qu'aux évènements traditionnellement considérés comme des rites de passage[Lesquels ?]. Dr. Larry Nelson, un des trois professeurs ayant dirigé cette étude, a aussi pu noter que certains individus de la Génération Y retardent le passage à l'âge adulte en réponse aux erreurs de leurs parents. « Dans les générations précédentes, on commençait la vie en se mariant et démarrant une carrière de façon immédiate. Les jeunes d'aujourd'hui ont vu que cette approche a mené au divorce et au fait que de nombreuses personnes ne soient pas satisfaites de leur carrière... La majorité d'entre eux veut se marier [...] mais veut le faire bien du premier coup. On peut en dire autant de la carrière professionnelle. »
Un titre controversé
L’utilisation du terme de génération Y est controversée. Si la logique veut que l’on choisisse « Y » pour appeler la génération qui suit les « X » (nés entre 1959 et 1981), ce terme de X est péjoratif. Il a été utilisé pour décrire une génération qui n’a pas su trouver ses repères, contrairement à celle de ses parents qui sortait de la Seconde Guerre mondiale et devait reconstruire le pays.
Le terme "Y" est aussi utilisé comme en anglais "why". La génération Y veut savoir pourquoi. Dans son milieu de travail, le travailleur génération Y aura de la difficulté à exécuter une tâche ou un ordre s'il n'en comprend pas l'utilité ou la raison.
De nombreux termes sont utilisés pour nommer cette génération :
- Les « Millénaires » d’après William Strauss et Neil Howe, les sociologues américains pères des études sur les générations qui considèrent que la génération Y court jusqu’à 2000.
- La génération « pourquoi » par Eric Chester en raison de leur remise en cause systématique des contraintes qu'on peut leur imposer (Y en anglais se prononce comme why, qui signifie pourquoi).
- Les écho boomers, (enfants de Baby boomers).
- L’ « e-Génération », en référence au « e » de « électronique » comme dans e-mail[8].
- Les « suivants », pour leurs similitudes avec la génération X.
- La « génération boomerang », pour quitter leurs parents assez tôt mais revenir à la fin de leurs études ou suite à un échec.
- « The Generation We » selon les auteurs anglais Greenberg et K. Weber et ce, découlant de l'œuvre portant le même titre. Cette dénomination fait référence à comment la jeunesse « Millénaire » va prendre le dessus sur l'Amérique et changera le monde pour toujours[9].
Des spécificités controversées
L’hypothèse de l'existence de spécificités propres à la génération Y est controversée. Il est logique que chaque génération se distingue des autres. Mais il peut sembler excessif de faire de la différence de générations un déterminant des comportements plus décisif que, entre autres, les appartenances aux classes sociales, aux cultures, aux territoires etc.
L'existence de spécificités dans la relation des Y avec le travail n'est pas démontrée. Les travaux qui s'intéressent à cette génération sont plus descriptifs qu'explicatifs ou comparatifs. Des études qui tentent de comparer les différentes générations sont rares. La seule réalisée sur un échantillon français (Pralong) conclut d'ailleurs à l'absence de différences entre les X et les Y dans le rapport au travail, à l'entreprise et à la carrière.
Les propos qui attribuent des caractéristiques spécifiques à la génération Y sont aussi étudiées comme une idéologie managériale (Pichault).
Notes et références
- Notes
- homophones. Ainsi, en anglais, generation Y fait également référence aux nombreux questionnements, surtout envers l'autorité, qu'ont les membres de cette génération. En anglais, « y » et « why » sont
- projections de population active de l'INSEE Ce chiffre a été cité la première fois par Benjamin Chaminade lors de l'événement Prospectives recrutement en 2020 du 17 janvier 2007 organisée par Focus RH sur la base des
- Références
- Hommage à la Génération X » sur http://marieclaudeducas.infopresse.com, 9 juin 2010 Marie-Claude Ducas, «
- 2009" (rapport de l'Union Européenne sur la jeunesse) "EU Youth Report de
- Leduc, Gilbert. « Les 19 à 29 ans, La génération qui fait peur aux employeurs », Le Soleil, Affaires, vendredi, 23 novembre 2007, p. 44
- Dauray, Chantal, « Recruter et garder vos employés : les stratégies qui rapportent », PME, Vol. 23 No. 5, Septembre 2007, p. 10
- Picard, Pierre. « Les attentes des jeunes face à leur régime de retraite », Les Affaires, Stratégies, samedi, 13 octobre 2007, p. 37
- p. 21 Bergeron, Ulysse. « Les cadres mercenaires », Commerce, Vol. 109, No. 2, Février 2008,
- «Les jeunes ne sont plus intéressés par l’outil-ordi» » sur http://www.liberation.fr, 10 mars 2010 Astrid Girardeau, «
- L’internet égalise la télévision comme principale source d’information des jeunes américains âgés de 18 à 29 ans en 2008 par Julien Pouget
- E. Greenberg & K. Weber, Pachatusan. Generation We, 2008, 247p.
Voir aussi
Bibliographie
- Daniel Ollivier et Catherine Tanguy " Génération Y mode d'emploi" - Intègrez les jeunes dans l'entreprise, Edition Deboeck, Louvain, 2008
- Julien Pouget : "Intégrer et Manager la Génération Y", Editions Vuibert, 2010, 202 p.
- François Pichault et Mathieu Pleyers: "Pour en finir avec la génération Y... Enquête sur une représentation managériale", Actes du XXIème congrès de l'AGRH, 2010.
- Jean Pralong : "L'image du travail selon la génération Y : une comparaison inter-générationnelle", Revue Internationale de Psychosociologie, 2010.
- (en) Bruce Tulgan et Carolyn A. Martin. Managing Generation Y : global citizens born in the late seventies and early eighties, Amherst, HRD Press, 2001, 105 p.
- Carol Allain. Génération Y, Les Éditions Logiques, 2008, 208 p.
- Gregory Kapustin : La jeunesse qui range sa chambre, Editions du Cygne, 2008, 160 p.
Précédé de :
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