- François Abgrall
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François Abgrall est un écrivain et poète français né en Bretagne à Botmeur en 1906 et mort d'une tuberculose en 1930. Il fut journaliste au Pays Breton, à La Dépêche de Brest et de l'Ouest et à Ouest-Eclair avant de devenir écrivain, décrivant les Monts d'Arrée et le marais du Yeun Elez ainsi que la vie paysanne du début du XXe siècle.
Sommaire
Biographie
François (Fanch) Abgrall est né le 24 mai 1906 dans une chaumière du village du Kreisker, dans la commune de Botmeur, en plein cœur des Monts d'Arrée. Ses parents, Olivier Abgrall, originaire de Saint-Sauveur dans le Léon, et Marie-Josèphe Bothorel, originaire de Botmeur, étaient très pauvres : le père, journalier agricole, louait ses bras de ferme en ferme jusqu’à Roscoff et la mère tenait une très modeste échoppe de légumes.
Fanch fréquente l’école communale de Botmeur et l’instituteur, M. Quéinnec remarque « sa vive intelligence » et son intérêt pour les études ; il l’incite à demander une bourse, ce qui lui permet d’aller interne au collège de Kernéguès à Morlaix de 1919 à 1925. Petit paysan mal à l’aise au milieu des garçons de la ville, il s’y montre taciturne, vivant assez isolé, se mêlant peu aux jeux des autres, mais élève studieux, plus littéraire que scientifique. Ce repliement favorisa peut-être l’éclosion du poète. Atteint de tuberculose pulmonaire dès 1923, il doit malheureusement quitter le collège en 1925 au niveau de la classe de première et se fait soigner au Huelgoat. Il a décrit dans Et moi aussi, j’ai eu vingt ans ! la seule thérapeutique alors proposée aux tuberculeux, la collapsothérapie, technique qui consiste à injecter un produit huileux entre les lèvres de la plèvre, détachant ainsi le poumon des côtes.
Ses parents s’étant séparés (après que son père soit revenu indemne de la Grande Guerre) et sa mère ayant dû aller travailler à Paris comme domestique pour gagner leur vie, il vit désormais chez sa « mamm-goz », qui habitait dans une autre maison modeste du même hameau du Kreisker, et qui le soignera jusqu’à sa mort qui survient le 12 mars 1930 : il a alors 23 ans.
La brièveté de son existence lui a néanmoins laissé le temps d’accéder à une notoriété littéraire certaine, tant en langue française que bretonne. Il rédige des poèmes et nouvelles pour des hebdomadaires (« Le Pays breton ») et des journaux (« la Dépêche de Brest et de l’Ouest» , « Ouest-Éclair »). Il est vite remarqué par Augustin Dupouy, romancier connu et chroniqueur à « La Dépêche ».
Littérature
Son œuvre en langue française est constituée pour l’essentiel de trois romans : Alan Kerven, préfacé par Roland Dorgelès, roman de mœurs paysannes où il décrit la vie rude des paysans de l’Arrée au début du XXe siècle ; Et moi aussi, j’ai eu vingt ans ! où il décrit ses émois d’adolescent et ses états d’âme face la maladie qui le frappe et un livre posthume Contes du Yun et de l’Arrée, publié en 1935, où sont publiés différents contes écrits au fil des ans et où il se montre plein d’humour, inventant des situations cocasses et d’une verve parfois quasi rabelaisienne, s’inspirant aussi des contes racontés par les vieillards entendus lors des veillées au coin du feu de son enfance, évoquant par exemple Karigell an Ankou (La petite charette de la Mort) ou les Kernandonet qui dansent la nuit dans la lande. Parmi ces contes : Len-ar-youdic, Le Pelgent de Iann Vraz, Riwall le Sonneur.
Luc’hed ha moged (« Eclairs et fumées ») est un recueil de poèmes, certains en langue bretonne , d’autres en français. Il y fait preuve d’une grande sensibilité, décrivant les paysages d’une beauté austère de la Montagne d’Arrée et du marais du Yeun Elez, montrant une grande piété filiale à l’égard de sa mère adorée en exil dans la capitale (Dit va mamm, À toi, ma mère), exprimant d’abord sa colère, puis sa résignation et sa tristesse face à la maladie qui le frappe et l’empêche de rêver de tendresse amoureuse (Karentez ; D’heur plac’hig koant ; Amours de bergers) où il décrit les amours enfantines de Loeizik et Mac’haridig), montrant aussi une fibre sociale (le cordonnier boiteux de Idylle (« Va c’hoant ar c’here kamm »), l’enfant de chœur du « Mystère de la Trinité »)
Néodruidisme
Il fréquente le milieu celtisant de la fin des années 1920, participant au Gorsedd de Bretagne, se liant d’amitié avec de nombreux néodruides et bardes tels Gildas Jaffrennou et Taldir (il fut lui-même intronisé barde en septembre 1928, choisissant le nom bardique d’« Alc’houeder Arre » (« l’Alouette de l’Arrée ») devenant le plus jeune membre de la confrérie), rêvant de régionalisme sinon de l’autonomie de la Bretagne (« Douar Arvor », dédié à Taldir, est un véritable hymne à la gloire de la Bretagne) et de « socialisme », critiquant l’Église mais croyant en un Dieu plus celtisant que catholique.
Sa tombe, encadrée de quatre buis, est toujours visible dans le cimetière de Botmeur et son nom a été donné à la salle municipale de la commune.
Œuvres
- Alan Kerven, Édition bretonne, Saint-Brieuc, 1930
- Luc’hed ar Moged (« Eclairs et fumées »), Éditions Armorica, Carhaix, 1935
- Et moi aussi, j’ai eu vingt ans, Éditions Armorica, Carhaix, 1935 (suivi de « Contes du Yun et de l’Arrée »)
Ces œuvres ont été rééditées, regroupées sous le titre « Et moi aussi, j’ai eu vingt ans ! Et autres œuvres », Éditions Terre de brume, 2000, Rennes.
Sources
- Préface de la réédition de "Et moi aussi, j'ai eu vingt ans!", rédigée par Jean-Marie Abgrall, petit-cousin de François Abgrall
- Souvenirs de membres de sa famille, en particulier de Mme Alice CREACHCADEC, nièce et filleule de François Abgrall
- Bulletin annuel de l'Association Amicale des Anciens Elèves du collège, de l'EPS et du lycée Tristan Corbière - Morlaix (numéros de juillet 1980 et juillet 1981)
- Revue "Le pays breton - Bro Vreiz" - Numéro 46 - Année 1949
- Article de G. Le Bail paru dans le journal « Le Citoyen », publié à Quimper, le 9 septembre 1935
Articles connexes
Liens externes
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