Guillaume Couture (compositeur québécois)

Guillaume Couture (compositeur québécois)
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Guillaume Couture
Naissance 23 octobre 1851
Montréal Drapeau : Québec Québec
Décès 15 janvier 1915 (à 63 ans)
Montréal Drapeau : Québec Québec
Activité principale Musicien, maître de chapelle, professeur, compositeur,
critique musical, chef de chœur et chef d'orchestre
Lieux d'activité Montréal, Paris (1876-1977), Montréal et Boston (1896-1897)
Années d'activité 1871-1872 et 1875-1914
Éditeurs Girod (Paris, 1875),
C. Joubert (Paris, 1914), …
Formation solfège, violon, orgue à Montréal; puis à Paris (1873-1875)
Maîtres Théodore Dubois (1837-1924)
- harmonie, contrepoint et fugue-,
Romain Bussine (1830-1899)
- chant, … -;
fréquente aussi, à Paris :
Gabriel Fauré (1845-1924),
Vincent dIndy (1851-1931),
Jules Massenet (1842-1912),
Édouard Lalo (1823-1892),
Camille Saint-Saëns (1835-1921),
César Franck (1822-1890),
André Messager (1853-1929),
Léo Delibes (1836-1891),
Édouard Colonne (1838-1910), …
Enseignement solfège, chant, théorie musicale, écriture musicale, …
Élèves Alexis Contant (1858-1918),
Lynnwood Farnam (1885-1930),
Achille Fortier (1864-1939),
Henri Gagnon (1887-1961),
Arthur Laurendeau (1880-1963),
Léo-Pol Morin (1892-1941),
Frédéric Pelletier (1870-1944),
Rodolphe Plamondon (1876-1940), …
Conjoint Malvina Hazen (-),
1871-1880 : 2 filles;
Mercédès Papineau (1856-1950),
1881-1914 : 3 fils et 1 fille
Descendants Jean Papineau-Couture (1916-2000), petit-fils compositeur; …

Guillaume Couture (23 octobre 1851 - 15 janvier 1915), et mort à Montréal, au Québec, était un musicien, maître de chapelle, professeur, compositeur, critique musical, chef de chœur et chef d'orchestre, au tournant du XXe siècle à Montréal.

Sommaire

Biographie

Dès lâge daller à lécole, il fréquente à Montréal les classes des Frères des Écoles chrétiennes de la paroisse Sainte-Brigide, il apprend les bases du solfège. À 13 ans, le jeune Couture décroche le poste de maître de chapelle à l'église Sainte-Brigide. Léon A. Sentenne, le curé de léglise Saint-Jacques, entend parler du musicien et linvite à prendre, en 1867, la maîtrise de son église. Il semble que, grâce à Guillaume Couture, « les chœurs mixtes, les dimanches et jours de fête, réussissent de belles messes ». La même année, il est chargé des classes de solfège de lÉcole normale Jacques-Cartier par labbé Verreau, directeur de lécole. Pendant cette période, à léglise Saint-Jacques, le curé « na que des éloges à ladresse de lartiste, jeune homme sérieux, possédant de rares aptitudes musicales ». Labbé Sentenne propose en 1873 au jeune professeur Couture, marié depuis deux ans à Malvina Hazen, de faire un voyage détudes à Paris, il pourra approfondir la théorie musicale.

Une première année de vie parisienne

Parti de New York, il arrive à Paris le 20 juin 1873. Il sinscrit au Conservatoire, mais les classes sont déjà bondées. On lui fait tout de même subir les examens dentrée et ses aptitudes sont reconnues. On lui permet donc de suivre le cours dharmonie de Théodore Dubois (1837-1924) pendant le premier trimestre, à titre détudiant étranger. On dit de Guillaume Couture quil est un étudiant zélé et consciencieux et quil fait, sous Dubois, « des progrès extraordinaires ».

Sachant que Guillaume Couture a une « assez bonne voix de baryton-martin », Dubois présente ce dernier à un professeur de chant prisé, Romain Bussine (1830-1899). Ce dernier offre gracieusement les cours de chant à Guillaume Couture, en plus de linviter à rester chez lui pour le reste de son voyage. Cest grâce à Bussine que Couture approfondit son cercle social.

Il fréquente dorénavant Gabriel Fauré (1845-1924), Vincent dIndy (1851-1931), Jules Massenet (1842-1912), Édouard Lalo (1823-1892) et Camille Saint-Saëns (1835-1921) dans les cafés de Paris, dont Le Bouillon François Ier. Couture est aussi linvité de Lalo et de Saint-Saëns, aux soirées des Lundis. En juin 1874, Couture voit arriver la fin de son séjour à Paris. Il sollicite toutefois labbé Sentenne, par lentremise de Théodore Dubois, pour une prolongation de séjour. Dans une lettre datée du 27 juin 1874 à labbé, Dubois écrit :

« Il a fait en une année ce qui, dans la majorité des cas, ne se fait quen deux ou trois années détudes. […] Ne pourrait-on pas lui permettre de passer encore une année à Paris? Non seulement il compléterait ses études dharmonie, mais il pourrait faire aussi soigneusement le contrepoint, la fugue et même lorchestration. »

Une deuxième année de vie parisienne

Labbé Sentenne consent à prolonger son mécénat dun an. Guillaume Couture complète ainsi ses études dharmonie avec Dubois et se classe 3e. Le jury lui décerne aussi un premier accessit, ce qui fait de lui le premier musicien dAmérique à être lauréat du Conservatoire de Paris. Au début de lannée 1875, il est présenté par Romain Bussine au jury de la Société nationale de musique. La candidature du compositeur canadien est acceptée à lunanimité. En mars, son motet Memorare, op. 1 (janvier 1875), écrit pour soli, chœur et orchestre, est présenté par La Société nationale de musique, et le 15 mai, au septième concert de La Société, sa Rêverie, op. 2 (avril 1875), pour orchestre, est créée sous la direction dÉdouard Colonne (1838-1910).

Le retour à Montréal

À la fin de lété 1875, Guillaume Couture est de retour à Montréal. Il reprend son enseignement à lÉcole normale ainsi que son poste à Saint-Jacques, et devient critique musical à La Minerve. De Québec, Ernest Gagnon (1834-1915) adresse à lartiste ses souhaits de bienvenue et le félicite pour ses accomplissements à Paris. Il suggère à son collègue de sabstenir de trop critiquer « les spectacles divertissants de goût douteux » prisés par la classe des commerçants. Toutefois, Couture ne tient pas compte de ces avertissements. Dans ses critiques, Couture « sait reconnaître les vraies valeurs et leur rendre hommage avec lucidité […] et il fustige si vigoureusement l'ignorance, la médiocrité et le charlatanisme de certains milieux, qu'il déchaîne contre lui de violentes inimitiés ». À cause des ennemis quil se fait, Couture a limpression, à seulement 24 ans, davoir ruiné sa carrière musicale à Montréal. Il songe à retourner à Paris et à sy installer pour de bon avec sa famille. Romain Bussine lui écrit : « Revenez donc, mon bon ami, vous savez si vous serez bien accueilli ». Bussine lui réserve un travail de correcteur de travaux au Conservatoire et, en juillet 1876, Couture part pour la France. Sa femme et ses deux fillettes arrivent en décembre 1876.

Deuxième séjour à Paris

Au début de son deuxième séjour à Paris, Couture réussit à survivre grâce aux cours de chant quil donne et aux travaux de correction pour le Conservatoire. Toutefois, une excellente nouvelle survient. Théodore Dubois, alors maître de chapelle à léglise Sainte-Clotilde, accepte le poste dorganiste à la Madeleine. Cest Guillaume Couture qui lui succède à la maîtrise de Sainte-Clotilde César Franck, « lorganiste le plus écouté de Paris, préside chaque dimanche aux claviers dun merveilleux Cavaillé-Coll ». Couture occupe ce poste pendant 18 mois, puis décide, en décembre 1877, de rentrer définitivement à Montréal. Il est vraisemblable de croire quil prend cette décision par reconnaissance envers son mécène labbé Sentenne et avec le sentiment « d'avoir quelque chose à donner pour le développement de la vie musicale de son pays ». Au dire de son petit-fils, le compositeur Jean Papineau-Couture (1916-2000), « c'est en toute lucidité qu'il prend le chemin du retour, sachant qu'il rencontrera l'incompréhension, la jalousie, l'ignorance artistique... l'esclavage de la course au travail ».

Du deuxième séjour de Guillaume Couture à Paris, quelques éléments importants sont à retenir. Plusieurs de ses pièces religieuses, dont Salut pour les doubles majeures et mineures op. 5, trois chorals (O Salutaris, Adorate et Tantum Ergo) (août 1875), ont été éditées par Girod. De plus, son Quatuor-fugue op.3 (août 1875) est créé le 18 novembre par La Société. Il continue aussi dentretenir des relations amicales avec André Messager (1853-1929), Dubois, Massenet, Fauré, Léo Delibes (1836-1891), Saint-Saëns et dIndy. Helmut Kallman souligne que « peu de canadienscertainement aucun à cette époqueont eu, comme Couture, une relation intime avec des compositeurs célèbres ». Kallmann renchérit en disant que si Couture était resté à Paris, son nom serait probablement devenu célèbre dans lhistoire de la musique française.

Le retour définitif à Montréal

En décembre 1877, soit à lâge de 26 ans, Guillaume Couture sétablit définitivement à Montréal. Cest par son enseignement, par ses multiples tâches de chef dorchestre et de chœur, à titre maître de chapelle et avec « la fermeté qui le caractérisait, quil entreprend à Montréal le travail de formation et de relèvement quil estimait nécessaire ».

Le maître de chapelle

En tant que maître de chapelle, il passe dune maîtrise à lautre. On le voit successivement Trinity (en 1878 pour peu de temps), au Christ Church (en 1878 pour quelques années), au Gesù (en 1880 pour 6 mois), à léglise Notre-Dame (en 1891 pour 4 mois), et finalement à la cathédrale Saint-Jacques, il reste de 1893 jusquà sa mort. Les commentateurs évoquent différentes raisons pour justifier ces multiples changements. Alix Vaulchier donne lexplication que « ses exigences lui causent de fréquents désaccords avec ses employeurs ». Le rôle de maître de chapelle lui permet d'écrire de nombreux arrangements de musique sacrée et de composer plusieurs œuvres religieuses qui ont enrichi notre patrimoine musical.

Lenseignant

Lenseignement est pour Guillaume Couture « le moyen le plus juste pour favoriser l'implantation solide et durable de la musique au Québec ». Comme enseignant, il donne des cours dans plusieurs établissements de Montréal, dont : le High School for Girls (1885), il enseigne pour plus de 20 ans, la Villa-Maria (1892), le McGill Conservatory (1892), le couvent dHochelaga (1892), le Protestant High School (1895). De 1896 à 1898, il enseigne aussi au New England Conservatory de Boston, du mercredi au samedi, et revient à Montréal du dimanche au mardi. Il aura ce rythme pendant 3 ans.

Le directeur musical et lorganisateur

À titre de chef dorchestre, on lui attribue autant dintensité que comme enseignant. En 1880, on lui assigne la direction de la Société philharmonique de Montréal, quil occupera pendant 19 ans. Sous la direction de Couture, la Société philharmonique se développe en une organisation de premier plan comptant plus de 200 voix. Couture fonde la Société des Symphonistes, un groupe denviron 50 instrumentistes, pour accompagner le chœur. Lorsquil maque de musiciens, le directeur fait appel à des instrumentistes de Boston ou de New York. Parmi les œuvres qui sont jouées par la Société philharmonique, plusieurs le sont pour la première fois à Montréal. Dans cette liste, on retrouve Elijah (1884) de Mendelssohn, le Requiem (1888) de Mozart, la 9e symphonie (1897) de Beethoven en première canadienne, et des versions concerts du Vaisseau fantôme (1895) et de Tannhäuser (1896) de Richard Wagner. Helmut Kallmann écrit que, si lon considère la liste complète des chefs-dœuvre introduits au Canada par Guillaume Couture, on peut conclure quil sagit dun des apports individuels les plus importants à la culture canadienne . En 1890, il fonde successivement le Montreal Amateur Operatic Club, dont le premier concert est donné en 1892, et la Montreal Ladies Vocal Society. En 1894, J.-J. Goulet réunit des musiciens sous le nom de Montreal Symphony Orchestra, dirigé pendant deux saisons par Guillaume Couture.

Le critique musical

Comme critique musical, il collabore à la Revue de Montréal (1877), à La Patrie (1879-84) et au Montreal Daily Star (1889-90), sous le pseudonyme de « Symphony ».

Le compositeur

En considérant le travail quil fait pour la vie musicale montréalaise, on peut comprendre pourquoi Guillaume Couture est critiqué quant aux reproches de certains commentateurs face à la qualité inégale de sa production de compositeur. Les spécialistes de Guillaume Couture disent que lon peut diviser son œuvre en deux groupes de compositions plus marquantes : dune part, les œuvres de jeunesse produites à Paris; dautre part, celles « du réveil inattendu », deux œuvres écrites après quil eût passé la cinquantaine, c'est-à-dire : une Messe de Requiem, composée à la demande de sa nouvelle épouse, Mercédès Papineau, et exécutée en 1906 aux obsèques du ministre fédéral de la Marine et des Pêcheries, et aussi ancien maire de Montréal, Raymond Préfontaine, tout comme elle le sera aux propres funérailles du compositeur en 1915; ainsi que son œuvre majeure, un oratorio en trois parties, Jean le Précurseurlivret en prose de l'abbé Antonio Lebel, texte en français, adapté en vers libres par Albert Lozeau[1].

Ce chef-d'œuvre, l'oratorio Jean le Précurseur, ce « Poème lyrique religieux » qui avait été entamé en 1907 et terminé en 1911, est paru chez C. Joubert (en 3 volumes; 525 p.), à Paris, en 1914, et fut créé au Théâtre St-Denis, à Montréal, le 6 février 1923, par l'Association des chanteurs de Montréal, sous la direction de Jean Goulet. C'était huit ans après la mort du compositeur, qui n'a jamais entendu son chef-d'œuvre en pleine version orchestrale - une orchestration de Paul Puget -, mais seulement dans sa version réduite pour piano.

Bibliographie

  • BRAY, Kenneth, …, La musique à lécole[2], dans l'Encyclopédie de la musique au Canada, 2e éd. revue et augmentée, sous la dir. de Helmut Kallmann et Gilles Potvin, Saint-Laurent (Québec), Fides, 1993.
  • DE VAULCHIER, Alix, Guillaume Couture[3], dans l'EMC, op. cit.
  • FORD, Clifford. Canadas Music: An Historical Survey. Agingourt (Ontario), GLC Publishers Limited, 1982.
  • GAGNÉ, Mireille et Pierre Quenneville, Guillaume Couture, sous la dir. de Mireille Gagné. Montréal, Centre de musique canadienne au Québec, coll. Compositeurs au Québec, 1982.
  • GOUR, Romain, Guillaume Couture. Montréal, Éd. Éoliennes, coll. Qui?, 1951.
  • KALLMANN, Helmut, Aperçu historique, dans Aspect de la musique au Canada, traduction de Aspects of music in Canada, sous la dir. de Arnold Walter, édition française dirigée par Gilles Potvin et Maryvonne Kendergi. Montréal, Centre de psychologie et de pédagogie, 1970.
  • KALLMANN, Helmut. A history of music in Canada: 1534-1914. Toronto, University of Toronto Press, 1960.
  • DESAULTELS, Andrée, Histoire de la composition musicale au Canada de 1610 à 1967, dans Aspect de la musique au Canada, op. cit.
  • LAURENDEAU, Arthur, Musiciens dautrefois : Guillaume Couture, dans Laction nationale, xxxvi (1950), 19, p. 110.

Notes et références

  1. Gilles Potvin, Jean le Précurseur, dans l'Encyclopédie de la musique au Canada (EMC)., article intégral [consulté le 15 juin 2010].
  2. Kenneth Bray, J. Paul Green, Nancy Vogan, Musique à l'école, dans l'EMC, op. cit.
  3. Alix de Vaulchier, Couture, Guillaume, dans l'EMC.

Voir aussi

Liens externes


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