- Gaius Asinius Pollio
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Gaius Asinius Pollio (Asinius Pollion) (76 av. J.-C. - 4 ap. J.-C.) est un homme politique de la fin de la République romaine et du règne d'Auguste, orateur, historien et poète, membre de la gens plébienne des Asinii. Il est l'ami du poète Catulle. L'historien romain Velleius Paterculus le met au nombre des esprits les plus distingués de son époque[1], et Valère-Maxime le cite comme assez bel exemple d'une robuste vieillesse[2].
Sommaire
Vie politique
Partisan, et ami personnel de Jules César pendant la guerre civile, il occupe en 49 av. J.-C. Messine avec une armée[3] et participe à l'expédition de Curion en Sicile puis en Afrique contre les partisans de Pompée. Il échappe au désastre qui vit le massacre de Curion et de la plupart de ses troupes[4]. Il accompagne César dans ses campagnes suivantes, en Macédoine où il prend part à la bataille de Pharsale[5], en Afrique et en Espagne contre Sextus Pompée[6].
Après la mort de César, il soutient Marc Antoine, se maintient en Vénétie avec deux légions[7], obtient par ses promesses le ralliement de la flotte républicaine de Domitius après la mort de Brutus et rejoint Antoine avec sept légions. Mais après la paix de Brindes, il reste en Italie, et abandonne le parti d'Antoine lorsque celui-ci se lie à Cléopâtre[8].
Il exerce le consulat en 40 av. J.-C. en compagnie de Gnaeus Domitius Calvinus[9]. Durant son consulat, il fit campagne en Dalmatie et s'empara de Salone tenue par des Dalmates révoltés, succès qui lui valut le triomphe.
Il se déclare neutre lorsque Octave le prie de se joindre à lui avant la bataille d'Actium, en raison des services qu'il a rendus à Antoine, et des bienfaits qu'il a reçus en retour[10].
Il resta attaché aux institutions de la République romaine, de telle sorte que son indépendance dans ses manières et ses paroles était proverbiale sous le Principat d'Auguste.
Vie littéraire et artistique
Pollion se retira de la vie politique en 40 av. J.-C. pour se consacrer à l'activité littéraire. Cet ancien ami de Catulle et membre de son cercle littéraire anime à son tour un cercle d’amateurs cultivés, protège des auteurs comme Virgile et Horace et contribue ainsi avec les cercles de Mécène et Messala Corvinus à la fertile période littéraire lors du second triumvirat et les premières années du règne d’Auguste[11]. Il prend part aux grands travaux de rénovation entrepris à Rome sous Auguste, en assurant la réfection du parvis du temple de la Liberté, et en créant de la première bibliothèque publique, sur l’Aventin[12] en 38 av. J.-C. : voir bibliothèque d'Asinius Pollion. Il y expose ses collections d'art, riches de nombreuses statues grecques[13].
Son art oratoire et littéraire fut apprécié, et Sénèque le place au niveau de Cicéron, malgré ses différences de style : « style rocailleux et sautillant, qui laisse l'oreille au dépourvu où l'on y pense le moins. Cicéron n'a que d'heureuses désinences; chez Pollion tout est cascade, sauf quelques phrases bien rares sorties d'un moule convenu et d'une structure uniforme »[14].
Suétone rapporte que Asinius Pollion se lia d’amitié avec le célèbre grammairien Atteius Pretextat, qui lui suggéra d’écrire une histoire abrégée de Rome[15].
Ses œuvres : Histoire de la guerre civile en 27 livres, des tragédies, un livre contre Salluste, sont toutes perdues pour la postérité (des fragments subsistent, notamment par l'intermédiaire de Cicéron avec qui il correspondait).
Ses écrits historiques
Son histoire retraçait la vision d'un républicain pessimiste sur les événements de la guerre civile. Il semble avoir débuté sa narration au moment du premier triumvirat conclu entre Pompée, Crassus,et César, pour l'achever à la bataille de Philippes qui scella le naufrage des institutions républicaines à Rome. Il ne traite donc pas la fin des guerres civiles, ce que Paul Petit interprète comme une attitude de prudence pour ne pas aborder une période politiquement délicate à traiter par un ancien partisan d'Antoine[11]. Selon Emilio Gabba, l'historien postérieur Appien se serait beaucoup inspiré de Asinius Pollion pour ses Guerres civiles, qui présentent l’action d’Antoine sous un angle moins hostile que l’historigraphie purement augustéenne[16]
Cette histoire comportait plusieurs livres, car Valère-Maxime en cite le troisième livre, à propos d'un prince Arganthonius de Gadès qui aurait vécu 130 ans et régné 80 ans[2].
Tacite souligne son objectivité « Les œuvres d'Asinius Pollion aussi nous transmettent d'eux (Note : les adversaires de César, dont Pollion était partisan ) un souvenir d'exception »[17]. Suétone le cite comme source pour sa vie de César[18]. Plutarque se base sur son histoire pour le bilan de la bataille de Pharsale[5].
Ses critiques littéraires
Pollion formula des critiques à l'encontre des historiens romains dont il était contemporain, Albert Paul (1827-1880) le qualifie même de « détracteur de toutes les gloires »[19].
Ainsi Suétone rapporte dans la vie de César le jugement sévère de Pollion sur l'exactitude des Commentaires rédigés par Jules César[20] . (cf l'article Commentaires sur la Guerre civile).
Pollion condamnait aussi le style de l'historien Salluste et ses archaïsmes de langage[15]. Aulu-Gelle prit la défense de Salluste, et réfuta des arguments d’Asinius Pollion, comme le reproche d’avoir utilisé transgressus pour transfretatio pour parler d’une troupe traversant un détroit[21].Pollion critiqua plus encore les manières très rhétoriques - selon lui - de la narration de Tite-Live. Selon Albert Paul, « l'accusation de patavinité dirigée contre lui par Asinius Pollion, on se demande encore aujourd'hui ce qu'elle signifie. Suivant les uns, elle faisait allusion à la partialité de Tite-Live pour les Padouans, ou bien à son pompéianisme ; suivant d'autres, ce serait un défaut de style, des taches de provincialisme. Avouons humblement que la patavinité de Tite-Live nous échappe, ou ayons le courage de déclarer avec M. Daunou qu'Asinius Pollion n'a dit qu'une sottise : on sait d'ailleurs, ajoute-t-il, qu'il en a débité beaucoup d'autres »[22].
Selon Pline l'Ancien, Pollion prépara des discours contre Lucius Munatius Plancus, qu'il comptait faire publier après la mort de Plancus pour que celui-ci ne puisse répondre. Mis au courant du projet, Plancus aurait rétorqué « Il n'y a que les vers qui fassent la guerre aux morts »[23].
Annexes
Précédé par : En fonction : Suivi par : P. Servilius Vatia II et L. Antonius Pietas
(41 av. J.-C.)G. Asinius Pollio avec Gn. Domitius Calvinus II
L. Cornelius Balbus et P. Canidius Crassus (suffects) (40 av. J.-C.)G. Calvisius Sabinus et L. Marcius Censorinus
G. Cocceius Balbus et P. Alfenus Varus (suffects) (39 av. J.-C.)Notes et références
- Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 36
- Valère-Maxime, Actions et paroles mémorables, livre VIII, chapitre XIII De la vieillesse
- Plutarque, Vie de Caton, 53
- Appien, 2, 45
- Plutarque, Vie de Pompée, 77
- Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 73
- Appien, Guerres civiles, III, 46
- Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 63; 76
- Flavius Josèphe, Antiquités juives, livre XIV, 14, 5
- Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 86
- Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, 1974, (ISBN 2020026775), pp 61, 63
- Suétone, Vie des douze Césars, Auguste, 29
- Pline l'Ancien, Histoires naturelles, XXXVI, 4
- Sénèque, Lettres à Lucilius, lettre 100, jugement sur les écrits du philosophe Fabianus
- Suétone, Grammairiens illustres, X
- Emilio Gaba, Appiano e la storia delle guerre civili, Florence, 1958
- Tacite, Annales, livre IV, 34
- Suétone, Vie de César, 30 ; 55
- Albert Paul (1827-1880), Histoire de la littérature romaine, livre II, chapitre V, VII
- Suétone, Vie des douze Césars, César, 56
- Aulu-Gelle, Nuits Attiques, 26
- Albert Paul (1827-1880), Histoire de la littérature romaine, livre III, chapitre IV
- Pline l'Ancien, Histoires naturelles, livre I, 24
Sources anciennes
concernant son ouvrage historique :
- Sénèque le Rhéteur Suasoriae à Cicéron
les auteurs anciens qui se sont inspirés de son oeuvre :
- Appien Les guerres civiles Livre 1
Bibliographie
- Victor Cucheval, Histoire de l’éloquence romaine, 1893, chapitre 5, [1]
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