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Grande Loge nationale française
La Grande Loge nationale française (GLNF) est une obédience maçonnique française basée sur les préceptes dits de régularité proclamés par la Grande Loge Unie d'Angleterre en 1929 (dont notamment la croyance en Dieu). C'est la seule obédience française qui appartienne au groupe de reconnaissance de la Grande Loge Unie d'Angleterre et des principales Grandes Loges régulières d'Amérique du Nord.
C'est une obédience maçonnique différente de la Grande Loge de France, avec laquelle elle fut parfois confondue dans les médias.
Sommaire
Histoire
Pour comprendre l'histoire de la GLNF, il convient de remonter à une décision prise par la principale obédience maçonnique française, le Grand Orient de France (GOdF), en 1877.
Dans le contexte de la fin du Second Empire et du rétablissement d'un système républicain en France, l'Église catholique romaine, craignant de perdre à terme son statut privilégié de religion d'Ètat, s'engageait de tout son poids dans les questions politiques et condamnait avec une égale vigueur la franc-maçonnerie et la République française. Ce conflit bouleversa l'équilibre idéologique des loges: les catholiques pratiquants et les royalistes se tenant désormais à l'écart des loges, celles-ci devinrent assez rapidement républicaines et anticléricales.
C'est dans ce climat passionné que le convent du GOdF supprima en 1877 de ses constitutions l'obligation de la croyance en Dieu. Le même convent supprima également l'obligation pour ses loges d'invoquer le Grand Architecte de l'Univers lors de l'ouverture de leurs travaux. Chaque Loge devenait ainsi libre de le faire, ou pas. La plupart d'entre elles décidèrent de ne plus le faire.
Ces décisions, ainsi que le soutien accordé par le Grand Orient de France à un régime républicain, furent très mal ressenties par la Grande Loge Unie d'Angleterre et par la plupart des autres obédiences, principalement dans l'Empire britannique. Toutefois, les évolutions politiques suivantes, et en particulier celles qui allaient donner naissance à l'Entente cordiale à l'approche de la première guerre mondiale, permirent pendant longtemps le maintien de relations amicales, exprimées notamment lors de la consécration à Londres sous la Grande Loge Unie d'Angleterre des loges "La France" et "l'Entente Cordiale".
Cependant, différents membres du Grand Orient de France, et notamment Édouard de Ribaucourt étaient en désaccord avec les positions antireligieuses de leur obédience. En 1911, Ribaucourt réveille à Paris la loge Le Centre des Amis pour laquelle il obtient une patente du G.O. qui lui permet de travailler au Rite Écossais Rectifié et d'utiliser l'invocation au Grand Architecte de l'Univers lors des tenues. En 1913, il reçoit une nouvelle version obligatoire des rituels où toutes les références au Grand Architecte de l'univers ont été soigneusement omises. Après de nombreuses négociations qui n'aboutirent pas, la rupture fut décidée et une nouvelle obédience fut fondée, sous le nom de ¨Grande Loge Indépendante pour la France et les Colonies".
Le "Centre des Amis" fut alors rejoint par la Loge "l'Anglaise" de Bordeaux, ce qui, à quelques jours près, porte en fait à deux le nombre des loges qui fondèrent la nouvelle obédience. La Grande Loge Unie d'Angleterre, qui n'avait plus de correspondance en France depuis 1877, lui accorda immédiatement sa reconnaissance.
Le 29 octobre 1948, l'obédience change de nom pour adopter le nom de Grande Loge Nationale Française. Elle demeure néanmoins marginale et n'est pas très représentative par son effectif, qui restera jusque dans les années 1960 essentiellement composé d'anglophones résidant en France.
Il fallut attendre l'année 1965 pour voir l'essor définitif de la GLNF. Celle-ci profite d'une scission importante en 1964 au sein de la Grande Loge de France au cours de laquelle plusieurs centaines de francs-maçons quittèrent la GLDF pour rejoindre les rangs de la Grande Loge Nationale Française, lui permettant ainsi de dépasser les 4000 membres, de travailler au Rite Écossais Ancien et Accepté et de fonder des loges composées principalement de francophones.
Dans un mouvement inverse, il est arrivé à plusieurs reprises que des membres ou des loges de la GLNF, désireux d'autonomie vis-à-vis de la Grande Loge Unie d'Angleterre (GLUA) et de relations fraternelles avec le courant maçonnique majoritaire en France la quittent pour fonder de nouvelles obédiences. Ce fut le cas de la Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra[1] en 1958, de la Loge Nationale Française[2] en 1968, du Grand prieuré écossais réformé et rectifié d'Occitanie [3] en 1995, du Grand Prieuré des Gaules [4] en 2000, de la Grande Loge Unie de France et pour finir de la Grande Loge des Maçons Réguliers Francs et Accepté.
Fonctionnement actuel
La GLNF est dirigée par un Grand Maître élu pour 5 ans renouvelable; il est assisté par un Député G.M. et plusieurs assistants G.M. choisis et nommés par le GM au sein d'un conclave appelé le Souverain Grand Comité.A moins de changement, les seuls postes électifs sont celui du G.M et celui du Grand Trésorier. La GLNF a adopté un découpage territorial calqué sur le découpage administratif français en 32 régions ou provinces. Chaque région est dirigée par un G.M.Provincial, nommé par le G.M., lui aussi assisté par un Député GMP, deux ou plus assistants GMP ainsi qu'un Collège d'officiers Provinciaux. Leur mandat est également de cinq années.
Les rites
Lors de la Création de la Grande Loge Nationale Française seuls deux rites sont pratiqués, le Rite Émulation en Anglais et le Rite Ecossais Rectifié. Ceci jusqu'en 1965, date à laquelle les rangs de la GLNF sont grossis en nombre par les membres dissidents de la Grande Loge de France. Il ne faut pas oublier que dans cette obédience le rite est le REAA et que les membres ont aussitôt constitué de nouvelles loges de la GLNF qui ont commencé à travailler à ce rite ainsi qu'au rite Émulation en Français.
Il a fallu ensuite attendre l'année 1980 pour voir apparaître, sous l'impulsion de Francs-maçons refusant de laisser ce rite historique au seul monopole du Grand Orient de France, la première Loge travaillant au rite Français, selon le Régulateur de 1801, à L'orient de Paris sous le titre "St Jean Chrisostome". La deuxième et la première en Province a été consacrée au Luc en Provence en Juin 1980 sous le titre de loge "Le Bailli de Suffren n°254" dont le premier maillet a été tenu par le TRF J.C. Foellner, ancien GM de la GLNF.
Le 27 novembre 1983, après la démantèlement de la base de l'OTAN de Fontainebleau où une loge américaine pratiquait le rite d'York américain, sous l'impulsion d'un de ses anciens Vénérable Maître s'étant installé pour sa retraite à Nice, la première Loge travaillant à ce rite a été consacrée à l'Orient de Nice sous le titre de "YorkTown n° 350".
Ainsi la GLNF travaille depuis aux 5 rites fondamentaux et elle a pris soin de s'assurer que chaque rite soit équitablement réparti et pratiqué dans toutes ses loges. Par exemple les loges du rite d'York qui ont rattrapé en nombre les autres rites malgré sa jeunesse.
Développement et croissance
Après avoir été très minoritaire (moins de 4 000 membres) et composée principalement d'anglophones expatriés en France jusque dans les années 1970, la GLNF a connu depuis un développement très important au point de devenir la seconde obédience française derrière le Grand Orient de France avec un nombre de membres à peu près égal à celui de la Grande Loge de France.
En 2009, la GLNF déclare sur son site web rassembler plus de 42 000 membres regroupés en plus de 1 400 loges.
Cette croissance extraordinaire et probablement unique au monde n'est pas sans soulever un certain nombre d'interrogations. En particulier, s'il est avéré qu'elle est en partie le résultat d'une politique de recrutement particulièrement active dans certaines de ses "provinces", des articles de presse posent régulièrement la question d'un processus de sélection des nouveaux membres éventuellement moins exigeants que dans d'autres obédiences. Les accusations d'affairisme attachées, un temps, à l'obédience expliqueraient, notamment dans certaines provinces du sud de la France, des recrutements en nombre élevé et fondés sur d'autres critères que la recherche de la voie initiatique.
La question de la régularité
La GLNF insiste beaucoup sur le fait, essentiel à ses yeux, qu'elle est la seule obédience maçonnique française qui soit reconnue comme « régulière » par la Grande Loge Unie d'Angleterre et par le groupe des 196 autres Grandes Loges dont c'est le cas et qui constituent le courant le plus important numériquement ("mainstream") de la franc-maçonnerie mondiale.
Anciens devoirs
Comme toutes les Grandes Loges reconnues par la Grande Loge Unie d'Angleterre (UGLE), elle souscrit sans réserve à la "Règle en 8 points" édictée par celle-ci en 1929 sous le nom de "principes fondamentaux pour la reconnaissance d'une Grande Loge par la Grande Loge Unie d'Angleterre"[5] et résume ses propres principes dans la "Règle en 12 points"[6] qu'elle a promulgué.
Parmi ces derniers points, elle insiste principalement sur la reconnaissance d'un Principe supérieur, créateur du Monde, appelé métaphoriquement Grand Architecte de l'Univers, sur l'interdiction de toutes controverses politiques ou religieuses dans le cadre de la Maçonnerie, sur l'existence d'une seule obédience régulière pratiquant uniquement les trois premiers degrés par état ou nation, et sur l'absence de tous liens maçonniques avec des obédiences qu'elle ne reconnaît pas.
Elle exige de ses membres qu'ils aient "foi en Dieu", celui-ci ne pouvant pas à ses yeux être un simple principe créateur ou n'importe quel "être suprême". Contrairement à certaines des autres obédiences reconnues par l'UGLE[7], elle condamne fermement le déisme, auquel elle reproche de générer "le relativisme, le syncrétisme, l'indifférentisme et l'agnosticisme"[8]. Cette position particulière n'est cependant pas partagée par la totalité de ses membres et il n'est pas impossible que la GLNF finisse à terme par assouplir ses positions sur ce sujet, dans une évolution comparable celle qui s'est produite dans les années 1980 au sein de la Grande Loge Unie d'Angleterre[9].
Régularité de la GLNF
Il fut parfois reproché à la GLNF de ne pas avoir attendu d'avoir regroupé trois loges comme l'aurait voulu la tradition maçonnique et comme l'exigèrent par la suite les "basic principles" anglais de 1929.
Cependant, Alec Mellor dans son "Dictionnaire de la Franc-maçonnerie et des Francs-maçons [10]." donne l'explication suivante:
« Cette règle n'était pas encore admise aussi impérativement que de nos jours en 1913, date où deux loges seulement fondèrent la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière, premier nom de la Grande Loge Nationale Française. Aussi est-ce une mauvaise querelle que les obédiences irrégulières lui ont cherchée à cet égard. Au demeurant, eût-elle été constituée irrégulièrement - ce qui n'est pas le cas -, la reconnaissance ultérieure de l'obédience nouvelle par la Grande Loge Unie d'Angleterre doit être tenue comme ayant couvert l'Irrégularité et fait rétroagir la régularité de la date de la fondation. »Indépendance vis-à-vis des systèmes de hauts-grades
Un des points essentiels de la "régularité" est celui de l'indépendance de la Grande Loge, qui administre les trois premiers degrés de la franc-maçonnerie, vis-à-vis de tous les systèmes de "hauts-grades" complémentaires.
Les Loges des trois premiers degrés, appelées quel que soit leur rite "Loges Bleues" sont invariablement placées sous l'autorité du Grand Maître. Les ateliers supérieurs, également appelés Loges de Perfection, suivent une progression propre à leur rite. Ainsi le Suprême conseil pour le REAA, le Grand Prieuré des Gaules pour le RER, le Grand Chapitre de l'Arche Royale pour la France pour le rite Émulation et le Grand Chapitre Français pour le rite Français, sont les prolongements des Loges Bleues et ont chacun leur propres structures et leur propre hiérarchie indépendante.
Relations avec les autres obédiences françaises
La GLNF ne participe pas à la réunion d'obédiences groupées sous la dénomination "La Franc-Maçonnerie Française" qui regroupe les 9 principales obédiences françaises autour du centre de recherche de l'Institut Maçonnique de France, du Salon du Livre Maçonnique et d'autres manifestations et colloques. En revanche, il lui arrive de participer, au cas par cas, à certaines autres manifestations. Ce fut le cas par exemple à l'occasion de l'exposition maçonnique de Tours, en 1997.
Afin d'éviter de recevoir de part et d'autres des membres exclus des autres obédiences françaises à la suite d'affaires judiciaires, le GLNF a mis en place en 2002 des accords administratifs avec le GODF et la GLDF (sans qu'il y ait pour autant reconnaissance au sens maçonnique) afin de faciliter les échanges d'informations sur les membres radiés.
Annexes
Bibliographie
- Daniel Ligou (sous la direction de), Histoire des Francs-Maçons en France, Tome 2 1815-2000, Privat, Toulouse, 2000, ISBN 2-7089-6839-4
- Roger Dachez, Histoire de la franc-maçonnerie française, PUF, Paris, 2003, ISBN 2-13-053539-9
- Gilbert Garibal, Être franc-maçon aujourd'hui, Marabout, Alleur (Belgique), 1994, ISBN 2-501-02029-4
Voir aussi
Liens externes
Références et notes
- ↑ Grande Loge Traditionnelle et Symbolique-Opéra http://www.gltso.org/
- ↑ Loge Nationale Française http://www.logenationalefrancaise.org
- ↑ Grand Prieuré Ecossais Réformé et Rectifié d'Occitanie http://gpoccitanie.free.fr/
- ↑ Grand Prieuré des Gaulles http://www.gpdg.org/
- ↑ Voir le texte dans l'article "Grande Loge Unie d'Angleterre"
- ↑ Voir le texte sur le site de la GLNF:http://www.glnf.asso.fr/glnf.asp?id=64
- ↑ Par exemple la Grande Loge Régulière de Belgique, ou certaines grandes loges des USA.
- ↑ Article:"CROYANCE EN DIEU, THÉISME ET DÉISME" http://www.glnf.asso.fr/glnf.asp?id=61
- ↑ Voir l'article Grande Loge Unie d'Angleterre.
- ↑ Voir Dictionnaires des de la Franc-maçonnerie et des Francs-maçons, sous « Régularité », Alec Mellor, Belfond 1971-1979; 2005, p. 188 (ISBN 2-7144-4158-0).
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