Ecoles en Cote d'Ivoire

Ecoles en Cote d'Ivoire

Éducation en Côte d'Ivoire

Cet article traite des caractéristiques et de l'histoire du système d'éducation en Côte d'Ivoire.

Sommaire

Education à l'époque coloniale

Après avoir mis pied sur le territoire en 1837 avec Édouard Bouët-Willaumez et Paul Fleuriot de Langle, le colonisateur français commencera à développer un système éducatif en Côte d'Ivoire à partir de 1887.

Enseignement primaire

C'est à Elima, dans le sud du pays, que sera créée la première école officielle française en Côte d'Ivoire le 8 août 1887 avec pour instituteur Fritz-Emile Jeand'heur venu d'Algérie. Elle comptait alors 33 élèves africains qui seront les premiers lecteurs en langue française. Elle fonctionnera pendant trois ans avant d'être transférée en 1890 à Assinie par Marcel Treich-Laplène, le nouveau résident de France. D'autres écoles de village seront créées à partir de 1890, à Jacqueville, Grand-Bassam, Moossou, Tabou, Bettié, localités toutes situées sur le littoral du Golfe de Guinée. Elles fonctionnaient avec des maîtres d'écoles occasionnels et regroupaient environ 200 élèves en 1895. Le premier mars 1904, il y avait 896 élèves en Côte d'Ivoire pour une population estimée un peu supérieure à 2 millions d'habitants. Le premier instituteur ivoirien, Loua Beugré, sera diplômé en 1912, entré à l'école normale de Saint-Louis au Sénégal en 1909, après avoir été formé à Bingerville. En 1911, il y avait, en Côte d'Ivoire, un groupe scolaire central à Bingerville, 16 écoles régionales et 26 écoles de village dont 2 seulement pour tout le Nord du pays, à Odienné et à Korhogo. En 1915, l'ensemble des établissements scolaires en Côte d'Ivoire accueillait 3317 élèves encadrés par un corps enseignant qui, outre les étrangers, comportait 17 instituteurs ivoiriens et 50 moniteurs ivoiriens. En 1924, il y avait 4354 élèves dont seulement 211 filles. En 1932, 6722 élèves dont 627 filles étaient scolarisés[1].

Enseignement secondaire

Jusqu'au début des années 50, il n'existait pas d'école secondaire à la colonie. Les premiers élèves ivoiriens scolarisés dans un lycée le seront en France via l'Aventure 46, initiée par Félix Houphouët-Boigny, alors député du PDCI-RDA élu en novembre 1945 à l'Assemblée constituante[Note 1], et menée à bien avec l'appui du gouverneur André Latrille en dépit des fortes réticences de l' administration coloniale.

Politique de l'éducation

Dès l'indépendance du pays en 1960, le gouvernement a mis l'acent sur l' éducation en y consacrant 44% du budget de l' état[2]. Il a également voulu un brassage des populations pour créer une « nation ivoirienne ». Ceci s'est en particulier traduit dans le domaine éducatif : après réussite au concours d'entrée en sixième, les élèves sont « affectés » à un collège ou à un lycée qui peut se situer à plusieurs centaines de kilomètres de leur village natal et de leur école primaire. Ils sont alors pris en charge par un tuteur de la région d'accueil pour leur hébergement et leur nourriture.

Langues

À tous les niveaux d'enseignement, c'est l'usage du français qui prévaut en vertu de l'article 1 de la constitution de 1960 qui a fait du français la seule langue officielle[3]. Au primaire, les élèves doivent obligatoirement parler français « sous peine d'amende », y compris pendant les récréations. Les autorités affirment qu'au terme de leurs six années d'études primaires, les enfants ivoiriens auraient une maîtrise suffisante de la langue française. Au secondaire, l'anglais a été introduit comme seconde langue obligatoire ; au deuxième cycle, les élèves doivent apprendre une autre langue étrangère, l'espagnol ou l'allemand. Il en résulte que 40 % de la population est déjà « francisée », ce qui fait de la Côte d'Ivoire l'un des pays d'Afrique les plus « francophonisés »[Note 2].

Règlement

Le règlement des écoles secondaires impose une tenue obligatoire pour tous les élèves : un pantalon et une chemise kaki[Note 3]pour les garçons, un chemisier blanc et une jupe bleue pour les filles avec obligation de porter des chaussures fermées. Par ailleurs, le châtiment corporel est toujours autorisé dans les écoles primaires publiques.

Années 70 : éducation télévisuelle

Dans les années 1970, un vaste programme d'éducation télévisuelle avait été lancé dans toute la Côte d'Ivoire sous l'autorité du Ministre de l'éducation primaire et de l'enseignement télévisuel, Pascal Dikébié N'Guessan : un animateur, appelé « télémaitre », était chargé de programmer des émissions d'éducation pré-enregistrées sur des téléviseurs installés dans les villages pour pallier le manque d'instituteurs et de professeurs. Il avait particulièrement été développé dans le nord du pays en raison du manque criant d'instituteurs dans la région. Ce projet s'est traduit par un échec[réf. nécessaire] et a été abandonné en 1981[réf. nécessaire].

Années 80

En 1984, pour fêter la Coupe d'Afrique des nations de football organisée en Côte d'Ivoire, et supporter l'équipe nationale, le gouvernement a décidé de fermer les écoles pendant la durée de la compétition. Bien que l'équipe nationale ait été éliminée dès le premier tour de l'épreuve, aucun cours n'a eu lieu pendant 2 semaines...

Dans les années 1980, à la suite d'une grève des enseignants du secondaire, commencée au lycée de Bondoukou et qui a gagné tout le pays, consécutive au « problème des baux administratifs » qui se traduisait concrètement par la suppression du « droit au logement » des professeurs, il a été rendu obligatoire, dans les écoles, de chanter l'hymne national, L'Abidjanaise, chaque matin et de citer la « pensée du jour »[Note 4] du président de la République de l'époque, Félix Houphouët-Boigny, ce dont s'acquittait le « délégué de classe ». Ce dernier concluait immuablement son intervention par le slogan, repris en chœur par tous les élèves : « Vive la Côte d'Ivoire, Vive le PDCI-RDA, Vive Félix Houphouët-Boigny ». Parallèlement, sous l'autorité du ministre de l'Éducation, Balla Keita, originaire du nord, il a été institué des cours d’« instruction civique »[4], le « lever du drapeau » dans la cour des écoles chaque lundi matin et le « baisser du drapeau » chaque samedi midi. De surcroît, chaque école a été considérée comme une « sous-section » du PDCI-RDA, parti politique unique du pays à ce moment-là[5], [Note 5].

Notes et références

Notes

  1. En octobre 1945, le gouvernement français, décidé à faire participer ses colonies à l’assemblée constituante, a organisé l’élection de deux députés en Côte d’Ivoire : l’un représentant les colons, l’autre les autochtones.
  2. Le monde francophone compte environ 200 millions de locuteurs
  3. Kaki est le nom du tissu : il peut être de couleur beige, bleu ou marron
  4. La « pensée du jour » était également publiée en exergue du journal unique de l'époque, Fraternité-Matin, et citée par le présentateur en ouverture du journal télévisé de l'unique chaine de télévision du pays
  5. Pendant ces évènements, les enseignants grévistes du lycée de Bondoukou ont été expulsés manu-militari de leur logement par les militaires et les dirigeants du syndicat des enseignants ont été emprisonnés pendant plusieurs mois. Les professeurs étrangers ont été « réquisitionnés » pendant quelques jours avant la fermeture de l'école jusqu'à la fin de la grève

Références

  1. L'école coloniale en Cote d'Ivoire
  2. Scolarisation en Côte d'Ivoire[pdf], article de Noël Kouassi-Ayewa, Université de Cocody
  3. Loi n° 60-356 du 3 novembre 1960, portant Constitution de la République de Côte d'Ivoire, Journal Officiel de la République de Côte d'Ivoire, n° 58, Abidjan, numéro spécial du 4 novembre 1960.
  4. « L'instruction civique est la meilleure facon d'assurer la continuité nationale » : citation du ministre de la jeunesse et des sports, Laurent Dona Fologo, lors d'une conférence organisée à l'intention des éducateurs du pays au lycée Sainte-Marie de Cocody à Abidjan, rapportée par l'hebdomadaire du PDCI-RDA, Fraternité-Hebdo, daté du 7 juin 1984, journal dont le Directeur politique était le président de la république, Félix Houphouët-Boigny
  5. Le « problème des baux administratifs » et ses conséquences est évoqué dans l'ouvrage autobiographique de Lanciné Gon Coulibaly, ancien maire de Korhogo : Côte d'Ivoire- Au cœur du bois sacré.

Liens externes

Bibliographie

Ouvrages

  • Laurence Proteau, Passions scolaires en Côte-d’Ivoire. École, État et société, Kerthala, 2002 
  • Firmin Guelade, Étude systémique de l'évolution culturelle de l'apprenant et du système éducatif primaire en Côte d'Ivoire, Université Laval, 1984 
  • Paul Désalmand, Histoire de l'éducation en Côte d’Ivoire : de la Conférence de Brazzaville à 1984, Les Éditions du CERAP, Abidjan, 2005, 590 p. (ISBN 2-915352-01-X) 
  • Alice Ellenbogen, École primaire et citoyenneté en Côte d'Ivoire aujourd'hui, Édition L'Harmattan, Paris, 2004, 183 p. (ISBN 2-7475-5694-8) 
  • Dédy Séri, Tapé Gozé, Famille et éducation en Côte d'Ivoire : une approche socio-anthropologique, Èdition des lagunes, Abidjan, 1995, 147 p. 
  • Pascal Bianchini, École et politique en afrique noire : sociologie des crises et des réformes du système d'enseignement au Sénégal et au Burkina Faso (1960-2000), Éditions Karthala, Paris, 2004, 286 p. (ISBN 2-84586-366-7) 


Articles

  • (fr) Alice Odounfa, Le défi de l'éducation pour tous en Côte d'Ivoire, Unesco, 2003 [lire en ligne (page consultée le 30 avril 2008)]


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