- David (Michel-Ange)
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David Artiste Michel-Ange Année 1501-1504 Type Statue en marbre Technique Sculpture Dimensions (H) 434 cm Localisation Galleria dell'Accademia de Florence, Florence, Italie modifier Le David est un chef-d'œuvre de la sculpture de la Renaissance, réalisé par Michel-Ange entre 1501 et 1504, Il mesure 4,34 mètres de hauteur (5,14 mètres avec le socle) et il est tiré d'un bloc de marbre blanc de Carrare, laissé à l'abandon après l'échec d'autres sculpteurs. Michel-Ange a su tirer parti de l'étroitesse du bloc de marbre et contourner un de ses défauts (une brèche dans laquelle il a creusé l'espace entre le bras droit et le torse). Michel-Ange a représenté David, une fronde à la main, juste avant son combat contre Goliath. Initialement placé devant le palazzo Vecchio pour symboliser la détermination d'une jeune république face au tyran, l'original est, depuis 1873, exposé dans la Galleria dell'Accademia de Florence.
Sommaire
Données historiques
Avant Michel-Ange
Le bloc de marbre dont est tiré le David de Michel-Ange fut extrait des carrières de Carrare pour le sculpteur Agostino di Duccio. Celui-ci projetait en 1463 de sculpter la figure géante d’un prophète pour une des niches de la tribune nord de la cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence. Elle devait être le pendant de la statue de Josué conçue par Donatello cinquante ans plus tôt. Son entreprise s‘avéra être un échec et il dut abandonner au bout de trois ans. Dix ans plus tard, Antonio Rossellino entreprit d’achever son travail, mais il dut à son tour renoncer devant les difficultés rencontrées[1]. C'est que le bloc de marbre « n'était pas assez compact, il présentait beaucoup de veinures, et par-dessus tout il était très étroit ; il convenait mieux aux sculptures gothiques qu'à celles, musculeuses et massives de la Renaissance »[2].
1501 - 1504 genèse du David
Le 2 juillet 1501, les responsables de l'Opera del Duomo (chargé de superviser la construction et l'aménagement de la cathédrale Santa Maria del Fiore) se réunirent pour décider du sort du bloc de marbre. On apprend dans leur délibération que celui-ci, « mal dégrossi » (male abrozarotum) gisait « sur le dos » dans une cour de l'Opera del Duomo. Ils prirent la décision, d’abord de le redresser, et ensuite de désigner un sculpteur capable de l'achever[3]. Bien qu'Andrea Sansovino se soit montré intéressé[4], c’est Michel-Ange qui reçut la commande du David, le 16 août 1501, de l'Opera del Duomo, et de l'Arte della Lana (la plus importante maison de commerce et de banque de Florence au XIVe siècle, liée aux tisserands). Il y travailla de 1501 à 1504.
Les commanditaires comprirent très vite que l’emplacement initialement prévu, au sommet de l’un des piliers du Dôme de Florence, n’était plus envisageable, « ne serait-ce que pour des raisons techniques et statiques, eu égard aux dimensions gigantesques de l’œuvre, et qu’en outre, la nudité du personnage paraîtrait peut-être déplacée en pareil lieu[5]. »
Le 25 janvier 1504, on nomma une commission composée des plus grands artistes florentins (entre autres, Léonard de Vinci, Piero di Cosimo, Simone Pollaiuolo, Filippino Lippi, Cosimo Rosselli, Sandro Botticelli, Giuliano et Antonio da Sangallo, le Pérugin et Lorenzo di Credi) chargée de déterminer l'emplacement du David de Michel-Ange. Léonard de Vinci et Giulano da Sangallo se prononcèrent pour l'intérieur de la Loggia dei Lanzi, mais on décida finalement, devant l’insistance de Michel-Ange[6], de l'installer devant le Palazzo Vecchio[7]. Sa statue prit ainsi la place de la Judith de Donatello, qui rejoignit, elle, l'intérieur du Palais. Le David quitta, le 14 mai 1504, de nuit, car il avait de nombreux détracteurs[8], l'atelier de Michel-Ange à Santa Maria del Fiore pour rejoindre le Palazzo Vecchio. Au bout de quatre jours, la statue atteignit la place et il fallut encore attendre juin 1504 pour qu'elle soit correctement installée sur l'ancien socle de la Judith. Elle fut inaugurée officiellement le 8 septembre 1504[9]. Depuis la mort de Savonarole en 1498, Florence connaissait une parenthèse républicaine. Le nouveau gonfalonier, Piero Soderini, vit donc dans le David l'exhaltation des valeurs républicaines. La statue devint le symbole de Florence, cette Cité-État menacée de tous les côtés par des états rivaux puissants, cette interprétation étant renforcée par son emplacement devant le Palazzo Vecchio, siège municipal de Florence.
De la Piazza della Signoria à l’Accademia
Le 26 avril 1527, le peuple florentin s’empara du Palazzo Vecchio, contraignant la Seigneurie à déclarer les Médicis rebelles. Ceux-ci rassemblèrent cinq milles soldats qui investirent la Piazza della Signoria. Les assiégés se défendirent en lançant divers projectiles sur les troupes des Médicis. Un de ces projectiles atteignit le David de Michel-Ange, brisant en trois morceaux son bras gauche. Vasari, accompagné de son ami Francesco Salviati, les auraient récupérés. En 1543, sur ordre de Cosme de Médicis, le bras gauche de la statue fut restauré.
On prit conscience dès le début du XIXe siècle de l'état de dégradation du David, causé par son exposition en plein-air. Entre 1808 et 1815, des restaurateurs crurent le protéger en le traitant à l'encaustique. Trente ans plus tard, en 1843, Aristodemo Costoli constata les dommages ainsi créés. Malheureusement, le remède fut pire que le mal : il nettoya la statue avec une solution composée à 50 % d'acide chlorhydrique, détruisant ainsi la patine d'origine de la statue.
Une commission décida en 1866 que le David trouverait désormais refuge sous les murs de la Galleria dell'Accademia. Il fallut cinq jours, du 31 juillet au 4 août 1873, pour déplacer la statue de la Piazza della Signoria à l'Accademia, sur un chariot spécialement conçu pour l'occasion par les ingénieurs Porra et Poggi[10]. Une copie fut placée plus tard, face au Palazzo Vecchio.
Michel-Ange Michel-Ange est né en mars 1475 en toscane, d’une famille de petite noblesse florentine. Michel-Ange manifestait déjà à 13 des talents de peintre, de sculpteur et de poète. Son père l’envoya alors dans l’atelier du peintre Ghirlandaio ou il ne passera qu’une seule et rude année à nettoyer les pinceaux de son maître mais cela ne l’empêcha pas de pratiquer un art nouveau : le maniérisme. Ce talent impressionna le prince de florence dont il rejoindra l’école de 1490 à 1492. En 1508, il fait le plafond de la chapelle Sixtine, il la termine en 1512. En 1513, le pape Jules II meurt. A la mort du prince, lui succéda son fils qui ne voulut pas financer les travaux de Michel-Ange. De 1519 à 1531, il sculpte les tombeaux des Ducs Laurent et Julien. C’est à cette période que commencèrent les innombrables trajets entre Rome ou le pape lui demandait de faire son tombeau et Florence dont il cessera d’aimer. Et c’est après un séjour à Rome, où sa Pietà lui a déjà assuré une notoriété considérable qu’il retourne à Florence où il entreprend Le David, sa plus grande¬¬ œuvre avec les fresques de la chapelle Sixtine de Rome. Il meurt en 1564. Son mouvement artistique est la renaissance.
Analyse
L’adolescent qu’a sculpté Michel-Ange est un athlète puissant, « magnification du nu viril[11] », là où l’on avait vu dans le David de Donatello, sculpté soixante ans plus tôt, « un héros androgyne à la beauté d’éphèbe[12]. » Le David de Donatello et celui de Verrocchio montrent le jeune héros exhibant le glaive avec lequel il vient de trancher la tête de Goliath, et foulant celle-ci à ses pieds. Michel-Ange, lui, a choisi de représenter David avant le combat, au moment où il défie le géant Goliath. Son attitude, un contrapposto nerveux (le poids du corps repose sur une seule jambe et la ligne des hanches fait opposition à celle des épaules), trahit une « violence contenue[13] » Il s'apprête à lancer avec sa fronde (dont la courroie passe au-dessus de son épaule et le long de son dos), la pierre qui va frapper au front son ennemi.
La statue de Michel-Ange devint l'incarnation de la virtus fiorentina, la vertu républicaine florentine, au sens où l'entendait Leonardo Bruni[14], lorsqu'il écrivait que « les vertus ancestrales des romains et des étrusques avaient été préservées dans les lois sacrées de Florence. » Du reste, le David fut lui-même comparé aux modèles de l'Antiquité. Pourtant, sur le moment, des citoyens florentins avaient reproché à la Seigneurie d'avoir déplacé la Judith de Donatello, qui leur semblait être le vrai symbole de la République[15].
Style
Dans le droit fil de l'esthétique de l'inachevé (non finito)[16], propre à Michel-Ange, le sommet de la tête montrerait un peu de la surface initiale du bloc, non travaillée. De même Michel-Ange use de la disproportion dans les mains, accentuant l'importance du geste de David.
Répliques
- Piazza della Signoria, devant le Palazzo Vecchio, réplique en marbre
- Piazzale Michelangelo, réplique en bronze
- Statue de David à Marseille, réplique en marbre
Notes et références
- Charles Seymour, Jr., MichelAngelo's David : A search for identity, 1967.
- Laura Ciuccetti, il David
- Délibération conservée aux Archives de l’Opera del Duomo, à Florence.
- Ascanio Condivi, dans sa Vita di Michelagnolo Buonarrotti (1553) en fait le récit suivant : « Puisque d’un tel morceau de marbre, ils [les responsables de l'Opera del Duomo] ne pouvaient tirer chose qui fut bonne, il parut possible à un Andrea del Monte a Sansavino de l’obtenir d’eux, et il sollicita qu’ils lui en fassent présent, promettant qu’en y rajoutant certaines pièces, il en extrairait une figure : mais, eux, avant de se disposer à le lui donner, envoyèrent chercher Michel-Ange, et lui narrant le désir et l’avis d’Andrea, et ayant entendu l’opinion qu’il avait d’en tirer une bonne chose, finalement c’est à lui qu’ils le confièrent »
- Rolf C.Wirtz, Art et Architecture, Florence, Könemann, 1999
- Il aurait demandé à ce que sa statue s'élève «dans la lumière de la place».
- Vecce, C., Léonard de Vinci, Flammarion, 1998.
- Sans doute parce que, dans la Florence de 1504, encore marquée par le bûcher des Vanités de Savonarole, sa nudité « soulevait l'indignation populaire » Jean-Claude Bologne, « les Arts plastiques et la pudeur », dans Histoire de la pudeur, Olivier Orban, 1986.
- On possède ces détails grâce au journal (le Diario Fiorentino) que tint de 1450 à 1516 Luca Landucci.
- pour plus de précisions :
- André Chastel, les Ignudi de Michel-Ange, in Fables, formes, figures, 1978.
- Rolf C. Wirtz, Art et architecture, Florence, Könemann, 2000.
- Kenneth Clark, le Nu, édition française, 1969.
- Leonardo Bruni, Historiarum Florentini populi libri XII, 1420 .
- En fait, ce choix fut aussi dicté par des préjugés misogynes, comme le prouve le discours du Filaréte, lors du débat sur le futur emplacement du David, le 25 janvier 1504 : « La Judith est un symbole morbide qui ne nous convient pas, à nous dont les insignia sont la croix et le lys, et il ne sied pas davantage de voir une femme tuer un homme. » (cité par Jaynie Anderson, in Judith, 1997, Éditions du Regard)
- Delacroix Propos et analyses de
Annexes
Articles connexes
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