- Giuseppe Castiglione
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Giuseppe Castiglione (19 juillet 1688, Milan, Italie - 16 juillet 1766, Pékin, Chine) est un frère jésuite italien, missionnaire en Chine et peintre à la cour impériale. Il fut l'un des artistes préférés des empereurs de la Dynastie Qing. En 1716 il prend le nom chinois de 郎世寧 ,« Homme des mers occidentales ».
Sommaire
Biographie
Formation et années en Europe
Giuseppe Castiglione entre comme novice-frère dans la Compagnie de Jésus à Gênes en 1707. Ses talents artistiques sont reconnus dès ses années de noviciat. Il commence à peindre des œuvres religieuses (Saint Ignace dans la grotte de Manrèse et L'Apparition du Christ à Saint Ignace). On retrouve dans ses premières œuvres des réminiscences d'Andrea Pozzo et des plus grands maîtres italiens du début du XVIIe siècle[1]. Son talent était tel que Marie-Anne d'Autriche lui aurait demandé de faire le portrait de ses enfants.
Les jésuites de Chine ayant demandé qu’on leur envoie un artiste-peintre pour la cour impériale de Beijing, Castiglione se porte volontaire et fut accepté. En 1710 il est en route pour Lisbonne (point de départ obligé de tout navire pour l’Orient). Il passe par Coimbra au Portugal où on le retient plusieurs années pour en décorer la chapelle du noviciat. Il s’embarque finalement pour l’Orient le 12 avril 1714.
En Orient et Chine
Passage à Goa en septembre 1714 et arrivée à Macao le 10 juillet 1715. Il continue son voyage et entre à Pékin le 22 décembre. Presque aussitôt il est introduit par le père Matteo Ripa auprès de l’empereur Kangxi (1661-1722) et reçoit une charge comme ‘peintre de la Cour’. Les successeurs de Kangxi, Yongzheng (1723-1735) et Qianlong (1736-1797) lui garderont leur confiance. En fait Castiglione sera peintre de la cour durant ses 51 ans de vie en Chine ! Il y jouit sans interruption d’une grande considération et y reçoit des honneurs insignes, comme de pouvoir porter l’habit de fonctionnaire impérial. Après sa mort il reçut le titre de « Vice-ministre », c’est-à-dire fonctionnaire de premier rang.
L’artiste-peintre
- Il est possible que dans sa jeunesse Castiglione ait subi l’influence indirecte d’artistes flamands. On sait qu’un disciple de Pierre-Paul Rubens, Jan Roos (1591-1638) avait fondé un atelier à Gênes.
- Un strict respect de l’étiquette (jamais d’affront, ni de critique directe des conceptions chinoises) lui permet de s’assurer la collaboration des peintres de la cour impériale. Cette collaboration lui permet d’intégrer au mieux dans son art les approches orientale et occidentale. Il forme d’autres artistes jésuites à faire de même: Ferdinand Moggi, Jean-Denis Attiret et Ignace Sickelpart. Il a également des élèves chinois qui deviendront célèbres.
- Cette faculté de compromis artistique entre le réalisme occidentale et le spiritualisme de l’art chinois (éviter les ombres, adopter des motifs secondaires chinois) sont à la source de cette synthèse artistique qui le fit reconnaître par trois empereurs successifs comme le meilleur artiste de leur cour.
- L’œuvre la plus ancienne que l’on ait de lui est une peinture florale sur soie (1723) offerte à l’empereur Yongzheng lors de son avènement sur le trône. Il peint papillons, fleurs, arbres, animaux, de manière de plus en plus chinoise.
- Son œuvre monumentale (et la mieux connue) fut peinte en 1728 : les cent coursiers. Sur un rouleau de soie de huit mètres de long et un mètre de hauteur une centaine de chevaux, tous différents, sont représentés en des postures toutes diverses.
- Castiglione décore également deux églises de Pékin (il n’en reste rien) et les chapelles privées de certains riches convertis qui ne désirent pas pratiquer leur foi en public. Les faveurs dont il jouit à la cour alors que les chrétiens sont bannis de l’empire l’embarrassent. Il est d’ailleurs critiqué par ses confrères jésuites. Il tente plusieurs fois d’obtenir de Qianlong le rétablissement de la liberté religieuse, mais sans succès.
- En 1729 Castiglione fait traduire en chinois et publie l'œuvre de son maitre italien Andrea Pozzo : Perspectiva pictorum et architectorum. L'ouvrage eut du succès et fut réimprimé en 1735.
- Sous Qianlong, le plus artiste des trois empereurs qu’il connut, Castiglione devient également portraitiste: l’empereur et son épouse, ses concubines et enfants. Les chevaux impériaux préférés sont immortalisés (la série des Dix coursiers, en 1743). C’est l’époque également des grandes toiles décrivant des scènes de chasse (passe-temps préféré de l’empereur mandchou) ou de guerre. Les toiles sur soie sont grandes, mais l’approche est celle d’un miniaturiste : Castiglione soigne tous les détails.
L’architecte
- En 1747 Castiglione est nommé architecte et responsable de la conception d’un parc de 400 hectares et construction d’un nouveau palais impérial. Il est un peu probable que Qianlong ait été influencé dans cette décision par des gravures reçues de France, car à cette période il était en contact avec le roi Louis XV. Un autre frère jésuite, le français Michel Benoist, spécialiste en hydraulique, est mis à contribution pour la construction des fontaines et des jets d’eaux. Ce sera le fameux ancien palais d'été, ou Palais des délices de l’harmonie dont la constructions dura 10 ans (1747-1757) et qui sera détruit en 1861 par les troupes franco-britanniques lors de la Seconde guerre de l'opium.
Mort de l’artiste
Jusqu’à la fin de sa vie le frère jésuite sera mis à contribution par l’empereur Qianlong. Les dernières peintures sur soie que l’on connaisse de lui (contenant des chevaux) datent de 1762. Castiglione a alors 74 ans… Il s’éteint le 16 juillet 1766. Ses funérailles sont financées par l’empereur : un insigne honneur et expression de grande estime. À titre posthume il est nommé vice-ministre. Sa pierre tombale disparue lors de la profanation du cimetière chrétien de Zhalan (par les Boxers) fut retrouvée et remise là où elle avait été installée.
Bibliographie
- LOEHR, G.R.: Giuseppe Castiglione, pittore de corte, Roma, 1940.
- ZORATTO, B.: G. Castiglione: pittore italiano alla corte imperiale cinese, Fassano di Puglia, 1994.
- BEURDELEY; M.: Peintres Jésuites en Chine au XVIIIe siècle, Éditions Anthèse, Paris, 1997.
- CARTIER Michel (ed): Giusepe Castiglione dit Land Shining (1688-1766), Editions Favre, Lausanne, 2004.
- Michèle Pirazzoli-T’Serstevens, Giuseppe Castiglione (1688-1766) Peintre et architecte à la cour de Chine, Thalia Édition, Paris, 2007 Page consacrée à Giuseppe Castiglione
Notes
- M. Beurdeley, Peintres Jésuites en Chine, 1997.
Liens externes
- La plupart des œuvres de Castiglione se trouvent au National Palace Museum of Taipei (Taiwan)
- Palace Artist, a T.V. production on Giuseppe Castiglione (Mark Rowswell website)
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