- Fables de La Fontaine
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Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine (ou plus simplement Les Fables) est une œuvre de Jean de La Fontaine écrite entre 1668 et 1678. Il s’agit d’un recueil de 243 fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou à la fin.
Sommaire
Les différents recueils publiés par Jean de la Fontaine
Le premier recueil des Fables publié correspond aux livres I à VI des éditions actuelles. Il a été publié en 1668, et était dédié au Dauphin. La Fontaine insiste sur ses intentions morales: « je me sers d'animaux pour instruire les hommes. »
Le deuxième recueil des fables correspond aux livres VII à XI des éditions modernes. Il est publié en 1678 et était dédié à Madame de Montespan, la maîtresse du roi.
Le dernier recueil publié correspond au livre XII actuel. Il est publié en 1693, mais daté de 1694. Il est dédié au duc de Bourgogne, le petit-fils du roi.
Les sources et inspirations de Jean de la Fontaine
Travail de réécriture des fables du Pañchatantra, d’Ésope (par exemple La Cigale et la Fourmi), de Phèdre, d'Abstémius, de Pilpay[1], mais aussi de textes d'Horace, de Tite-Live (« les Membres et l’estomac »), de lettres apocryphes d’Hippocrate (« Démocrite et les Abdéritains »), et de bien d'autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.
L'inspiration indienne
Plusieurs fables de La Fontaine sont des reprises de fables du Pañchatantra qui sont passées dans la version arabe Kalîla wa Dimna. Les Animaux malades de la Peste imite le Loup, le Renard et l'Âne de François Philelphe qui a pu utiliser le Kalîla wa Dimna latin de Jean de Capoue intitulé Directorium humanae vitae alias parabola antiquorum sapientum (Guide de la vie humaine ou Parabole des anciens sages) et paru entre 1262 et 1278. Pour Les Poissons et le Cormoran, La Fontaine a pu utiliser la traduction française des quatre premiers livres de la version persane Anwari Sohaïli parue en 1644 sous le titre Le Livre des lumières ou la Conduite des Rois[2]. Le Chat et le Rat, Les Deux Perroquets, le Roi, et son Fils, ou La Lionne et l'Ourse, qui ne figurent pas dans Le Livre des lumières, proviennent vraisemblablement de la traduction en latin de la version grecque de Siméon Seth[3] réalisée par le jésuite Pierre Poussines et parue en 1666 sous le titre Specimen sapientiae Indorum vetorum (Exemples de la sagesse des anciens Indiens)[4].
Portée de l’œuvre
Les Fables constituent un des recueils poétiques les plus connus du classicisme. Sainte-Beuve a pu dire que Jean de La Fontaine était l’Homère des Français : ainsi, le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque là n’avait aucune dignité littéraire et était réservé aux exercices scolaires de rhétorique et de latin. La Fontaine procède d’ailleurs souvent à une élévation du « genre bas », celui de la fable, en intégrant dans ses récits le moyen style (pastoral) et le style élevé (épopée). La fable épitre du livre deuxième est un parfait exemple de cohabitation des trois styles.
Œuvre tout à la fois de poésie et de pensée : car les Fables offrent une méditation en acte sur la nature et les effets de la parole, spécialement politique, et de leur propre énonciation : Louis Marin a ainsi montré la subtilité de la réflexion comme du dispositif de ces fables apparemment innocentes, à partir de l’exemple paradigmatique de la fable intitulée le Pouvoir des Fables (voir Bibliographie).
Jean-Jacques Rousseau dénonce le cynisme dans ces fables inadaptées pour l'éducation des enfants[5] :
« On fait apprendre les fables de La Fontaine à tous les enfants, et il n'y en a pas un seul qui les entende ; quand ils les entendraient ce serait encore pis, car la morale en est tellement mêlée et si disproportionnée à leur âge qu'elle les porterait plus au vice qu'à la vertu. »
— Extrait de Émile ou De l'éducation, 1762
Illustration des Fables
Les fables sont illustrées dès la première édition par Chauveau et ses disciples : en effet, la fable est un genre proche de l’emblème, et à ce titre fonctionne comme une image morale ; elle accueille donc volontiers son redoublement iconographique à des fins didactiques. Au XVIIIe siècle, Oudry propose de nouvelles illustrations[6], plus naturalistes. Grandville en 1838, puis Gustave Doré en 1867 proposent successivement une nouvelle iconographie. Au XXe siècle, Benjamin Rabier suivi de Chagall proposent, à leur tour, leur vision des Fables.
Les Fables
Article détaillé : Liste des fables de Jean de La Fontaine par ordre alphabétique.Liens externes
- Fables de La Fontaine, version audio de plus de 100 fables
- Fables choisies pour les enfants, illustrées par Boutet de Monvel, Paris, Plon-Nourrit & Cie, 1888 (l'ouvrage se feuillette en entier sur le site de la Bibliothèque numérique mondiale).
Notes et références
- La Fontaine, Erwana Brin, Fables (tome 2), Nouvelle librairie de France, Collection nationale des grands auteurs de la Nouvelle librairie de France, 1999.
Dans l'avertissement de son 2ème recueil, La Fontaine écrit « Seulement je dirai par reconnaissance que j'en ["en" désigne les « enrichissements » (comprendre : les inspirations) recherchés par La Fontaine pour la rédaction de son 2ème recueil des fables. N.D.R] dois la plus grande partie [Il faut entendre que, parmi les fables orientales, « la plus grande partie » vient de Pilpay. N.D.E.] à Pilpay, sage Indien [La Fontaine a dû connaître le Livre des lumières, ou la Conduite des roys, composé par le sage Pilpay Indien, traduit en français par David Sahid d'Ispahan... (Paris, 1644). N.D.E.]. » - Antoine-Isaac Silvestre de Sacy, le traducteur, identifié par un pseudonyme, serait l'orientaliste Gilbert Gaulmin Selon
- Kalîla wa Dimna arabe. qui traduisait lui-même le
- Auguste-Louis-Armand Loiseleur-Deslongchamps, Essai sur les fables indiennes et sur leur introduction en Europe, Paris, Techener, 1838, p. 18, 24, 25, 36, 37 et 66
- Citation sur Wikisource
- Diane de Selliers. Une édition de référence fidèle à celle de 1755 (aujourd’hui introuvable). Fables de La Fontaine illustrées par Jean-Baptiste Oudry, Paris,
Catégories :- Fable de La Fontaine
- Recueil de poèmes en français
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