- Guillaume Louis Ternaux
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Le baron Guillaume Louis Ternaux, dit "Ternaux l'Aîné" né à Sedan le 8 octobre 1763 et mort en son château de Saint-Ouen le 2 avril 1833, est un richissime manufacturier et homme politique français. Il est considéré comme le créateur de la première intégration industrielle française et l'un des entrepreneurs les plus influents de son siècle.
Administrateur de la Banque de France, Député de la Seine, il est l’inventeur des premiers cachemires européens et créateur des célèbres « châles de Ternaux » grâce à l’importation en France de mérinos, chèvres et moutons qu’il fait venir du Tibet et de Nubie.
Sommaire
Biographie
Initié dès son plus jeune âge à la fabrication des draps et des étoffes par son père Charles Louis Ternaux un influent manufacturier, à la mort de ce dernier, il se retrouve à 16 ans à peine à la tête d’une très importante usine de fabrication textile à Sedan dont il va augmenter l’importance et la notoriété jusqu’à devenir la première d’Europe. D’une rare intelligence et d’une vision terriblement moderne de ce qu’il pense être la nouvelle économie mondiale, il ouvre des usines partout en France, à Auteuil, Reims (rien qu’en Champagne, l’usine Ternaux compte 6 000 ouvriers à plein temps), à Louviers, jusqu’à devenir la plus importante manufacture d’Europe, multipliant les comptoirs à l’étranger à Naples, Verviers, Cadix, Livourne, Gênes, Saint-Petersbourg ainsi qu’aux Pays-Bas et aux Indes… « Ce seul homme grâce à sa fortune fait vivre 20 000 familles… » écrit Benjamin Constant dans « Le Courrier français du 16 mars 1822. Ternaux est considéré par ses contemporains ainsi que par tous les historiens comme étant l’un des hommes les plus riches d’Europe et l’industriel le plus puissant de son temps avec Oberkampf et Necker. Il est aussi l’un des premiers inspirateurs du libéralisme moderne, ami de Toqueville, de Benjamin Constant, de La Fayette ( son ami d'enfance), de Rouget de Lisle, d’Auguste Comte et surtout de Saint-Simon dont il finança les premiers écrits d’économie politique alors que les travaux de ce dernier n’intéressaient personne à cette époque[1].
Sous la Terreur, et malgré le fait que sa famille, ses frères et lui-même aient largement contribué à financer la Révolution de Juillet, il doit s’exiler en Allemagne puis en Angleterre afin de ne pas avoir à trahir son ami de toujours La Fayette compromis après le 10 août dans le mouvement royaliste et promis à la guillotine. Il revient sous le Directoire. Napoléon, qui ne lui tint pas rigueur de s’être montré hostile à l’établissement du Consulat à vie et à l’Empire, le décore de sa main de la Légion d’honneur en décrochant la médaille qu'il portait lui-même au revers de sa veste à l’occasion de sa deuxième visite le 4 juin 1810 dans sa manufacture de Louviers, en compagnie de Marie-Louise (la première visite ayant été faite des années auparavant avec Joséphine à son bras cette fois-ci) aux mots joyeux de « Décidément Ternaux, vous êtes partout ! » et lui achètera douze châles pour l’impératrice.
Ouvertement monarchique, en 1814 Ternaux adhéra sans retenue au rétablissement des Bourbons et les suivit à Gand dans leur exil durant les fameux Cent-Jours. Après Waterloo, il revint en France avec Louis XVIII qui logea au Château Ternaux de Saint-Ouen où les y attendait Talleyrand et à la demande expresse du Tsar. L’héritier des Bourbons y rédigea la célèbre « Déclaration de Saint Ouen » annonçant son retour au pouvoir. Le soir même le Roi entrait dans la capitale.
Outre le fait que le baron Guillaume de Ternaux possédait le grand château d’Auteuil (devenu aujourd’hui le Lycée Jean-Baptiste-Say), il était propriétaire du Château de Saint-Ouen dit « Château Ternaux » qu’il acheta à Necker le 4 octobre 1802, et où il s’éteignit le 2 avril 1833.
Il participa en 1824 à la création du comité philhellène de Paris.
De nombreuses villes, dont Paris, Sedan, Louviers, Reims…, comptent une rue Ternaux. De célèbres œuvres littéraires des plus grands écrivains français et européens font référence à Ternaux dit "l'Ainé" ainsi qu'à ses comptoirs à travers le monde, à ses fameux châles et à sa puissante manufacture, dont: - Victor Hugo: "Les Misérables", Tome I, Fantine. - Chateaubriand: " Mémoires d'Outre-Tombe", Chapitre 9. - Honoré de Balzac: " La Comédie Humaine", " L'illustre Gaudissart " Les Parisiens en Province, 1833. - Mais aussi les mémoires et écrits de Napoléon Bonaparte, du roi Louis XVIII, de son ami Lafayette, ainsi que celles de son protégé Saint Simon et de Prosper Mérimé.
Une rarissime et précieuse rose bleue-violette ( "subviolecea" ou "near violet Chine rosa") dont il fut le créateur porte le nom de "Rose Ternaux".
Dynastie des Ternaux
Guillaume Louis Ternaux est le frère d’Étienne Nicolas Louis Ternaux, dit « Ternaux-Rousseau » manufacturier et grand dirigeant de la Banque de France. Guillaume est l’oncle du puissant banquier Jean-Charles Louis Ternaux (Maison Charles Ternaux, James Gandolphe & Cie), et l’oncle de l’historien et homme politique Mortimer Ternaux ainsi que de l'Académicien, député et bibliophile Charles Henri Ternaux dit « Ternaux-Compans », lui-même membre permanent du Conseil d’Escompte de la Banque de France, prenant ainsi la suite de son père Étienne Nicolas Louis Ternaux à sa mort en 1830 au château Ternaux d’Auteuil. Quant aux filles Ternaux, elles permettent dans le même temps par leur mariage avec de richissimes hommes politiques ou dirigeants industriels, d’unir le clan et de renforcer considérablement la dynastie Ternaux de façon notoire. Cette véritable machine de guerre et d’influence économiques n’est évidemment pas sans rappeler la structure familiale et la fratrie initiée par Mayer Amschel Rotschild à Francfort en 1769.
L’imposant tombeau de la famille Ternaux se trouve au cimetière d’Auteuil dans la 3e division.
Notes
- Louis Marie Lomuller, Guillaume Ternaux : 1763-1833, Créateur de la première intégration industrielle française, Éditions de La Cabro d’Or, 1978.
Sources
- Girardin, Révolution Française, Table Alphabétique du Moniteur, Paris 1802 Voir Gallica.
- Étienne de Jouy, État Actuel de l’Industrie Française » Paris 1821 Voir Gallica (BnF).
- Étienne Léon Lamotte-Langon, Mémoires de Louis XVIII, Bruxelles 1833.
- Noël Regnier, L’Industrie française au XIXe siècle siècle, 1878. Voir Gallica.
- Lafayette, Mémoires, Correspondances et manuscrit, 1838. Voir Gallica.
- Ange Guépîn, Sur l’Hérédité de la Pairie, Nantes 1831. Voir Gallica.
- Mortimer Ternaux, Histoire de la Terreur, 8 vol., 1864. Voir Gallica.
- Anonyme, Histoire de la Restauration…, Bruxelles 1837. Voir Gallica.
- F. Saint Simon, La Place des Victoires, Éd. Vendôme, Paris, 1984.
- Louis Marie Lomuller, Guillaume Ternaux : 1763-1833, Créateur de la première intégration française, Éd. de la Cabro d’Or, 1973. Voir Gallica.
- Louis Bergeron, Banques, Négociants et manufacturiers de l’Empire, Lille 1975. Voir Gallica.
Liens externes
Catégories :- Industriel français
- Entreprise française du secteur des textiles
- Membre du comité philhellène de Paris
- Naissance en 1763
- Naissance à Sedan
- Décès en 1833
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