Défense orthodoxe

Cet article utilise la notation algébrique pour décrire des coups du jeu d'échecs.

La position après 5...Cbd7

La défense orthodoxe du gambit dame refusé est une ouverture du jeu d'échecs. Ce nom désigne aussi bien la position sur l'échiquier après les coups 1.d4 d5 2.c4 e6 qu'après la suite de coups 1.d4 d5 2.c4 e6 3.Cc3 Cf6 4.Fg5 Fe7 5.e3 Cbd7. Orthodoxe désigne en fait ce qui est conforme à la tradition, au classicisme. Le terme a été lancé par Siegbert Tarrasch pour se moquer d'un certain conformisme (cette façon de jouer était presque jugée la seule valable à tel point que lors du Championnat du monde d'échecs de 1927 entre José Raúl Capablanca et Alexandre Alekhine, quasiment toutes les parties ont été des défenses orthodoxes).

Après 1.d4 d5 2.c4 e6 3.Cc3 Cf6, 4.Fg5 est le coup le plus agressif à la disposition des Blancs. 4.Fg5 est joué avec l'idée 5.cxd5 exd5 6.Fxf6 forçant la reprise avec le pion g, car sur 6...Dxf6, il suit 7.Cxd5. 4.Cf3 aurait pu donner aux Noirs l'occasion de bifurquer dans la défense semi-Tarrasch par 4...c5 5.cxd5 Cxd5, dans la défense Ragozine par 4...Fb4 5.cxd5 exd5 ou dans la variante de Vienne du gambit dame accepté par 4...Fb4 5.Fg5 dxc4.

Après 4.Fg5, 4...Cbd7 donne l'impression que les Blancs gagnent un pion par 5.cxd5 exd5 6.Cxd5. Mais les Noirs gagnent en fait une pièce pour un pion par le pseudo-sacrifice de dame 6...Cxd5 7.Fxd8 Fb4+! 8.Dd2 Fxd2+ 9.Rxd2 Rxd8. C'est le piège de l'éléphant. 4...Cbd7 renforce donc bien le pion d5.

Après 4...Cbd7, les Blancs jouent le plus souvent 5.e3 et les Noirs ont le choix entre 5...c6, qui ramène à la défense Cambridge-Springs après 6.Cf3 Da5, ou 5...Fe7, qui a l'avantage de préparer le petit roque. Une grande variante est donc 5...Fe7 6.Cf3 O-O et une autre est 5...c6 6.a3 Fe7 7.Cf3 O-O 8.Fd3 dxc4 9.Fxc4. Dans cette dernière variante, les Noirs prennent en c4 uniquement après que les Blancs ont déjà joué leur fou f1, faisant ainsi perdre un tempo à ce fou qui doit reprendre en c4.

Dans la première variante, les Blancs jouent 6.Cf3 et non 6.Fd3, car sur 6...dxc4, ils perdent ce tempo. Après 6.Cf3 O-O, 7.Fd3 a été beaucoup pratiqué par Mikhail Botvinnik durant les années 1930, 7.Dc2 est l'attaque Rubinstein et le coup principal est 7.Tc1, par lequel les Blancs cherchent toujours à ne pas perdre de tempo avec leur fou. 7.Tc1 rend délicate l'avance du pion c7 en c5 car les Blancs pourront ouvrir à leur guise la colonne c, qu'ils contrôlent par ce coup de tour.

Une grande ligne est 7.Tc1 a6, qui peut se poursuivre par 8.a3, 8.b3, 8.cxd5, 8.c5 et 8.Dc2, ce dernier coup donnant ce qu'on appelle la variante de Carlsbad après 8...c6. La variante de Carlsbad peut déboucher sur 9.a3, 9.a4, 9.cxd5 ou 9.c5. Il n'y a donc pas une mais des variantes orthodoxes, les Blancs pouvant à tout moment transposer dans la variante d'échange par cxd5 tant que les Noirs n'ont pas opté pour ...dxc4.

7...c6 après 7.Tc1 prépare les coups libératoires ...dxc4 et ...Cd5, et constitue la ligne principale. Si les Blancs veulent poursuivre la lutte pour le tempo, ils jouent 8.Dc2, et sinon 8.Fd3. Les Blancs ne voient aucun inconvénient à jouer 8.Fd3 car le temps perdu à jouer deux fois le fou sera regagné quand les Noirs devront jouer ...c6-c5 après ...c7-c6.

Après 7.Tc1 c6 8.Fd3, il peut suivre 8...dxc4 (première manœuvre de libération de José Raúl Capablanca, dont le but est la libération du fou c8) 9. Fxc4 Cd5 (seconde manœuvre de libération de Capablanca, les échanges de pièces atténuant le désavantage du camp noir en manque d'espace) 10.Fxe7 Dxe7, dernier coup par lequel la dame noire soutiendra l'avance ...e6-e5, ce qui permettra de dégager la diagonale c8-h3 pour le fou c8.

Exemples de parties

L'exemple suivant fut joué sur un échiquier vivant (les pièces étant représentées par des individus) lors d'une partie d'exhibition entre Akiba Rubinstein (Blancs) et Emanuel Lasker en 1924 à Berlin:

1. d4 d5 2. c4 e6 3. Cf3 Cf6 4. Cc3 Fe7 5. Fg5 Cbd7 6. e3 0-0 7. Tc1 c6 8. Fd3 dxc4 9. Fxc4 Cd5 10. Fxe7 Dxe7 11. 0-0 Cxc3 12. Txc3 e5 13. Cxe5 Cxe5 14. dxe5 Dxe5 15. f4 De7 16. f5 Fd7 17. e4 Tad8 18. Dh5 Dxe4 19. Tg3 Dd4+ 20. Tf2 Fxf5 21. Dxf5 Dxc4 22. Txg7+ Rxg7 23. Df6+ Rg8 24. Dg5+ 1/2-1/2 (échec perpétuel).

Bibliographie

• Neil McDonald, Starting Out: Queen's Gambit Declined, Everyman Chess, 2006, ISBN 1-85744-426-4
• Yasser Seirawan, Winning Chess Openings, Everyman Chess, 2003, ISBN 1-85744-349-7.
• Matthew Sadler, Queen's Gambit Declined, Everyman Chess, 2000, ISBN 1-85744-256-3.

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