Femmes dans l'Église

Femmes dans l'Église

Place des femmes dans l'Église catholique

La place des femmes dans l'Église catholique est souvent discutée de nos jours. Les grands principes de la hiérarchie catholique (égalité en dignité entre femmes et hommes, reconnaissance de femmes docteur de l'Église mais pas d'ordination de prêtresses, etc.), s'alignent sur les positions traditionnelles - avec, à la fois, une ouverture sur certains sujets notamment dans la lettre Mulieris dignitatem du pape Jean-Paul II, et une fin de non recevoir aux revendications nouvelles.

Sommaire

Nature de la femme

L'âme des femmes

Selon une légende tenace un concile aurait été nécessaire pour établir que la femme avait une âme.
L'Église n'a jamais douté que les femmes ont une âme, mais une erreur d'interprétation signalée lors du synode de Mâcon (histoire complaisamment déformée et reprise par la suite) a été à l'origine de cette légende. Cette légende est d'ailleurs en contradiction avec le culte progressivement voué aux saintes à l'instar de Marie de Nazareth ou de martyrs comme Agnès de Rome, Cécile de Rome, Agathe de Catane, Blandine de Lyon...

Article détaillé : légende du Concile de Mâcon.

Pour le catholicisme, le statut social est indépendant de la question religieuse, comme l'indique explicitement l’apôtre Paul de Tarse quand il rappelle l'égalité fondamentale de tous les baptisés:

Il n’y a ni esclave ni homme libre ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus. (Ga 3. 27-28))

Dès l'origine du christianisme, les femmes sont baptisées et ont accès aux sacrements (à l'exception de l'ordination). Cette place de la femme dans le monde chrétien n'aurait aucun sens pour un être privé d'âme, ce qui serait -dans le vocabulaire de l'époque- le propre d'un animal.

Les Pères de l'Église s'interrogèrent cependant sur les spécificités de la nature de la femme, comme de son âme[1].

Ils s'appuient sur les récits du livre de la Genèse, en particulier le passage qui décrit la création de l'homme et de la femme: « Dieu créa l'homme à son image; il le créa à l'image de Dieu: il les créa mâle et femelle » ainsi que celui concernant le péché originel et la malédiction qui s'en suit.

La chute assortie de la promesse de salut de Dieu est attribuée au couple "Adam et Ève".[réf. nécessaire]

Parmi les nombreux passages de la littérature patristique à ce sujet, on peut en épingler un qui présente une certaine similitude avec le célèbre incident du concile de Mâcon. Basile de Césarée[2], après avoir cité la parole de la Genèse « Et Dieu créa l'Homme à son image », suppose que la femme objecte : « L'Homme [grec anthrôpos] ! En quoi cela me concerne-t-il ? C'est le mari qui a été créé (...) ». Et Basile répond : « Eh non ! pour que personne, par ignorance, ne prenne l'expression 'homme' pour le seul sexe masculin, l'Écriture a ajouté : 'Homme et femme il les créa.' (...) Que la femme ne dise pas : ' je suis faible'. La faiblesse est le fait de la chair; dans l'âme [grec psuchè] réside la force. »

Le modèle marial

À l'opposé de la figure d'Ève, l'idéal feminin proposé par les théologiens de l’antiquité chrétienne et du haut Moyen Âge est celui de la Vierge Marie.

La virginité est exaltée comme un moyen de sanctification incontournable, tout comme les souffrances que subissent les martyres.
Au cours des siècles, l’Église Catholique a canonisé quelques veuves à la vie exemplaire, entrées au couvent à la mort de leur mari, la vie monastique étant considérée comme une garantie de chasteté. Ce groupe de pieuses femmes est cependant limité face à celui des vierges qui représentent environ les trois quarts des saintes et autres bienheureuses.

Article détaillé : Martyre de la pureté.

Place des femmes dans la société d'après la hiérarchie catholique romaine

Place dans le mariage et le couple

Le mariage chrétien

Continuant une tradition bien établie dans les Gaules, l'Église a toujours proscrit la polygamie et reconnu aux deux sexes l'égalité de capacité juridique dont atteste l'existence du régime dotal chez les Gaulois[3]. De plus, accordant des droits matrimoniaux égaux aux deux conjoints, elle a proscrit la répudiation d'une épouse, quelle qu'en soit la raison, y compris l'adultère, tout en reconnaissant qu'un certain nombre de fautes justifient la séparation de corps.

Ensuite, rompant avec de nombreuses traditions que l'on rencontre encore chez des peuples primitifs et qui établit le mariage sur la seule volonté des familles ou des clans, voire sur l'échange collectif d'épouses ou le Rapt coutumier, l'Église a voulu que le mariage chrétien soit fondé sur le libre consentement individuel des époux, et particulièrement celui de la femme.

Pour cela, l'Église a voulu que le mariage donne lieu à une céremonie publique et qu'il soit annoncé préalablement par la publication de bans dans les paroisses des deux familles. Ainsi, le caractère secret d'un mariage a-t-il toujours été considéré par les tribunaux ecclésiastique comme une raison suffisante pour prononcer son annulation du fait de l'impossibilité d'établir la réalité d'un consentement des époux.

La place de la femme dans le couple

Concevant la famille comme une société volontaire, l'Église a donné au mari le rôle de chef en se fondant sur l'épître dans laquelle l'apôtre Paul de Tarse préconise la soumission de la femme à son époux, tout en recommandant à ce dernier de l'aimer comme un autre soi-même :

Épître aux Éphésiens 5.22 à 5.28
« Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur ;
en effet, le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l'Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur.
Or, de même que l'Église est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l'être à leurs maris en toutes choses ».

« Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Église, et s'est livré pour elle
afin de la sanctifier par la parole, après l’avoir purifiée par le baptême d’eau,
afin de faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible». « De la même façon les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Aimer sa femme, c'est s'aimer soi-même. »

Place dans la société

Première épître à Timothée 2.9 à 2.12
Que les femmes, de même, aient une tenue décente; que leur parure, modeste et réservée, ne soit pas faite de cheveux tressés, d'or, de pierreries, de somptueuses toilettes,
Mais bien plutôt de bonnes œuvres, ainsi qu'il convient à des femmes qui font profession de piété.
Pendant l'instruction, la femme doit garder le silence en toute soumission.
[ il s'agit ici, d'un extrait de texte, décrivant l'engagement d'une femme pour le service de Dieu: les futures religieuses. ][réf. nécessaire]

L'Eglise catholique estime qu'à travers le culte de Marie, le christianisme donne à la femme la dignité de mère de Dieu. Vierge choisie pour manifester le dessein salvateur de Dieu, la femme est par conséquent appelée à être respectée dans son corps et son âme, dans sa vocation historique, et à manifester la tendresse de Dieu.

Par ailleurs, l'Eglise s'est préoccupée du sort des femmes sans famille, situation sociale de vulnérabilité particulière, à travers des institutions destinées aux enfants abandonnés, filles-mères, prostituées, femmes Indigentes âgées ou malades, femmes en instance de séparation, femmes détenues, etc..

Position de l'Église catholique face à l'émancipation féminine

Moyen-Âge

Au XIIe siècle, les béguines furent les premières femmes à s'émanciper. Il s'agit de femmes qui se vouent à Dieu, sans entrer au couvent. Bien qu’elles se réunissent souvent en petites communautés pour se protéger, s'entraider et surtout vivre leur dévotion, elles peuvent tout aussi bien vivre seules, ou dans leur famille. Elles se proclamaient religieuses mendiantes. À l’origine, beaucoup travaillent pour gagner leur vie et l’argent de leurs aumônes. Elles possèdent parfois leurs propres ateliers, notamment de tissage mais aussi de poterie et la copie de livres). L’emploi comme domestique, notamment dans les hôpitaux, en raison du dévouement aux pauvres et aux malades exigé, est aussi fréquent chez elles.

Les béguines, ne prononçant pas de vœux, restent laïques, donc hors de la tutelle de la hiérarchie ecclésiastique. Celle-ci voit d'abord d'un bon œil cette expression de la piété et cette pauvreté voulue et assumée, mais le clergé séculier et les ordres monastiques se sentent concurrencés et s'estiment dépossédés des donations et legs reçus par les béguines.

En 1139, plusieurs décrets du concile de Latran-II s’élèvent contre les femmes qui vivent sans règle monastique, mais se font passer pour moniales, renouvelle l’obligation de vie selon une règle, et leur interdit de se mêler aux moines. Au concile de Mayence (1233), l’inquisiteur Conrad de Marbourg les dénonce. Soupçonnées d’hérésie, les béguines sont parfois persécutées, comme Marguerite Porete, brûlée vive en 1310. En 1311, le concile de Vienne les condamne, pour fausse piété, et hérésie, avec les béguins, frères du libre-esprit et fraticelles.


Article détaillé : Béguines.

Renaissance

Article détaillé : Chasse aux sorcières.

Réaction au féminisme

Le féminisme chrétien et non-chrétien a souvent critiqué l'attitude de l'Église envers les femmes. Le cardinal Joseph Ratzinger, devenu ensuite pape sous le nom de Benoît XVI, a accusé, dans une lettre de la Congrégation pour la doctrine de la foi adressée aux évêques de l’Église catholique en juillet 2004, le « féminisme radical » de vouloir reconstruire une identité féminine aux dépens de l'identité masculine.

« Une première tendance souligne fortement la condition de subordination de la femme, dans le but de susciter une attitude de contestation. La femme, pour être elle-même, s’érige en rival de l’homme. Aux abus de pouvoir, elle répond par une stratégie de recherche du pouvoir ».

La lutte des sexes, selon le cardinal, serait donc une stratégie de recherche du pouvoir adoptée par des femmes qui s’estiment confinées dans une condition de subordination vis-à-vis des hommes. Elle introduirait une confusion nuisible pour la famille.

« Toute perspective qui entend être celle d’une lutte des sexes n’est qu’un leurre et un piège »

La même lettre de la Congrégation pour la doctrine de la foi, intitulée De la collaboration des hommes et des femmes dans l’Eglise et dans le monde, s'élève aussi contre les discriminations de carrière et de rémunération que subissent les femmes au travail. Elle affirme également que le modèle de la maternité n'est pas le seul et qu'il convient de « ne pas enfermer la femme dans un destin purement biologique ».

Place des femmes dans l'Église catholique d'après la hiérarchie catholique romaine

Les congrégations religieuses féminines

Au Moyen âge, l'Eglise offrait aux femmes la possibilité d'accéder à la culture au sein notamment des ordres religieux, suscitant la vocation de grandes érudites et penseurs, telle Hildegarde de Bingen.

Certaines abbesses, grands seigneurs à la tête de vastes domaines, eurent une influence politique voire économique considérable. Ainsi les abbesses de l'Abbaye de Fontevraud dirigeaient non seulement l'abbaye des dames mais aussi l'abbaye des hommes.

Au cours du XXe s., trois femmes ont été reconnues docteurs de l'Église : Thérèse d'Avila et Catherine de Sienne en 1970, puis Thérèse de Lisieux en 1997.

L'ordination des femmes

Selon le pape Jean-Paul II l'impossibilité d'ordination des femmes serait directement issue des choix du Christ lui-même  :[4]

  • « En n'appelant que des hommes à être ses Apôtres, le Christ a agi d'une manière totalement libre et souveraine. Il l'a fait dans la liberté même avec laquelle il a mis en valeur la dignité et la vocation de la femme par tout son comportement, sans se conformer aux usages qui prévalaient ni aux traditions que sanctionnait la législation de son époque »
  • « D'autre part, le fait que la très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Église, n'ait reçu ni la mission spécifique des Apôtres ni le sacerdoce ministériel montre clairement que la non-admission des femmes à l'ordination sacerdotale ne peut pas signifier qu'elles auraient une dignité moindre ni qu'elles seraient l'objet d'une discrimination; mais c'est l'observance fidèle d'une disposition qu'il faut attribuer à la sagesse du Seigneur de l'univers. »
  • « C'est pourquoi, afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22,32), que l'Église n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église. »
  • Voir également la Déclaration de la sacrée Congrégation de la Doctrine de la Foi sur la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel[5].

Bibliographie

Pour le Moyen Age:

  • (fr) Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, LGF, coll. « Livre de Poche », 1982, (ISBN 2253030341)

Pour le XXe siècle:

  • François Mauriac, La Pharisienne (1941), éd. Grasset, coll. Les Cahiers Rouges

Notes

  1. L'âme de la femme est-elle formée de celle de l'homme ?? Genèse - commentaire au sens littéral, Saint Augustin
  2. Basile de Césarée, Sur l'origine de l'homme, introd., texte critique, trad. et notes par A. Smets et M. Van Esbroeck, Paris, Éd. du Cerf, Coll. Sources chrétiennes, n° 160, Paris, 1970, Homélie I (dite aussi Homélie X de l'Hexaéméron), ch. 18, pp. 213-215.
  3. En mentionnant l'usage pour la famille du mari d'accorder en biens au moins l'équivalent de la dot de la fille, Polybe II 17 nous informe de l'existence du régime dotal chez les Gaulois, et donc de la capacité pour une femme d'avoir des biens propres. Voyez: Albert Bayet, La Morale des Gaulois, 1927, Alcan.
  4. Extraits de la Lettre apostolique Mulieris dignitatem
  5. Inter Insigniores

Voir aussi

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Liens externes

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