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Gabrielle d'Estrées
Pour les articles homonymes, voir Estrées.Gabrielle d'Estrées Portrait de Gabrielle d'Estrées (musée Condé, Chantilly)Naissance Entre 1570 et 1573
Cœuvres-et-ValseryDécès 1599
ParisNationalité Française Ascendants Antoine IV d'Estrées, marquis de Coeuvres et Françoise Babou de La Bourdaisière Conjoint(s) Concubine d'Henri IV Enfant(s) César, Catherine-Henriette et Alexandre avec Henri IV Gabrielle d'Estrées (née au château de la Bourdaisière ou au château de Coeuvres probablement entre 1570 et 1573, décédée à Paris dans la nuit du 9 au 10 avril 1599) est devenue la maîtresse et favorite d’Henri IV en 1591.
Elle était la fille d'Antoine d'Estrées, Baron de Boulonnois, Vicomte de Soissons et Bersy, Marquis de Coeuvres, gouverneur de l'Île-de-France (Grand-maître de l'artillerie sur une très courte période) et de Françoise Babou de La Bourdaisière.
Sommaire
Portrait
Gabrielle d’Estrées, la « presque reine », « blonde, dorée, d’une taille admirable, d’un teint d’une blancheur éclatante » (Mademoiselle de Guise), « blonde aux yeux bleus, aux sourcils admirablement dessinés, avenante et potelée » (François Bluche), « belle mignonne un peu fade et sans trop d’esprit » (Jean-Pierre Babelon), a, du fait même de son destin tragique dans lequel certains ont voulu voir un empoisonnement voire la main du démon, fasciné tant ses contemporains que la postérité. Ainsi Agrippa d’Aubigné, pourtant généralement avare de compliments, salua en elle celle qui poussa le roi à rédiger et signer l’édit de Nantes : « C’est une merveille, comment cette femme de laquelle l’extrême beauté ne sentait rien de lascif, a pu vivre en reine plutôt qu’en concubine tant d’années et avec si peu d’ennemis. Les nécessités de l’État furent ses seules ennemies ».
Jules Michelet, qui avait examiné son portrait au crayon par Daniel Dumonstier au cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France, la décrivit ainsi : « Elle est étonnemment blanche et délicate, imperceptiblement rosée. L’œil a une indécision, une "vaghezza" qui dut ravir et qui pourtant ne rassure pas[1]. »
Biographie
Le 18 juin 1590, le siège de Paris s'étirant en longueur, Roger de Bellegarde, grand écuyer de France, veut présenter sa maîtresse Gabrielle d'Estrées au roi, ils partent tous deux au château de Cœuvres qu'habitait Gabrielle (son père, Antoine d'Estrées, était marquis de Cœuvres), Henri IV conçoit pour elle une vive passion. Gabrielle lui résiste plus de six mois, mais finit par lui céder le 20 janvier 1591 au siège de Chartres. Il la marie par souci des conventions (à Nicolas Damerval de Liancourt), puis demande à ce que le couple divorce pour la rendre libre, l'appelle à la cour, crée pour elle le duché de Beaufort et comble d'honneurs tous ses parents. Elle reçoit de Henri IV les titres de marquise de Montceaux, puis de duchesse de Beaufort. Au château de Montceaux, à Montceaux-lès-Meaux (Seine-et-Marne), elle construit de nouveaux bâtiments, notamment les quatre pavillons d'angle.
Le projet de mariage qu'entretenait Gabrielle d'Estrées avec Henri IV, était empêché par le Pape Clément VIII plutôt hostile à la répudiation de Marguerite de Valois, épouse du roi depuis 1572. Cette dernière s'y opposait également, même si elle était séparée du roi de longue date. Sachant que cette décision entraînerait le mariage d'Henri IV avec la belle Gabrielle, au passé sulfureux, et dont la liaison adultère avait déjà produit trois enfants, le Saint-Siège s'inquiétait des possibles problèmes de succession qui pourraient se présenter entre la descendance adultérine, que le Pape aurait dû légitimer sans trop savoir comment, et celle issue du futur mariage du roi. La crédibilité de la monarchie se voyait aussi sérieusement mise à mal dans cette affaire.
La mort surprenante de la favorite du roi mit un terme au problème. Enceinte de quatre mois du quatrième enfant d'Henri IV, elle fut prise de terribles convulsions dans la nuit du 9 au 10 avril 1599, après avoir copieusement dîné chez le financier Sébastien Zamet (il est parfois fait allusion à une citronnade bue par Gabrielle). On soupçonna qu'elle fut empoisonnée. Mais l'hypothèse la plus probable est qu'elle eût été victime d'apoplexie foudroyante ou d'éclampsie puerpérale[2]. Contre toute vraisemblance, certains affirmèrent qu'elle avait été étranglée par le Diable[3] tant son agonie fut terrible et son apparence physique épouvantable. Les témoins racontent que son visage révulsé noircit pour la rendre totalement méconnaissable. Son aspect était tel que l'on arrêta le roi à Villejuif alors qu'il accourait pour la voir de Fontainebleau, où il séjournait, afin de lui éviter un spectacle si horrible. Ses obsèques furent célébrées dans l'Église Saint-Germain-l'Auxerrois avec les honneurs liés à son rang. Elle fut enterrée dans le chœur de l'église de l'Abbaye de Maubuisson, dirigée par sa sœur Angélique d’Estrées.
Après sa mort, Henri IV racheta le domaine à ses héritiers et l'offrit à Marie de Médicis à l'occasion de la naissance de Louis XIII.
Elle avait eu de Henri IV, entre autres enfants, César, chef de la maison de Vendôme.
Regards des contemporains
Au lendemain de sa mort, Henri IV écrivit : « Mon affliction est aussi incomparable que l'était le sujet qui me la donne. Les regrets et les plaintes m'accompagneront jusqu'au tombeau. La racine de mon cœur est morte et ne rejettera plus... »
La belle Gabrielle eut droit à des funérailles royales. Le roi porta le deuil en s'habillant tout de noir, ce qu'aucun monarque français n'avait encore jamais fait.
Enfants
Henri IV et Gabrielle d'Estrées eurent :
- César (7 juin 1594 à Coucy –1665), duc de Vendôme marié en 1609 à Françoise de Lorraine-Mercoeur;
- Catherine Henriette (11 novembre 1596 à Rouen –1663), dite « Mademoiselle de Vendôme », mariée à Charles II de Lorraine, duc d'Elbeuf et comte d'Harcourt ;
- Alexandre (19 avril 1598 à Nantes –1629), dit le « Chevalier de Vendôme ».
Voir aussi
Pour Antoine d'Estrées, père de Gabrièle et pour son château : Cœuvres-et-Valsery
Bibliographie
- Mézeray, Abrégé chronologique de l'Histoire de France, Paris, 1717.
- Maximilien de Béthune Sully, Mémoires du duc de Sully, Chez Etienne Ledoux, Paris, 1828.
- « Gabrielle d'Estrées », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)
- Wolfram Fleischhauer, Die Purpurlinie, Stuttgart, 1996. (traduction française: La ligne pourpre, Paris, JC Lattès, 2005). Ouvrage semi-académique en forme de roman sur la vie de Gabrielle d'Estrées.
Notes et références
- ↑ Jean-Pierre Babelon, Henri IV, Fayard, 1982, p. 628-629.
- ↑ Jean-Pierre Babelon, op. cit., p. 665.
- ↑ Roland Villeneuve, Dictionnaire du Diable, Pierre Bordas & Fils.
Lien interne
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Liens externes
- Sur Gabrielle d’Estrées par Louis-Pierre Anquetil
- La mort de Gabrielle d'Estrées par Jules Loiseleur, dans la Revue historique de janvier 1872, tome 11, sur le site de Gallica (La mort de Gabrielle d'Estrées fut-elle le résultat d'un crime ?)
- À propos des différents portraits peints de Gabrielle d'Estrées, sur la Boîte à Images
- Critique du tableau
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