Expérimentation animale

Expérimentation animale

L 'expérimentation animale consiste à utiliser des animaux comme modèles, pour mieux comprendre la physiologie et tout particulièrement pour tenter de prévoir ce qui se passe chez l'Homme.

Expérimentation animale au XVIIIe siècle ; avec exposition d'un oiseau au vide d'air, produit par une pompe à air, par Joseph Wright of Derby, 1768. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Pour des raisons de taille, de prix et de temps, la très grande majorité des expérimentations animales se font sur des rongeurs. La souris étant de mieux en mieux connue au point de vue génétique, son usage augmente plus que celui des autres espèces.

L'expérimentation animale est une pratique controversée[1], certaines personnes pensant qu'on fait ainsi souffrir des animaux, sans apporter aucun bénéfice ni pour eux, ni pour les humains. De fait, l'examen scientifique de la question « l'expérimentation animale permet-elle de prédire ce qui se passe chez l'Homme » ne donne pas la même réponse selon les domaines : parfois utile, parfois inutile, mais souvent mal utilisée, telles sont les réponses que l'on trouve dans la littérature scientifique[2].

Selon le rapport 2003 de la Commission européenne sur l'expérimentation animale, environ 10 millions de vertébrés, dont environ 80 % de rongeurs et de lapins et 10000 singes, ont été utilisés en 2002 par les États membres[3].

Une directive européenne a été approuvé en 2010 sur cette question, mais difficilement négociée et encore controversée ; Ainsi certains gouvernements voudraient ne pas publier le fait que des animaux génétiquement modifiés soient utilisés, et l'Allemagne s'était abstenue de la voter (dans ce pays, la gestion de cette directive, sans concertation avec les chercheurs, relève aujourd’hui (2011) du ministère de l'agriculture et non de la recherche.

En complément de cette directive, de manière autonome, des scientifiques (suisses et allemands principalement) ont rédigé et lancé en novembre 2011 la « Déclaration de Bâle[4] » (Basel Declaration), rapidement signé par près de 900 chercheurs ou laboratoires dont 500 hors de Suisse et d'Allemagne. Ils voudraient qu'elle soit le pendant pour l'animal de la déclaration d'Helsinki de 1964 (et plusieurs fois révisée depuis) rappelant des principes éthiques et donnant des recommandations aux médecins et autres participants à la recherche médicale sur l'Être humain ou des études contenant des données à caractère personnel ou des échantillons biologiques non-anonymes....

Sommaire

Histoire

(...)

Utilisations et objectifs

La dose létale 50 est un exemple d'expérimentation animale qui a pour objectif de mesurer la toxicité des produits.

Les animaux servent également à expérimenter de nouveaux traitements, qu'ils soient médicamenteux ou chirurgicaux. Dans ce dernier cas, l'utilisation d'animaux de grande taille (porcs et chiens surtout) est nécessaire, les rongeurs étant trop différents de l'Homme, et malcommodes à manipuler de par leur petite taille. Des réglementations nationales et internationales obligent les chirurgiens qui opèrent ainsi des animaux à pratiquer ces actes sous anesthésie, tant pour éviter la souffrance des animaux, que pour permettre des gestes précis sur un être détendu et immobile.

Les animaux permettent de tester les moyens de soigner, mais aussi de prévenir certaines maladies. Quand les animaux n'ont pas spontanément la maladie que l'on souhaite étudier, on est conduit à leur donner (par exemple en leur faisant suivre un régime athérogène, ou en leur injectant un cancérigène), ou à sélectionner des animaux présentant spontanément la pathologie étudiée (par exemple des souris Min qui développent des cancers digestifs). Un exemple précis d'études de prévention est donné par la base de donnée de chimioprévention, qui recense tous les essais de prévention du cancer colorectal[5].

L'expérimentation animale permet de comprendre le fonctionnement de l'organisme, des organes et des cellules. Beaucoup d'études ne pourraient être menées ni chez l'Homme (car trop dangereuses) ni sur des cellules isolées (car faisant intervenir plusieurs organes en interaction, par exemple par des hormones). C'est d'ailleurs l'un des succès le plus souvent avancé de l'expérimentation animale que la découverte des hormones par Claude Bernard, et la mise en évidence de l'insuline par Frederick Banting et John Macleod qui leur valu le Prix Nobel de médecine en 1923. En fait, une partie des découvertes ayant valu à leur auteur un prix Nobel de médecine et de physiologie ont été obtenues à partir d'expérimentations animales[6].

Problèmes d'interprétation des résultats

Pour pouvoir réaliser une expérimentation, il est nécessaire d'utiliser un modèle qui soit identique à l'étude, donc à l'homme.
Beaucoup de traitements démontrés comme efficaces chez l'animal ne fonctionnent pas chez l'homme. En effet, chaque espèce possède des caractéristiques physiologiques particulières. Par exemple, le chimpanzé ne développe pas le sida[7] et les tumeurs ne se développent de la même manière chez l'homme et chez l'animal.

Souffrance

Les animaux utilisés pour l'expérimentation sont des êtres sensibles, capables de ressentir la douleur[8].

C'est pourquoi, ils vivent dans des conditions très contrôlées et soumises aux normes européennes[9]. Ainsi, ils proviennent d'établissements d'expérimentation ou de fournisseurs déclarés (l'utilisation d'animaux "domestiques capturés" est strictement prohibée)[10]. De plus, l'expérimentation doit avoir lieu dans un établissement agréé et ne peut être conduite que par une personne titulaire d'une autorisation nominative d'expérimenter sur les animaux. Enfin, la loi oblige les expérimentateurs à réduire toutes formes de souffrance ou d'angoisse (le recours aux analgésiques, par exemple, est très courant)[11]. Les animaux de laboratoires doivent être et sont traités avec soin et respect (dans le cas contraire, le personnel de recherche s'expose à des sanctions pénales)[12].

Certaines associations de protection des animaux clament que ces lois ne sont pas appliquées, s'appuyant sur divers exemples dénoncés par leurs enquêteurs infiltrés dans des laboratoires/centres d'élevages qui ne sont cependant jamais cités, pour éviter toute poursuite[13]. Les associations de protection des animaux jouent un rôle important dans les discussions sur l'expérimentation animale et ont permis d'établir une législation plus respectueuse envers les animaux.

Réduction du nombre d'animaux utilisés et méthodes alternatives

Les laboratoires de recherche ont l’obligation d’appliquer la règle des 3Rs : Réduire, Raffiner, Remplacer[14],[15]

  • Réduire:

Pour tous nouveaux projets, l’équipe de recherche doit fournir un protocole détaillé des expériences ainsi qu’une estimation du nombre minimum d’animaux qui seront indispensables à l’obtention de résultats statistiquement exploitables.

  • Raffiner:

Choisir un modèle apte à reproduire, le plus fidèlement possible, la pathologie étudiée. Limiter l’angoisse, l’inconfort et la douleur associés aux procédures expérimentales. Aucun résultat fiable ne peut émaner d’animaux en conditions de stress.

  • Remplacer:

Utiliser des méthodes de recherche alternatives à chaque fois que cela est possible.

Il existe différentes méthodes dites « alternatives », permettant de réduire le nombre d’animaux utilisés à des fins scientifiques. De nombreuses hypothèses de recherches peuvent ainsi être testées in vitro (cellules en culture) ou ex vivo (organes ou tissus isolés). Ces méthodes permettent, d’étudier les mécanismes associés à certaines pathologies ou encore de tester l’effet de potentiels traitements. L’utilisation de modèles informatiques de prédiction (méthodes in silico) peut aussi apporter de précieuses informations. Dans certains cas, l'experimentation in vitro a même complètement remplacé l'expérimentation animale (ex: produits cosmétiques)[16],[17]

Notes et références

  1. (fr) Georges Chapouthier, Au bon vouloir de l'homme, l'animal, Paris, Éditions Denoël, 1990 (ISBN 2207236579) .
  2. (en) How good are rodent models of carcinogenesis in predicting efficacy in humans? A systematic review and meta-analysis of colon chemoprevention in rats, mice and men.
  3. (fr) Quatrième rapport sur les statistiques concernant le nombre d'animaux utilisés à des fins expérimentales et à d'autres fins scientifiques dans les États membres de l'Union européenne
  4. Déclaration de Bâle, version française
  5. (fr) Produits efficaces en prévention du cancer colorectal - Revue systématique des données expérimentales (humains, rats, souris)
  6. (fr) Recherche biomédicale et expérimentation animale
  7. "Les singes sont insensibles au VIH qui ne se réplique pas, exception faite du chimpanzé, chez lequel l’agent infectieux se multiplie mais sans provoquer le moindre symptôme." (http://grit-transversales.org/article.php3?id_article=7)
  8. "Les animaux sont des êtres sensibles et pourvus de capacités cognitives et émotionnelles. Ils sont capables de souffrir." (Charte pour une éthique de l'expérimentation animale, Guide pratique CNRS - novembre 2003, Article 2 : de la sensibilité et de la souffrance chez les animaux)
  9. décret n° 87-848
  10. décret n° 2001-486
  11. convention STE 123 et décret n° 2001-486
  12. directive n° 86/609/CEE
  13. http://www.one-voice.fr/sante-sans-torture/les-animaux-familiers-matieres-premieres-de-laboratoire/
  14. http://altweb.jhsph.edu/pubs/books/humane_exp/het-toc
  15. http://www.forschung3r.ch/fr/information/index.html
  16. http://www.nc3rs.org.uk/downloaddoc.asp?id=1013
  17. http://ecvam.jrc.it/

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes


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