- Désignation des astéroïdes
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Les astéroïdes, en tant que planétoïdes du système solaire, reçoivent dans un premier temps une désignation provisoire. Après une période probatoire, qui permet de préciser leurs caractéristiques orbitales, ils accèdent à une désignation officielle et définitive ; un numéro d’ordre accompagné d’un nom dans le grand catalogue des planétoïdes.
Sommaire
Désignations provisoires
Valeurs de la première lettre Mois du 1 au 15 du 16 au 31 janvier A B février C D mars E F avril G H mai J K juin L M juillet N O août P Q septembre R S octobre T U novembre V W décembre X Y Quand un astre inconnu a été suivi pendant plusieurs nuits, ses coordonnées peuvent être envoyées au Minor Planet Center qui fournira une désignation provisoire.
Celle-ci est composée de l'année, puis d'une lettre qui indique la moitié du mois où la découverte s'est produite, suivie d'une lettre qui indique l'ordre de la découverte dans cette moitié de mois. La lettre I n'est pas utilisée pour éviter la confusion avec le chiffre 1, et le Z est inutile pour désigner la moitié du mois. S'il y a plus de 25 découvertes dans la quinzaine, on boucle à la lettre A et on ajoute un nombre qui indique combien de fois la deuxième lettre a été utilisée dans cette moitié de mois. Par exemple (15760) 1992 QB1 a été le vingt-septième astéroïde découvert dans la seconde quinzaine d'août 1992 (après #25 = 1992 QZ et #26 = (5878) Charlène = 1979 XU = 1991 CC1 = 1992 QZ).
Numérotation définitive et dénomination
Une fois reconnu comme tel, avec une trajectoire orbitale clairement établie, l’astéroïde reçoit un numéro définitif accompagné parfois d’un nom propre. Ils ne sont donc pas forcément numérotés dans l'ordre de leur découverte.
Les premiers astéroïdes ont reçu les noms traditionnels de personnages de la mythologie grecque ou romaine, mais rapidement leurs noms vinrent à manquer. Alors, on en a utilisé d'autres, comme les prénoms féminins ou ceux de célébrités en vogue. Toutefois, contrairement à une idée reçue, ce nom n’est pas à vendre. Le découvreur en conserve le privilège et toute latitude quant au choix du nom de baptême.
De fait, leurs règles d’attribution sont restées très souples :
- pas plus de 18 caractères ;
- les noms composés sont à éviter (le trait d'union est possible mais pas l'espace) ;
- le nom doit être facile à prononcer dans plusieurs langues ;
- le nom ne doit pas choquer ;
- le nom doit être bien différencié de ceux déjà utilisés ;
- pas de noms d'hommes politiques ou de militaires sauf s'ils sont décédés depuis plus d'un siècle ;
- les noms d'animaux de compagnie sont découragés.
Le découvreur qui veut baptiser un objet doit fournir une notice explicative. Par exemple voici un extrait de la notice de (17059) Elvis [5] :
Version originale Traduction (17059) Elvis = 1999 GX5 (17059) Elvis = 1999 GX5 Discovered 1999 Apr. 15 by J. Broughton at Reedy Creek Observatory. Découvert le 15 avril 1999 par J. Broughton au Reedy Creek Observatory. Elvis Aaron Presley (1935-1977) was a flamboyant American singer. Known as the king of Rock and Roll, he had a popularity that contributed toward making that genre a world-wide phenomenon. Elvis Aaron Presley (1935-1977) était un chanteur américain. Connu comme le roi du Rock'n Roll, sa popularité a contribué à faire de ce genre musical un phénomène mondial. Il peut aussi y avoir quelques contraintes pour des astéroïdes particuliers : les Troyens sont nommés d'après les héros de la guerre de Troie (les Grecs en avant de Jupiter et les Troyens en arrière, bien qu'il y ait un transfuge dans chaque camp : (617) Patrocle et (624) Hector) et les Centaures d'après leurs équivalents mythologiques.
Le nom devient officiel quand il a été publié avec sa notice dans les Minor Planet Circulars.
Autres désignations
La méthode de désignation a été introduite en 1925 mais est néanmoins appliquée aux astéroïdes aperçus avant cette date, en substituant un A au chiffre du millénaire. Ainsi, A904 OA est le premier objet découvert dans la deuxième moitié de juillet 1904.
Il existe aussi quatre arpentages du ciel, effectués entre 1960 et 1977, qui ont donné des désignations consistant en un numéro d'ordre, une espace et un identifiant :
Arpentage Identifiant Palomar-Leiden (1960) P-L First Trojan Survey (1971) T-1 Second Trojan Survey (1973) T-2 Third Trojan Survey (1977) T-3 Citons en exemple 2040 P-L, 3138 T-1, 1010 T-2 et 4101 T-3.
Anciennes désignations
Les premiers astéroïdes découverts ont été désignés par des symboles comme ceux utilisés traditionnellement pour représenter la Terre, le Soleil, la Lune ou les planètes. Les nouveaux symboles sont rapidement devenu complexes, difficile à tracer et à reconnaître. A la fin de l'année 1851, 15 astéroïdes étaient connus. Hormis (13) Égérie, chacun possédait son propre symbole[1].
Astéroïde Symbole (1) Cérès (2) Pallas (3) Junon (4) Vesta (5) Astrée (6) Hébé (7) Iris (8) Flore (9) Métis (10) Hygie (11) Parthénope (12) Victoria (13) Égérie Jamais symbolisé. (14) Irène "Une colombe transportant une branche d'olivier, avec une étoile sur sa tête." Jamais tracé.[2] (15) Eunomie (28) Bellone (35) Leucothée (37) Fidès Johann Franz Encke a introduit une innovation majeure dans le Berliner Astronomisches Jahrbuch (Annuaire astronomique de Berlin) en 1854. Il a utilisé des numéros entourés au lieu des symboles, bien que sa numérotation ne commençait qu'avec Astrée qui portait alors le numéro (1), les quatre premiers astéroïdes continuant à être désignés par leurs symboles traditionnels. Cette innovation a été adoptée très rapidement par la communauté astronomique. Les objets de Cérès à Vesta ne seront représentés par un nombre cerclé qu'à partir de l'édition de 1867. Quelques autres astéroïdes (28 Bellone[3], 35 Leucothée[4] et 37 Fidès[5]) seront également représentés par des symboles en parallèle du système de numérotation. Le cercle deviendra ensuite une paire de parenthèses, qui seront parfois omises au cours des décennies suivantes[2].
Initialement, les éditeurs de l'Astronomisches Nachrichten (AN) accordaient les numéros lors de la réception de l'annonce de la découverte. En 1892 un système de désignations temporaires fut introduit par l'AN. Les numéros définitifs étaient alors accordés par les éditeurs du Berliner Astronomisches Jahrbuch (Almanach astronomique berlinois). Les désignations temporaires consistaient en l'année suivie d'une lettre, omettant le I : 1892 A, 1892 B, etc.
En 1893, les 25 lettres furent insuffisantes et on commença les désignations à double lettre : 1893 Z, 1893 AA, 1893 AB, etc. On décida de continuer l'année suivante, et ainsi 1893 AP fut suivi de 1894 AQ. En 1916, on atteint ZZ et, plutôt que de passer à des désignations à triple lettre, on recommença avec 1916 AA. Dans les vieilles publications, il est commun que le J soit mis au lieu du I ; on lit alors le I comme si c'était un J.
L'insertion de nouvelles découvertes dans la séquence était problématique; on utilisa l'année suivie d'une espace puis d'une lettre minuscule, un peu comme le système alors utilisé pour les désignations temporaires des comètes (qui lui omet l'espace). Par exemple, 1915 a (alors que 1915a est la comète Mellish, C/1915 C1). En 1914 on dut utiliser aussi la forme année plus lettre grecque (alpha à gamma).
Pendant la Première Guerre mondiale, les observateurs situés à Simëis en Crimée, n'ayant pas accès aux désignations officielles, créèrent leur propre système. Il y eut deux formes : année + Σ + lettre(s) ainsi que Σ + chiffre. Le Σ est souvent transcrit SIGMA, comme par exemple SIGMA 1 (à ne pas confondre avec sigma 1 !).
Enfin, il existe aussi des désignations plus-que-temporaires, assignées par les observatoires en attendant que la désignation temporaire soit accordée. Avec l'avènement des moyens de communication modernes, ces désignations ont naturellement disparu. Elles consistaient typiquement en un identifiant d'observatoire et un numéro. Quelques exemples : Alger CM, Arequipa a, Wolf 18, G 21, La Plata 1951 I, PO 189, K3423, p (Uccle), 1923 W 21.
Références
- B. A. Gould, « On the Symbolic Notation of the Asteroids », dans Astronomical Journal, vol. 2, 1852, p. 80 [lien DOI] [1]
- (en)James L. Hilton, « When Did the Asteroids Become Minor Planets », 17/09/2001. Consulté le 26/03/2006
- R. Luther, « Beobachtung der Bellona, nebst Nachrichten über die Bilker Sternwarte », dans Astronomische Nachrichten, vol. 38, 1854, p. 143 [lien DOI] [2]
- G. Rümker, « Name und Zeichen des von Herrn R. Luther zu Bilk am 19. April entdeckten Planeten », dans Astronomische Nachrichten, vol. 40, 1855, p. 373 [lien DOI] [3]
- R. Luther, « Schreiben des Herrn Dr. R. Luther, Directors der Sternwarte zu Bilk, an den Herausgeber », dans Astronomische Nachrichten, vol. 42, 1856, p. 107 [lien DOI] [4]
Liens externes
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