Evander Holyfield

Evander Holyfield
Evander Holyfield
Evander Holyfield.jpg
Fiche d’identité
Nom complet Evander Holyfield
Surnom The Real Deal
The Warrior
Nationalité Drapeau des États-Unis États-Unis
Date de naissance 19 octobre 1962 (1962-10-19) (49 ans)
Lieu de naissance Atmore, Alabama
Taille 1,89 m (6 2)
Catégorie Poids lourds-légers et poids lourds
Palmarès
Professionnel
Combats 57
Victoires 44
Victoires par KO 29
Défaites 10
Matchs nuls 2
Sans décision 1
Titres professionnels Champion du monde poids lourds-légers WBA (1986-1988), IBF (1987-1988) et WBC (1988)

Champion du monde poids lourds WBA (1990-1992, 1993-1994, 1996-1999, 2000-2001), WBC (1990-1992) et IBF (1990-1992, 1993-1994, 1997-1999)
Titres amateurs Médaillé de bronze aux Jeux de Los Angeles en 1984 (poids mi-lourds)

Evander Holyfield, né le 19 octobre 1962 à Atmore, Alabama, est un boxeur américain devenu champion du monde unifié des poids lourds-légers puis des poids lourds.

Sommaire

Carrière

Les débuts

Holyfield renonce à une carrière dans l'armée pour la boxe anglaise. Sur les 174 combats de sa carrière amateur, il en remporte 160, gagne les Golden Gloves de la catégorie mi-lourds et se présente comme le grand favori aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984 (les pays du bloc communiste boycottant les jeux, les boxeurs américains étaient sûrs de l'emporter sans l'opposition des boxeurs soviétiques et surtout cubains).

En demi-finale, il surclasse le Néo-Zélandais Kevin Barry, mais est disqualifié par l'arbitre pour avoir donné un coup après le gong sonnant la fin du combat ; Holyfield doit se contenter de la médaille de bronze. Lors de la cérémonie de remise des médailles, son adversaire qui avait remporté la médaille d'or, l'invite à le rejoindre sur la première marche du podium.

Entraîné par l'ancien champion des poids moyens George Benton, Holyfield devient professionnel et remporte ses 11 premiers combats dans la catégorie des lourds-légers, entre le 15 novembre 1984 et le 28 mai 1986.

Champion incontesté des lourds légers

Le 12 juillet 1986, à 24 ans, il se mesure au rusé Dwight Muhammad Qawi (malgré un certain déséquilibre de palmarès — Qawi compte alors 26 victoires pour 2 défaites) pour le titre WBA. Le premier championnat du monde du boxeur d'Atlanta est disputé trop tôt dans sa carrière, selon les journalistes présents. Qawi le domine et le bouscule dans les premiers rounds, mais son concurrent montre ensuite, pour la première fois, les qualités qui lui permettront de se maintenir pendant plus de 15 ans parmi les meilleurs boxeurs mondiaux : l'endurance face aux coups et à la fatigue et surtout l'acharnement. Holyfield gagne le titre aux points (par une décision partagée des juges), après 15 rounds d'un combat épuisant que Ring Magazine qualifiera de meilleur combat lourds-légers des années 1980.

Après sa victoire sur Qawi, Evander devient le champion incontournable de la catégorie. Il le prouve, durant l'année 1987, en s'emparant de la ceinture IBF aux dépens de Rickey Parkey (KO en trois rounds), et en disposant à nouveau de Dwight Qawi, cette fois par KO. Le champion est élu boxeur de l'année et réunifie le titre le 9 avril 1988 à Las Vegas face à Carlos De Leon, le tenant du titre WBC. Il parvient à le battre avant la limite, ponctuant ainsi sa carrière en lourds-légers, l'une des plus rapides et des plus brillantes.

The Real Deal

Holyfield souhaitait conquérir le titre le plus populaire, celui de la catégorie des lourds alors dominée par Mike Tyson. Dans la grande tradition d'Archie Moore, de Bob Foster et de Michael Spinks, Holyfield passe à la catégorie supérieure. Il se confronte le 15 juillet 1988 à James Tillis, un ancien challenger devenu faire-valoir pour les nouveaux espoirs mondiaux. (Tillis était le premier boxeur à avoir tenu la limite contre Tyson, mais devait plus tard perdre dès le premier round contre Tommy Morrison). En quatre mois, Holyfield avait pris 6 kg de muscle pour devenir poids lourd et devait pendant le reste de sa carrière être soupçonné de dopage. (Dans le même laps de temps, sa taille avait gagné quatre centimètres supplémentaires.)

Après sa victoire sur Tillis, Holyfield se mesure à Pinklon Thomas, ancien champion WBC, qui était lui aussi devenu un faire-valoir. (Invaincu en 30 combats, Thomas avait perdu son titre contre Trevor Berbick avant d'être battu sévèrement par Tyson.) Avant de mettre KO Thomas, Evander avait pris 4 kg de muscle en quatre mois. En 1989, Holyfield assomme sans trop de surprises l'ancien champion WBA Michael Dokes, avant de triompher par KO devant deux adversaires plus sérieux : Adilson Rodrigues (35 victoires, 2 défaites) et Alex Stewart (24 victoires).

Début 1990, Holyfield était devenu la nouvelle « bonne affaire » de la catégorie (d'où son surnom The Real Deal) aussi bien au niveau des performances (depuis son premier affrontement contre Qawi, il avait mis KO tous ses adversaires), de la popularité (toutes ses victoires comme poids lourd avaient été spectaculaires), que des revenus (depuis 1986, il ne boxait qu'à Las Vegas ou Atlantic City). Fort de ses 23 victoires, Holyfield s'était élevé tout en haut de la liste des opposants potentiels à Tyson.

Une confrontation contre le champion incontesté était prévue au Trump Plaza pour le 1er juin 1990, mais la rencontre n'a pas eu lieu, puisque Tyson perd son titre, à la surprise générale, contre James Douglas, un boxeur peu connu. (Holyfield assiste au combat au 1er rang, et il n'oublierait pas comment Douglas avait réussi à battre Tyson). Au lieu d'affronter Tyson, l'ancien champion des lourds-légers gagne contre Seamus McDonagh le 1er juin.

Champion contesté des lourds

Steve Wynn, le propriétaire du Mirage Hotel, nouveau casino de Las Vegas, offre à Holyfield huit millions de dollars pour combattre James Douglas, le nouveau champion. Ce dernier n'a pas la même motivation que lors de son précédent combat et sa forme est bien moindre. Holyfield remporte le titre unifié à 28 ans le 25 octobre 1990 plus facilement que prévu. Le 19 avril 1991, il défend son titre une première fois contre l'ancien champion des années 1970 : George Foreman. Celui-ci mène le combat aux points durant plusieurs rounds. Holyfield remporte les derniers rounds, mais Foreman parvient jusqu'à la limite. Holyfield était vainqueur mais baissait en popularité (contrairement à Big George) et la presse mettait en doute les capacités du champion qui n'était pas capable de briser un boxeur obèse de 42 ans.

Holyfield devait recevoir 30 millions de dollars pour affronter Mike Tyson le 8 novembre 1991 au Caesars Palace dans ce qui devait être le combat le plus coûteux de l'histoire de la boxe. En juillet, Tyson est accusé de viol par Desiree Washington, et son procès doit avoir lieu en janvier 1992. En octobre, Tyson se blesse à l'entraînement ; le combat est donc reporté puis annulé. Il fallait trouver un adversaire en urgence pour un championnat qui se déroulerait finalement à Atlanta (le fief d'Evander) le 23 novembre 1991. Bert Cooper est choisi. Holyfield défend son titre de façon désastreuse contre un challenger comptant 7 défaites en 26 combats, et sèchement battu par Riddick Bowe et George Foreman. Holyfield est proche d'aller à terre au 3e round et ne bat son adversaire par KO qu'au 7e round. Le 19 juin, lors de sa 3e défense, The Real Deal remporte le combat aux points, contre l'ancien champion Larry Holmes, 42 ans et alourdi, bien qu'ayant récemment gagné contre l'espoir invaincu Ray Mercer. Toutefois Holyfield s'était mal préparé à rencontrer Holmes, troublé par la mort de son frère cadet (son beau-frère avait été accusé du meurtre). Holmes lui, avait disputé plusieurs combats avant de se mesurer à Holyfield, contrairement à son dernier championnat du monde, où il était revenu directement après deux ans d'absence.

Bien que toujours invaincu, Holyfield n'avait pas convaincu depuis plusieurs combats, il vivait dans l'ombre de Tyson tout comme Larry Holmes avait vécu dans l'ombre de Mohamed Ali auparavant. Malgré sa volonté, The Real Deal n'avait pas réussi à affronter Tyson détenu en prison à partir de février 1992. Après son combat contre Holmes, il avait perdu toute estime et toute crédibilité auprès du public et de la presse. À la fin de l'année 1992, Holyfield allait pourtant retrouver le prestige et la notoriété qu'il avait connus comme champion lourd-léger. Il se révélerait enfin contre son meilleur adversaire : Riddick Bowe.

Holyfield contre Bowe

En 1992, Riddick Bowe (25 ans) invaincu en 31 combats (27 KO) devient le challenger n°1 mondial. Fort de ses 1,96 m et 105 kg, ce puncheur est déjà considéré comme le prochain roi des lourds. Il affronte Holyfield le 13 novembre 1992 à Las Vegas. Face à un champion jugé inapte à conserver son titre, Bowe est confiant, son poids, supérieur de plus de 10 kg par rapport à son adversaire, le sécurise. Pourtant Bowe n'est pas le challenger le plus fiable : indolent à l'entraînement (il combat souvent avec un surplus de poids) et passif sur le ring (aux Jeux olympiques de 1988, il est disqualifié pour non-combativité), il n'a pas le professionnalisme d'Holyfield qui tapera en plein dans ses points faibles.

Inférieur physiquement, Holyfield est dominé par les longs directs et uppercuts surpuissants de son adversaire. Il se montre solide et réplique avec hargne. À chaque round, les deux boxeurs échangent plus de 100 coups sans faiblir ! Le 10e round est considéré par beaucoup comme un des plus beaux jamais vu en championnat du monde poids lourds, Holyfield au début du round est sévèrement touché par de nombreux coups de Bowe et manque de chuter, mais il termine le round en trombe et ébranle à son tour Bowe. Alors que le score des juges est serré bien que légèrement à l'avantage de Bowe, ce dernier fait chuter Holyfield sur un uppercut. Celui-ci se relève, contre-attaque et bouscule son adversaire. Bowe l'emporte aux points, Holyfield s'incline pour la première fois de sa carrière, après 28 victoires, et ressort grandi de l'affrontement, acclamé au même titre que son adversaire pour une performance élue combat de l'année.

À l'issue du combat, Holyfield annonce sa retraite ; pourtant, sept mois plus tard, il faisait son 1er retour victorieux lors d'une revanche contre Alex Stewart. Pour l'occasion, Holyfield s'adjoint les services d'une nouvelle équipe d'entraînement et d'un nouveau manager : le rappeur MC Hammer qui lui compose un titre. Une revanche tant attendue est organisée par la Caesars Palace le 6 novembre 1993, presque un an après le 1er choc. Cette fois-ci, les circonstances ont changé pour les deux boxeurs. Bowe, depuis sa conquête du titre, est tombé dans la facilité en le défendant contre deux faire-valoir, en plus de négliger son entraînement et de monter sur le ring beaucoup trop gras. Holyfield, lui, a soigné sa préparation, comme à son habitude, et a gagné 6 kg de muscles supplémentaires ! L'ex-champion, qui avoisine les 100 kg, est accusé une fois de plus par la presse de faire un large usage de stéroïdes anabolisants.

Holyfield change de tactique lors de la revanche, qui a lieu en plein air. Plutôt que de chercher l'épreuve de force, comme lors de la précédente rencontre, il bouge constamment et mitraille son adversaire d'enchaînements rapides et précis. Bowe, hors de forme, n'arrive pas à suivre, mais résiste à son tour avec ténacité. Au 7e round survient le moment le plus pittoresque de l'histoire de la boxe : James Miller, un plaisantin adepte du parapente, tente d'atterrir sur le ring entre les deux boxeurs et heurte les projecteurs pour finalement tomber au 1er rang où il écrase la femme de Bowe, qui est enceinte de son 4e enfant. Le parachutiste est agressé par l'équipe de Bowe, puis évacué par la sécurité en même temps qu'un leader islamiste noir (invité principal de la soirée), qui a cru à l'attentat. Avec l'agitation, Eddie Futch, 84 ans, entraîneur de Bowe (autrefois entraîneur de Joe Frazier, Ken Norton et Larry Holmes) subit une crise cardiaque et est évacué du stade à son tour. Le combat reprend et Holyfield regagne son titre aux points et assène à Bowe sa 1re défaite après 34 victoires.

Congratulé pour sa revanche victorieuse, Holyfield ne conserve pas longtemps ses titres WBA et IBF (Bowe a perdu la ceinture WBC en refusant d'affronter Lennox Lewis). Pour son combat suivant, le 22 avril 1994, il rencontre l'ancien champion du monde des mi-lourds, Michael Moorer, toujours invaincu, qui souhaite devenir le premier gaucher champion du monde des lourds.

Le champion a encore gagné plusieurs kilogrammes de muscle et les critiques l'accusant de consommer des adjuvants continuent. Holyfield envoie Moorer à terre au 2e round, puis en plus d'une blessure à l'épaule, il apparaît très lent et très fatigué pendant le reste d'un championnat, qu'il perd aux points, de justesse.

Quand il se rend à l'hôpital faire examiner son épaule, il lui est diagnostiqué une atteinte cardiaque, qui doit l'empêcher de boxer à nouveau. Holyfield prend une retraite forcée[1]. Il se rend à une cérémonie évangélique où le prédicateur Benny Hinn tente de guérir une foule en leur imposant les mains. Holyfield annonce être guéri par miracle. Les médecins qui l'examinent, découvrent que son cœur a subi un stress excessif, causé par un apport exagéré de fluides injectés pour compenser une déshydratation. Evander souffre de symptômes comme des problèmes de pression sanguine ou de déshydratation massive laissant penser à l'utilisation des stéroïdes[2].

Holyfield reprend la boxe et rêve de retrouver Bowe, son éternel rival, pour une belle lucrative, qui les départagerait définitivement. Il fait son second retour contre le violent Ray Mercer le 20 mai 1995 avant que le Caesar Palace n'organise la revanche entre les deux éternels rivaux le 4 novembre, soit deux ans après leur dernière rencontre. Cette dernière manche, attendue avec encore plus d'impatience par le public, est considérée comme le vrai championnat du monde d'une catégorie où le titre est divisé de façon confuse entre quatre boxeurs médiocres.

Bowe, enfin amaigri et motivé, donne la pleine mesure de sa force de frappe : Holyfield ne réussit qu'à gagner le 1er round. Au 5e, Holyfield semble au bord du KO, mais il montre une fois de plus ses solides qualités d'encaisseur. Les journalistes sont surpris de le voir encore debout sous le martèlement des uppercuts de Bowe. Au 6e round, Holyfield renverse le combat à son avantage ; explosif, il envoie Bowe au tapis sur un crochet gauche. C'est la 1re fois de sa carrière que Bowe est à terre. Au 7e round, les deux boxeurs sont à égalité sur le pointage des juges, et ils s'échangent coup pour coup ; une large droite de Bowe ébranle Holyfield, qui va au sol à son tour. C'est au 8e round que l'arbitre Joe Cortez met fin au combat. Holyfield, mis à mal par quelques frappes décisives de Bowe, perd pour la 1re fois de sa vie avant la limite. En pleurs, les deux ex-champions s'étreignent.

Les trois combats Bowe-Holyfield, massivement suivis par les amateurs, sont non seulement considérés comme les meilleurs championnats du monde poids lourd des années 1990, mais aussi l'une des plus intenses rivalités de l'histoire du sport.

La belle de Riddick et d'Evander n'est pas le seul événement à devoir marquer le monde de la boxe en 1995 : un autre ancien champion redoutable sort de prison avec l'ambition de retrouver sa domination précédente : Mike Tyson.

Holyfield contre Tyson

Le 10 mai 1996, Holyfield gagne sans briller contre Bobby Czyz au Madison Square Garden de New York. C'est en septembre que le promoteur Don King lui propose de rencontrer Tyson, son boxeur fétiche. Iron Mike avait fait un retour décevant en 1995 contre deux boxeurs de second niveau, avant d'affronter deux champions du monde accessoires en 1996 qui, eux aussi, n'avaient rien trouvé à opposer au « boxeur vêtu de noir ». Les amateurs, qui espéraient que Tyson réunifie le titre comme il l'avait fait en 1987, réclamaient qu'il s'oppose à un adversaire crédible.

Logiquement, c'est Riddick Bowe, vainqueur par deux fois d'Holyfield, qui aurait dû avoir ce privilège, et c'est Evander, âgé de 34 ans, qui aurait dû prendre sagement sa retraite. C'est pourtant l'inverse qui allait se produire. Bowe, après 2 combats difficiles contre Andrew Golota, quitte les rings et Evander accomplit enfin le combat qui avait été prévu en 1991, mais qui, en 1996, représentait moins d'intérêt.

Tyson avait été absent des rings trop longtemps et devait faire un combat qui ne représenterait pas de danger pour lui tout en satisfaisant le public. Holyfield était l'adversaire idéal. Son triptyque contre Bowe lui avait apporté une grande popularité, et sa dernière défaite par KO contre son rival indiquait son déclin. Son dernier combat sans éclat contre Czyz confirmait la pensée de Don King et Tyson qui sous-estimaient Holyfield, qui n'était certes pas le plus agressif des puncheurs, mais un des plus coriace (ce qui était peut-être encore plus dangereux pour Tyson à cette époque).

Les 48 journalistes couvrant la rencontre donnent Holyfield perdant (sauf un du Boston Globe) et craignent que, sous les poings de Tyson, il ne subisse un traumatisme crânien ou une crise cardiaque.

Le 9 novembre 1996, sur le ring du MGM Grand, les 5 premiers rounds sont serrés, Tyson (le tenant du titre WBA) envoie de puissantes droites, qu'Holyfield parvient néanmoins à contrer régulièrement. Tout au long du combat, les deux boxeurs échangent des coups irréguliers . Les partisans de Tyson estiment que les coups de tête d'Holyfield sont la seule raison de la défaite de leur favori, il apparait pourtant que Mike lui-même est responsable du coup de tête du 7e round.

Au 6e round, Holyfield retourne la situation à son avantage, comme lui seul savait le faire, et ouvre l'arcade sourcilière d'Iron Mike, et à la fin du round, un uppercut précipite Tyson au tapis. Les quatre rounds suivants sont un véritable calvaire pour l'ancien plus jeune champion du monde qui reçoit un nombre incroyable de coups. Les spectateurs stupéfiés ne devaient pas oublier le dixième round où Tyson, qui avait du mal à rester debout, était poursuivi d'un coin à l'autre du ring par Holyfield. Dans les premiers instants du 11e round, il est clair que Tyson n'assumera pas la fin du combat, c'est pourquoi l'arbitre arrête la rencontre pour éviter à Tyson l'humiliation d'être mis KO.

Holyfield reprenait le titre pour la troisième fois comme seul Mohamed Ali y était parvenu avant lui. The Real Deal avait assisté à la défaite de Tyson contre Douglas en 1990 et s'en est souvenu face à Tyson. Il n'a fait que reprendre la même tactique que Douglas (qu'il avait lui-même détrôné) : s'adapter au style de Tyson plutôt qu'imposer le sien, chercher le gain dans la seconde partie du combat plutôt qu'au début, le neutraliser dans les accrochages, les corps à corps, s'accrocher à lui de façon à l'empêcher d'employer ses coups les plus puissants, se servir habilement de son allonge, s'appuyer plus sur la technique que sur le punch. C'est cette même méthode que Lennox Lewis allait s'approprier en 2002 contre Tyson, et, une fois de plus, Iron Mike s'écroulerait.

Les deux boxeurs sont chacun élu boxeur de l'année ; leur affrontement est élu combat de l'année. Pourtant, il allait être vite éclipsé par la revanche qui aurait lieu le 28 juin 1997 entre les deux hommes.

Pour le second combat (toujours au MGM Grand), Tyson part encore largement favori. Une fois de plus, Holyfield se montre mieux préparé. Cette fois-ci, il prend l'avantage dès le premier round, et les deux rivaux échangent à nouveau des coups irréguliers. À la fin du deuxième round, Tyson avait reçu un avertissement pour coups irréguliers et son arcade sourcilière était ouverte. Il était dans la même situation qu'au précédent combat. Désemparé, il mord l'oreille d'Holyfield, en arrache un morceau et recrache le tout avec son protège-dents. Le règlement stipulant que les blessures aux oreilles ne justifient pas l'arrêt d'un combat, la rencontre reprend, après que Tyson se fut fait retirer deux points sur le score (lourde pénalité), et il mord l'autre oreille d'Evander avant d'être disqualifié.

Un semblant d'émeute se répand à travers la salle et le reste de l'hôtel-casino (faisant tout de même une quarantaine de blessés). Par la suite, Tyson est suspendu et condamné à payer à Holyfield 10 % de sa bourse. L'événement scandalise à tel point l'opinion publique que Bill Clinton doit faire une intervention publique. Au musée de cire d'Hollywood, la statue de Tyson est placée à côté de celle du serial-killer Hannibal le Cannibale (personnage principal de la saga de Thomas Harris).

Tom Korioth, professeur d'une université de médecine, a estimé que la pression de la mâchoire de Tyson était largement supérieure à celle d'un individu normal[3].

En Californie, des commerçants mettent en vente des biscuits au chocolat en forme d'oreille, un mois après le combat.

Le 8 novembre 1997, Holyfield prend sa revanche sur Michael Moorer. Cette fois-ci, en pleine possession de ses moyens, il le met KO sans difficulté et réunifie, par la même occasion, les titres WBA et IBF. Il est nommé pour la troisième fois boxeur de l'année, et achève une décennie de succès (1987-1997) qui l'a vu triompher au sommet des catégories lourds-légers et lourds.

Avec la multiplication des fédérations et la division du titre qui s'accentuait dans les années 1990, tout le monde s'attendait à ce que Tyson sorte de prison pour rendre sa crédibilité à une catégorie qui l'avait perdue. Mais c'est finalement Holyfield qui accomplit cet exploit par ses combats contre Bowe et Tyson.

Face à Lou Savarese le 30 juin 2007, El Paso (Texas)

Holyfield contre Lewis

Holyfield ne défend son titre qu'une seule fois en 1998 et affronte Lennox Lewis, le champion WBC, deux fois en 1999 dans des combats de réunification. Le 1er est une nulle et The Real Deal s'incline au 2e. Face à Lewis, que l'on jugeait aussi qualifié que Bowe ou Tyson pour mettre à mal le champion, Holyfield ne montrera pas sa formidable résistance qui avait fait son succès et perdra sans briller, à 37 ans sa carrière était derrière lui. Il est le boxeur à avoir régné le plus longtemps pendant les années 1990 : 1990 à 1992, 1993 à 1994, 1996 à 1999.

Fin de règne

La WBA destitue Lennox Lewis et remet en jeu sa ceinture entre l'ex-champion et John Ruiz. Ils s'affrontent par trois fois en 2000 et 2001. Une victoire et une défaite d'Holyfield, suivies d'un match nul. Ruiz devenait le 1er champion hispanique de la catégorie reine, et Holyfield devenait le 1er boxeur lourd à s'emparer d'un titre pour la 4e fois. Ce record tient plus de l'anecdote que de la vraie performance. Holyfield s'était contenté de gagner sans éclat contre Ruiz, un des boxeurs les plus impopulaire des années 2000, pendant que Lewis restait le vrai champion qui affrontait les meilleurs challengers. Ces trois combats n'avaient rien apporté à Holyfield et à la boxe en général.

Dans les années 2000, le monde de la boxe avait espéré qu'Holyfield surprendrait comme il l'avait fait pendant longtemps. Cela n'est jamais arrivé : Si en 2002 Holyfield gagne contre l'éphémère champion Hasim Rahman, il entame une série de 3 défaites consécutives. Il échoue face à Chris Byrd pour le titre IBF, perdu sur tapis vert par Lewis. Holyfield se déchire le ligament de l'épaule gauche dans le premier round, mais continue à combattre, pour s'incliner aux points. En 2003, il subit une nouvelle défaite contre l'ancien champion des poids moyens James Toney. Toney est le 2e et dernier boxeur, à avoir réussi à gagner avant la limite (9e round) contre The Real Deal. Toney est lui même déçu par sa victoire contre un Holyfield méconnaissable. Il perd une nouvelle fois en 2004, contre Larry Donald, un espoir poids lourd de l'époque. Holyfield prend sa retraite.

Come-back

Holyfield fait son retour en 2006. À travers le Texas, il remporte quatre victoires contre des faire-valoir, avant qu'on ne lui propose un combat pour le titre WBO en 2007. Le 13 octobre 2007 à Moscou, un combat de réunification entre Sultan Ibragimov (WBO) et Ruslan Chagaev (WBA) devait avoir lieu. Chagaev se désiste pour problème de santé. Holyfield est choisi pour le remplacer. Contre Ibragimov, Holyfield se montre aussi peu inspiré que peu combatif et perd aux points. On était loin de l'acharnement presque suicidaire qu'il avait montré contre Riddick Bowe.

Holyfield est en proie à certains problèmes financiers ce qui le motive à renfiler les gants de boxe. Il remonte sur le ring le 20 décembre 2008 à Zurich contre le Russe Nicolay Valuev (WBA) pour briguer un 5e titre de champion du monde poids lourds. Holyfield apparait bien préparé et du haut de ses 46 ans déjoue les pronostics en se montrant plus combatif que son adversaire qui est peu actif dans les 5 premiers rounds. Au 9e round, Holyfield se fait surprendre par un puissant crochet de Valuev qui le secoue sans conséquence. Le combat reste équilibré mais les deux derniers rounds sont donnés en faveur du russe. Les juges lui donnent la victoire par décision majoritaire, sous les sifflets du public. La décision fera scandale, la majorité des observateurs ayant vu Holyfield gagner.

Second come-back

Le 11 avril 2010, Holyfield combat le sud-africain François Botha à Las Vegas, pour le titre mineur WBF. Il remporte la victoire par arrêt de l'arbitre à la huitième reprise, après avoir envoyé son adversaire au tapis par une droite au menton. Il défend son titre le 22 janvier 2011, mais le combat sera déclaré sans décision en raison d'un arrêt précoce en raison d'une coupure à l'œil suite à un coup de tête involontaire. En mai 2011, il affronte un vétéran, Brian Nielsen. Holyfield remporte le combat, mais il ne défend pas sa ceinture, la WBF n'a pas reconnu ce combat, Nielsen, à 46 ans, n'ayant pas combattu depuis 9 ans. Le 17 décembre 2011, il affrontera Alexander Povetkin pour le titre régulier WBA.

Son style

Holyfield, de confession protestante évangélique[4], avait une grande confiance en lui. Il écoutait souvent du gospel dans les vestiaires avant de monter sur le ring, toujours souriant, sans jamais chercher à intimider son adversaire. C'est au milieu des années 1990 qu'il adopte son célèbre short de couleur violet.

Un menton exceptionnel, une endurance et une résistance surhumaine s'accordaient à merveille avec son tempérament tenace et courageux. Ce sont ses meilleures qualités de combattant. Il est considéré comme le meilleur technicien du ring poids lourd de la fin du XXe siècle. Tout comme Gene Tunney ou Mohamed Ali, Holyfield étudiait minutieusement le style de ses adversaires et boxait différemment en fonction de leurs points forts et points faibles, à tel point que les journalistes hésitaient à le qualifier de « cogneur » ou de « rapide ».

Perfectionniste dans l'âme, il ne négligeait aucun détail : toute une équipe était chargée d'évaluer sa forme et de lui faire adopter le poids le plus adéquat ou la tactique la plus efficace contre son prochain adversaire. Evander avait recours à un professeur de danse pour parfaire son sens de l'équilibre et sa souplesse[5]. Cet entraînement spartiate devait lui faire conserver une forme étincelante, même dans les dernières défaites de sa carrière. On retient généralement que son style s'appuyait sur la mobilité, les enchaînements et la condition physique. Les accusations pertinentes de dopage à son encontre sont également à considérer ; Holyfield est semble-t-il l'un de ces sportifs qui ont fait l'admiration du public au détriment de leur santé[6].

Holyfield restera dans l'histoire de la boxe comme le champion qui gagnait avec élégance et précision, contrastant agréablement avec la férocité de Mike Tyson et la nonchalance de Riddick Bowe.


Distinctions

Références


Précédé par Champion du monde poids lourds-légers Suivi par
Dwight Muhammad Qawi
Evander Holyfield
12 juillet 1986 - 4 décembre 1988 (WBA)
Taoufik Belbouli
Rickey Parkey
Evander Holyfield
15 mai 1987 - 4 décembre 1988 (IBF)
Glenn McCrory
Carlos De León
Evander Holyfield
9 avril 1988 - 4 décembre 1988 (WBC)
Carlos De León
Précédé par Champion du monde poids lourds Suivi par
James Douglas
Evander Holyfield
25 octobre 1990 - 13 novembre 1992
(WBA, WBC & IBF)
Riddick Bowe
Riddick Bowe
Evander Holyfield
6 novembre 1993 - 22 avril 1994
(WBA & IBF)
Michael Moorer
Mike Tyson
Evander Holyfield
9 novembre 1996 - 13 novembre 1999 (WBA)
Lennox Lewis
Michael Moorer
Evander Holyfield
8 novembre 1997 - 13 novembre 1999 (IBF)
Lennox Lewis
Evander Holyfield
12 août 2000 - 3 mars 2001 (WBA)
John Ruiz

Sources

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Livres:
  • Les géants de la boxe (Neil Ducanson, Norman Giller)
  • Mike Tyson (Frederic N Roux)
  • Les plus beaux combats de boxe (Jean-Philippe Lustyk)
  • Documentaires:
  • Evander Holyfield beyond the glory
  • The legendary night of HBO: Evander Holyfiel vs Riddick Bowe

Liens externes



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