- Emile François Guillaume Clément de La Roncière
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Émile François Guillaume Clément de La Roncière
Emile François Guillaume, comte Clément de La Roncière est un officier de cavalerie français devenu à la suite d'un scandale judiciaire administrateur colonial. Né en 1803 à Breda (Pays-Bas) et décédé à Paris le 9 août 1874, il s'illustra notamment en devenant le huitième gouverneur français de Tahiti.
Sommaire
Jeunesse
Fils aîné du général-comte Clément de La Roncière, célèbre sabreur de la Révolution et de l'Empire et héros de la bataille de Monte-Alto, le jeune vicomte de La Roncière s'engage tout naturellement dans la carrière des armes. A Cayenne, à Cambrai et à Saumur où il est affecté successivement, il mène la joyeuse vie d'un lieutenant de cavalerie de la Restauration, alternant mondanités et conquêtes féminines.
L'Affaire La Roncière
En 1834, l'Ecole de cavalerie de Saumur est commandée par le général de Morell, homme d'influence et proche parent du maréchal Soult, alors ministre de la Guerre. Le général de Morell vit à Saumur accompagné de sa femme et de sa fille de seize ans, Marie.
A plusieurs reprises, celle-ci se plaint de recevoir d'étranges lettres de menaces signées E. de La R... On soupçonne évidemment Emile de La Roncière, qui nie vigoureusement les faits. La jeune fille est en réalité secrètement amoureuse du brillant lieutenant de cavalerie, qui de son côté la dédaigne.
Le 24 septembre 1834, Marie de Morell, retrouvée baîllonnée dans sa chambre, affirme avoir subi une tentative de viol de la part du vicomte de La Roncière. C'est le début d'une affaire judiciaire retentissante, car elle mêle deux familles importantes à la Cour des Tuileries, dont l'inimitié remonte à la période napoléonienne. Le général de La Roncière, cavalier, est en effet connu pour être un ennemi du maréchal Soult, fantassin, dont il méprise l'esprit courtisan.
Le vicomte de La Roncière a beau avoir des protections puissantes, le comte Clément de Ris, son cousin, étant lui-même pair de France, c'est le parti de Morell qui gagne le procès, alors que les preuves se sont accumulées contre la jeune fille, qui a monté la scène de toutes pièces.
Emile de La Roncière est finalement condamné le 10 juillet 1835 à dix ans de prison par la cour d'assises de la Seine. Le pourvoi en cassation échoue, et huit ans s'accomplissent avant que sa famille ne réussisse à le faire libérer en 1843 et obtienne sa réhabilitation définitive en 1849. L'honneur du vicomte de La Roncière est lavé, quatorze ans après sa condamnation.
Une carrière coloniale
Si les espérances de carrière d'Emile de La Roncière paraissent toutes brisées, l'ascension de son frère cadet, Camille Clément de La Roncière-Le Nourry, brillant officier de marine, va lui permettre de trouver une place. Le Second Empire proclamé, La Roncière devient Commandant de la Garde nationale puis Inspecteur de la Colonisation en Algérie (1853). En 1859, il est nommé chef des services coloniaux à Chandernagor puis commandant des Iles Saint-Pierre-et-Miquelon, poste qu'il occupe jusqu'en 1863. La population de Saint-Pierre gardera un très bon souvenir de son passage, à tel point que le quai principal de l'île est rebaptisé quai La Roncière.
Gouverneur à Tahiti
Mais la consécration de la carrière de La Roncière a lieu à Tahiti. En 1864, le comte de La Roncière est en effet désigné, à soixante-et-un an, pour remplacer le capitaine de vaisseau Gaultier de la Richerie comme gouverneur des Établissements Français de l'Océanie (EFO), autrement dit les Iles de la Société et ce qui constituera plus tard la Polynésie française.
La Reine Pomare IV règne alors à Tahiti. Les relations avec les Français se sont apaisées depuis l'établissement du protectorat en 1843. La Reine Pomare est séduite par les qualités de gouvernement de La Roncière, qui, jusqu'en 1869, joue un rôle de bâtisseur. Ses réalisations (phare de la Pointe de Vénus, route carrossable de Papeete à Tarravao, plantation Terre Eugénie), sa gestion de la mission des Iles Gambier et sa proximité toute militaire avec les Tahitiens le font apprécier de la population indigène. En 1869, il essaie de donner une autonomie financière au royaume des Pomare en instaurant des taxes locales, visant à supprimer la dépendance financière et politique de Tahiti à l'égard de la France. Ce projet échoue, et La Roncière est rappelé immédiatement en France où il est mis à la retraite d'office.
Le comte de La Roncière s'éteint à Paris le 9 août 1874. Il avait épousé une veuve, Madame d'Asclepi, et meurt sans descendance.
Bibliographie
- L'Affaire La Roncière. Une erreur judiciaire en 1835, Stéphane Arnoulin, Librairie Paul Ollendorf, 1899
- La Ténébreuse Affaire La Roncière, Maurice Talmeyr, Librairie académique Perrin, 1922
- L'inavouable secret du lieutenant de la Roncière. Préface du bâtonnier Henri-Robert, Gaston Delayen, Albin Michel, 1925
- L'Affaire La Roncière, Paul Reboux, Éditions A. Lemerre, 1930
- L'Affaire du lieutenant de La Roncière, film de Claude Barra, 1955
- L'Affaire La Roncière. Le viol impossible, Pierre Maurice-Garçon, Éditions Mame, 1971
- L'Honneur perdu de Marie de Morell. L'affaire La Roncière - 1834-1835, Pierre Cornut-Gentille, Perrin, 1996
- La Reine Pomare : Tahiti et l'Occident, 1812-1877, Bertrand de La Roncière, L'Harmattan, 2003
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