- Goitre
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Classification internationale
des maladiesCIM-10 : E01-E07, P72 Le goitre est une augmentation de volume, souvent visible, de la glande thyroïde; le goitre est une affection extrêmement fréquente : 800 millions[réf. nécessaire] de personnes en sont atteintes dans le monde. Cette maladie est souvent familiale.
Sommaire
Causes
Plusieurs types d'anomalie peuvent favoriser l'apparition d'un goitre.
- Un déficit en iode (carence alimentaire). L'iode est un oligo-élément, constituant obligatoire des hormones thyroïdiennes ;
- Le tabac est un facteur de risque de goitre[1];
- La synthèse des hormones thyroïdiennes peut aussi se faire de façon imparfaite par suite d'un déficit enzymatique congénital ;
- Certaines maladies thyroïdiennes provoquent également des goitres : la maladie de Basedow, la thyroïdite de Hashimoto ainsi que d'autres thyroïdites.
- Acromégalie
Symptômes et diagnostic
Un goitre se manifeste par un gonflement de la région antérieure du cou.
Le diagnostic repose sur la palpation du cou: une glande thyroïde est considérée comme goitreuse lorsque chaque lobe latéral a un volume supérieur à la dernière phalange des pouces du sujet examiné[2].
Différentes classifications définissent différents grades de goitre. Celle de l'OMS[2]:
- Grade 0 : une thyroïde non palpable et non visible. C'est le cas normal.
- Grade 1 : goitre palpable mais non visible lorsque le cou est en position normale, même si l'hypertrophie de la thyroïde n'est pas visible. Les nodules thyroïdiens dans une thyroïde non hypertrophiée entrent dans cette catégorie.
- Grade 2 : un gonflement du cou qui est nettement visible lorsque le cou est en position normale et est cohérent avec une thyroïde hypertrophiée à la palpation du cou.
Surtout, on recherche des signes de compression des organes de voisinage, c'est-à-dire:
- une gêne respiratoire, essoufflement voire étouffement (dyspnée par compression de la trachée),
- une gêne à la déglutition (dysphagie par compression de l'œsophage),
- une modification de la voix (dysphonie par compression du nerf récurrent) ,
- un syndrome de Claude Bernard-Horner (par compression du nerf sympathique),
- un gonflement du cou (œdème par syndrome cave supérieur dû à la compression gênant le retour veineux dans la veine cave supérieure),
- ou des malaises (syncopes par compression et irritation du glomus carotidien).
On étudie parfois le goitre par une échographie cervicale qui visualise les lobes thyroïdiens et les nodules, précisant leur taille et leur aspect liquidien (kyste) ou solide.
Une scintigraphie thyroïdienne peut se révéler nécessaire pour étudier le fonctionnement de la glande. Une étude cytologique des nodules par cytoponction (aspiration à l'aide d'une aiguille fine) est parfois réalisée. Enfin, le dosage des hormones thyroïdiennes révèle une éventuelle augmentation ou une diminution de celles-ci.
Évolution et traitement
Spontanément, un goitre peut rester de petite taille ou augmenter de façon régulière et entraîner à terme des signes compressifs.
Un goitre peut en outre devenir toxique en sécrétant des hormones thyroïdiennes de façon excessive, et entraîner alors une hyperthyroïdie.Le traitement est proposé en fonction de cette évolution et de la cause du goitre :
- apport d'iode exogène en cas de carence, traitement qui fut possible après la découverte de l'iode par Bernard Courtois ;
- administration d'hormones thyroïdiennes en cas de synthèse déficiente de celles-ci ;
- thyroïdectomie ou ablation partielle de la thyroïde en cas de maladie thyroïdienne.
Histoire
Des médecins chinois de la dynastie des Tang (618-907) ont été les premiers à traiter avec succès des patients atteints de goitre en utilisant la glande thyroïde riche en iode d'animaux comme les moutons et les porcs – ils la faisaient prendre soit telle quelle, soit en pilule, soit en poudre, soit en poudre mêlée à du vin. On en trouve la description dans un livre de Zhen Quan (mort en 643), ainsi que dans plusieurs autres. Un livre chinois (La Pharmacopée du laboureur céleste) affirme que la sargasse riche en iode était utilisée au Ier siècle av. J.‑C.. pour traiter les patients atteints de goitre, mais ce livre a été écrit beaucoup plus tard.
Au XIIe siècle un médecin persan, Zayn al-Din al-Jurjani, a donné la première description de la maladie de Basedow après avoir remarqué l'association du goitre et de l'exophtalmie dans son Thesaurus du shah de Khwarazm, le plus important dictionnaire médical de son temps. Al-Jurjani a également établi une association entre le goitre et la palpitation. La maladie a ensuite reçu le nom d'un médecin irlandais, Robert James Graves, qui a décrit en 1835 un cas de goitre avec exophtalmie. On parle plutôt en France de maladie de Basedow, d'après Carl Adolph von Basedow, un Allemand qui, de façon indépendante, a signalé la même constellation de symptômes en 1840 ; des rapports antérieurs sur cette maladie avaient également été publiés par les Italiens Giuseppe Flajani et Giuseppe Antonio Testa, respectivement en 1802 et 1810, et par le médecin anglais Caleb Hillier Parry (un ami d'Edward Jenner) à la fin du XVIIIe siècle.
Paracelse (1493-1541) a été le premier à proposer une relation entre le goitre et certains minéraux (en particulier le plomb) dans l'eau de boisson. L'iode a été découverte plus tard par Bernard Courtois en 1811, à partir de cendre d'algues.
Auparavant, le goitre était commun dans de nombreuses régions qui manquaient d'iode dans le sol. Par exemple dans les Midlands, en Angleterre, on connaissait la maladie sous le nom de « cou du Derbyshire ». Aux États-Unis, on trouvait des goitres dans les régions des Grands Lacs, du Midwest et de l'Intermountain. Aujourd'hui on n'en rencontre pratiquement plus dans les pays riches, où le sel de table est complémenté avec de l'iode. Toutefois, il est encore répandu en Inde, en Asie centrale et en Afrique centrale.
Notes
- Zhonghua Liu Xing Bing Xue Za Zhi. 2007 Jan;28(1):53-6. [Epidemiological study of the effects of smoking cigarette on thyroid gland] [Article in Chinese] Gu XL & Col. Department of Endocrinology, 1st Affiliated Hospital, China Medical University, Shenyang 110001, China.
- http://www.who.int/vmnis/iodine/data/sources/iodine_data_sources/en/
Voir aussi
Catégories :- Maladie endocrinienne
- Carence nutritionnelle
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