- Lutte à la culotte
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Lutte suisse
La lutte suisse, ou lutte à la culotte, est un sport de combat qualifié de sport national suisse. Elle se pratique en plein air sur des zones circulaires couvertes de sciure.
Sommaire
Histoire
La formule allemande Ringen und Schwingen, rencontrée fréquemment dès la Réforme, indique que, dans l'ancienne Confédération, on distingue deux formes de lutte. Si la saisie de l'adversaire par les habits, typique du Schwingen, apparaît déjà sur des illustrations du XIIIe siècle — notamment sur un relief de la cathédrale de Lausanne —, la « lutte à la culotte » en tant que forme spécifique à la culture des bergers d'alpage n'est attestée que depuis 1600 environ.
De nombreuses ordonnances et interdictions officielles témoignent de l'existence de rencontres annuelles, le plus souvent sur un alpage, où s'affrontent les représentants de différentes communautés. Ces fêtes de lutte alpestres (Bergschwinget) tombent souvent en même temps que la fête de l'alpage en question (Älplerchilbi). Elles sont particulièrement fréquentes dans la vallée du Hasli et dans l'Entlebuch, sur l'alpe de Seewen, l'Axalp, l'Engstlenalp, la Balisalp ainsi qu'au Brünig. Connus dans la partie francophone du pays sous la dénomination de « lutte » ou de « lutte suisse », ces jeux ont aussi lieu dans la région limitrophe entre les cantons de Fribourg et de Berne. Dans les récits de voyage du XVIIIe siècle, l'évocation de la lutte suisse comme exemple de coutume alpestre ancestrale est déjà un lieu commun. De nombreuses gravures présentent de paisibles lutteurs entourés de spectateurs en costume sur fond de paysage idyllique. Dans ses études sur l'Entlebuch, Franz Josef Stalder donne en 1797 une description détaillée et un aperçu historique de la discipline. Il lui suppose des règles immuables qui semblent pourtant avoir eu des variantes. D'autres sources attestent qu'en lieu et place de la culotte courte portée aujourd'hui, les lutteurs utilisaient aussi une ceinture de faucheurs et (ou) un tissu noué autour de la cuisse. La durée des passes n'était pas non plus unifiée.
Concept
La lutte à la culotte se fait avec une culotte en toile de jute, sorte de bermuda large avec des canons courts et muni d'une ceinture.
Selon les règles en vigueur depuis la création de l'Association fédérale de lutte suisse, la passe dure de 5 minutes (pour les passes classiques des fêtes régionales et cantonales) et jusqu'à 15 voire 20 minutes (pour les passes finales des grandes fêtes notamment fédérales). Le vainqueur doit jeter son adversaire à terre, les omoplates ou les trois quarts du dos plaqués au sol, sans lâcher la culotte de ce dernier. La passe se termine soit par la victoire de l'un des deux lutteurs, soit à la fin du temps règlementaire (variable selon la compétition). Dans ce dernier cas, la passe est nulle. Un jury évalue les prestations des joueurs selon un système de points et décide des paires d'adversaires de la passe suivante. La distribution des points va de 8,5 à 10 points. 10 points correspond à une victoire après avoir posé les deux omoplates de son adversaires en même temps alors que 9,75 points indique que le vainqueur a fait roulé successivement l'adversaire sur les deux omoplates au sol.
Lors de grandes manifestations telles que la fête d'Unspunnen (tous les six ans) et la fête fédérale de lutte (tous les trois ans), le vainqueur, appelé « roi de la lutte », reçoit un jeune taureau (Muneli). L'agenda des lutteurs comporte près de 120 manifestations annuelles. Les fêtes du Brünig, du Stoos et du Rigi sont très prisées.
Rond de sciure
La lutte suisse se pratique sur une surface circulaire de sciure (appelée rond de sciure) et doit comporter au moins 8 m³ de sciure. Le nombre de ronds dépend de la taille de la compétition : les fêtes régionales comportent 4 à 5 ronds alors que la fête fédérale en compte 8.
Le rond de sciure doit être constamment humidifié pour éviter que les particules de bois s'envolent et dérangent les lutteurs, les compétitions se déroulant en plein air. Il est aussi salé pour obliger les lutteurs à recracher la sciure qu'ils pourraient avaler lorsqu'ils sont au sol.
Prises de combat
Au début d'une passe, les lutteurs se saluent en se serrant la main puis prennent la position de départ qui consiste à empoigner la ceinture de l'adversaire au niveau du dos, avec la main droite, et agripper le canon droit de l'adversaire avec la main gauche. Puis les lutteurs se mettent en place pour le duel en collant leur menton sur l'épaule de l'autre. Contrairement à la lutte gréco-romaine, les lutteurs doivent toujours avoir une prise sur la culotte de leur adversaire. Si aucun des deux n'a de prise, l'arbitre doit arrêter le combat et les lutteurs doivent reprendre la position de début.
L'arbitre arrête le combat et demande aux lutteurs de reprendre la position de départ dans les cas suivants :
- sorti du rond de sciure (aire de combat)
- plus aucune prise
- danger de blessure
Catégories
Au niveau des adultes (actifs), il n'existe aucune catégorie de poids ou d'âge, un lutteur peut tomber sur n'importe quelle personne qui participe à la fête. Seule une finale se déroule entre le 1er et le 2e lutteur du classement provisoire.
Pour les garçons-lutteurs en revanche, les compétitions répartissent les jeunes lutteurs en catégories de double année (par exemple la catégorie 1990-1991).
Fête de lutte
La compétition sportive est appelée « fête de lutte ». Elle est organisée par un club de lutte et se déroule durant l'été. Les gains de ces fêtes sont des lots offerts par les commerçants de la région.
Fêtes cantonales
Les fêtes cantonales de lutte accueillent les meilleurs lutteurs du canton et des cantons environnants. Par exemple, pour la fête cantonale fribourgeoise, une grande partie des lutteurs fribourgeois est présente ainsi que des lutteurs des cantons de Vaud, Valais, Genève et Neuchâtel.
L'association fribourgeoise peut également inviter un club hors association, par exemple un club du canton de Berne ou d'un autre canton venant de Suisse alémanique.
Fête fédérale de lutte
La compétition suprême est la fête fédérale de lutte qui est organisée tous les trois ans et qui regroupe les meilleurs lutteurs. Le vainqueur de cette compétition est consacré « roi de la lutte ».
La fête fédérale qui a eu lieu en 2004 a accueilli plus de 180 000 spectateurs, sans compter les retransmissions télévisées, et celle de 2007 à Aarau près de 200 000. La prochaine fête fédérale se déroule en 2010 à Frauenfeld (canton de Thurgovie).
Sources
- (de) Site de l'Association fédérale de lutte suisse
- (fr) La lutte suisse sur le Dictionnaire historique de la Suisse
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