- Culotte Courte
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Culotte courte
On appelait autrefois culotte courte un vêtement masculin habillant le bas du corps et les deux cuisses séparément. Au fil du temps, au gré de l’évolution des modes la longueur de la partie habillant les cuisses a varié, allant du dessous des genoux à la partie supérieure des cuisses. De la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu’aux années 1970, c’était un vêtement de dessus habillant principalement enfants et adolescents.
Sommaire
Origine et sens de l’appellation culotte courte
Issus du latin culus signifiant fondement, le mot culotte est apparu, en France, au début du XVIe siècle pour désigner ce qu’on appelait précédemment, les hauts-de-chausses, puis chausses à la culottes. Par ellipse, cette dernière appellation a donné culotte. Au XVIIIe siècle et au début du XIXe s., la culotte est un vêtement masculin qui va de la taille jusqu’aux dessous immédiat des genoux . En France, à la Révolution, il est le vêtement emblématique de l’aristocratie qui s’oppose aux sans-culottes, ces derniers étant ainsi désignés parce qu’ils portent des pantalons ou des braies. En France, c’est dans la première moitié du XIXe siècle (vers 1830) que la culotte est abandonnée au profit du pantalon, elle subsiste de façon anecdotique comme élément d’un costume d’apparat, l’habit à la française. Par glissement de sens le mot culotte est devenu rapidement synonyme de pantalon et désigne d’une façon générale tout ce qui habille le fondement avec, le cas échéant, tout ou partie des membres inférieurs.
Culotte est devenu un terme générique. Pour distinguer les différents types de vêtements, on y ajoute un déterminant, on parle, alors, de culottes longues, de culottes courtes, de culotte de golf, de culotte de cheval, etc. Ce déterminant peut paraître fautif si on compare le sens originel du déterminé et la perception qu’on en a maintenant. Ainsi, dans une nouvelle de Guy de Maupassant, La parure (1884), on peut lire :
« Elle songeait aux antichambres nettes, capitonnées avec des tentures orientales, éclairées par de hautes torchères de bronze, et aux deux grands valets en culotte courte qui dorment dans les larges fauteuils, assoupis par la chaleur lourde du calorifère. »
Il est évident qu’ici les deux valets portent l’habit à la française, les culottes sont semblables et ne sont pas plus courtes que celles que l’on portait à la fin du XVIIIe s. Elles n’ont rien à voir avec les culottes courtes tel qu’on les concevait à la fin du XIXe s. et au XXe s. On a également appelé, un temps, culotte courte le vêtement léger pour la pratique des sports, qui, dans le début du XXe s., prend pour nom l’anglicisme short, ellipse de short trousers. Ce terme anglais trousers est à comparer au mot français trousses qui désignait au XVIe s. des hauts-de-chausses bouffantes, plissées et courtes, s’arrêtant à mi-cuisses. On les appelait, également, chausses de pages. Culotte peut désigner un sous-vêtement féminin appelé parfois petite culotte, qui n’a pas le même sens que culotte courte.
Naissance d’une mode
Jusqu’au milieu du XIXe siècle, à l’exception du costume marin, la mode enfantine n’existe pratiquement pas, Dès qu’ils ont quitté la robe unisexe de la toute petite enfance, les enfants sont habillés comme leurs parents, c’est-à-dire, selon les milieux sociaux, comme des adultes miniatures.
Au milieu du XIXe s., la Grande-Bretagne est, probablement, la première puissance du monde. En Europe elle est la nation qu’on imite. C’est ainsi qu’elle influence, notamment, les modes vestimentaires.
Dans le chapitre « Hygiène vestimentaire » d’un « dictionnaire médical des familles » publié dans les années 1880, l’auteur nous apprend que cette nouvelle mode, qui consiste à habiller court les enfants, est venue d’Angleterre et d’autres cours royales européennes alliées à la couronne britannique. Il l’a trouve non seulement charmante, mais beaucoup plus hygiénique. Il l’approuve et l’encourage.
Cette brève remarque dans un livre de vulgarisation médicale, nous apprend, qu’au début de la deuxième moitié du XIXe s., au sein de la famille royale de Grande-Bretagne et son entourage, on a choisi de vêtir les garçons d’un costume comprenant une culotte au lieu d’un pantalon. Pourquoi une culotte s’arrêtant sous les genoux plutôt qu’un pantalon ? Dans ce choix, faut-il voir l’influence des discours hygiénistes, ou plus simplement la fantaisie impulsive d’une mère choisissant parmi les modèles proposés par le tailleur fournisseur de la famille ? Quoiqu’il en soit, le point de départ d’une mode enfantine évolutive est née et va durer environ un siècle. Imitée, d’abord dans d’autres cours européenne, puis les milieux aristocratique et bourgeois, cette mode va se répandre progressivement dans tous les milieux sociaux. Elle se répand par l’intermédiaire de l’industrie du prêt-à-porter, qui la copie, et par l’influence de publications de mode (en France, on peut citer : Le Journal de la Famille, Le Petit Echo de la Mode). Cette mode est, déjà, bien présente au milieu de la deuxième moitié du XIXe siècle, comme le montre Le Journal de la Famille numéro 45, daté de 1877, ainsi que d’autres gravures d’époque, plus difficiles à dater aussi précisément. Parallèlement à cette mode pour les garçons on assiste à un raccourcissement des robes des petites filles.
Évolution d’une mode
L’uniforme des mouvements scouts, initiés par Robert Baden Powell vers 1908, a contribué, aussi, à la popularisation de la culotte courte. Inspirée de l’uniforme de l’armée coloniale britannique, la culotte scout dévoile les genoux. Jusqu’à la fin de la première guerre mondiale la longueur du vêtement oscille, plus ou moins, entre le dessous et le dessus des genoux. Photographies d’époque et illustrations de dessinateurs comme Francisque Poulbot en témoignent.
Après la première guerre mondiale, une certaine émancipation féminine amène de grands couturiers parisiens à libérer le corps de la femme en raccourcissant jupes et robes. Faut-il y voir une relation de cause à effet ? Les femmes sont aussi des mères et elles choisissent les vêtements de leurs enfants. Dans les années 1920 on assiste à un raccourcissement des culottes des garçons. Il s’en suit que pour des raisons diverses, milieu social, choix familial, costume de cérémonie, etc., La longueur des culottes courtes des garçons va varier entre le dessus des genoux et le milieu des cuisses, pour les très jeunes elle peut même s'arrêter en haut des cuisses.
A partir des années 1950 et jusque dans les années 1960, même pour les moins jeunes, la culotte courte tend à se raccourcir, parfois, pour ne vêtir que le tiers supérieur des cuisses.
La culotte courte est plus élaborée que le short. Elle est en lainage, drap, velours, flanelle, etc. Elle est souvent doublée. Elle comporte passant de ceinture, braguette avec patte de fermeture, différentes poches avec éventuellement pattes de rabat sur la poche revolver, parfois des bretelles pour les plus jeunes, au début on l’orne de quelques boutons dans le bas des jambes, etc. Ces raffinements varient suivant la richesse des familles, donc les choix possibles. Dans la première moitié du XXe siècle, sachant le faire, des femmes taillent et cousent les vêtements de leurs enfants en s’aidant de patrons fournis par des revues de mode. La culotte courte peut être le complément d’un costume formel. Suivant les époques, elle accompagne veste à col marin, veston droit ou croisé, blazer, etc. Elle a, aussi, fait partie d’uniformes. En France, outre l’uniforme scout, on la retrouve dans l’habit de certaines institutions scolaires privées et des manécanteries. En Grande-Bretagne et dans les pays d’influence britannique, la culotte courte fait partie de l’uniforme scolaire. Dans la période sombre de l’Allemagne, elle est présente dans l’uniforme des jeunesses hitlériennes. Dans les familles modestes, là où la garde-robe de l’enfant est limitée, ou dans les familles formalistes, là ou la culotte courte est considérée comme une norme pour un enfant, cette dernière est portée en hiver. Au début du XXe siècle, elle s’accompagne, alors, de longs bas rejoignant l’échancrure de la culotte, puis plus tard, à partir des années 1930, ce sont, seulement, de hautes chaussettes montant jusqu’aux genoux.
Aux époques où l’âge légal du travail des jeunes était bas, l’adolescent abandonnait la culotte courte pour un pantalon lorsqu’il entrait en apprentissage ou était embauché. On considérait, alors, qu’il entrait dans le monde des adultes. Pour le monde des écoliers, l’âge auquel l’adolescent se voyait autorisé à quitter la culotte courte, pour un vêtement plus adulte, variait suivant les milieux et les familles. C’était généralement vers 13 à 14 ans, rarement au dessus. Toutefois des photo de classe des années 1920 montrent des lycéens, en seconde, portant des culottes courtes. Des années 1930 à 1950 la culotte courte n’était pas toujours remplacée par un pantalon mais par une culotte dite de golf, c’est-à-dire la culotte de Tintin, le personnage d’Hergé. On peut en déduire que Tintin est un grand adolescent à défaut d’être un joueur de golf.
Disparition d’une mode
Après la seconde guerre mondiale, la première puissance mondiale n’est plus en Europe. Après un temps de latence pour panser les plaies engendrées par la guerre, l’Europe adopte progressivement l’american way of life. Ce ne sont plus les familles royales qui font les modes vestimentaires, mais les grands groupes commerciaux de l’industrie du prêt-à-porter. Autrefois guère consulté sur le contenu de sa garde-robe, avec la nouvelle manière d’appréhender l’enfant, celui-ci devient prescripteur. Facilement influencé par la publicité et l’envahissement de certains médias, il devient la cible privilégiée des stratégies commerciales. La mode des culottes courtes, apparue 100 ans plus tôt, disparaît, donc, progressivement dans les années 1970, mais subsiste, encore, dans certains milieux scouts. Ayant été longtemps le vêtement emblématique de la jeunesse, elle demeure, aussi, dans une expression qui exprime l’enfance sans distinguer les filles des garçons : « le petit monde en culottes courtes ».
Sources
- Musée Galliera : exposition la mode et l’enfant 1780 - 2000.
- Dictionnaire médical des familles. Paris. 1882.
- Le Journal de la Famille numéro 45, daté de 1877.
- Essais historiques sur les modes et la toilette française par le Chevalier *** - Librairie universelle de P. Mongie. Paris, 1824.
- Photos d’époques, collections privées.
- http://www.geocities.com/jibarrahdez/SigiWaldy.html
- http://www.lndb.org/galerie_classes/
Voir aussi
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