- Al Adl Wal Ihsane
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Al Adl Wal Ihsane (arabe : العدل و الإحسان, littéralement: Justice et bienfaisance) est un mouvement islamiste marocain créé en 1973 par Abdessalam Yassine, dont le porte-parole est Fathallah Arsalan, il n'est pas légal mais juste toléré par les autorités[1],[2]. Yassine, un ancien inspecteur dans l'éducation nationale marocaine fut initialement membre de la Zaouiya al Boutchichia une confrérie Soufie qu'il quitta après en avoir déploré l'évolution et aussi parce qu'il fut écarté de la succession à la fonction de chef de confrérie après la mort de ce dernier au profit de son fils. Yassine fut fortement influencé à ses débuts par la pensée de Sayyid Qutb, il considère que la Maroc vit dans la Jahiliya[3] mot signifiant ignorance et paganisme, terme donné à la période précédant l'apparition de l'islam. Il considère qu'un État basé sur les lois humaines et non divines issues du Coran est un État impie[réf. nécessaire], il prône comme alternative un État basé sur la charia[réf. nécessaire] et un retour vers un islam fondamentaliste ainsi que le califat comme moyen ultime de gouvernance. Après l'avènement de la révolution Iranienne et l'arrivée de Khomeini au pouvoir, Yassine se mit également à prôner pour le Maroc un système politique inspiré du Velayat-e faqih[réf. nécessaire] Iranien. Sa fille Nadia Yassine a déclaré que le meilleur système politique pour le Maroc était une république, déclaration pour laquelle elle a eu un procès, ce procès a néanmoins été reporté sine die.
Contrairement au Parti de la justice et du développement (PJD) qui demeure légaliste, Al Adl Wal Ihsane s'oppose à l'article de la constitution marocaine que stipule que le roi est également amir al mouminine (« commandeur des croyants »). Al Adl Wal Ihsane a pour but l'instauration du califat, mais en cela Al Adl Wal Ihsane s'oppose à l'usage de la violence, un État appliquant la justice et redistribuant les richesses du pays au peuple marocain, un État islamique appliquant la charia et bâti sur le modèle de l'État instauré par le prophète de l'islam Mahomet.
Parcours
Abdessalam Yassine est né en 1928. Son père, un paysan pauvre, appartenait à la famille des "Ait-Bihi", il se proclame berbère idrisside originaire de la contrée d'"Oullouz" dans le Souss (sud du Maroc).
Il effectua ses études primaires dans une école fondée à Marrakech par Mohamed Mokhtar Soussi. Après quatre années d'études, il obtient le diplôme de l'institut Ibn Youssef.
Il termine ses études à l'école de formation des instituteurs de Rabat en 1947, puis exerce dans l'éducation nationale, durant vingt ans, il fut amené à représenter le Maroc dans de nombreuses rencontres pédagogiques internationales.
En 1968, il a fut démis de ses fonctions sans aucune décision administrative, il fut mis à la retraite en 1987.
Expérience soufie
En 1965 il intègre la confrérie soufie Zaouiya al Boutchichia où il accompagne le cheikh Hadj El Abbas, après sa mort Abdessalam Yassine quittera la confrérie et fondera quelques années plus tard le mouvement "Justice et Spiritualité".
La lettre à Hassan II et la naissance du mouvement
1974 : Abdessalam Yassine donne un conseil au roi Hassan II sous forme d'une lettre de plus d'une centaine de pages intitulée "L'islam ou le déluge", et pour laquelle il a été emprisonné sans jugement pendant trois ans et six mois.
Cette démarche très audacieuse à l'époque, lui vaut d'être interné dans un asile psychiatrique, il fut ensuite mis en prison, et enfin en résidence surveillée à la fin du règne du monarque.
Yassine fut totalement libre de ses mouvements à l'avènement du règne de Mohammed VI, il reprit une action politique très intense, multipliant les déplacements et les meetings non autorisés[réf. nécessaire]. Il envoya également un nouveau mémorandum À qui de droit très véhément au nouveau roi, Mémorandum qui fut ignorée et n'entraîna pas de conséquences judiciaires pour lui.
Ce Mémorandums s'inscrivent dans le cadre de l'idéologie de Yassine, qui prétend s'ériger en autorité morale et religieuse ultime[réf. nécessaire] au Maroc à l'exemple de son modèle Khomeini en instituant une réplique de Velayat-e faqih de la République islamique d'Iran au Maroc.
1981- 1983 : Il fonde une "Jamaa Islamia " (mouvement islamiste) ; mais malgré la diversification des noms qu'il lui donne, d'"Ousrat Al Jamaa " à l'" Association de la Jamaa " en passant par " Al Jamaa Al khairira " (l'association de bienfaisance), elle ne sera jamais reconnue par les autorités.
Septembre 1987 : " Al Jamaa Al khairira " prend le nom de "Al Adl Wal Ihsane " (Justice et spiritualité, ou, Justice et bienfaisance), sous la direction de M. Abdessalam Yassine.
Importance réelle du mouvement
Suite à une descente de la police en mai 2006 dans les locaux de[4] et la saisie du matériel informatique ainsi que du fichier des adhérents, il s'est avéré que le mouvement comptait à peu près 100 000 membres actifs avec probablement 25 000 sympathisants non membres. Néanmoins, il reste très difficile de connaître l'impact réel de l'association et l'importance de la diffusion de ses idées dans les différentes couches de la société marocaine. L'association surfe néanmoins sur le mécontentement généré par les difficultés économiques, les grandes disparités au sein de la société, sur l'omniprésence de la corruption, et surtout sur l'islamisation galopante de la société marocaine.
La répression contre le mouvement
Al Adl Wal Ihsane connaît des vagues d'arrestations et d'intimidations, les forces de l'ordre mènent de vastes opérations policières contre Al Adl Wal Ihsane à travers tout le Maroc. Cette répression s'est intensifiée suite aux journées « portes ouvertes » organisées par le mouvement, pour se faire connaître du grand public.
Prosélytisme
Le mouvement est très actif dans les universités où il pratique un prosélytisme très actif, ses membres se distinguent également par une grande agressivité et intolérance[réf. nécessaire] envers les étudiants qui ne partagent pas leurs idées et en particulier contre les étudiants de gauche. Il est fréquent qu'ils perturbent ou interdisent totalement des manifestations culturelles sous prétexte qu'elles sont contraires à l'Islam[réf. nécessaire]. Ils ont totalement noyauté le plus grand syndicat étudiant : l'Union nationale des étudiants du Maroc[5](UNEM) qui était à l'origine un mouvement de gauche proche de l'Union socialiste des forces populaires puis des mouvements Marxistes Léninistes comme Ila Al Amame et 3 mars. En tant qu'ancien inspecteur de l'enseignement, Abdesslame Yassine a toujours considéré l'université comme un lieu stratégique pour diffuser ses idées et convertir à partir de là progressivement l'ensemble de la société marocaine en l'éduquant.
Ces dernières années le mouvement a commencé à recruter en Europe et aux États-Unis, au sein des communautés de la diaspora marocaine, où il dispose de solides relais. Il a également noué des liens très étroits avec divers organisations islamistes[réf. nécessaire] au Moyen-Orient notamment en Égypte en Jordanie et au Soudan.
Culte de la personnalité autour de Abdesslame Yassine
L'association a été critiquée pour être entièrement centrée autour de la personnalité de son leader charismatique et de pratiquer un culte de la personnalité très actif à son égard. L'association tient fréquemment des réunions où Yassine parle à ses disciples de ses rêves : roûyia, il affirme y voir le prophète, ses disciples aiment les interpréter sous un jour très favorable au mouvement.
L'un des derniers rêves en date est celui où Yassine aurait vu la Qawama[réf. nécessaire] (terme arabe pouvant être traduit par révolution) pour l'année 2006. Ne voyant rien venir pour cette année, il a opportunément eu un rêve correctif qui dit que ce serait finalement pour l'année prochaine[réf. nécessaire].
Nadia Yassine
Porte-parole du mouvement et aussi fille du leader, Nadia Yassine se démarque des autres dirigeants par ses capacités oratoires, son bilinguisme et sa médiatisation par la presse marocaine. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire arabophone « Al Oussbouia al Oukhra », Nadia Yassine s'est déclarée ouvertement républicaine affirmant que la monarchie ne convenait pas au Maroc et que sa fin était proche, ce qui a fait réagir les autorités marocaines en la convoquant au tribunal de première instance de Rabat. Son procès est en cours.
Idéologie
Même si elle n'est pas formulée clairement, l'idéologie du mouvement diffère substantiellement de celle des autres mouvements de courant religieux; Islam et le discours est également critique envers le pouvoir en place. Le projet politique est l'instauration d'un État civil Modèle:Référence www.aljamaa.net/fr/document/3284.shtml,
Une autre idée forte de Yassine est de moderniser l'islam il a écrit un livre sur ce sujet qui est devenu l'un des ouvrages de référence du mouvement.
Le mouvement est non violent et affirme vouloir changer la société marocaine par l'éducation et non par la contrainte. C'est d'ailleurs la grande crainte des autorités, en effet Yassine approche les 80 ans et souffre de problèmes respiratoires dus à une tuberculose[réf. nécessaire] mal soignée, sa disparition éventuelle serait regrettable mais la continuité de ce mouvement semble assuré{{{{Référence www.aljamaa.net/fr/document/3011.shtml}}}}.
Impasse politique
Al Adl Wal Ihssane se dit un mouvement non violent, mais il rejette le système politique marocain tel qu'il est actuellement et en particulier le fait que le roi soit également chef religieux ou Amir Al Mouminine selon la constitution[6]. Or lui ne propose pas d'alternative économique claire, ce qui constitue une sérieuse contradiction. En plus, aucune dégradation de la situation économique et sociale ne semble se profiler à l'horizon. Malgré les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, le régime ne semble pas près de s'écrouler et reste au contraire d'une grande stabilité et la situation économique et sociale s'améliore certes lentement, le régime a aussi essayé de solder les comptes avec le passé en particulier en mettant en place l'instance équité et réconciliation pour faire la lumière sur les crimes et atteintes aux droits de l'homme commis durant le règne du roi défunt Hassan II. Dans ce contexte, la grande crainte du mouvement est que le parti islamiste légaliste le Parti de la justice et du développement ne rafle toutes les voix islamistes et finisse par le marginaliser. Certains cadres du mouvement s'impatientent et voudraient rentrer dans le jeu politique afin de sortir de l'impasse[7]. C'est probablement pour faire patienter ses troupes et leur donner une perspective que Yassine a parlé de son rêve prémonitoire annonçant la Qawama[réf. nécessaire] (ou soulèvement pour cette année).
Durant l'année 2006 et suite au rêve de Yassine prédisant la qawama ou révolution pour l'année en cours, l'association a multiplié les provocations envers le pouvoir en organisant notamment des meetings non autorisés[réf. nécessaire], le but étant de pousser le pouvoir à la faute afin d'entraîner des troubles conduisant en quelque sorte à une prédiction autoréalisatrice.
Récent tournant idéologique
Depuis la printemps arabe et le discours du 9 mars du roi Mohammed VI sur le changement de la constitution, un tournant idéologique semble s'opérer au sein du mouvement, en effet sur le site de l’association islamiste marocaine, on peut lire : Nous appelons à la mise en place d'un État civil moderne sans droit divin et là où personne ne peut prétendre à la sacralité et où personne n’a de délégation divine. Un État où le peuple aura la souveraineté, son pouvoir selon ses croyances et ses choix.
Fathallah Arsalane porte parole du mouvement, nuance la position du mouvement dans le journal Akhbar Al yaoum (édition du 25 mars 2011) en expliquant que : notre conception de l’État civil n’est pas issue d’une conception laïque de l’État. Elle tire son origine de la nécessité de garantir le droit des minorités, la séparation des pouvoirs, l’alternance pacifique du pouvoir, l’attachement au dialogue
Nadia Yassine, la fille d'Abdeslam Yassine a récemment déclaré au journal en ligne fr.lakome.com nous sommes plus proche du modèle turc et que le modèle de Wilayat al FAqih était dépassé[8]
Représentation en Europe
Le mouvement compte des adeptes en France, Belgique et Pays-Bas et trouve un début d'insertion aux États-Unis. Nadia Yassine donne régulièrement des conférences en Europe.
Références
- http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110208120904/
- http://www.monde-diplomatique.fr/2011/04/DALLE/20380
- http://www.aljamaa.net/fr/document/163.shtml
- http://www.telquel-online.com/234/couverture_234_1.shtml
- http://www.telquel-online.com/251/maroc2_251.shtml,
- D'après le mouvement la dégradation de la situation économique et sociale sera bientôt telle que le pouvoir lui tombera dans la main
- quelques-uns sont même partis
- http://fr.lakome.com/politique/42-actualites-politique/241-al-adl-wal-ihssane-plaide-un-qetat-civilq.html
Liens externes
- Site officiel de l'association ce site est parfois censuré au Maroc
- Site officiel en français
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