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Vincent Geisser
Vincent Geisser, né le 15 janvier 1968 à Saint-Mandé[1], sociologue et politologue français, chargé de recherches au CNRS, chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM/CNRS), enseignant à l’Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence , est l'auteur de plusieurs essais.
Vincent Geisser propose de définir l'islamophobie comme une forme de racisme s'exprimant par des actes d’intolérance et de violence à l'égard des musulmans, notamment dans ses racines coloniales et les critères du malaise chez les autres membres des secteurs fragilisés de la société.
Vincent Geisser est aussi conférencier et intervient parfois à la télévision. Il est également directeur de la publication de la revue Migrations sociétés, éditée par le CIEMI (Paris).
Sommaire
Affaire Fonctionnaire Sécurité Défense / Vincent Geisser
Présentation des faits
Le 4 avril 2009, une étudiante en doctorat allocataire de recherche et chargée de cours à l'Université Toulouse III , a été licenciée pour cause de port de voile, après que la présidence de l'université lui a reproché « de ne pas se conformer au principe de neutralité exigé des agents publics »[2]. L'adjoint au Haut fonctionnaire de défense et de sécurité (HFDS) du CNRS aurait contribué à son éviction en juillet 2008 et aurait déclaré vouloir « régler » la question de l’interdiction du voile dans les laboratoires du CNRS[3].
Vincent Geisser prend parti en sa faveur et signe une pétition avec la mention CNRS. Le Fonctionnaire Sécurité Défense aurait mis en garde les chercheurs du centre de ne pas signer de pétitions avec la mention « CNRS »[4]. Une correspondance privée de Vincent Geisser, comparant le Fonctionnaire Sécurité Défense aux autorités de Vichy, est alors publiée sur un blog sans son autorisation, puis sur le site Oumma.com dont Vincent Geisser est un chroniqueur régulier.
« Le FSD [Haut fonctionnaire de défense et de sécurité, ndlr] est un idéologue qui traque les musulmans et leurs “amis”, comme à une certaine époque, on traquait les Juifs et les Justes. Le FD constitue des dossiers sécuritaires sur un nombre de chercheurs du CNRS afin de les faire sanctionner. Sa cible privilégiée ? Les chercheurs travaillant sur le monde arabe et musulman, mais aussi les chercheurs ayant des accointances avec l'islam[4]. » Le chercheur reconnaît aujourd'hui que c'est « peut-être un peu excessif »[5].
Vincent Geisser est alors convoqué le 29 juin devant un conseil de discipline au CNRS où il risque un blâme. Par ailleurs le Haut fonctionnaire de défense et de sécurité, Joseph Illand, a entrepris une poursuite pour diffamation à son encontre. Ce dernier, le 8 juin 2009, dans un entretien accordé au journal d'information sur le Web Rue89[5] fait un parallèle entre cette poursuite et d'autres dans des cas de négationnisme.
Selon Vincent Geisser, il s'agit « d'évincer ceux qui sont soupçonnés de faire partie d'un « lobby islamique » dès lors qu'ils expriment des opinions trop favorables aux musulmans ». Un autre chercheur, Olivier Roy, abonde dans ce sens et contredit l'hypothèse du conflit personnel en déclarant avoir reçu un mail du Fonctionnaire Sécurité Défense lui reprochant de mieux traiter l'islam que le christianisme[6].
Rappelant l'historique de ses relations avec le Fonctionnaire Défense, Vincent Geisser affirme avoir été surveillé par Joseph Illand au CNRS[7] depuis 2004. Durant toute cette période, ce dernier aurait été, selon ses dires, rappelé à l'ordre par rapport à ses recherches. Sur le site de média alternatif Indymedia, Vincent Geisser fait notamment mention de courriels lui reprochant ses positions qui montreraient sous un jour trop favorable l'Islam notamment dans sa critique de l'organisation Ni Putes Ni Soumises[4].
Le 16 juin, suite à une demande du service du Haut fonctionnaire de défense et de sécurité, le CNRS bloque l'accès [8] au blog de Thibaud Hulin, chercheur au CNRS, ayant évoqué dans un article[9] le différend entre Joseph Illand et Vincent Geisser. Le motif invoqué est celui d'une violation de la charte du CNRS qui mentionne que le chercheur « n’émettra pas d’opinions personnelles étrangères à son activité susceptibles de porter préjudice au CNRS ».
La commission de discipline n’a proposé aucune sanction pour Vincent Geisser le 30 juin 2009, grâce à l'opposition des 5 représentants syndicaux face aux 5 représentants de l'administration qui avaient voté pour « un avertissement (sans inscription au dossier) ». Selon le SNCS-FSU : « la volonté de la direction générale était de sanctionner ce chercheur par l’utilisation de tous les moyens à sa disposition. Elle a même tenté d’imposer une représentation non paritaire (8 représentants de l’administration contre 5 représentants des salariés). Ce verdict doit être considéré comme un succès. »[10]
Soutiens à Vincent Geisser
Le Collectif pour la sauvegarde de la liberté intellectuelle des chercheurs et enseignants-chercheurs de la fonction publique[11] est monté le 8 juin 2009 par des chercheurs pour soutenir Vincent Geisser par une pétition[11] destinée à Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Cette pétition a été notamment signée par Esther Benbassa (qui en est l'initiatrice), Etienne Balibar, Edgar Morin, Eric Fassin, Olivier Roy et Jérôme Valluy.
Selon eux, le fait que Vincent Geisser soit accusé de n’avoir pas respecté l'obligation de réserve est un prétexte employé pour le censurer. En effet, ils affirment que : « L’obligation de réserve ne peut en aucun cas valoir pour les intellectuels, y compris lorsqu’ils sont fonctionnaires. Les y soumettre revient purement et simplement à les faire disparaître comme intellectuels, c’est ruiner la liberté dont ils ont besoin pour continuer leur oeuvre salutaire, indispensable à la vie normale d’un pays politiquement sain, et qui a besoin d’eux pour son équilibre[11]. » Cette affaire serait, selon Thierry Leclère, journaliste à Télérama (et signataire de la pétition), « le signe d'un climat sécuritaire post-11 septembre qui aurait contaminé le milieu universitaire »[12].
Valérie Pécresse, dans une lettre datée du 10 juin 2009, répond aux pétitionnaires que la procédure en cours est à l'initiative uniquement de la direction de la CNRS et du Fonctionnaire Sécurité Défense, Joseph Illand, et que de ce fait elle ne peut s'exprimer sur le sujet[13]. Ce que le CNRS confirme affirmant que « c'est uniquement en raison de ces injures publiques que le CNRS saisit l'instance disciplinaire »[14].
Plusieurs organisations, notamment de chercheurs, soutiennent Vincent Geisser. Les associations de chercheurs sont le réseau scientifique TERRA, l'Association Française de Sociologie (AFS), l’Association des Sociologues Enseignants du Supérieur (ASES), l’Association des Enseignants et Chercheurs en Science Politique (AECSP), l’Association Française de Science Politique (AFSP). D'autres groupes tels que la section de la Ligue des Droits de l'Homme de l'EHESS et de Toulon, l'Union juive française pour la paix, Oumma.com et les Indigènes de la République[15] se sont associés à cette pétition [16].
Parmi les mouvements et partis politiques le Nouveau Parti Anticapitaliste, le Parti Communiste Français et les Verts ont également exprimé leur soutien au chercheur[17][18][19].
En réaction à la tribune d'Élisabeth Roudinesco, Esther Benbassa a publié une réponse dans le journal Libération[20] et Jérôme Valluy a diffusé une lettre ouverte à E. Roudinesco sur de multiples listes de diffusion universitaires[21] et sur le site du journal l'Humanité[22].
Opposants à Vincent Geisser
La revue Riposte Laïque défend l'idée selon laquelle Vincent Geisser a « monté une opération médiatique de toute pièce pour politiser un conflit privé et une faute professionnelle »[23]. Dans un autre article de la même revue, il est accusé d'être un « imposteur intellectuel et politique » qui utiliserait « l’alibi de la science pour faire passer une idéologie politique extrémiste » pour avoir mis en avant des discriminations spécifiques envers les maghrébins au sein du CNRS que l'auteur de l'article juge inexistantes[24].
Par ailleurs, Riposte Laïque s'oppose à l'idée du « racisme anti-musulmans » que Vincent Geisser décrit, et critique sa position jugée « pro-voile » en raison de son opposition à la Loi française sur les signes religieux dans les écoles publiques.
Le site Communutaurisme.net s'oppose à la thèse de Vincent Geisser[25] et l'accuse de complaisance avec le fondamentalisme. Il récuse également l'idée d'un racisme envers les musulmans en évoquant une islamophilie grandissante en France.
Caroline Fourest explique dans un article publié dans le journal Le Monde que Vincent Geisser se trouve du côté des défenseurs de l'islam radical et qu'il fournirait « des articles à des sites où l'on incite à la haine contre les esprits critiques »[26].
Pierre-André Taguieff, auteur de La nouvelle judéophobie auquel le titre du livre de Vincent Geisser La nouvelle islamophobie fait clairement référence, explique que pour lui « Vincent Geisser est devenu la référence commune du MRAP et des milieux islamistes de France »[27].
Dans une tribune parue dans Libération, Élisabeth Roudinesco, historienne, directrice de recherches à l’université de Paris-VII (GHS), enjoint à ne pas signer la pétition du Collectif pour la sauvegarde de la liberté intellectuelle des chercheurs et enseignants-chercheurs de la fonction publique en accusant Vincent Geisser d'être un « défenseur officiel en France de l’islamisme radical », un « insulteur » et un « anti-Voltaire »[28].
Publications
- Avec El Yamine Soum, Discriminer pour mieux régner. Enquête sur la diversité dans les partis politiques, éditions de l'Atelier, 2008 - ISBN 978-2-7082-4002-5
- Habib Bourguiba - La trace et l'héritage - ISBN 2845865066
- La nouvelle islamophobie - ISBN 2707140600
- Le syndrome autoritaire - Sociologie politique de la Tunisie - ISBN 2724608798
- Diplômés maghrébins, d'ici et d'ailleurs - Trajectoires sociales et itinéraires migratoires - ISBN 2271057809
- Ethnicité républicaine - les élites d'origine maghrébine dans le système politique français - ISBN 2724607325
- Avec Aziz Zemmouri Marianne et Allah - Les politiques français face à la "question musulmane" - ISBN 9782707149619
- Des "banlieues de L’Europe" aux banlieues de l’hexagone - Le triomphe de la doctrine de "l’humanisme sécuritaire" in Migrations Société - n°102.
Notes et références
- ↑ lettre ouverte de son père publiée sur idée-jour.fr 23 juin 2009
- ↑ Une doctorante licenciée pour port du voile islamique
- ↑ Site de soutien à Sabrina - Édito
- ↑ a , b et c Témoignage de Vincent Geisser
- ↑ a et b « Un chercheur menacé de sanctions : bronca au CNRS », Rue89, 8 juin 2009.
- ↑ [pdf] Témoignage d'Olivier Roy, directeur de recherche au CNRS.
- ↑ CNRS: un chercheur surveillé pour sa vision de l'islam?
- ↑ Censure de mon blog (blog de Thibaud Hulin)
- ↑ Contrôle de l'information au CNRS (blog de Thibaud Hulin)
- ↑ Affaire Vincent Geisser : communiqué de presse du SNCS-FSU du 30 juin 2009
- ↑ a , b et c Collectif pour la sauvegarde de la liberté intellectuelle des chercheurs et enseignants-chercheurs de la fonction publique
- ↑ « Vincent Geisser, un spécialiste de l’islam sous haute surveillance », Télérama, 23 juin 2006.
- ↑ [pdf] Réponse de Valérie Pécresse
- ↑ Le CNRS convoque un de ses chercheurs devant la commission administrative paritaire
- ↑ http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_article=584
- ↑ Lettre ouverte à Mme Valérie Pécresse
- ↑ http://www.npa2009.org/content/communiqu%C3%A9-du-npa-pour-la-libert%C3%A9-intellectuelle-des-chercheurs
- ↑ http://www.parisduvivreensemble.org/PETITION/PCF.pdf
- ↑ http://www.lesverts.fr/article.php3?id_article=4697
- ↑ E. Benbassa, « L’affaire Geisser agite les universitaires », Libération, 29 juin 2009.
- ↑ Voir le texte par exemple dans les archives de Diffparis1, liste interne à l'Université Paris 1
- ↑ L'Humanité.fr, 1er juillet 2009
- ↑ Le chercheur provoile Vincent Geisser, victime ou manipulateur ?
- ↑ Vincent Geisser, imposteur intellectuel et politique
- ↑ Observatoire du Communautarisme : Vincent Geisser et la "nouvelle islamophobie"
- ↑ « L'"Islam light" selon Vincent Geisser » par Caroline Fourest, Le Monde, 19 juin 2009.
- ↑ * in. Prêcheurs de haine. Traversée de la judéophobie planétaire, Paris, Mille et une Nuits, « Essai », 2004. (ISBN 2842057201), p. 330.
- ↑ « Geisser : une pétition à l’aveuglette », Libération, 25 juin 2009
Liens externes
- Page professionnelle de Vincent Geisser sur le site de l'IREMAM]
- Diplômés maghrébins d'ici et d'ailleurs. Trajectoires sociales et itinéraires migratoires (page de l'éditeur du livre de Vincent Geisser).
- La nouvelle islamophobie (page de l'éditeur du livre de Vincent Geisser).
- interview du fonctionnaire sécurité défense (article liberation).
- L'honneur d'un ingénieur-général (article Le Monde).
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