- Djemaa-N'Saharidj
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Djemâa-Saharidj
Djemâa-Saharidj est un village de Kabylie, en Algérie, rattaché à la commune et daïra de Mekla, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Centre traditionnel de la tribu des Aït Fraoussen, il est connu pour l'abondance de ses eaux, l'étendue et l'antiquité de son implantation et par la place qui lui est attribuée dans l'histoire de la région.
Son nom (transcrit en alphabet latin avec plusieurs variantes : Djemaa Saharidj, Djemaa N'Sahridj etc.) peut se traduire par le vendredi (ou l'assemblée) du bassin : il évoque le marché qui se tenait autrefois le vendredi sur une grande place ornée d'une fontaine à bassin, la place du vieux marché.
Sommaire
Géographie
À 28 kilomètres à l'est de Tizi-Ouzou, Djemâa-Saharidj s'étend sur un site de collines, entre les escarpements de Fiouan et Ighil, au sud, et le cours de l'oued Sebaou. Son relief très diversifié abrite de nombreuses sources (jadis quatre-vingt-dix-neuf, d'après la tradition) qui ont permis la construction de multiples fontaines et favorisé la mise en valeur des jardins du village et des terres agricoles d'Azaghar, au nord.
Une autre caractéristique de Djemâa-Saharidj tient à l'importance de ses quartiers : la superficie de l'ensemble fait de chacun d'eux l'équivalent d'un petit village, mais ils sont tous suffisamment proches les uns des autres pour que l'unité de l'agglomération soit préservée. On dénombre aujourd'hui sept quartiers : Mahsser, Madhel, Tadhekart, Hlawa, Lejnane, Amizeb et El Hara.
Histoire
À l'époque romaine existait à l'emplacement de Djemâa-Saharidj une cité du nom de Bida (Bida Municipium). C'était un relai important sur la voie romaine de Dellys à Béjaïa. Sur le plan archéologique il n'en subsiste que des vestiges en mauvais état. En revanche son nom a persisté dans celui d'un terrain des environs, Tibhirt Ibudah, le jardin des Ibudah. Et à Taourirt-Aden, autre village des Aït Fraoussen, une famille porte encore le patronyme d'Ibidah.
De la période turque demeure le souvenir des exploits de Boukhtouche, ancêtre éponyme de l'une des familles de Djemâa-Saharidj. Lui-même était probablement apparenté ou lié aux Belkadi qui régnaient alors sur la principauté de Koukou (les Belkadi comme les Boukhtouche vivent encore aujourd'hui à Djemâa-Saharidj). Au début du XVIIe siècle il était parvenu à imposer son pouvoir sur le village et certaines des tribus voisines. A la suite d'une dispute avec son frère, ce dernier quitta Djemâa-Saharidj. Leur querelle, rejointe par les tribus, aurait conduit à la formation des deux grandes ligues ou çofs dont l'affrontement divisa la Grande Kabylie pendant plusieurs siècles.
Selon la tradition, au XVIIIe siècle c'est aussi un Boukhtouche, descendant du précédent, qui aurait organisé à Djemâa-Saharidj l'assemblée des tribus au cours de laquelle fut décidée l'exhérédation des femmes kabyles. Une pierre dressée sur la place du marché en porta longtemps le témoignage.
Durant la conquête française, Djemâa-Saharidj fut fréquemment impliqué dans les affrontements avec les troupes coloniales. En mai 1871, une colonne commandée par le général Lallemand attaqua le village pour faire un exemple : ce fut un revers cuisant pout les envahisseurs qui furent repoussés et durent se replier en hâte devant leurs poursuivants.
Le 29 septembre 1963, c'est sur la grande place du village, Issefsafen (aujourd'hui place Aïssat Idir), que la naissance du Front des forces socialistes (FFS) a été annoncée par ses dirigeants devant les citoyens assemblés[1].
Personnalités liées à Djemâa-Saharidj
- Sidi Sahnoun, marabout, y a son tombeau.
- Salah Benacer (1900-1961), maire de Mekla et sénateur de Tizi-Ouzou (1959-1961) sous la colonisation française, y est né.
- Aïssat Idir (1915-1959), militant nationaliste et syndicaliste algérien, fondateur de l'UGTA, y est né.
- Cheikh Arab Bouzgarene (1917-1988), chanteur algérien (musique kabyle), y est né.
- Ouali Bennaï (v.1920-1957), militant nationaliste algérien, défenseur au sein du PPA/MTLD de la thèse de l'Algérie algérienne, y est né et y est mort assassiné.
- Hachimi Nait-Djoudi (1946-2001), homme politique algérien, y est né.
Liens externes
- Le site de l'association Djemâa-Saharidj à Paris (consulté le 22/07/2008)
- Découvrir Djemâa-Saharidj sur le guide jedecouvrelalgerie.com (consulté le 22/07/2008)
Bibliographie
- Henri Genevoix, Djemâa-Saharidj : éléments folkloriques pour servir à une étude monographique des Aït-Fraoussen (Kabylie), CEB, Fort-National, 1958
- Mohamed Seghir Feredj, Histoire de Tizi-Ouzou et de sa région (des origines à 1954), Éditions Hammouda, Alger, 2002 (ISBN 9961-890-04-3)
Notes et références
- Portail de la Kabylie
Catégorie : Village de la wilaya de Tizi-Ouzou
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