Execution des Girondins

Execution des Girondins

Exécution des Girondins

L’exécution des Girondins.

L’exécution des Girondins a eu lieu le 10 Brumaire an II.

Cet article reprend les faits rapportés par Henri Sanson dans son ouvrage Sept générations d'exécuteurs 1688-1847, Mémoires des Sanson paru en 1863[1]


Sommaire

Liste des condamnés

La toilette

Charles-Alexis Brûlart et l’évêque Claude Fauchet causaient à voix basse dans un angle de la pièce ;
Jacques Pierre Agricol Mainvielle écrivait sur ses genoux une lettre à sa famille.
Devant la fenêtre sur trois tabourets on avait placé le cadavre de Charles Éléonor Dufriche-Valazé (qui s’était poignardé en plein tribunal).
Le citoyen Nappier fit l’appel ; à chaque nom qu’il prononçait un des condamnés répondait: "Présent" et plusieurs ajoutaient quelques mots ironiques.
Claude Romain Lauze de Perret, au lieu de répondre, s’emporta contre la ville de Paris, qui, disait-il, égorgeait les plus purs patriotes.
Jacques Pierre Brissot était sombre ; Pierre Victurnien Vergniaud lui parla pendant quelques instants avec véhémence.
Lorsque l’appel nominal fut terminé, tous crièrent avec un égal enthousisasme : Vive la République !
Pendant la toilette les Girondins conservèrent presque tous leur calme.
Le bourreau leur coupait les cheveux : les aides leur attachaient les mains. Les Girondins continuaient à parler comme si ces préparatifs n’eussent pas été ceux de leur mort.
Claude Fauchet et le marquis de Sillery étaient retournés dans leur angle après l’appel. Ils paraissaient tellement absorbés par leur conversation qu’il fallut les appeler à deux reprises. Claude Fauchet était très abattu ; la fermeté du marquis de Sillery allait au contraire jusqu’à l’enjouement.

Parcours des Girondins de la cour de Mai à la place de la Révolution

Quand tous furent prêts, Charles-Henri Sanson donna le signal du départ ; les condamnés se pressaient autour de Pierre-Victurnien Vergniaud et paraissait vouloir lui céder l’honneur de marcher le premier. Mais il se retourna, et indiquant le corps de Charles Éléonor Dufriche-Valazé que deux aides plaçaient sur une civière : "Voici notre aîné dans la mort, dit-il d’une voix grave, c’est à lui de nous montrer le chemin". Tous s’écartèrent et le cadavre passa entre leurs rangs.

Les cinq charrettes attendaient. L’huissier Nappier voulait que les condamnés prennent place suivant l’ordre dans lequel ils avaient été nommés dans le jugement ; le désordre qui suivit la sortie du guichet empêcha l’exécution d’une mesure qui peut-être eût enlevé à quelques-uns des Girondins la suprême consolation d’épancher leurs dernières pensées avec un ami. Ils se placèrent à leur gré.

Première charrette

Armand Gensonné, Jean-Louis Carra, Marc David Lasource, Gaspard-Séverin Duchastel.

Deuxième charrette

Jacques Pierre Brissot, Pierre-Victurnien Vergniaud, Jean-François Ducos, Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède, et Louis-François-Sébastien Viger.

Troisième charrette

Jean-François Martin Gardien, Jacques Pierre Agricol Mainvielle, Jean Duprat, Claude Fauchet et le marquis de Sillery.

Quatrième charrette

Charles-Louis Antiboul, Jacques Boilleau, Pierre Lehardy et Benoît Lesterpt-Beauvais.

Cinquième charrette

Dans cette charrette se trouvait le cadavre de Charles Éléonor Dufriche-Valazé.

Attitude du public

L’attitude du public indiquait plutôt de la curiosité que de la passion.
On resta silencieux sur le passage des charrettes ; mais, comme toujours lorsqu’il s’agissait de personnages illustres, une troupe d’hommes et de femmes s’était mêlée au cortège, et leur fanatisme, sincère ou stipendié, prenait à tâche de réchauffer, par ses cris furieux, l’indignation un peu froide des spectateurs.
Les cris de Vive la République ! retentissaient seuls sur le parcours et se propageaient dans les masses profondes que les charrettes des condamnés traversaient.
Mainvielle et Duprat répètaient avec la foule : Vive la République !.
Sur deux ou trois endroits seulement, à ces cris, se mêla celui de Mort aux traîtres !.
Les Girondins l’entendirent sans colère ; seulement une voix forte, qui partait de la quatrième charrette répondit : La République, vous ne l’aurez pas !.
Ducos et Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède s’entretenaient à demi-voix. Ce dernier pleurait. Deux fois ils entonnèrent La Marseillaise, en sortant de la Conciergerie et dans la rue Saint-Honoré, à la hauteur des Tuileries.
Claude Fauchet seul paraissait abattu ; il priait avec beaucoup de ferveur.
Au moment où les charrettes s’arrêtèrent sur la place de la Révolution, Louis-François-Sébastien Viger cria, en regardant la guillotine: "Voilà donc l’héritière de Louis le dernier !". Ducos lui répondit : "Allons donc ! et la loi salique".

Exécution des Girondins

Lorsque les quatre charrettes arrivèrent sur la place de la Révolution, on mit les Girondins entre une double haie de gendarmes, devant l’escalier de la guillotine. Ils se firent leurs adieux en s’embrassant et on les entendait qui s’encourageaient les uns les autres à mourir, sans peur et sans reproche, comme ils avaient vécu. Puis ils entonnèrent en chœur le refrain des hommes libres et l’exécution commença.

Le marquis de Sillery paru le premier sur la plate-forme de l’échafaud ; il en fit le tour à quatre reprises et sur chacune des faces de l’échafaud. Il souffrait des suites d’une paralysie et marchait avec quelque difficulté. Un des aides lui ayant dit de se dépêcher ; il lui répondit : "Ne peux-tu attendre ; j’attends bien, moi, qui suis plus pressé que toi". Au moment où le couperet tombait, le chant des Girondins doublait de force.

Après le marquis de Sillery vint Claude Fauchet, que deux aides durent soutenir pour l’aider à gravir les marches très raides de l’échafaud ; puis Carra, Benoît Lesterpt-Beauvais, Lauze-Duperret, Lacase.. Mais lorsque les six têtes furent tombées, les paniers et la bascule elle-même se trouvèrent tellement inondées de sang que le contact de ce sang devait sembler plus horribles que la mort elle-même à ceux qui allaient suivre.

Charles-Henri Sanson ordonna à deux aides de jeter des seaux d’eau et d’éponger les pièces après chaque exécution. Après encore quelques exécutions le vide commençait à se faire dans les rangs des condamnés. Leur chant diminuait d’intensité, sans perdre de sa vigueur : entre toutes ces voix fermes, on distinguait celle de Lehardy qui dominait toutes les autres.

Jacques Boilleau, Antiboul, Jean-François Martin Gardien, Marc-David Lasource, Jacques Pierre Brissot montèrent successivement sur l’échafaud ; au moment où on l’attachait sur la bascule, Lehardy cria à trois reprises : "Vive la République !" Jean Duprat fut exécuté après lui. Avant de quitter ses amis, Ducos embrassa encore Boyer-Fonfrède, il parlait encore quand le couperet tomba.

Armand Gensonné, Mainvielle, Boyer-Fonfrède et Duchatel virent leur tour arriver. Le nombre des vivants était réduit à deux : Pierre-Victurnien Vergniaud et Louis-François-Sébastien Viger. Pierre-Victurnien Vergniaud fut appelé par le bourreau, le dernier qui fut guillotiné fut Louis-François-Sébastien Viger.

Inhumation

Les Girondins furent inhumés dans le Cimetière de la Madeleine aujourd’hui square Louis XVI à Paris.

Notes et références

  1. Chapitre IX, p 241 et suivantes, Ouvrage sur Google books

Voir aussi

Décret d'accusation des députés de la Convention du 1er avril 1793

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