Giovanni Desperati

Giovanni Desperati

Jean de Sperati

Jean de Sperati (né Giovanni Desperati en 1884 à Pise ou à Pistoia en Italie et mort le 27 avril 1957 à Aix-les-Bains en France) fut un faussaire italien qui exerça en France. Spécialisé dans la réalisation de faux timbres-poste de collection, il est considéré comme un des maîtres en la matière : ses créations sont recherchées et atteignent des prix respectables, mais bien inférieurs à ceux des timbres authentiques.

Sommaire

Biographie

Giovanni Desperati naît en Toscane d'un père comptable dans une usine. Sa mère et ses deux frères (dont un photographe) tiennent un commerce de timbres de collection, tous faux. L'entreprise est nommée la Borsa Filatelica Toscana. La fréquentation d'un cousin, ouvrier papetier, initie Giovanni à la connaissance du papier.

À la suite d'une perquisition de la police, la famille Desperati déménage rapidement à Lucca. Par la suite, elle vit à Pise et Turin avant d'émigrer en France et de s'installer à Paris.

C'est vers 1909 que Giovanni Desperati francise son identité en Jean de Sperati. Déjà engagé dans l'affaire de falsification familiale, il en devient un maître. Le marchand de timbres Jean Cividini lui commande une reproduction d'un timbre rare de la Côte de l'Or britannique et l'envoie à Max Their, un expert berlinois, qui le renvoie en le déclarant authentique. À partir de cette expérience, de Sperati crée des faux de timbres classiques à forte cote que ses commanditaires revendent en trompant les experts des maisons d'enchères d'Europe et les acheteurs.

La « philatélie d'art », comme Jean de Sperati nomme son activité, utilise principalement la phototypie (ou photocollographie) comme technique d'impression. Elle lui permet d'utiliser ses connaissances en photographie et en imprimerie et de reproduire autant la lithographie que la taille-douce. Il utilise parfois du papier authentique repris des bords de feuilles, voire en recyclant des timbres de faible valeur.

En 1930, pour rester discret, il emménage à Aix-les-Bains, en Savoie avec sa femme épousée en 1914 et sa fille née en 1924.

La Seconde Guerre mondiale lui amène un surcroît de commandes des marchands de timbres dont les clients achètent des timbres de forte valeur, plus facile à cacher que d'autres biens précieux. Cependant, de Sperati est contraint de se découvrir en 1942 quand un colis de faux timbres rares allemands envoyé à Lisbonne est saisi par les douanes françaises. Croyant les timbres authentiques, l'administration l'accuse de n'avoir pas déclaré leur valeur réelle et veut le faire condamner pour fraude fiscale via une tentative d'évasion fiscale. Il croit pouvoir se défendre en avouant que ce sont des faux, mais, dans un rapport d'expert du 4 janvier 1944[1], le criminologue Edmond Locard certifie l'authenticité et évalue le colis à 223 400 francs, bien plus que ce que croyaient les douanes.

Pour éviter la ruine que causerait l'amende, Jean de Sperati présente au tribunal les preuves de ses techniques. Le tribunal l'acquitte pour l'accusation de fraude fiscale et il s'en tire avec une amende pour avoir gêné le travail des douaniers. Cependant, après-guerre, en 1952, il est jugé pour la production de faux timbres de collection et condamné à deux ans de prison que son âge lui épargne. Il a été condamné pour escroquerie.

Collection

Les créations de Jean de Sperati sont collectionnées et vendues sur le marché philatélique en toute connaissance de cause.

Une partie provient de l'achat, en 1954, par la British Philatelic Association des épreuves, de son stock de timbres et de son matériel à de Sperati. Les épreuves étant déjà marquées par le faussaire, l'association britannique marque et numérote de manière visible les timbres. Le matériel est détruit. Après recensement et étude, les pièces sont vendues aux membres de la BPA et de la Royal Philatelic Society London. Parmi les pièces les plus recherchées, se trouvent les trois albums en cuir dans lesquels le faussaire présentait ses œuvres au client potentiel. Une de ses feuilles présentent les dix-huit timbres classiques qu'il affirma avoir créé avec le même matériel que la feuille de dix-huit qu'il avait dû présenter à Edmond Locard. Le dernier cahier conservé intact est acheté 31 200 livres sterling lors de la 9e vente dispersant la collection de Gawaine Baillie, organisée à Londres en janvier 2007.[2]

Œuvres

  • La Philatélie sans experts ?, 1946.
  • La Méthode complète de la Philatélie d'Art, livre resté à l'état d'épreuve sur papier pelure, tapé à la machine par Jean de Sperati lui-même. Il n'en existe que de très rares exemplaires et quelques copies à l'étranger.

Voir aussi

Sources

  • John Winchester, « Artistic licence », article publié dans Stamp Magazine n°73-5, daté mai 2007, pages 44-48.

Notes et références

  1. D'après l'épreuve « Les 18 vignettes historiques » créée par de Sperati pour ses trois cahiers.
  2. Richard Ashton, expert philatélique en chef de Sotheby's, « Sale of the century », publié dans Stamp Magazine n°73-4, pages 51.

Bibliographie complémentaire

  • Georges Bartoli, Jean de Sperati, le faussaire qui défia les experts, dossier paru dans Timbroscopie n°115, juillet-août 1994, pages 50-55,
  • Sperati : aujourd'hui, ses faux se collectionnent comme tels... , Timbroscopie n°116, septembre 1994, pages 50-55.
  • Lucette Blanc-Girardet, Jean de Sperati, l'homme qui copiait les timbres, Éd. Pachaft, 2003 (ISBN 2951969104). 128 pages, cartonné, avec de très nombreuses illustrations.

Cette biographie très complète qui a demandé six années de travail a été récompensée par un Prix d'Honneur, un Grand Prix et une médaille de vermeil à la 7e Exposition de Littérature Philatélique à Toronto en octobre 2005. C'est donc un ouvrage de référence complet et dont toutes les sources ont été vérifiées. Ceci permet d'avoir un autre regard que celui des "experts" sur cet homme, condamné par la justice, non pour contrefaçon, mais pour escroquerie envers les experts. Après le procès de Paris, les timbres lui ont été rendus par la Justice, preuve s'il en est qu'il n'a pas été condamné comme faussaire, sinon ils auraient été détruits. De plus, il n'a pas vendu son matériel à la British Philatelic Association.

Lien externe

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