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Christiane Desroches Noblecourt
Christane Desroches Noblecourt Naissance 1913
ParisProfession(s) Égyptologue
Christiane Desroches Noblecourt, née Christiane Desroches[1] en 1913 à Paris, est une égyptologue française.Sommaire
Biographie
Elle se passionne pour la découverte de la tombe de Toutânkhamon par Howard Carter en 1922. Elle sera encouragée par l'abbé Étienne Drioton (qui plus tard remplace Pierre Lacau à la tête du service des Antiquités), et rentre au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. Première femme nommée au poste de pensionnaire de l'IFAO, dirigé à l'époque par Pierre Jouguet, le beau-père de Jean-Philippe Lauer, elle est également la première à diriger un chantier de fouilles en 1938.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle fait partie de la Résistance, et met à l'abri en zone libre les trésors du département égyptien.
Sauvetage des monuments de Nubie
La construction du nouveau barrage d'Assouan allait devenir la grande affaire de sa vie. Le premier barrage, inauguré en 1902, dont la capacité d’un milliard de mètres cubes s'était avérée insuffisante, avait été rehaussé en 1912, puis en 1934. Pierre Loti s’en était ému : « la plupart des temples antiques de la Nubie seront aussi dans l’eau [...] Mais cela permettra de faire de si productives plantations de coton ! ». La capacité du barrage ne suffisant pas aux besoins d’une population toujours plus nombreuse, le gouvernement dirigé par Gamal Abdel Nasser décide en 1954 d’édifier un barrage d’une capacité de 157 milliards de mètres cubes, long de 500 kilomètres et qui recouvrira même des terres au Soudan. C’est un projet « pharaonique ».
Cette fois, ces monuments vont purement et simplement être engloutis et perdus à tout jamais, parmi lesquels les temples d’Abou Simbel. L’Unesco demande aussitôt à Christiane Desroches Noblecourt, conservateur des Antiquités égyptiennes du Louvre, héritière donc de Jean-François Champollion, d’établir un inventaire de tous les monuments menacés. En second, il faudra trouver les fonds nécessaires à une aussi colossale entreprise.
Le 8 mars 1960, Christiane Desroches Noblecourt, en compagnie de Sarwat Okasha, le ministre égyptien de la culture, lance un appel solennel à la solidarité mondiale depuis la tribune de l’UNESCO. En plus des quatorze temples qu’il faut déplacer, il s’agit de procéder à des fouilles de toute urgence, sur des sites qui seront recouverts par des dizaines de mètres d’eau et qui n’ont été que très peu étudiés en détail.
André Malraux, alors ministre d’État des Affaires culturelles, intervient rapidement :
« Le pouvoir qui en fit surgir les colosses aujourd'hui menacés, les chefs-d'œuvre du musée du Caire, nous parle d'une voix aussi haute que celle des maîtres de Chartres, que celle de Rembrandt.
Il n'est qu'un acte sur lequel ne prévalent ni l'indifférence des constellations ni le murmure éternel des fleuves : c'est l'acte par lequel l'homme arrache quelque chose à la mort. »
Votre appel n'appartient pas à l'histoire de l'esprit parce qu'il vous faut sauver les temples de Nubie, mais parce qu'avec lui, la première civilisation mondiale revendique publiquement l’art mondial comme son indivisible héritage.En pleine guerre froide, cinquante pays vont contribuer à sauver ces monuments qu’on classe au patrimoine de l’humanité, car ils font partie de l’héritage de toutes les nations. Philaé, Kalabcha, Ouadi es-Séboua, Dakké, Derr et d'autres sites sont déplacés, dont les plus médiatiques sont les temples d'Abou Simbel.
Le temple d'Amada est un cas plus délicat à cause des reliefs miniatures et bien peints. Le découper en blocs est irréalisable, car les peintures n’auraient pas résisté. Voyant que tous acceptent l'idée de voir ce temple englouti par les eaux limoneuses du lac Nasser, Christiane Desroches Noblecourt s’écrie : « La France le sauve ! ».
Elle demande à deux architectes de lui proposer une méthode pour déplacer le temple en un seul bloc. Ceux-ci pensent qu’il faut mettre le temple en précontrainte, le déposer sur des rails, le transporter par piston à quelques kilomètres de là, en un lieu plus haut de soixante mètres. Avoir une idée est une chose ; s’en donner les moyens en est une autre.
À cet effet, Christiane Desroches Noblecourt demande une entrevue avec Charles de Gaulle, qui ignore l’engagement qu’a pris l’égyptologue au nom de son pays. Lorsqu’il l’apprend, il se raidit : « Comment, madame, avez-vous osé dire que la France sauverait le temple, sans avoir été habilitée par mon gouvernement ? ».
Décontenancée, le conservateur ne trouve son salut que dans l’attaque : « Comment, Général, avez-vous osé envoyer un appel à la radio, alors que vous n’aviez pas été habilité par Pétain ? ».
Le général sourit et le temple d’Amada est sauvé par la France, comme le conservateur du département égyptien du Louvre s’y était engagée.
Il faudra vingt ans pour mener à bien ces sauvetages, et ces vastes chantiers peuvent être qualifiés de pharaoniques par leur démesure, et l’inscription du petit temple de Néfertari s’y applique à merveille : « Jamais pareille chose ne fut faite auparavant ».
Le sauvetage des monuments de Nubie va avoir des conséquences inattendues. La première est une amélioration des rapports franco-égyptiens, après la désastreuse intervention du Canal de Suez, qui se traduit en 1967, par l’organisation d’une exposition Toutânkhamon au Louvre, avec 1 240 000 visiteurs, ce qui constitue alors un record jusqu’en 1993.
En 1976, suivra l’exposition Ramsès II à Paris (1 200 000 visiteurs), accompagnée du sauvetage de la momie du plus connu de tous les pharaons, et celle d'Amenhotep III, en 1993, beaucoup moins fréquentée, ce qui est injuste pour ce glorieux souverain, victime d’une moins grande médiatisation.
Enfin, dernière conséquence pour le Louvre, le gouvernement d'Anouar el-Sadate, qui a succédé à Nasser, décédé deux ans plus tôt, en remerciement de sa contribution au sauvetage des monuments de Nubie, offre le buste d'Amenhotep IV, plus connu sous le nom d’Akhénaton.
En 1984, grâce à la donation de Mme Germaine Ford de Maria et assistée de Christian Leblanc, elle déblaye et aménage la vallée des Reines. Plus de 100 sépultures sont enregistrées et explorées.
Distinctions
- Grand'croix de la Légion d'honneur[2]
- Officier de l'Ordre du Mérite
- Médaille de la Résistance
- Commandeur dans l'Ordre des Palmes académiques
- Commandeur des Arts et des Lettres
- Grand Officier de l'ordre de la Libération égyptien.
- Médaille d'or du CNRS en 1975
- Grande Médaille d'Argent de l'Unesco,
- Médaille de Vermeil de la Ville de Paris
- Grande Médaille d'Or de la Société d'Encouragement au Progrès
- Médaille d'argent de l'Académie d'architecture
Notes
- ↑ Après son mariage, elle s'appelle Desroches Noblecourt. Ce nom s'écrit sans trait d'union, à la différence d'un usage très répandu qui, lorsque le nom de la femme est accolé à celui de son mari ou inversement (voir l'article nom d'usage), place un trait d'union entre les deux.
- ↑ Décret du 30 janvier 2008 publié au JO du 31 janvier 2008.
Publications
- Avec K. Michalowski, Tell-Edfou 1939. Fouilles franco-polonaises, III, IFAO, Le Caire, 1950 ;
- L'art égyptien, PUF, 1962 ;
- Toutânkhamon, vie et mort d'un pharaon, 1963 ;
- Peintures des tombeaux et des temples égyptiens, Flammarion, coll. « Le Grand art en livre de poche », Paris, 1962 ;
- Vie et mort d'un pharaon, Toutânkhamon, Hachette, Paris, 1963 (réimpr. 1976) ;
- Toutânkhamon et son temps, Petit Palais, Paris, Réunion des Musées Nationaux, Paris, 1967 ;
- Avec C. Kuentz, Le petit temple d'Abou Simbel (2 vol.), Le Caire, 1968 ;
- Avec Cyril Aldred, Jean-Philippe Lauer, Jean Leclant et Jean Vercoutter, Le temps des pyramides, Gallimard, coll. « L'univers des formes », Paris, 1978 ;
- Avec C. Aldred, P. Barguet, J. Leclant et H.W. Müller, L'empire des conquérants, Gallimard, coll. « L'univers des formes », Paris, 1979 ;
- Avec C. Aldred, François Daumas, et J. Leclant, L'Égypte du crépuscule, Gallimard, coll. « L'univers des formes », Paris, 1980 ;
- Avec J. Vercoutter, Un siècle de fouilles françaises en Égypte 1880-1980, IFAO, Le Caire, 1981 ;
- Avec L. Balout et C. Roubet, La momie de Ramsès II, Museum national d'histoire naturelle, Paris, 1985 ;
- Le grand Pharaon Ramsès II et son Temps, Palais de la Civilisation Montréal, Montréal, 1985 ;
- Les zélateurs de Mandoulis et les maîtres de Ballana et de Qustul, IFAO, coll. « Mélanges Gamal Eddin Mokhtar », Le Caire, 1985 ;
- La femme au temps des pharaons, Stock, 1986 et 2001 ;
- La grande Nubiade ou le parcours d'une égyptologue, Stock, 1992 (ISBN 2-7242-7128-9) ;
- À propos de la nouvelle tombe de la Vallée des Rois, coll. « Archéologia n°314 », Paris, 1995, p. 4-6 ;
- Amours et fureurs de la lointaine, Stock, 1995 ;
- Ramsès II, la véritable histoire, Pygmalion, 1997 (ISBN 2-7441-0425-6) ;
- Toutânkhamon, Pygmalion, 1999 ;
- Le secret des temples de la Nubie, Stock, 1999 ;
- La reine mystérieuse, Pygmalion, 2002 (ISBN 2-7441-5816-6) ;
- Sous le regard des dieux, Albin Michel, 2003 ;
- Symboles de l'Égypte, Desclée de Brouwer, 2004 ;
- Le fabuleux héritage de l'Égypte, Télémaque, 2004 ;
- Le secret des découvertes, Télémaque, 2006.
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