- Famille Moench
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La famille Moench est une famille d'industriels protestants français, établis à Nancy, à l'origine de la levure ALSA, et qui a donné également un aviateur, Christian Moench
Sommaire
Émile Moench, le fondateur
Article détaillé : Alsa (marque).Émile Joseph Jules Moench est né le 27 décembre 1875 à Montreux-Vieux dans le Haut-Rhin, en Alsace annexée par l'Allemagne suite au traité de Francfort. Il travaille comme aide-cuisinier dans les Wagons-lits puis à Vienne comme apprenti. C’est là qu’il prend connaissance, auprès de son patron, de nouvelles levures chimiques en cours d’essais. Il décide alors de s'installer en France, en 1896, près de la frontière à Igney-Avricourt, pour y tenir une petite boutique d’épicerie.
Dans son arrière-boutique, il utilise ses connaissances de boulanger pour fabriquer un mélange permettant de préparer un “flan alsacien” vendu dans un emballage rose sous la marque « Alsa », décoré aux emblèmes de l'Alsace: cigogne et bonnet alsacien. Suite à l'essor de son activité, il transfère la production dans une petite usine à Nancy en mai 1910. Il acquit alors la nationalité française le 13 décembre 1912, la loi le lui permettant.
Au début de la guerre, il décide de se replier à Mirecourt. Après la guerre, il revient à Nancy avec de nouvelles idées, notamment de diversification de sa production. Outre la «levure chimique», il produit à partir de 1930 des sachets de sucre vanillé, d’œufs en poudre, de mélanges pour gâteaux. Il doit déménager une nouvelle fois et s’installe rue Saint-Charles - qui allait devenir la rue Christian-Moench en 1947.
Le développement de son entreprise s'explique en partie par le soin porté à la publicité. Il crée ainsi une flotte de camionnettes de livraison qui portent le sigle de sa firme dans toute la France. En 1934, la maison Alsa dispose d’une cinquantaine de vendeurs et de 300 agents travaillant à la vente de levure chimique et des divers produits déjà cités. En 1936, il a l'idée de lancer un livre de recettes, 280 recettes de pâtisserie Alsa et devient le premier éditeur de livres de recettes. La famille Moench sut aussi utiliser la renommée de Christian, le fils cadet aviateur; son avion arbore l’emblème Alsa et le récit des raids de l’avion Alsa figurant sur l’emballage des produits de la marque était un argument publicitaire qui a été largement utilisé.
L'entreprise devient une société anonyme en 1938, à la mort du fils cadet Christian, la «Société des établissements Moench et fils».
À la déclaration de guerre en 1939, Émile Moench décide de replier ses activités loin des zones de conflit et transfère ses usines à Nantes, n’échappant pas pour autant aux bombardements. Le retour des installations à Nancy n'eut lieu qu’en 1947, en raison des séquelles des occupations successives des locaux par les troupes d’occupation allemandes suivies des troupes américaines et anglaises.
Émile Moench, qui a épousé Elizabeth Dingers (née à Saint-Jean-en-Sarre le 8 janvier 1875), a eu trois enfants : Paul, né le 5 novembre 1901 à Avricourt, Irma, née le 5 mars 1903 à Courcelles et Ernest-Christian, né le 8 mai 1904, à Avricourt.
Paul Moench, le successeur, industriel engagé à droite
En 1948, Émile se retire et laisse la place à son fils aîné Paul, qui le secondait depuis l'avant-guerre. Paul Moench dirige l'entreprise pendant 10 ans; il meurt en 1958.
Paul Moench s'est parallèlement engagé dans l'action politique, avant et après la guerre, à droite. En 1936, à 35 ans, il est secrétaire général de la Fédération du Parti social français de Meurthe-et-Moselle. Le PSF est issu des Croix-de-feu; il apparaît à Nancy en juillet 1936. Il est aussi l'un des administrateurs de la société ESLO, fondée à Nancy le 15 mai 1937 pour éditer le périodique régional du PSF, L'Espoir lorrain, qui devient en octobre 1937 L'Espoir de l'Est. Il ne figure plus dans l'état-major départemental du PSF à partir de 1937-38. Après guerre, il devient le second délégué départemental du RPF, le parti politique du général de Gaulle, en Meurthe-et-Moselle.
En 1958, l'entreprise est rachetée par le groupe américain CPC (Corn Products Company). Alsa est aujourd'hui une marque du groupe Unilever, depuis 2000.
Le « pilote-aviateur » Christian Moench (1926-1938)
Christian Moench se nomme en réalité Ernest Christian Moench, mais il a préféré se faire connaître par son second prénom. Breveté pilote à titre civil en 1926, il est breveté militaire le 3 mai 1927. Il se fait connaître comme pilote de raid.
Les raids de Christian Moench ont été suivis quasiment au jour le jour, commentés avec enthousiasme et glorifiés par la presse régionale, notamment par l’Est républicain. Les étapes terminales ont été l’occasion d’accueil enthousiaste et de cérémonies officielles. Que ce soit au Bourget, à Nancy, à Tananarive, ou lors des étapes chinoises et de l’arrivée à Tokyo, des manifestations chaleureuses témoignent de l’engouement de l'époque pour les exploits aériens.
Les titres de gloire essentiels de Ch. Moench et de Johanny Burtin sont :
- Paris-Tokyo-Paris en 1931.
- à deux reprises, le vol Paris-Tananarive dont l’un, accompli à la fin de la même année en six jours, huit heures et cinquante minutes, ravissant le record de Bailly, Reginensi et Marsot (huit jours, neuf heures et quarante cinq minutes).
Au retour d’un voyage d’affaire à Saïgon en 1938, à bord d’un Percival «Vega Gull», immatriculé F-APOL, sans doute hâté par la réception d’un télégramme annonçant le décès de sa seconde fille, Chrisitan Moench disparut dans le golfe Persique. Des débris de son avion ont été retrouvés le 18 janvier 1938 dans la mer, près de la petite île de Lafft, dans le voisinage de l’île de Kighm, à 70 km environ de Bender-Abbas. Le corps ne fut jamais retrouvé.
Le service funèbre célébré au temple protestant de Nancy fut l’occasion d’un rassemblement exceptionnel de représentants des autorités civiles et militaires.
Christian Moench était chevalier de la Légion d’honneur, et, depuis février 1934, était président de l’Aéro-Club de Nancy.
Peu après la disparition du pilote s’est fondée une association pour l’érection d’un monument du souvenir. Outre les plus hautes autorités de l’État et des colonies, les plus grands noms de l’aviation civile et militaire figurent dans le comité d’honneur établi en 1939. L’association était gérée par un bureau dont les membres étaient des notables de l'Est. Des bons de souscription furent émis. Le monument devait être érigé au plateau de Malzéville, l’inauguration devant avoir lieu en juillet 39, pour être reportée à septembre et finalement ne pas avoir lieu. Une stèle imposante a finalement été inaugurée sur le plateau de Malzéville le 22 juin 2001. Quant à l’élément-clé du monument initial, miraculeusement préservé après maintes péripéties, une imposante fresque en béton moulé, il se trouve désormais à l’aéroport Metz-Nancy-Lorraine.
Sources
- Jean-François Colas, Les Droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux, thèse de doctorat, université de Paris X-Nanterre, 2002
- De Gaulle et le RPF 1947-1955, Paris, Armand Colin, 1998, p. 205
- biographie de Christian Moench, par Claude Perrin (conférence donnée le 6 décembre 2002 à l'Académie de Stanislas à Nancy)
- site de l'entreprise (les grandes étapes)
Catégorie :- Personnalité de Meurthe-et-Moselle
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