- Ennius
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Quintus Ennius est né en 239 av. J.-C. à Rudiæ dans le territoire anciennement appelé Calabre et aujourd'hui denommé Salento, et mort en 169 av. J.-C.. Il est un auteur de l’époque de la République romaine. On le considère également comme le « père de la poésie latine » et il est promu poète officiel de Rome. Bien que seuls des fragments de son œuvre nous aient été conservés, son influence sur la littérature latine est importante.
Sommaire
Éléments biographiques
Par ses origines, Ennius avait pour langue maternelle l'osque ; comme tous les habitants du sud de la péninsule italienne (la Grande-Grèce), il parle aussi couramment le grec, et s'assimile le latin sans doute très jeune. Il suit d'abord la carrière militaire, puis suit à Rome Caton l'Ancien, qui a remarqué ses talents d'écrivain. Il y enseigne les lettres grecques et latines et se concilie l'estime et la faveur des plus grands personnages : il est l'ami des Scipions.
La naissance de l'hexamètre latin
Mais l'apport décisif d'Ennius à la langue latine est l'acclimatation de l'hexamètre grec (le vers épique d'Homère) à la poésie latine. Auparavant, la poésie latine utilise surtout le vers saturnien, bien adapté au lexique latin, mais monotone au point que les auteurs jouaient de l'allitération pour lui donner du relief. Ennius emploie la versification dactylique dans ses Annales, le premier des poèmes patriotiques latins : et c'est un fait qu'au milieu du IIe siècle av. J.‑C., le saturnien a disparu de la littérature, au profit exclusif de l'hexamètre dactylique. Comme le dit Louis Nougaret, « la métrique latine a son avenir tout tracé, elle sera une métrique grecque romanisée. »
Cette révolution dans la poésie doit certainement beaucoup de son succès au philhellénisme de l'époque, car l'hexamètre dactylique est en réalité mal adapté à la langue latine : trop exigeant en voyelles brèves, il n'eut jamais auprès des foules la popularité des rythmes de la comédies (les rythmes ïambo-trochaïques), bien plus simples dans leur structure (succession de paires brève-longue répétées). La forme rigide de l'hexamètre excluait aussi bon nombre de mots courants en latin, ce qui confère à la poésie dactylique latine un caractère bizarre et affecté.
Aussi faut-il à Ennius user de toute sa science des deux langues, grecque et latine, pour latiniser l'hexamètre.
Œuvres
Nous n'en avons plus que des fragments, citations par d'autres auteurs latins, comme Cicéron.
Ennius compose des comédies, des tragédies, des satires et une épopée intitulée : les Annales de la République Romaine, en 18 chants et en hexamètres dactyliques (ce qui constitue une nouveauté par rapport aux épopées antérieures). Bien que l'on sente dans son style la rudesse qu'avait encore la langue dans le siècle où il vivait, il renferme un grand nombre de beautés.
Virgile lui fait de fréquents emprunts, aussi Horace dit-il (Odes, IV, 8) que ce poète « tirait des perles du fumier d'Ennius », expression qui passa dans le langage courant et devint même le titre d'un ouvrage[1].
Parmi ses œuvres les plus connues, on peut citer l’Epicharme, l’Évhémère, les Satires et les Annales.
« C'est pourquoi, quand les grands sont les maîtres, la cité ne peut être dans une condition qui soit définitive, encore moins dans une monarchie car, ainsi que le dit Ennius, il n'y a pas de lien social ni de foi qui demeurent inviolés quand il s'agit de régner. »
— Cicéron, De la République, I, 32
Bibliographie
Ennius édité
- (en) Eric Herbert Warmington, Remains of Old Latin, vol. 1, Loeb Classical Library, 1935, 640 p. (ISBN 978-0674993242)
- Alfred Ernout, Recueil de textes latins archaïques, Klincksieck, 1915
Ennius traduit
- Annales, texte et trad. an. : O. Skutsch, The Annals of Quintus Ennius, Oxford, 1951.
- Fragments de Q. Ennius (tragédies : Médée, Iphigénie, Ajax, etc.), latin et trad. [1]
Ennius cité
- l’Énéide de Virgile est truffée de vers pris chez Ennius ;
- Montaigne, dans ses Essais, cite plusieurs fragments d'Ennius ;
Ennius étudié
- Jean Bayet, Littérature latine, Armand Colin, 1999, 565 p. (ISBN 2200216793)
- Antoine Meillet, Esquisse d'une histoire de la langue latine, Klincksieck, 2004, 295 p. (ISBN 2252034882)
- Louis Nougaret, Traité de métrique latine classique, Klincksieck, 1963
- (en) Michael von Albrecht, History of Latin Literature: From Livius Andronicus to Boethius: with Special Regard to Its Influence on World Literature, vol. 1, Brill, 1997 (ISBN 9004107096)
- (en) Michael von Albrecht, Roman Epic. An Interpretative Introduction, Brill, 1999, 374 p. (ISBN 9004112928)
- Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille, Littérature latine, Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige manuels », 2005 (ISBN 2-13-055211-0)
- Jacques Heurgon, Ennius, Centre de documentation universitaire, 1960, 205 p.
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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