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Empire Kongo
Pour les articles homonymes, voir Kongo.L’empire Kongo était un empire de l'Afrique du sud-ouest, situé dans des territoires du nord de l'Angola, de Cabinda, de la République du Congo, l'extrémité occidentale de la République démocratique du Congo et d'une partie du Gabon. À son apogée, il s'étendait de l'Océan Atlantique jusqu'à l'ouest de la rivière Kwango à l'est, et du fleuve Congo jusqu'à la rivière Loje au sud.
Bien que très répandue, la dénomination d'« empire » est abusive. En effet, à l'instar de nombreuses sociétés politiques africaines anciennes, Kongo-Dyna-Nza était une fédération politique. En l'occurrence, selon Raphaël Batsîkama, cette fédération rassemblait quatre entités politiques au XVIe siècle : Zita-Dya-Nza, Kongo-Dya-Mpangala, Kongo-Dya-Mulaza et Kongo-Dya-Mpanza [1].
Sommaire
Géographie
Selon certains chroniqueurs européens, à l'époque du premier contact avec les Portugais, le Royaume Kongo devait avoir une étendue de plus de 300 000 km². Une grande partie du sud-ouest de la République démocratique du Congo, du nord de l'Angola, du sud de la République du Congo et une partie du Gabon composait cet État.
Toutefois, les chroniqueurs européens ont fait beaucoup de confusions dans leurs estimations du territoire d'un pays dont ils ignoraient l'organisation administrative. C'est ainsi que certaines provinces qu'ils rencontrèrent loin de la capitale Mbanza Kongo devinrent des « royaumes » à part entière sous leur plume. Il s'agit généralement des localités traversées par les voyageurs européens, depuis les ports de la côte atlantique, d'où ils débarquaient, jusqu'à la ville de résidence du Mwene Kongo située à 150 milles dans l'hinterland.
« Ainsi, pour tout le département, on comptait sept districts. Ce sont ces districts que les Européens ont pris, tantôt pour des royaumes, comme le Ngôyo, le Lwângu, le Kakongo du Kôngo-dya-Mpânzu, tantôt pour des provinces, comme le Nsûndi, le Mbâmba et le Mpêmba du Zyta-Dya-Nza.[2] »Généralement, les chroniqueurs européens réduisent le territoire de Kongo aux seules dimensions de sa province capitale, Zita-Dya-Nza (le « nœud du monde »), dont le chef-lieu était précisément Mbanza Kongo ; où le Mwene recevait les ambassades étrangères. D'ailleurs, l'on sait désormais que l'Angola faisait partie de la fédération Kongo-Dyna-Nza, jusqu'à ce que Paul Diaz y arrive en 1574 et y organise une sécession.
« Bref, en nous basant sur ces renseignements fournis par Duarte Lopez via Felippo Pigafetta, renseignements que semblent confirmer la Tradition, nous pouvons avancer que le Royaume du Congo s'étendait entre la latitude 1 1/2° Nord et la latitude 22° Sud, du 24° de longitude Est à l'océan Atlantique. Il atteindrait une superficie dépassant les 2 500 000 km² [...][3] »Mythe des origines
Selon l’une des versions mythologiques de leur origine, rapportée par Raphaël Batsîkama, l’ancêtre primordial (Nkâka ya kisina) des baKongo serait une dame nommée Nzinga, fille de Nkuwu et épouse de Nimi. La société traditionnelle Kongo étant matriarcale, à l’instar de tant de sociétés africaines anciennes, on conçoit que son aïeul primitif fût nécessairement une femme, sinon réellement, au moins symboliquement.
Nzinga aurait eu trois enfants, deux garçons jumeaux et une fille, respectivement Vit’a Nimi, Mpânzu a Nimi et Lukeni Lwa Nimi. Les quatre noms primordiaux de l’ancêtre et de ses enfants tiennent lieu également d’appellations pour les quatre tuvila initiaux ; c’est-à-dire les lignages ancestraux des ba-Kongo.
- Les frères et autres collatéraux de Nzinga à Nkuwu ont reçu la fonction de maître des terres ; c'est-à-dire qu'ils se sont spécialisés dans la manipulation des énergies telluriques, notamment en vue d'exécuter les opérations rituelles présidant aux implantations coloniales successives dans le bassin du fleuve Nzadi.
- Vit’a Nimi était l’aîné des enfants Nzinga, on l’appelle également Ma-samba, ou encore Nsaku. Ses descendants sont les ki-Nsaku. A eux sont dévolues les fonctions de médiation aussi bien spirituelle que politique. D'ailleurs, selon Alain Anselin, « Samba signifie palabrer, argumenter en lingala[4] ». D'où ma samba pour dire "maître de la palabre" : héraut, négociateur, diplomate, voire intercesseur auprès des ancêtres.
- Mpânzu-a-Nimi était réputé intrépide, habile des mains et excellent agriculteur. C’était également un Ndamb’a Ngolo, c’est-à-dire un excellent mineur.
- Lukeni se distinguait surtout par sa beauté et sa fécondité qui lui donna une nombreuse progéniture, dont elle aurait excellé dans l’éducation. D'où son surnom Mungoyo’a Ntende, c’est-à-dire « la belle aux mille chances ». Elle hérita aussi du nom de sa mère, Nzinga.
Les tuvila primitifs auraient occupé d’abord le territoire de Kongo-Dya-Mpangala sous l’autorité spirituelle et politique de Vit’a Nimi. Ils investirent progressivement cette région, une vaste plaine très ensoleillée et riche en minerais, traversée par le fleuve Kwânza (ou Nzadi = Zaïre). Ils y fondèrent diverses agglomérations, notamment Mpangala, Mazinga, Ngoyo, Mpemba, Lwangu, Nsundi, Mbinda, Mbembe, Mbamba, Mpangu.
Organisation administrative à la fin du XVe siècle
Les fondateurs de Kongo ont conçu leur pays comme un grand cercle ayant quatre secteurs, et pourvu d’un gros noyau. Dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, les secteurs sont :
- Sect 0 : la façade maritime, l'Atlantique à l'ouest
- Sect 1 : Kongo-Dya-Mpangala au sud
- Sect 2 : Kongo-Dya-Mulaza à l'est
- Sect 3 : Kongo-Dya-Mpanza au nord
A part la mer, ces secteurs consistent en entités administratives, qui sont respectivement ka-Mbamba (sect1), ki-Mpemba (sect2) et ka-Mbangu (sect3). Quant au noyau, appelé Zita-Dya-Nza (« nœud du monde »), il avait un statut administratif particulier en tant que province-capitale appelée également Mbanza-Kongo, du nom de la ville où résidait le Mwene, et que les Portugais renommèrent Sao Salvador. Littéralement, Mbânza (ou Ngânda) signifie chef-lieu ou capitale. En sorte que Mbanza Kongo se traduit par "capitale de Kongo", tout comme Mbanza Nsundi signifie chef-lieu du Nsundi.
Kambamba, Kimpemba, Kabangu et Mbanza-Kongo formaient une fédération politique nommée Kongo-Dyna-Nza, ou encore Kongo-Dia-Ntotila. Chacune de ces quatre entités comportait sept ki-Nkosi (subdivisions). Chaque Kinkosi comportait plusieurs ki-Mbuku, qui se composaient chacun de nombreux ki-Kayi, lesquels étaient constitués à leur tour de plusieurs ki-Fuku. La capitale de Kongo-Dya-Mpangala se nomme Mbânza Mbamba, celle de Kongo-Dya-Mulaza est Mbânza Mpemba, et celle de Kongo-Dya-Mpenza s'appelle Mbânza Mbangu.
Ce modèle d’aménagement territorial va se démultiplier au fil de siècles, de manière rhizomique, jusqu’à reproduire quasiment à l’identique sa toponymie dans les autres régions ultérieurement unifiées au foyer initial. Ce processus d’expansion territoriale du foyer Kongo aura une structure fondamentalement triale, justement à l’instar des trépieds d’un foyer :
« Les entités politico-administratives du Royaume du Congo iront de triade en triade. Dans chaque triade disposée toujours en position d’un homme couché dont la tête se trouve au Nord, les descendants de Nzinga occuperont toujours le Sud, ceux de Nsaku le centre, et enfin ceux de Mpanzu, le Nord. […] Ces régions ou territoires, selon qu’ils appartiennent aux Nzinga, aux Nsaku ou aux Mpanzu, portent une des dénominations suivantes :- a) Nzinga : Mbâmba, Ngôyo, Mazînga, Kinânga, Mbînda, (Kabînda), Mpângala (Kikyângala), etc. (Sud).
- b) Nsaku : Mpêmba, Kakôngo, Mbata, Nsânda, Zômbo, Lêmba, Kiyaka, etc. (Centre)
- c) Mpanzu : Mpangu, Nsundi, Vûngu, Lwângu, Nsôngo, Nsuku, Mpûmbu, Ndôngo, Dôndo, Yômbe, Kibângu, etc. (Nord). »
Cette originalité et cette complexité structurale de l'organisation du territoire Kongo surprendront l'intelligence de nombreux étrangers européens. Ce qui explique beaucoup d'imprécisions ou erreurs d'appréciation dans les chroniques d'époque, notamment celle de Filippo Pigafetta. Le pays avait une superficie d'environ 2 500 000 km2 au XVIe siècle, soit la moitié de la superficie de toute l'Europe occidentale. On comprend que sa structure confédérative favorisera son dépeçage par les Européens, après d'innombrables intrigues sécessionnistes au cours des siècles suivants. Ainsi à partir du XVIIe siècle, naîtra de cette vaste construction politico-administrative une myriade d'État-nations autonomes, sous l'effet des bouleversements engendrés par l'économie négrière atlantique.
Organisation politique
L'autorité politique suprême de Kongo-Dyna-Nza pouvait être nommée de diverses manières :
- Ntinu: chef militaire, celui qui a à sa charge la défense nationale
- Mwene: celui qui pourvoit aux besoins du peuple
- Mfumu : désigne quant à lui la notion de responsable au sens administratif comme au sens social.
A noter que "Mani" est l'expression la plus répandue dans la littérature occidentale. Mais ce ne serait qu'une traduction portugaise approximative de Mwene, et non une quelconque autre titulature.
La fonction de Mwene est élective, mais tout citoyen ne peut pas y prétendre ; car elle est aussi censitaire. On tient généralement le régime politique de Mwene pour une monarchie constitutionnelle. Toutefois, cette fonction n'est pas seulement politique. Elle est également sacerdotale ; comme un cas particulier du modèle africain dit de la "royauté sacrée", ou encore la "royauté divine".
En principe, la succession à la tête de Kongo est matrilinéaire. En sorte qu'originellement, seuls les descendants de Lukeni Lwa Nzinga, la fille de l'ancêtre-mère primordiale, pouvaient prétendre au poste de Mwene. Les descendants de Vit'a Nimi ayant pour fonction de veiller au respect, entre autres, de cette loi de succession. Par conséquent, après avoir été élu par le Conseil des Sages, un Mwene ne peut être consacré tel que s'il subit une cérémonie rituelle organisée et présidée par le gardien des principes spirituels et politiques désigné nécessairement parmi la lignée des Nsaku.
C'est ainsi que le premier Mwene Kongo attesté dans les annales traditionnelles s'appelle Nimi'a Lukeni Lwa Nzinga, c'est-à-dire Nimi (du nom de son grand-père) fils de Lukeni et petit-fils de l'ancêtre-mère Nzinga Nkuwu. Où l'on voit que les fonctions de Reine-Mère ou d'Épouse-Royale sont particulièrement cruciales dans les sociétés matriarcales ; elles ne sont guère honorifiques comme cela peut être le cas ailleurs.
Le cabinet du Mwene comporte divers fonctionnaires, notamment :
- Mata ma Kongo, le préposé aux armes de Kongo, c'est-à-dire aux affaires militaires
- Mbênza Kongo, le préposé aux affaires de la Justice
- Ne Mpûngi, chef de la musique du palais
- Wavadidi Ntinu, le sculpteur attitré du Ntinu, c'est-à-dire du Mwene.
Cette configuration hiérarchique est reproduite aux échélons inférieurs, de telle sorte que chacune des quatre grandes circonscriptions politiques possèdent ses préposés à la Défense, Justice, etc., tout comme les vingt-huit kinkosi comportent les leurs.
De façon générale, les préfixes Mâ, Mwê ou Nâ, Ne introduisent la notion d'autorité politique et/ou administrative ; c'est-à-dire celle de "chef", "roi", "maître", etc. Ainsi le :
- Ne-Nkosi est le "roi" d'un ki-Nkosi.
- Mwê-Mbuku est l'autorité qui administre un ki-Mbuku.
- Nâ-Kayi est le "chef" d'un ki-Kayi.
- Mâ-Fuku (ou "Mafouc" dans les chroniques euroépennes) dirige un ki-Fuku ; c'est-à-dire le plus bas échélon administratif de la Fédération Kongo-Dia-Ntotila.
En outre, la personne exerçant l'autorité d'une entité politico-administrative est souvent désignée par le lieu-dit de sa fonction, plutôt que par son propre patronyme. Ainsi le Mâ-Nkosi du Nsundi peut être appelé Ma-Nsundi par ses administrés (ou Mâ-Mbamba pour le Mbamba, Ma-Lwangu pour le Lwangu). De même qu'on appelle l'autorité suprême Mwene Kongo ("Mani Kongo" des chroniques européennes), au lieu d'indiquer son nom propre ; par exemple, Mvemba a Nzinga.
Histoire
Le royaume Kongo se développa sous plusieurs migrations du VIIe au XVe siècles, puis entra en contact avec le Portugal.
Avant l'arrivée des Européens, l'Empire Kongo était un État très développé, avec un large réseau commercial. À part les ressources naturelles et l'ivoire, le pays fondait et commerçait le cuivre, l'or, les vêtements de raphia, et la poterie, disposait d'une monnaie et de finances publiques.
Mais surtout, il pratiquait l'agriculture, la chasse et l'élevage. Il était comme les autres peuples d'Afrique noire organisé sous forme de castes, mais avec une structure beaucoup plus souple que par exemple dans le cas Songhaï. On pouvait par exemple apprendre un métier de son choix en intégrant l'une des grandes écoles du pays. Les plus connues sont les quatre plus prestigieuses, à savoir Kimpasi, Kinkimba, Buelo et Lemba. Ces écoles toujours d'actualité représentaient le lieu où était formée l'élite Kongo. Si leur accès était relativement libre, toujours est-il qu'il s'agissait d'une longue initiation aux critères de sélection très stricts. À tel point que des "explorateurs" comme Bittremieux, qui tentèrent de comprendre l'enseignement (en vain), en conclurent qu'il s'agissait de cultes secrets ou ésotériques. Il n'en est rien, mais on imagine cependant le niveau de cet enseignement (toujours en vigueur) a fortiori pour un étranger à cette culture.
Au cours de ses voyages le long de la côte africaine dans les années 1480, le navigateur portugais Diogo Cão fut le premier à évoquer un grand empire qui contrôlait le commerce dans la région. Cao remonta le fleuve Nzadi ou Zaire qui était selon lui la voie d’accès vers le royaume du prêtre Jean. En 1483, il rendit visite à Ntinu Nzinga Nkuwu dans sa capitale, Mbanza Kongo. Le royaume Kongo était alors à son apogée grâce à la production d’igname et d’échange de houe et d’arme contre de l’ivoire avec les populations de l’intérieur de l’Angola. Il persuada difficilement le roi d'ouvrir le pays aux Portugais. Les six États de l'Empire étaient Soyo, Mpangu, Mpemba, MBata, Mbamba et Nsundi. Le dernier fut le premier à tomber sous le protectorat portugais. Cão crut alors la voie libre pour se procurer des esclaves et le tenta. Cependant, Nzinga Nkuwu était décidé à ne pas faire de son royaume un lieu de traite.
Des missionnaires catholiques arrivèrent dans la région en 1490, l'années suivante, Nzinga Nkuwu fut baptisé et prit le nom de Ndo Nzuawu. A la demande du roi du Portugal, Ignace de Loyola envoya quelques jésuites au Royaume du Grand Congo en 1548. Ils furent bien reçus et ouvrirent une école (fondée par le roi) qui eut rapidement 600 élèves. Très vite leur situation devint difficile à cause de l'attitude colonialiste du Portugal, du caractère capricieux du roi et du comportement scandaleux de certains prêtres 'marchands' portugais. Sous Nzinga Nkuwu les relations avec le Portugal se refroidirent et ne s'améliorèrent guère jusqu'à sa mort. En 1555 tous les blancs étaient chassés du Congo. La situation eut été plus grave encore n'eut été la mort de son fils, Mpanzu a Nzinga, qui était lui contre toute forme de relations avec le Portugal.
Prétendant favori à la succession de son père (la succession se faisait par élection et il n'était pas systématique qu'un fils succède à son père), Mpanzu a Nzinga, soutenu par les représentants votants des clans et des corps de métiers Kongo, désirait écourter au plus vite les relations avec le Portugal. Cela lui couta la vie lors d'un attentat, le jour de son accession au trône.
Son frère, Mvemba Nzinga fut baptisé au catholicisme et prit le nom d'Afonso (Ndo Funsu).
Mvemba Nzinga, qui avait été largement influencé dès son enfance par "l'encadrement missionnaire", devint roi à la suite de l'assassinat de son frère (par un soldat portugais).
Mvemba Nzinga envoya son fils Lukeni Lua Nzinga au Portugal qui devint plus tard le premier évêque africain de l'histoire de l'Église catholique. La capitale fut renommée São Salvador (Saint-Sauveur).
Dans les décennies qui suivirent, l'Empire Kongo tomba dans la spirale du commerce d'esclaves planifiée par les commerçants du Portugal et d'autres pays européens. Les conséquences commençaient à se faire sentir pour l'Empire, et en 1526, le Manikongo écrivit au roi Jean III de Portugal, lui demandant de mettre fin à cette pratique. Sa requête reçut une réponse cynique et les relations entre les deux pays s'envenimèrent. Fortement affaibli par la dépopulation et victime des incursions des États voisins sous impulsion portugaise et néerlandaise ensuite, l'Empire Kongo se trouva sur le déclin. Les Portugais profitèrent de la situation pour augmenter leur prélèvement d'esclaves dans la région. Sous la pression coloniale croissante, l'Empire avait déjà perdu son indépendance au XVIIe siècle, puisque les Portugais, puis les Anglais (suivis par les Britanniques) étaient maintenant ceux qui intronisaient les rois, en remplacement du vote populaire.
Le royaume se disloqua, chaque province sous tutelle portugaise, britannique ou libre devenant indépendante. La lutte pour la réunification commença et au besoin, les anciennes provinces furent rebaptisées par l'envahisseur, créant par là des ethnies artificielles. À cette époque déjà, en territoire conquis, l'enseignement de la bible et des valeurs occidentales se faisait dans tous les villages et villes soumis, par la force chaque fois que possible. On bastonnait les vieillards et violait les femmes, on brûlait et pillait les villages et villes. Les provinces occupées étaient en proie à des luttes pour leur souveraineté, mais cela ne suffit à les libérer.
Au cours de la bataille d'Ambuila en 1665, les forces portugaises en provenance de l'actuelle Angola, c'est-à-dire des zones conquises, accompagnées des troupes soumises furent en mesure de vaincre les forces du roi Antoine Ier du Kongo (Nvita a Nkanga). Antoine fut tué avec beaucoup de ses lieutenants, ainsi que l'auteur luso-africain Manuel Roboredo, qui avait essayé d'empêcher cette dernière bataille.
Cependant, l'État Kongo continua d'exister, ou tout au moins formellement, durant deux siècles, jusqu'à ce que sa division soit décidée entre le Portugal, la Belgique (en fait Léopold II de Belgique), et la France par la Conférence de Berlin en 1884-1885 (Attention: La Conférence de Berlin, contrairement à ce qui est souvent colporté, n'a pas pour objet officiel le partage de l'Afrique. La reconnaissance des découpages opérés par les grandes puissances, s'est généralement opérée de manière bilatérale, effectivement parfois en marge de ladite conférence). Il faut retenir cependant que les luttes persistèrent jusqu'aux indépendances, par exemple avec Ana Nzinga, qui tenut en échec les coalitions portugaise, néerlandaise et britannique pendant près de trente ans et réussit à freiner l'expansion de la traite sur le territoire Kongo. Cependant, les densités de populations de l'époque, qui étaient de 35 hab/km2 chutèrent dramatiquement à 5 hab/km2 au début du XIXe siècle. La traite avait fait son œuvre de dépeuplement sanglant et le colonialisme venait à grand pas saigner encore le peuple Kongo comme les autres peuples de la région.
Calendrier
Comme dans beaucoup de régions de l'Afrique centrale ou de l'ouest, un calendrier basé sur la "semaine" de quatre jours était en vigueur; trois jours ouvrables et un jour pour le marché:
- "Semaine" = 4 jours
- Mois = 7 "semaines"
- Année = 13 mois + 1 jour
Outre celui du marché, il y a un calendrier agricole Kongo qui comporte six saisons :
- Kintombo (octobre-décembre) = saison des premières pluies, celle des sémailles (ntombo). On la nomme également ma-sanza, "nourriture".
- Kyanza (janvier-février) = deuxième saison des pluies, celle de la récolte du vin de palme. On l'appelle aussi mwanga.
- Ndolo (mars à mi-mai) = dernière saison des pluies.
- Siwu ou Kisihu (mai-août) = première saison sèche, marquée par les vents froids.
- Mbangala (mi-août à mi-octobre) = seconde saison sèche, caractérisée par de fortes chaleurs, notamment à partir de juillet. Période des brûlis,mpyaza.
Avec la venue du christianisme, le calendrier chrétien a pris de plus en plus la place de ce calendrier.
Références
Voir aussi
Bibliographie
- Bontinck, F., Histoire du royaume du Congo (c. 1624), EHA, 1972, 4
- Raphaël Batsîkama ba Mampuya ma Ndâwla, L'Ancien Royaume du Congo et les baKongo, éd. L'Harmattan, Paris, 1999
- Filippo Pigafetta et Duarte Lopez, Description du royaume de Congo et des contrée environnantes (1591). Traduite de l'italien et annotée par Willy Bal, éd. Nauwelaerts, Louvain, 1963.
Liens internes
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Liens externes
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