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Alain Besançon
Pour les articles homonymes, voir Besançon (homonymie).Alain Besançon, né le 25 avril 1932 à Paris, est un historien français, membre de l'Institut, directeur d'études à l'EHESS, à l'Institut d'histoire sociale et à la Nouvelle Initiative Atlantique.
Sommaire
Carrière
Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, agrégé d’histoire, docteur en histoire et docteur ès lettres et sciences humaines, Alain Besançon a été professeur de l'enseignement secondaire au lycée de Montpellier, au lycée Carnot de Tunis puis au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine.
Il a été membre du Parti communiste français de 1951 à 1956. Son départ est lié à la révélation des crimes du stalinisme lors de la diffusion du rapport de Nikita Khrouchtchev. Il s’est senti « honteux » et « très en colère » d’avoir été trompé : « Ce fut alors que, comme historien apprenti, je décidai d’explorer l’histoire de la Russie et de l’URSS afin de mieux comprendre ce qui m’était arrivé. »[1] L’historien affirme ne pas comprendre le choix de ceux qui sont restés au PCF après 1956. Parmi ceux qui en sont partis, il établit une autre division entre « ceux qui ne se sont pas pardonnés », comme Annie Kriegel ou Emmanuel Le Roy Ladurie, « et ceux qui se sont pardonnés ». Alain Besançon est donc devenu soviétologue avec, toujours présent à l'esprit, le devoir de se repentir : « Tout ce temps que j’ai passé sur l’histoire russe et le communisme soviétique, à l’étudier et à l’analyser, j’espère qu’il me sera compté à pénitence ».
On peut rapprocher cette volonté de son intention de porter un jugement sur les faits historiques. Selon Alain Besançon, l’enquête historique « doit conserver son sens judiciaire. L’enquête aboutit au jugement quand toutes les pièces ont été consultées et exactement pesées. » Il ajoute que « le procès de l’histoire russe » « au tribunal de l’histoire » est une « cause capitale entre toutes »[2].Alain Besançon a mené sa thèse de doctorat sous la direction de Roger Portal. Il est devenu attaché de recherches au CNRS, de 1960 à 1964. La carrière universitaire d'Alain Besançon s'est poursuivie à l'EHESS comme maître-assistant (1965), puis sous-directeur (1969), enfin directeur d'études (depuis 1977). A l'étranger, il a enseigné dans de nombreuses institutions et universités aux États-Unis : Research Associate à l'Université de Columbia à New York (où il a reçu l'influence de Martin Malia), Visiting Professor à l'Université de Rochester à New York, Visiting Scholar au Wilson Center, Kennan Institute à Washington, à la Hoover Institution à Stanford (en 1983 et 1984), puis à l'Université de Princeton. En Grande-Bretagne, il a été Visiting Fellow au All Souls College à Oxford (1986).
Alain Besançon est membre du comité de rédaction des Cahiers du monde russe depuis leur fondation en 1961 et membre du conseil de rédaction de la revue Commentaire depuis 1986. Il a également été éditorialiste à L'Express de 1983 à 1988. Il publie régulièrement des articles dans Le Figaro. Il est membre, au sein de l'Institut de France, de l'Académie des sciences morales et politiques depuis le 11 décembre 1996, où il est actuellement dans la section Philosophie. Il s'est prononcé en faveur de l'intervention états-unienne en Irak mais souhaitait un relais diplomatique subséquent de l'Organisation des Nations unies.
Alain Besançon développe du communisme et du nazisme une analyse moins politique ou géopolitique que métaphysique et théologique : selon lui, le léninisme, source de tout système totalitaire, est une forme de gnose (Les Origines intellectuelles du léninisme, 1977). C'est dans la structure de la croyance totalitaire, et dans ses origines pseudo-chrétiennes - au premier rang desquelles le marcionisme - qu'il conviendrait de chercher la clé des énigmes bolchévique et hitlérienne.
S'ajoute à ses vastes centres d'intérêt une spécialité dans l'histoire du christianisme. Alain Besançon, lui-même catholique, étudie les résurgences d'hérésies anciennes dans l'Église contemporaine, ainsi que l'influence exercée sur la foi catholique par le socialisme et l'islam (Trois tentations dans l'Église, 1996). Au fil de son œuvre, il échafaude une approche méthodique, chrétienne et pluridisciplinaire du « Mal moderne » : dans son approche du totalitarisme, la tradition théologique vient épauler la recherche historique et la réflexion philosophique.
Il publie son premier roman, Émile et les menteurs, aux Éditions de Fallois. Entre Candide de Voltaire et Le Pigeon récalcitrant de Westlake, ce livre est à la fois un polar et un roman picaresque qui met en perspective l'actualité de manière prémonitoire. Choisissant de poser son décor dans le milieu de la banque, le héros ressemble par un pur hasard à Jérôme Kerviel, le désormais fameux trader de la Société générale[3].
Sources
- ↑ Toutes les citations sont extraites de l'autobiographie qui couvre les vingt-cinq premières années de sa vie : Une génération, p. 322-327.
- ↑ Préface à l’ouvrage de Marc Raeff, Comprendre l’ancien régime russe. État et société en Russie impériale, Paris, Ed. du Seuil, 1982, p. 14.
- ↑ Pierre Assouline, « Troublantes analogies », 1er mars 2008.
Ouvrages
- Le Tsarévitch immolé, 1967.
- Histoire et expérience du moi, 1971.
- Entretiens sur le Grand Siècle russe et ses prolongements (en collaboration), 1971.
- Éducation et société en Russie, 1974.
- L'Histoire psychanalytique, une anthologie, 1974.
- Être russe au XIXe siècle, 1974.
- Court traité de soviétologie à l'usage des autorités civiles, militaires et religieuses, 1976 (préface de Raymond Aron).
- Les Origines intellectuelles du léninisme, 1977.
- La Confusion des langues, 1978.
- Présent soviétique et passé russe, Livre de poche, Paris, 1980 (réédité : Hachette, Paris, 1986).
- Anatomie d'un spectre : l'économie politique du socialisme réel, Calmann-Lévy, Paris, 1981.
- Courrier Paris-Stanford (en collaboration), 1984.
- La Falsification du bien, Soloviev et Orwell, 1985.
- Une génération, Julliard, 1987.
- Vendredis, 1989.
- L'Image interdite, une histoire intellectuelle de l'iconoclasme, 1994.
- Trois tentations dans l'Église, 1996.
- Aux sources de l’iconoclasme moderne, 1998.
- Le Malheur du siècle : sur le communisme, le nazisme et l'unicité de la Shoah, Fayard, 1998, 166 p.
- Émile et les menteurs, 2008
Article connexe
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