- Adal
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L'Adal est une entité politique, sultanat, de l'Afrique orientale au tournant des XVe et XVIe siècles. Il recouvrait des territoires situés à l'est de l'actuelle Éthiopie, au nord de la Somalie, au sud de l'Érythrée et à Djibouti.
Histoire
En 1415, l’empereur Yeshaq Ier d'Éthiopie est victorieux du sultan d’Ifat Sa'ad ad-Din II, prend le port de Zeilah et le tue. Les dix fils du sultan se réfugient au Yémen après la défaite[1]. En 1424, ils attaquent de nouveau l’Éthiopie. L’un d’eux s’empare de la capitale Jédaya et envoie en déportation un grand nombre d’Éthiopiens[2]. À partir de 1435, la dynastie Walashma s'installe à Däkär, près de Harar, et ses membres prennent désormais le titre de sultan de l'Adal. La région connait une épidémie de peste en 1434-1436[3]. Le 25 décembre 1445[4], le roi éthiopien Zara Yacoub bat le sultan d’Adal Badlay à Gomit. Muhammad, fils de Badlay, lui succède avec le titre de roi. Il négocie une trêve avec Baéda-Maryam, fils de Zara Yacoub, contre le versement d'un tribut[5].
Vers 1471, les musulmans de l’Adal, Danakil et Somali, menés par des imâms, lancent une véritable guerre sainte contre l’Éthiopie. Ils sont vaincus dans un premier temps[3]. A la mort de Muhammad le 16 décembre 1471, son fils Ibrahim ne règne que jusqu'au 20 mai 1472. Son frère Shams ad-Din le remplace. En 1480, les troupes du nouveau roi d'Éthiopie Eskender dévastent Däkär. Elles sont taillées en pièce par les musulmans à leur retour. Le conflit reste latent, et le négus intervient peut-être contre les razzias du gouverneur de Zeilah[5].
Shams ad-Din est assassiné en avril/mai 1487 et remplacé par un usurpateur, Ibrahim, qui est tué peu après[5]. Muhammad ibn Azhar ad-Din règne ensuite jusqu'en 1518. Il fait la paix avec le roi d'Éthiopie Naod, mais l’émir fanatique de Harar, Mahfouz, profite des moments de jeûne imposés par l’Église copte pour lancer des raids contre les Éthiopiens. En 1516, renforcé par des troupes et un étendard venus d’Arabie, il lance une expédition contre le Fatajar. Dawit II lui tend une embuscade, le tue en juillet 1517, et envahit l’Adal où il détruit le palais du Sultan au moment où la flotte portugaise de Lope Soares prend Zeilah et brûle la ville. L'assassinat du sultan Muhammad en 1518 plongent l'Adal dans l'anarchie. En juillet/août 1520, le sultan Abu Bakr, fils de Muhammad, transfère sa capitale de Däkär à Harar[5]. Avec l'aide du garad Abun ibn Adash, il rétablit l’ordre dans le royaume, mais en 1525, il le tue parce qu'il s'opposait à sa politique de conciliation avec les chrétiens[6].
A la mort d'Abun, un de ses partisans, l’imam Ahmed Ibn Ibrahim Al-Ghazi, dit Gragne, devient le chef de l'opposition. Son mariage avec une fille de Mahfouz lui assure le soutien des extrémistes religieux. En 1526, renforcé par ses premières victoires sur les Éthiopiens, il élimine Abu Bakr, le remplace par son frère Umar Din, un souverain fantoche, et prend le titre d'imam[5].
L'année suivante, Ahmed Gragne refuse de payer le tribut à Dawit II, déclenchant les hostilités. Attaqué par l’armée éthiopienne du gouverneur du Bali, Gragne la défait aussitôt, puis reforme ses troupes avec la masse des Somalis fanatisés et entreprend la guerre sainte (djihad) en 1529. En mars, il remporte une bataille décisive à Sembera Kure, mais ne peux avancer plus avant suite à la défection de ses troupes. Il reprend l'offensive en 1531 avec une armée mieux organisée. En deux ans, il s'empare des trois quarts de l'Éthiopie. Il atteint la côte du Tigré en 1535. Dawit II, traqué, fait appel aux Portugais, qui débarquent 400 hommes à Massaoua en juillet 1541. Éthiopiens et Portugais battent les troupes de Gragne en avril 1542 grâce à leurs armes à feu[6]. Celui-ci se replie, puis renforcé par 900 mousquetaires et dix canons reçus du pacha des Turcs de Zabid au Yémen, il reprend l'offensive et met les Portugais en déroute le 28 août 1542 à la bataille de Wofla. Mais le 21 février 1543, ses troupes sont surprises et décimées par l’empereur Gelawdewos d'Éthiopie à la bataille de Wayna Daga, près du lac Tana, où il est lui-même tué. Privés de leur chef, ses soldats se dispersent et sont taillés en pièce dans leur fuite vers l’Adal.
Nur ibn al-Wazir Mujahid, neveu d'Ahmed Gragne, prend le titre d'émir, encouragé par la veuve de Gragne Bati Del Wambara qui lui promet le mariage en cas de victoire[3]. En 1550-1551, Harar est mise à sac par les Éthiopiens en réplique à ses premières attaques[7]. Nur ibn al-Wazir subit les attaques des Oromos qui profitent de l'affaiblissement des deux antagonistes après la guerre et doit fortifier Harar[8]. En 1459, il envahit le Fatajar. Le roi d'Éthiopie Gelawdewos est battu et tué le 23 mars. Nur meurt de la peste en 1567. Après sa mort le sultanat subit les attaques des Oromos, repoussés par Sarsa Dengel d'Ethiopie et se divise. En 1577, le petit-cousin d'Ahmed Gragne, Ibrahim Gasa, quitte Harar et fonde le sultanat d'Aussa avec pour capitale Assayta en pays Afar[3]
Liens internes
Notes et références
- The Ethiopian borderlands : essays in regional history from ancient times to the end of the 18th century, par Richard Pankhurst Publié par The Red Sea Press, 1997 (ISBN 978-0-932415-19-6)
- L'empire du Prêtre-Jean, de Jean Doresse
- Poésie traditionnelle des Afars, par Didier Morin Peeters Publishers, 1997 (ISBN 978-90-6831-989-7)
- Der Islam im Spiegel zeitgenössischer Literatur der islamischen Welt : Vorträge eines internationalen Symposiums an der Universität Bern, 11.-14. Juli 1983, de J. Christoph Bürgel, Marianne Chenou, Universität Bern, Michael Glünz, Marguerite Reut Publié par Brill Archive, 1985 ISBN 978-90-04-07707-2, 9789004077072
- L'Islam en Éthiopie des origines au XVIe siècle, par Joseph Cuoq Nouvelles Editions Latines, 1981 (ISBN 978-2-7233-0111-4)
- Anqasa Amin, Éditeur Brill Archive
- E.J. Brill's first encyclopaedia of Islam, 1913-1936, par Martijn Theodoor Houtsma BRILL, 1987 (ISBN 978-90-04-08265-6)
- http://books.google.fr/books?id=iPPOqqHz2AwC&pg=PA53 Histoire de l'Ethiopie d'Axoum à la révolution, par Berhanou Abebe
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