Ethique de la discussion

Ethique de la discussion

Éthique de la discussion

L'éthique en matière de discussion, de communication et de débat est une réflexion sur les conditions de possibilités minimales de compréhension mutuelle des hommes en situation d'échange verbal. Elle a pour but de formuler les normes qui doivent permettre à un débat de se dérouler de manière satisfaisante et d'établir si possible les fondements de ces normes.

Sommaire

Principes rationnels d'un débat

L'adhésion

Le principe fondamental est, selon Schopenhauer (voir bibliographie) le principe contra negantem principia non est disputandum (il ne faut pas discuter avec quelqu'un qui nie les principes).

Ce premier principe est déjà en lui-même problématique. Du point de vue des fondements il paraît en effet impossible de souscrire à des principes de manière rationnelle, car on commettrait ainsi une pétition de principe. C'est ce que remarque Popper (référence à donner), lorsqu'il parle d'une adhésion de l'ordre de la foi rationnelle.

Pour répondre à ce problème posé par exemple par les sophistes ou les sceptiques (cf. Sextus Empiricus, Livre I), différentes solutions ont été proposées. L'enjeu est d'éviter une alternative stérile entre l'impossiblité de parler et l'impossibilité d'entendre : le refus de tout principe et l'acceptation d'un seul principe universel peuvent en certains cas conduire également à l'impossiblité de la communication humaine.

Règles

  1. Les principes logiques : but - écarter la sophistique et refuser le silence sceptique.
  2. Les prénotions : but - rendre intelligible une entente humaine a priori.
  3. Le sujet transcendantal : but - établir les conditions universelles des possibilités d'un débat.
  4. L'absence de contradiction performative : but - fondation ultime de l'éthique par la raison.

Principes d'un débat selon les Sophistes

L'étude des témoignages sur les sophistes nous révèle que ceux-ci avaient une conception du débat qui n'était pas nécessairement sophistique.

1. Protagoras : le discours fort

Éthique de la discussion telle que développée par Habermas

Jürgen Habermas ramène dans l’éthique kantienne les intérêts et le bien-être des personnes de même qu’il sort l’impératif catégorique de son fonctionnement interne, rendant ainsi son importance au point de vue de chacun sur ce qui est moralement juste (c'est également cette voie que développe son collègue Karl-Otto Apel).

Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir en même temps comme principe d’une législation universelle. (Critique de la raison pratique, Emmanuel Kant)

Le nouvel impératif, selon l’éthique de la discussion, établirait le principe « D » selon lequel « seules peuvent prétendre à la validité les normes susceptibles de rencontrer l'adhésion de tous les intéressés en tant que participants d'une discussion pratique »[1]. Il s’agit donc de permettre au processus interne induit par l’impératif kantien (la réflexion par rapport à la maxime de l’action et à sa possible universalisation) de se sortir du sujet pour prendre le terrain de la discussion, pratique, externe.

De cette façon, Habermas n’a pas besoin, contrairement à Kant, de poser de différence catégoriale entre l’intelligible (devoir et libre volonté) et le phénoménal (inclinations, motifs subjectifs, État, société) ; l’intelligible étant traduit dans le langage de la discussion, une telle distinction n’est plus nécessaire.

Habermas pose une seconde distinction avec l’éthique kantienne en ce que l’éthique de la discussion place l’impératif catégorique comme étant posé à partir des présuppositions universelles de l’argumentation. Cela modifie l’impératif kantien de sorte que celui-ci soit ramené au rang d’un principe d’universalisation, « U », qui dans les discussions pratiques assume le rôle d’une règle d’argumentation. Cette règle valide les normes telles que « les conséquences et les effets secondaires qui d'une manière prévisible découlent d'une observation universelle de la norme dans l'intention de satisfaire l'intérêt de tout un chacun peuvent être acceptés sans contrainte par tous »[1]. Cette règle se décompose donc en deux étapes :

  1. il faut prendre en compte les intérêts des personnes qui peuvent être affectées par la norme examinée ;
  2. et tenir compte des jugements que lesdites personnes posent sur la norme.

Il y a une autre opposition par rapport à l’éthique kantienne. Les bases sont différentes : à savoir que l’impératif kantien se joue essentiellement à l’interne tout en misant sur la capacité d’objectivation du sujet, alors que l’éthique de la discussion est externe, par définition est discussion entre individus : l’universabilité est résultat d’une discussion publique réalisée intersubjectivement et ne fait non plus suite à une entreprise intérieure, monologique, « in foro interno »

Enfin, à propos de l’universabilité. La stratégie propre à l’éthique de la discussion permet le décloisonnement, où les présuppositions de l’agir orienté vers l’intercompréhension sont étendues à une communauté de communication idéale comprenant tous les sujets capables de parler et d’agir.

Ici, l’idéal est très important en ce qu’Habermas est évidemment conscient qu’il conçoit sa pensée par rapport à une communauté idéale, d’un lieu et d’un temps donné, et où l’éthique ainsi élaborée pourra trouver sa pleine réalisation.

Il est bien évident que tous les questionnements et choix n’ont pas à renvoyer tous, toujours à cette vision de l’éthique de la discussion. Ce ne fut qu’une bien brève présentation de ce à quoi l’éthique de la discussion fait appel, positionnée par rapport à Kant et Hegel.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Notes et références

  1. a  et b Jürgen Habermas, Morale et communication (1983), trad. §Christian Bouchindhomme
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