- Giuseppe Pinelli
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Giuseppe Pinelli (Milan, 21 octobre 1928 - 15 décembre 1969) est un cheminot et militant anarchiste italien. La mort de Pinelli, officiellement imputée à un malaise, a suscité des soupçons et de larges contestations dans un contexte politique italien alors très tendu.
Sommaire
Les faits
La nuit suivant l'attentat de la Piazza Fontana la police arrêta 84 anarchistes, dont Pinelli. Trois jours après, alors que venait d'être arrêté Pietro Valpreda, son présumé complice, Pinelli se trouvait à la préfecture de police, soumis à un interrogatoire de la part de Marcello Guida, du commissaire Luigi Calabresi et de quelques sous-officiers. Selon la version officielle, Pinelli se jeta de la fenêtre du quatrième étage et mourut. Sa mort fut déclarée comme suicide. Le motif de son geste aurait été les déclarations mises à sa charge, qui auraient démontré son implication dans l'attentat.
La détention de Pinelli était illégale parce qu'il fut retenu trop longtemps à la préfecture : elle n'aurait pas dû se prolonger plus de deux jours. Le 15 décembre 1969 (date de sa mort), il aurait dû se trouver, soit remis en liberté, soit en prison.
Selon certaines versions policières, jamais confirmées, Pinelli, précipité, aurait crié la phrase désormais célèbre : « È la fine dell'anarchia ! » (C'est la fin de l'anarchie !).
Le contexte
Après Mai 1968 en France, 1969 fut l'année de la contestation de la jeunesse italienne. De nombreuses organisations politiques aux orientations très diverses entrèrent en activité, essentiellement dans le nord de l'Italie. Elles étaient opposées entre elles et hostiles à l'État et aux partis politiques traditionnels.
Du combat idéologique on passait souvent à l'affrontement physique, aux combats de rue contre les forces de l'ordre qui donnaient parfois naissance à de la guérilla urbaine. Il y eut notamment les échauffourées de Valle Giulia à Rome : les étudiants chargèrent pour la première fois les forces de l’ordre.
En novembre 1966, déjà militant anarchiste, il soutenait Gennaro De Miranda, Umberto Tiboni, Gunilla Hunger, Tella et les autres compagnons « aux cheveux longs » pour imprimer les premières copies de la revue Mondo Beat dans la section « Sacco et Vanzetti » de la rue Murilio à Milan.
La mort de Pinelli suivait de quelques jours l'attentat de la piazza Fontana (12 décembre 1969). Selon certaines sources[réf. nécessaire], Pinelli a été assassiné et l'enquête a été baclée ou menée à charges. Une nouvelle enquête, menée en 1975 par le juge Gerardo D'Ambrosio, a écarté l'hypothèse de l'assassinat, considérée comme absolument inconsistante.
Le cas a suscité une polémique politique empreinte d'une forte animosité tant de la part de ceux qui soutiennent la thèse de l'homicide, que de la part des autorités. Il est difficile d'isoler cette polémique de celles relatives, entre autres, au carnage de la piazza Fontana, à la stratégie de la tension, au terrorisme d'État, à la répression des cercles anarchistes italiens et à l'assassinat du commissaire Luigi Calabresi.
Les indices sur la mort
On ouvrit une enquête sur la mort de Giuseppe Pinelli. Le commissaire Calabresi soutenait ne pas être présent au moment de la chute, version confirmée par l'enquête de la magistrature, conduite par Gerardo D'Ambrosio, et par trois agents, mais contestée par un anarchiste présent dans les locaux, détenu dans une cellule voisine. La police affirma que Pinelli s'était suicidé parce qu'il avait été démontré son implication dans l'attentat, version sans plus aucun fondement. Les résultats de l'enquête sur la mort de Giuseppe Pinelli furent rendus publics en octobre 1975. Le juge d'Ambrosio écrivait dans son jugement : « L'instruction conclut indubitablement que le commissaire Calabresi n'était pas dans son bureau au moment de la mort de Pinelli. » Le commissaire fut malgré tout l'objet d'une violente campagne dans la presse et assassiné en mai 1972. Le jugement de d'Ambrosio fit date dans l'histoire surtout pour l'explication donnée pour la cause de la mort de Giuseppe Pinelli : ni un suicide, ni un homicide mais un « malaise actif », un malaise qui aurait provoqué un bond involontaire de Giuseppe Pinelli par la fenêtre de la Préfecture.
La thèse de l'homicide
Les faits étranges liés à la mort du compagnon Giuseppe Pinelli pousseront beaucoup de monde à parler, toujours plus ouvertement, d'homicide : il aurait été défenestré.
Les suspects
Les motivations
La première raison pour croire en la thèse de l'homicide serait l'incohérence de l'intention de se suicider avec le caractère de Giuseppe Pinelli: ceux qui le connaissaient soutiennent que la décision de se suicider était impensable pour la victime. Selon ces sources, Pinelli n'aurait jamais pris en considération l'hypothèse du suicide, ni même confronté au risque d'une condamnation à perpétuité pour attentat. Au moment de la mort, la condamnation n'était de toute façon pas envisagée, du fait du manque de preuves.
Les doutes sur la version officielle
Les diffamations sur les personnes convoquées
La seconde autopsie
Le souvenir de Pinelli
La figure de Pinelli a été prise, dans les milieux anarchistes, comme un symbole de l'opposition au pouvoir constitué en général et au pouvoir policier en particulier.
Musique
Diverses chansons ont été composées sur Pinelli, comme « La Ballade de l'anarchiste Pinelli » (titre original La ballata per anarchico Pinelli), écrite par G. Barozzi, F. Lazzarini, U. Zavanella, trois jeunes anarchistes mantouans, le soir même des funérailles, puis révisée et mise en musique par Joe Fallisi en 1970. Elle a, par la suite, été reprise par de nombreux chanteurs italiens ainsi que le groupe français Les Amis d'ta femme.
En février 1970, le chanteur Franco Trincale composa un Lamento en hommage à la mort de Giuseppe Pinelli, qui est devenu très populaire et a été inclus dans plusieurs albums de cet artiste.
Théâtre
Dario Fo s'est inspiré de l'événement pour écrire Mort accidentelle d'un anarchiste (mais la référence quasi explicite qui y est faite est pour Andrea Salsedo).
Peinture
L'œuvre picturale d'Enrico Baj, qui devait être exposée à Milan le même jour que l'homicide Calabresi, intitulée I Funerali di Pinelli, s'inspire, elle aussi de ces événements.
Littérature et journalisme
- Pinelli. La finestra sulla strage (Pinelli. La fenêtre sur le massacre), de Camilla Cederna, journaliste de renom, qui s'occupa longtemps de l’affaire Pinelli. Édité en 1971 et republié en 2004.
- Il Ferroviere (le cheminot) par Riccardo Mannerini un poète anarchiste génois.
- La notte che Pinelli, d’Adriano Sofri (Sellerio Editore, 2009) : récit des événements relatifs à la mort de Giuseppe Pinelli (trad. fr. : Les ailes de plomb, éditions Verdier, 2010).
- Gli anni della peggio gioventù (Les années de la pire jeunesse) de Giampierro Mughini, journaliste italien, publié Mondadori Editore, 2009.
- Luciano Lanza, La ténébreuse affaire de la piazza Fontana, éditions CNT-Région parisienne, 2005, (ISBN 2-915731-03-9).
La question de la plaque
Voir aussi
Liens externes
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